Îles Diaoyu pour les Chinois, Îles Senkaku pour les Japonais,
le dernier conflit territorial en date entre les deux pays date de septembre dernier
S’il existe une
région du monde dans laquelle des conflits risquent d’embraser la région, c’est
bien en Asie.
Les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale et celles de la Guerre Froide
sont aujourd’hui à peu près liquidés en Europe (y compris les Balkans). En
Asie, c’est tout autre. La péninsule
coréenne reste divisée en deux. Elle est la cause ou l’origine des crises
permanentes avec la Corée du Nord. Après de la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, une guerre éclate en Corée qui est terrible pour la région. Si on
date les interventions de 1950 à 1953, aujourd’hui, aucun document ne déclare que ce conflit est arrêté, on
parle de guerre limitée dans le sens volontaire de son arrêt.
Rappel
des faits.
En
juin 1950, les troupes nord-coréennes de Kim Il
Sung, avec l’aval de Staline qui veut
soutenir la Chine de Mao face aux troupes de
Chang Kaï-Chek, attaquent le Sud de la
Corée. L’antagonisme étrange entre Staline et Mao, vient de deux évènements
importants Mao ne veut pas voir Moscou dominer Pékin et, de plus, Moscou a
adopté la version simplifiée de la doctrine marxiste (l’acteur majeur de la
société c’est le prolétariat) et Mao juge que l’acteur principal est le paysan.
Néanmoins, en dépit des frictions sérieuses entre Chine et URSS, les deux se
soutiennent surtout que la Chine reste un régime communiste. Staline donc, veut
soutenir la Chine en soutenant les troupes nord-coréennes et interprète mal le
signal américain qui souhaite montrer leur domination du Pacifique, tout en
laissant en paix la masse continentale asiatique.
Kim
Il Sung lance ses hommes et prend toute la péninsule sauf un morceau de
territoire au bout de la péninsule. Cependant, les Américains contre-attaquent
sous le drapeau onusien avec leurs troupes (et non les casques bleus). Ils vont
surprendre les nord-coréens en attaquant sur le morceau de territoire restant
et surtout en prenant le port d’Inchon avec la témérité de McArthur. Les troupes de Kim Il Sung sont repoussées
loin au Nord de la péninsule. Mais les Chinois décident de soutenir le Nord et
repoussent les Américains. A cet instant, le spectre de l’arme nucléaire est
présent. Certains pensent pouvoir user de la bombe ou du moins de verser des
déchets nucléaires dans le Yalu pour bloquer la traversée des troupes chinoises.
Mais ces options sont refusées par les leaders américains. De même, ils
refusent d’étendre le conflit et se fixent au maximum la rive du Yalu. Pour les
Chinois, le début du maoïsme enthousiasme le peuple et ce sont des volontaires
qui vont lutter contre les Américains. C’est
donc avant tout une guerre limitée car même si Moscou et Washington
s’affrontent, il n’y aura pas de conflit se généralisant à la planète.
En 1953, Staline meurt et on parle d’un dégel des
relations entre l’URSS et les USA. C’est au même moment qu’on décide de limiter
l’usage du nucléaire par des traités. La
réflexion avait déjà eu lieu depuis l’usage du nucléaire sur Hiroshima et
Nagasaki mais elle s’est accélérée quand Moscou a révélé qu’elle pouvait
atteindre les USA avec le lancement de son satellite. Cela lance alors la
stratégie du nucléaire. Plusieurs philosophes, militaires, politiciens, …
réfléchissent en commun à l’usage autorisé du nucléaire. La réflexion aboutit à la doctrine de la dissuasion nucléaire.
Pour
les Américains, si leur territoire est touché ou attaqué par l’arme nucléaire,
la réponse des USA sera nucléaire et massive, cette théorie devient la théorie
MAD (fou). La France pose sa doctrine en 1960, si un pays attaque la France
(même sans le nucléaire), alors nous utiliserons l’arme nucléaire en réplique.
Pour les Américains, il y a une doctrine
nucléaire qui consiste à dire que, même s’ils commencent à utiliser l’arme
nucléaire, l’ascension aux extrêmes n’est pas inéluctable. Les Américains
vont donc fixer des paliers suivis de moments d’arrêts. En pratique, on ne sait
pas si cela aurait pu marcher, mais politiquement, c’est un message important.
C’est sous Kennedy et ses conseillers qu’on a élaboré cette
doctrine pour envoyer un signal à l’URSS, il faut communiquer pour qu’on prenne
garde à tous risques d’une guerre nucléaire. C’est d’autant plus vrai que la crise des missiles
cubains vient de se produire. Une interprétation politologique pertinente est
celle de Graham Allison, il y montre que
dans la guerre Froide (Paix belliqueuse selon Raymond Aron), ???. Baptista abandonné des USA est renversé par Castro et ses Barbudos. Castro se tourne vers
Moscou puisque les USA lui adressent une fin de non-recevoir et tentent de
l’envahir lors de la Baie des Cochons. L’URSS envoie à Castro des rampes de
lancement qu’il installe sur son île. La présence d’espions français à Cuba
(car De Gaulle n’était pas foncièrement anti-communiste et les Français
pouvaient se rendre à Cuba) va prévenir les USA de ces rampes. Ces rampes sont
datées, l’URSS n’a pas envoyé de rampes dernier cri. Les Américains demandent à
Cuba et à l’URSS de les désinstaller, mais pas de réponse. Grâce aux avions, on
constate que les rampes sont là, pas les missiles. La crise politique débute.
Les USA font une sorte d’embargo sur Cuba (mais pas de blocus du tout) ce qui
révèle aussi les tensions entre Cuba et Moscou, Castro voulant des têtes
nucléaires immédiatement. Moscou attend la réponse de Kennedy qui se révèle un
bon président sur cette affaire. C’est ce qu’Allison décrit dans son ouvrage,
la prudence de Kennedy mais aussi sa détermination et son esprit vif.
Les
civils demandent une intervention immédiate de l’armée et Kennedy lance une
analyse rapide avec la force aérienne. L’US air force assure 80% de destruction
des rampes de missiles, il en reste 20%, trop risqué pour Kennedy. Celui-ci
traite alors Khrouchtchev qui ne peut pas
envoyer les missiles sur Cuba. L’URSS semble battue dans cette crise. Kennedy
va lui proposer de démanteler visiblement ses rampes de missiles en échange de
quoi, il démantèlera visiblement les rampes turques dont il avait déjà demandé
le démantèlement un an plus tôt, mais sans que ce soit suivi des faits. L’image est donnée de deux pays qui
traitent ensemble, s’équilibrent et cela est renforcé par l’installation du
téléphone rouge. La victoire totale des USA est présentée comme une victoire
équilibrée des deux cotés.
On a donc une
recherche de la limitation de la guerre au sens géographique, une limitation
dans la guerre au sens des outils employés, une limitation par la négociation,
le tout arrivant à une réflexion politique sur les expériences de la guerre qui d’une certaine manière
confirme Clausewitz puisque sa définition de la guerre se fait sur une
réflexion politique qui limite la guerre.
L’Asie
d’aujourd’hui est une poudrière plus que l’Europe pour de nombreuses raisons.
En premier lieu vient la Corée. Mais suit tout de suite après le problème
japonais. Ce
pays n’a pas reconnu son implication dans la guerre du Pacifique, ni les crimes
que son armée a commis dès les années 1930
dans toute l’Asie, particulièrement en Chine. Cette non-reconnaissance retombe
régulièrement comme sujet de débat et moment de frictions. C’est une différence
d’état d’esprit important avec l’Europe. Cela vient aussi de la Constitution
japonaise, rédigée par McArthur, qui interdit l’établissement d’une armée nippone
et cite seulement une forme d’auto-défense. En conséquence, les Japonais,
contrairement aux Allemands, sont toujours sous protectorat américain. Par ailleurs, il y a aussi une forte
tension entre la Chine et Taïwan. Pékin revendique son droit sacré à la
souveraineté sur Taïwan. La Chine fait de nombreux mouvements de troupes sur
les îles de la mer de Chine devant Taïwan. De plus, depuis la fin des années
1990, les deux Etats sont militarisés. Entre
le Pakistan, l’Afghanistan et l’Inde, il y a aussi de multiples conflits. Et il
en reste encore de nombreuses tensions en Asie du Sud-Est. Ces désordres en
Asie sont susceptibles de provoquer une guerre ou plusieurs petites guerres.
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