mardi 23 octobre 2012

Histoire des idées politiques 22 - 10 (cours 4)

Affiche de proagande sous Staline, le Communisme un héritage ?



On arrive donc dans une situation où Staline souligne qu’on doit continuer le libéralisme jusqu’à une date indéterminée. Mais les débats sont encore plus élevés au sein même du parti. On a des tenants de l’avis de Trotski, à quoi servait de faire la Révolution pour en arriver là ?

Un évènement a alors lieu qui va cristalliser les choses. 11 ans après la révolution, au milieu de la NEP, les koulaks (paysans qui vivent correctement, des petits propriétaires agricoles) refusent de livrer leur blé aux villes et se mettent à stocker leurs récoltes. Leur idée est de stocker le blé momentanément pour faire monter la demande, donc faire monter les prix et gagner des bénéfices supplémentaires. Les villes sont rapidement affamées et ne pouvant se procurer les réserves, les urbains sont à la merci de l’économie libérale.
Voyant la situation, Staline prend une colère et il décide de changer brutalement de politique avec une rapidité qui laisse ses adversaires pantois. D’un coup, il décrète la collectivisation des terres et dorénavant la Révolution socialiste ne va plus s’arrêter. Tous les moyens sont pris pour y arriver et un engrenage économique se met en place qui ne s’arrête qu’en 1989. Or ce système révélait déjà à l’époque de Lénine des faiblesses révélant la pauvreté de cette idéologie. On savait donc où cela mènerait.
A partir de cette fronde des koulaks, on a deux inconvénients soit un communisme socialisme qui met tout le monde en situation d’égale pauvreté, soit on laisse une nouvelle élite s’affirmer dans l’URSS. A partir de ce moment là, Staline choisit la première solution, il veut sauver la Révolution en brisant toutes les résistances. Il déchaine donc sa violence à l’égard des koulaks dans un premier temps, puis de ceux qu’il jugera bourgeois. Cette brutalité est légitime par la volonté de réaliser l’unité de la population, l’unité de la société. Et pour cela, il faut supprimer toutes les oppositions. Staline va donc multiplier les boucs émissaires au cours de son mandat. Ce groupe stigmatisé est rendu responsable d’empêcher l’avènement du communisme. On promet alors en dissolvant ce groupe, que le communisme fonctionnera mieux mais en réalité, d’autres groupes naissent de celui-ci.
Les premiers touchés sont donc les koulaks qui avaient tous les traits d’un ennemi de classe : ils s’étaient enrichis pendant la NEP, possédaient des traits de caractère traditionnels (le désir d’autonomie, la religiosité, l’attachement à la propriété, …), … En 1929, on mène donc une traque des koulaks. Staline envoie sa police et son armée en Ukraine et écrase les koulaks qui sont soit tués, soit exportés. Dans son Livre noir du Communisme, Courtois semble être un des rares à évoquer ce sujet. La classe paysanne qui gênait Lénine depuis longtemps venait de disparaître, il n’y avait plus que des fonctionnaires dans des kolkhozes. En conséquence, sans paysans libres, la production de blé chute de nouveau. Cela tient au fait que les koulaks n’existent plus donc ne cultivent plus, les koulaks ont pratiqué une politique de la terre brulée décimant récoltes et bétails, enfin les paysans devenant fonctionnaires ils produisent moins. Cette chute des récoltes de blé vont pousser l’URSS à devoir importer des récoltes venues de l’étranger.
D’autres groupes sociaux seront brisés par le pouvoir ensuite. En 1933, certaines critiques se font jour au sein du parti contre le parti. Des membres veulent un retour au fonctionnement proche de la NEP. Ils deviennent des « éléments indésirables », « dégénérés moraux », « dégénérés bourgeois », …  Staline va purger le parti de ces éléments. Un quart des membres sont envoyés devant les tribunaux puis dans les goulags.
En 1935, la Terreur s’étend au peuple entier lorsqu’on déclare coupable tous les espions, les traîtres du communisme. La délation prend alors un essor considérable. On accuse à tort ses voisins pour régler ses comptes. Des procès multiples s’enchaînent entre 1936 - 1938 concernant les dits « Droitiers », les « Saboteurs économiques », … Tous les anciens plus ou moins favorables à la NEP sont donc rayés de la population. S’en suit alors un procédé de spirale de disparitions, dans laquelle Koestler demande à savoir où se trouve les 17 millions d’habitants russes disparus. L’armée laissait faire puisque Staline la favorisait en permanence. Les soldats étaient les fonctionnaires les mieux payés et quand besoin se fit sentir, Staline épura aussi les membres de l’armée. 35 000 personnes dans l’armée disparaissent en quelques années. On peut estimer qu’une personne sur trois faisait de la délation.

Dans ce contexte, difficile de connaître un essor économique et le pays tend à s’effondrer. L’ambiance est donc très tendue y compris avec ses proches toujours susceptibles de vous trahir. La population est au désespoir mais Staline arrivera à retourner la situation avec un culte de la personnalité qui finit par persuader la population que c’est l’entourage de Staline qui est pourri, mais que lui reste un bon type.
Pour comprendre ce mécanisme de Terreur vertigineuse, on peut reprendre cette théorie consistant à vouloir réaliser une société égalitaire rêvée. On supprime donc les velléités des peuples non-russes (en particulier quand ils résistent à la collectivisation paysanne). On déporte des peuples entiers d’un lieu vers un autre, on les envoie dans les camps, on fait des pogroms, ... L’ère stalinienne va aussi faire de même dans tous les autres secteurs. Ainsi, la doctrine communiste doit toujours détenir la vérité poussant ainsi à considérer comme fausse, mauvaise voire bourgeoise, toutes les sciences qui critiquent cette vérité. D’abord la psychanalyse qui parle d’un inconscient (donc des choses qu’on ne peut maîtriser … impossible pour des communistes). La science de la cybernétique, ou science politique, qui présente plusieurs formes de gouvernement (impossible, seul le gouvernement communiste était juste). Tous ces scientifiques avaient été déportés, supprimés ou contraints à mentir dans leurs écrits. Les chaires de ces sciences étaient d’ailleurs rayées du pays. La biologie aussi fut supprimée, en particulier la génétique. A l’époque où Staline arrive au pouvoir, on a des départements de génétique bien développés en URSS. On comprend donc que certains de nos caractères physiques sont déterminés par notre carte génétique. Certains communistes, des généticiens du parti, dénoncèrent alors que ces codes génétiques n’étaient que des artéfacts, des choses sans importance et parasitaires. En effet, si nous sommes déterminés par notre ADN, comment le communisme peut faire de nous un homme nouveau ? A ce moment là, les Staliniens vont instaurer tout un système pour détruire la génétique. Ne pouvant radicalement supprimer cette science, ils vont supprimer les chaires de génétique, notamment celle de Vavilov et de ses élèves, pour les remplacer par Lipssenko, un agronome qui va remplacer la génétique par une pseudo-discipline. Les arguments mis en place sur le sujet sont édifiants, les chromosomes sont un concept de science bourgeoise, pas de science prolétarienne. Ce genre de raisonnement qui prône une vérité différente a existé sous d’autres époques bien entendu. Ce professeur de chaire a donc manipulé les gènes pour tenter de transformer les forêts de bouleaux en forêts de hêtres. Des millions d’hectares lui furent donné, des disettes régionales gravissimes avaient lieu dans les régions où Lipssenko travaillait. On a finalement arrêté ces expériences en déclarant une partie des scientifiques « Ennemis du peuple ».
Cependant, même à coups de Terreur, de menaces, de délations, … Il est difficile de dominer totalement la région. Ce sont l’apparition des Samizdat, des écrits secrets qui circulent en sous-main. Grossman, auteur soviétique de Vie et destins, mourut avant de voir son livre paraître car l’URSS l’avait interdit. Un représentant d’une maison d’édition suisse finit par trouver le volume et celui-ci fut publié finalement. Il y a donc eu des résistances, le peuple russe n’était pas servile.


Les 70 ans de ce communisme sont ceux d’une lutte entre l’idéologie et la réalité. La collectivisation engendre la famine, le gouvernement doit donc rationner l’alimentation quand la NEP l’avait supprimé. La pénurie est immense et, en conséquence, le gouvernement concèdera par la suite des lopins de terre individuels qui seront les plus productifs. L’idéologie communiste ne s’en sortant pas, on a des mesures libérales, des petites NEP, qui se développent partout.
Dans un système de ce genre, on ne paye presque rien, tout est gratuit, mais on reste pauvre. Eau, électricité, hôpitaux, … Rien n’est payant mais de nombreux inconvénients en découlent. En même temps, personne n’est réellement au chômage, pourtant, ceux qui jouaient contre l’État (par exemple, ils arrivaient en retard trop souvent) perdaient leurs logements et n’étaient plus considérés comme membres du parti. De plus, l’URSS est composée d’une élite du parti, la Nomenclatura, une fraction infime de la population qui vit dans un luxe démesuré (vacances dans le Sud, produits de consommation de luxe, …). On n’a plus de bourgeoisie mais une classe sociale nouvelle largement aisée. Cette Nomenclatura, tous des membres du parti, est jugée comme perdant foi en la doctrine communiste au plus tard dans les années 1950. Les membres du parti ont perdu fois en ce qui se rapproche d’une forme de religion, assez tardivement.

Les partis communistes locaux, ont évoqué plusieurs raisons aux évènements russes. Le premier des arguments est toujours le même, la fin en vaut les moyens. Le projet communiste est tellement merveilleux qu’il pardonne une période de Terreur. Pour cela, on reprend souvent l’exemple de la Révolution Française, qui a mené à la démocratie.
Le second argument était la comparaison entre l’Ouest et l’Est. « Les Soviets oppriment, mais l’Occident pourri », et les partis communistes locaux exhibaient les situations de corruption, d’abus, … qui avaient lieu en Occident. De plus, entre les deux guerres, on a eu un accès d’antiparlementarisme très violent qui a joué en faveur du communisme. Cela est toujours assez présent aujourd’hui. D’autant plus, que lorsque le chômage arriva en Occident, l’argument du non-chômage en URSS lui donnait du crédit. Ces arguments étaient renforcés par le fait que l’URSS jetait de la poudre aux yeux à ses visiteurs.
On citait aussi un argument historique, ???
Custine au XVIII° siècle, proposait l’argument d’un Russe naturellement « Ivre d’esclavage » terme qui sera repris tout au long du XX° siècle. Les Russes sont des gens apathiques, des serfs-nés.
L’argument politique était particulièrement puissant sous l’entre-deux-guerres et sous la Seconde Guerre Mondiale. Face aux fascismes, extrêmement dangereux, les communistes sont la seule force solide pour leur résister. Cela joua beaucoup dans l’engagement des Français dans la Seconde Guerre Mondiale. L’excuse était aussi que les communistes contrairement aux fascistes ne sont pas cyniques, ils tuent pour un idéal.
Enfin dernier argument, celui de l’encerclement qui dura jusqu’aux années 1980. Les pays communistes sont tellement encerclés par les pays capitalistes que tous les moyens sont bons pour se défendre, y compris la Terreur. Le Terreur est donc excusable. Mais cet argument est une construction. A part Hitler, personne n’a envahi l’URSS. Quand l’armée rouge a envahi l’Afghanistan, l’armée rouge a insisté sur le fait que ses soldats allaient s’en prendre à des armées chinoises et américaines, bien évidemment c’était faux, seuls des paysans afghans et des Talibans s’y trouvaient. L’URSS n’a cessé de trouver des ennemis à combattre.

Il a fallut attendre la chute du mur en 1990 pour qu’on réalise que ce régime est un régime terroriste avec peu de bons cotés et dont toutes les conséquences n’ont pas encore été mesurées. En particulier les conséquences des essais atomiques dans les régions musulmanes ou encore l’impact écologique du communisme.


 L'emblème du nazisme



Le Nazisme


Jusqu’à il y a peu, on a rarement analysé les aspects du communisme (par une idéalisation trop forte) et les aspects du nazisme (par une diabolisation trop forte). En conséquence, toujours condamné sans être réfléchi, la Nazisme a donc été longtemps non-analysé. Comme le communisme, le nazisme à été une catastrophe humaine, avec des morts décidés et planifiés, des morts volontaires. Il s’agit de nouveau d’un système totalitaire fondé sur l’élimination systématique de gens. Un système qui s’avère aussi totalitaire et fanatique. Ce système de pensée est considéré comme inacceptable pour la quasi-totalité de notre société.
Mais ce national socialisme suscite de nombreuses interrogations auxquelles nous n’avons pas encore trouvé de réponse. Comment se fait-il que le national-socialisme se soit aussi bien implanté dans la population allemande pour être mené au pouvoir de manière volontaire ? C’est un fait que les Allemands ont élu Hitler. Comment fonctionne le mode de pensée instigateur du génocide ? Quelles sont les origines du mode de pensée génocidaire ? Comment se fait-il que parce qu’il a tué tant de monde, le Nazisme soit considéré comme le seul régime aussi diabolisé ?


La réputation du nazisme.
Le national-socialisme est une pensée enracinée dans la peur, ce qui n’est pas le cas du Communisme, qui lui s’enracine dans l’espoir. Cette pensée de la peur cherche à pourchasser des ennemis potentiels, des ennemis imaginaires, qui veulent la mort de notre civilisation. En ce sens, on peut dire que le national-socialisme est une pensée paranoïaque.
Freud, qui ausculte le président Schreber, un homme se prenant pour Napoléon et qui est paranoïaque, constate que cet homme voudrait être traité comme Napoléon, ce que ne font pas ces interlocuteurs et cela le vexe. Cet homme se sent injustement traité. Le fou part sur un raisonnement faux et le développe. C’est le cas de ce patient de Freud et du nazisme.
Le nazisme se base sur l’idée qu’il y a un complot imaginaire qui se trame contre le peuple allemand. Cela se double d’une certitude du peuple allemand d’être supérieur. Le peuple allemand se croit supérieur aux autres et comme il n’est pas traité comme tel, se sent bafoué. Il y a donc ce sentiment d’une persécution. Cette pensée négative est aussi mue par le sentiment de la mort, le peuple allemand redoute la mort. En même temps, il y a un espoir d’une société parfaite qui pourrait arriver. Mais à l’inverse du communisme, on ne croit pas en une société qui mettra tout le monde sur le plan égalitaire, ici la société idéale est celle de la domination d’une race biologique, les Aryens. Les deux idéologies attendent un paradis, les deux ont des boucs émissaires, les deux vont provoquer une terreur à partir d’un mode de pensée.

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