Le vote : épuré et solennel ?
Le
vote
Italo Calvino,
La journée d’un scrutateur :
Né
en 1923 de parents italiens mais à Cuba.
Revenu en Italie sous Mussolini, il va avoir une éducation antifasciste.
Ecrivain néo-réaliste, célèbre surtout pour ses fables. Il publie La journée d’un scrutateur lors des
élections italiennes. Amerigo est le personnage principal qui est scrutateur
dans un bureau de vote situé à Turin.
Il
décrit les locaux, le matériel et les individus présents à ce bureau de vote. Tout est très sommaire et neutre. L’auteur
fait le contraste avec le faste des élections sous Mussolini, dorénavant tout
est très épuré pour mieux permettre aux électeurs de faire leur libre choix. C’est
ainsi que la démocratie écrase le fascisme.
Tout
cela donne un véritable sens à la démocratie. Ce sens apparait très religieux, très ritualisé et assez répétitif :
mise en place du bureau, … De plus, c’est très sobre contrairement à une
démocratie : stylos bille, bâtons de cire à cacheter (pour sceller l’urne
et limiter la fraude), … Le lieu de vote est un hospice, cela révèle juste le
fait qu’il faut beaucoup de lieux pour tous les votants.
Amerigo
est mandaté par le Parti Communiste dans ce bureau de vote. D’autres membres du
parti y sont mais le bureau de vote doit être tellement neutre qu’on n’y parle
pas de ses convictions politiques. On trouve tout de même le parti appelé l’Action
catholique, assez fort à l’époque de ce texte. De plus, on apprend alors que
les partis envoient souvent leurs membres pour aider les bureaux de vote. Pas
de fasciste officiellement perçus dans ce bureau, ce qui n’empêche pas qu’ils
puissent être présents.
On
est loin de la période récente du berlusconisme, la symbolique des années 1960
est toute différente de celle des années 1990 et 2000.
Confronté
à la réalité de la population, Amerigo qui est communiste, a un esprit critique
sur cette société pauvre et de campagne. Ce monde lui est pesant pour lui qui
est un intellectuel urbain. C’est aussi
une critique de l’Italie qui derrière un vernis démocratique, égalitaire,
féministe, … révèle des inégalités et des pauvretés parfois flagrantes. Ces
masses qui viennent voter lui semblent en décalage avec l’évènement.
Les
procès-verbaux rédigés révèlent que certaines personnes se trompent encore de
bureau de vote, donc que si l’acte de voter est entériné dans les esprits, la
manière dont il se déroule est encore fragile. Pareil avec la ficelle trop longue
qui révèle un cérémonial technique et précis mal maîtrisé par la population.
Yves Déloye,
Olivier Ihl, L’acte de vote :
Deux
professeurs de sciences politiques et aussi des sociologues spécialisés dans la
sociologie du vote. Toute la procédure
est encadrée des règles juridiques en particulier le dépouillement. Il y a une
véritable solennellisation de cet évènement. Comme chez Italo Calvino, le
vote est un rite démocratique mais qui est séparé du reste des activités
dominicales.
Les
étapes sont nombreuses et il en existe 4 avant l’ouverture du bureau. Tout d’abord
on vérifie que le nombre d’enveloppes correspond à celui des électeurs du
bureau, c’est la règle et cela permet de vérifier qu’il y a assez d’enveloppes
(avec les absentéistes). Ensuite on vérifie que l’urne est vide puis qu’elle
est bien scellée et que son compteur soit à 0.
La
journée de vote commence à la quatrième étape, le président du bureau de vote
annonce l’heure du début du vote. Pour Déloye, un silence tombe juste après, qu’il
interprète comme un moment solennel. Le maire est absent par moments mais reviens
aussi pour la fermeture du bureau. Les rites de la clôture se distinguent assez
nettement de ceux de l’ouverture. Entre ses deux moments de solennité, on a un
relâchement du caractère solennel. Il y
a un intérieur et un extérieur dans l’acte de vote.
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