Une socialisation politique primaire précoce ou une manipulation parentale ?
Merci à Eve pour son aide !
La socialisation politique
Par socialisation
politique, on entend l’intégration de normes et de valeurs politiques,
processus qui se déroule depuis l’enfance et tout au long de la vie. Bien entendu,
aucune socialisation n’est deux fois la même. On a des gens de droite traditionnelle, des gauchistes
invétérés, … Il y a donc plusieurs formes de socialisation politique.
Les
structures principales de la socialisation politique
I.
Théories
1.
Compétences, apprentissage et création de groupes
La socialisation c’est
l’intégration de normes, de coutumes et de valeurs politiques. Plus
particulièrement en politique, c’est l’apprentissage de codes politiques (abréviations, tendances des
journaux, …). Ce genre de socialisation
conserve une tendance très nationale puisque tous ces codes ne prennent pas
sens forcément dans les autres pays. Ainsi en France, tout le monde ne sait pas
forcément que l’Espagne a un roi, en Espagne, c’est de notoriété publique. Ainsi,
même un citoyen peu politisé à un
certain niveau de compétences politiques.
En démocratie c’est
le problème principal, selon Daniel Gaxie
dans Le cens caché, si nous
avons tous une certaine compétence théorique en politique, la différence entre
les citoyens sur cette compétence est parfois phénoménale. Certains lisent Le Monde tous les jours,
regardent des chaînes parlementaires, … D’autres en revanche, se renseignent
seulement en regardant le journal télévisé. Du coup, la compétence politique est inégalement répartie dans la population. Le
différentiel de compétence politique entre en contradiction avec le vote
universel. Certains votent avec toutes les compétences sur la politique,
d’autres n’ont que quelques clés mais votent tout de même.
Sur le plan
théorique, la socialisation part de l’individu mais permet de former des
groupes politiques, groupes qui dépendent de plusieurs critères : le genre (et non le
sexe), l’âge, le capital social, le capital culturel, le capital économique et
le patrimoine, la religion, … On a
certaines variables lourdes et d’autres plus légères dans cette liste. Le
patrimoine est une variable assez lourde, les propriétaires votent bien
différemment des non-propriétaires.
1.
La socialisation dans l’enfance
Annick
Percheron, La sociologie politique et La socialisation politique des enfants, se questionne sur le
commencement de cette socialisation dans l’enfance. Elle constate que dès l’âge
de 10 ans, les enfants expriment une préférence partisane. Aux USA, cela monte à deux tiers
des enfants.
Cela
pose un problème, cet ancrage politique
dès l’enfance pèse beaucoup lors de l’évolution des individus sur le plan
politique. On est rarement indifférent, même enfant.
Percheron
constate que les enfants perçoivent plus les hommes politiques, moins bien les
partis politiques, moins bien encore les notions politiques. Enfin, troisième
particularité de ces enfants, ils préfèrent les institutions aux
individus : le président est mieux perçu que si on propose Valérie Giscard
d’Estaing.
Les
enfants font preuve d’un certain conservatisme dans leurs réponses, ils
redoutent les extrêmes. Ainsi si la notion de divorce les effraye, celle de
Révolution ou de manifestation aussi. Les notions de violence et de conflits
inquiètent énormément les enfants.
L’apprentissage de
la politique se fait réellement entre 10 et 14 ans que ce soit en France ou aux
USA ; Mais il existe des grandes différences entre les deux pays. Aux USA,
les jeunes soutiennent totalement le régime mais perçoivent la communauté
nationale comme fragmentée, notamment avec des critères ethniques. En France en
revanche ce fut longtemps l’inverse, on percevait de manière unitaire le peuple
français et ses valeurs, par contre on critiquait le régime élitiste, avec un
résidu monarchiste, …
L’histoire
familiale est donc prépondérante dans la socialisation politique des enfants. Bourdieu souligne que notre avis politique dépend
autant de notre trajectoire familiale passée que de notre trajectoire sociale individuelle. C’est
donc un espace de position,
dans le sens où nous ne sommes pas forcément statiques dans cet espace.
Bourdieu
va essayer de cartographier cet espace de position en fonction de l’importance
du capital économique et du capital culturel. Cela ne veut pas dire qu’un gros
industriel n’a aucune culture, juste il en a moins que des professions d’enseignement
supérieur. Ceci dit, être dans une profession libérale ne veut pas dire qu’on
va forcément lire Le Figaro,
uniquement que la probabilité de lecture du Figaro
sera plus élevé que Le Monde
ou L’humanité.
II.
La socialisation
primaire
Ce terme est
inventé par les sociologues britanniques, qualifie l’ensemble des normes et des
valeurs que l’on intègre avant même d’entrer à l’école. Berger et Luckmann ont
théorisé cette notion.Dans la socialisation primaire, on apprend certains
schémas et la socialisation secondaire (école, médias, groupes d’amis, …) va modifier ce qu’on a appris auparavant
lors de la socialisation primaire. On a donc parfois des situations de conflits
entre la socialisation primaire et la socialisation secondaire. Les
catégories de perception des enfants s’y forme par la transmission à l’école
des repères politiques importants, comme la division droite / gauche, et la
transmission des préférences politiques. Les
attitudes politiques des enfants restent, en général, selon Anne Muxel, très proches des attitudes politiques
parentales en dépit d’autres influences.
On
peut donc signifier sur cette socialisation politique secondaire des
différences nationales importantes : aux USA, l’influence parentale est
beaucoup plus importante qu’en France. Les stratégies parentales sont de
contrôler la socialisation politique secondaire d’où l’auto-éducation et la
popularité des écoles privées très élitistes. Il y a des différences entre le
privé et le public à l’intérieur même des pays, et entre les départements
eux-mêmes (près de 40% des étudiants de l’académie de Rennes vont dans le
privé, contrairement aux étudiants du Nord Pas de Calais).
1.
La socialisation politique secondaire
La conclusion que
tirent Bourdieu et Passeron
de leur ouvrageLes héritiers
est que l’école ne corrige pas les effets de la socialisation primaire, ni les
inégalités en général. Au contraire, l’école renforce les inégalités de départ
entre les catégories sociales.
Par exemple, le cas des langues est flagrant. L’école valorise le fait de
parler plusieurs langues, mais ne l’enseigne qu’assez peu. Du coup, cette
pratique linguistique revient aux frais de la famille et donc de la catégorie
sociale.
La socialisation
secondaire passe donc certes par l’école et la scolarisation, mais d’autres
institutions ont pu jouer ailleurs et à d’autres époques. Par exemple, la guerre ou plutôt
le service militaire est un cadre de socialisation secondaire parfois important
(en particulier pour Israël qui oblige jusqu’aux femmes juives avant qu’elles ne
fassent leurs études). Enfin, les études secondaires sont aussi un cadre de
socialisation bien qu’avec une influence assez faible sur les convictions
politiques.
2.
Les mutations contemporaines
Aujourd’hui, on
considère que les médias sont une nouvelle institution de socialisation
secondaire. Leur rôle est cependant contradictoire puisque leur influence est
très indirecte. On parle souvent d’effets limités parce que les repères politiques
sont souvent déjà choisis.
La seconde
évolution est la mutation de la socialisation primaire avec des familles
éclatées, recomposées, … On a donc une profonde mutation de la cellule
familiale, ce qui peut jouer par la suite.
Troisième
évolution, la dépolitisation des individus. Ainsi, les syndicats perdent des adhérents,
l’Eglise encadre moins ses fidèles et s’est distinguée de l’État, … En
conséquence, l’intérêt politique est plus faible et on constate un relatif
détachement de la population vis-à-vis de l’implication politique. On a de
grandes vagues d’abstention, les réponses « non concerné » dans les
sondages sont plus courantes. La sécularisation a eu un fort impact sur nos
sociétés.
Enfin il y a une
relative déconflictualisation politique. On se fait moins la guerre entre tendances
politiques. Certes les médias accentuent le trait, mais malgré tout les
oppositions sont relativement policées. Les clivages entre partis se sont
modérés.
La
question de l’Europe intervient aussi. On constate une internationalisation des
rapports, une européanisation aussi en France. Tout cela, joue aussi sur la
société puisque l’anglais devient prégnant dans les études quand les
générations antérieures n’y voyaient qu’un petit avantage. Cette conception
plus ouverte sur le monde fut un des traits de la socialisation récente.
Plusieurs générations restent encore dans un schéma national.
L’importance
de cette socialisation se retrouve ensuite dans les organisations politiques
pour se rapprocher au plus près de ses clients.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire