mercredi 10 octobre 2012

Grandes puissances 27 - 09 (cours 1)



Introduction


Quelques références de lecture :
-          Politica exterior (revue madrilène), hispano centrée
-          Nueva sociedad (revue argentine), hispano centrée
-          Survivor (revue anglaise)
-          Foreign policy (revue américaine), illustrée
-          Foreign affairs (revue américaine), dirigée par des journalistes étrangers
-          Tous les textes des USA sont sur le site du ministère des Affaires Etrangères
-          Politiques étrangères (revue française), point de vue français ou universitaire, liée à l’IFRI
-   Politiques internationales (revue française), mêle les discours d’acteurs politiques et les analyses de spécialistes.
-          Esprit (revue française), généraliste, elle a une partie internationale intéressante. Le débat est cependant plus philosophique
-          Commentaires (revue française), dans la lignée de Raymond Aron.

-          Les sites internet des journaux, des universités et des administrations officielles.



La puissance ... démographique ?


Introduction aux grandes puissances


Un cours sur les grandes puissances est un cours de politique internationale classique. On se préoccupe peu des petits pays comme le Guatémala, le Luxembourg ou encore le Zimbabwe. On se concentre davantage sur le comportement et les idées des pays hégémoniques, anciennement hégémoniques ou en développement. Cela n’est pas sous-estimer les petits pays, c’est juste un angle d’analyse. La France ou la Grèce ne sont plus des grandes puissances et ne seront donc pas les sujets de ce cours.

La puissance a ceci dit un terme relatif, on est puissant par rapport à un autre et non pas de manière intrinsèque. Cela suppose alors que le monde est construit par les grandes puissances, pas par les moyennes ou les petites. La Belgique sans être une grande puissance est pourtant le pays rassemblant l’essentiel des institutions européennes. La grande puissance contribue à configurer la géographie politique du monde. Par son influence, ses collaborations, elle dessine les rapports de force sans forcément les maîtriser totalement. Hubert Védrine a évoqué la notion d’hyper-puissance (terme à employer délicatement) pour les USA, mais aujourd’hui, ils ne peuvent plus intervenir nulle part, ils ont atteint leur maximum. Si leur intervention en Colombie était la seule issue possible, elle a sauvé le pays de l’abîme. L’intervention française en Côte d’Ivoire de 2011 avait déjà commencé plus discrètement depuis au moins 10 ans. Dominique de Villepin avait alors pour but officiel de protéger les Européens dans le pays. Officieusement, il fallait influencer le système ivoirien. Les Européens furent évacués tout récemment. Ces interventions régulières et sporadiques de la France en Côte d’Ivoire, n’ont rien changé pourtant au pays. En revanche, dans les cas des USA qui formèrent des soldats en Colombie, stabilisèrent les institutions sur place, … Là bas ce fut efficace, preuve que les USA sont une grande puissance et pas la France.

Mais qu’est ce que la puissance ? Ce serait un ensemble de moyens à la disposition d’un pays ou les buts et objectifs que se donne la politique d’un pays ? Fin XIX° siècle, le philosophe Treitscke estime qu’un État puissant n’existe que s’il projette sa force à l’extérieur, s’il cherche à conquérir. Ce grand représentant du courant réaliste  ne dit pas seulement que l’Etat puissant sait se défendre et influencer, il déclare qu’un Etat qui ne veut pas faire la guerre, n’est pas puissant.
Le réalisme est cependant un mouvement très divers. On voit s’opposer le père du réalisme américain Hans Morgenthau contre son représentant français Raymond Aron. Morgenthau (d’origine allemande) fut professeur de droit international, il s’arrête en France mais n’ayant pas de poste, il part aux USA. Sa pensée allemande machiavélienne et réaliste qui s’est déjà confrontée à Aron, va lui faire rédiger et publier en 1948, Politiques entre les nations. Dés le début, il discute de la notion de puissance. Aron réplique très vite soulignant que Morgenthau fait dans sa définition de départ une confusion entre le moyen et la fin. Il peut y avoir comme but la puissance, mais la puissance pour quoi ? La puissance pour la puissance est une quête sans fin, qui du coup, risque d’être vouée à l’échec. Ainsi l’Allemagne décida en 1917 de mener une guerre sous-marine à outrance en s’en prenant aux USA qui étaient neutres mais ravitaillaient des pays. Max Weber tente d’arrêter l’empereur mais sans succès et l’échec va être consommé. Idem lorsque Hitler rompt le pacte soviétique en attaquant la Russie, poussant les Japonais à attaquer les USA de leur coté. Vu la capacité de mobilisation des USA, les analystes de l’époque sentent le vent tourner.
Une volonté de puissance pour la puissance est alors une volonté de guerre permanente. La théorie de Morgenthau a donc sous-jacente une doctrine de la guerre permanente. Aron souligne donc cette confusion de la puissance comme moyen et de la puissance comme but. Ainsi si la puissance est le but, le responsable politique est obligé d’être le tenant d’une guerre permanente. Depuis déjà la Grèce Antique, les philosophes avaient fait ce constat avec la volonté d’expansion athénienne qui butta face à la puissance locale que représentait Sparte. De même, Hitler se heurta à des pays plus puissants par leur capacité de mobilisation. Pour Aron, cette doctrine belliqueuse n’est jamais permanente mais sporadique, même s’il y a une volonté permanente d’influence. Obama tient plus que son prédécesseur un réalisme des moyens.

La puissance politique c’est avant tout de pouvoir utiliser la force militaire. C’est aussi la nécessité d’avoir une certaine base géographique qui est une base de projection potentielle. Ca peut donc être le milieu géographique notamment l’ampleur du territoire comme en Russie. La Russie a été aidée par ce vaste territoire à ne jamais avoir pu être envahi ni par Napoléon ni par Hitler. Ce milieu géographique se caractérise aussi par sa mobilité puisque les alliés ne sont pas toujours les mêmes et qu’ils n’acceptent pas tous les mêmes conditions. Ainsi les USA ne peuvent pas implanter leurs bases de lancement de missiles où bon leur semble. Ce territoire devant être cédé au pays qui souhait s’y implanter. Le milieu géographique est aussi mobile par la marine : sous-marins et porte-avions qui se déplacent dans le monde.
A coté de ce territoire, la question des ressources intervient aussi. Il en existe plusieurs types. On trouve les ressources humaines (la démographie de la Chine l’a aidé lors de la guerre de Corée et de son intervention contre les USA, 500 000 hommes d’un coup), les ressources économiques et industrielles ou encore les ressources d’intelligence stratégique (la doctrine américaine de dissuasion nucléaire a permis d’éviter des catastrophes).
Il faut néanmoins aussi une capacité d’action pour parvenir à mobiliser les ressources. L’intelligence stratégique étant le lien entre les ressources et la capacité d’action. Pour les USA, leur politique traditionnelle les rend réticents à la guerre. Cependant, lorsqu’ils doivent intervenir en guerre, leur capacité de mobilisation est déjà prête. Si on ne sait pas mobiliser les ressources, il y a une puissance potentielle mais pas de puissance réelle. Ainsi la Colombie possède des ressources de tous types mais sans un véritable cadre politique, il n’y a pas de puissance visible et réelle. Depuis une quinzaine d’année, le pays grâce aux USA s’est reconstruit et peut davantage posséder une relative puissance.

La mesure de la puissance reste cependant fluctuante. Il n’est pas possible de quantifier cela. On peut tout de même dire qu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale que les USA sont la seule puissance mondiale en place. L’Europe s’étant trop déchirée pour être encore une véritable puissance. Mais les USA ne le souhaitaient pas particulièrement, on le constate par la hausse des puissances régionales (Chine, Inde, Brésil, …) qui viennent relativiser celle des USA. En 2013, la puissance des USA est beaucoup plus forte de manière absolue qu’en 1945. En valeur relative, en revanche, ils le sont beaucoup moins, puisqu’aujourd’hui ils sont empêtrés dans des guerres qui les étouffent et que la concurrence de nouvelles puissances les affaiblis quelque peu.

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