Affiche de proagande sous Staline, le Communisme un héritage ?
On arrive donc dans
une situation où Staline souligne qu’on doit continuer le libéralisme jusqu’à
une date indéterminée. Mais
les débats sont encore plus élevés au sein même du parti. On a des tenants de l’avis
de Trotski, à quoi servait de faire la Révolution pour en arriver là ?
Un évènement a
alors lieu qui va cristalliser les choses. 11 ans après la révolution, au
milieu de la NEP, les koulaks
(paysans qui vivent correctement, des petits propriétaires agricoles) refusent de livrer leur blé aux villes et
se mettent à stocker leurs récoltes. Leur idée est de stocker le blé
momentanément pour faire monter la demande, donc faire monter les prix et
gagner des bénéfices supplémentaires. Les
villes sont rapidement affamées et ne pouvant se procurer les réserves, les
urbains sont à la merci de l’économie libérale.
Voyant la
situation, Staline prend une colère et il décide de changer brutalement de
politique avec
une rapidité qui laisse ses adversaires pantois. D’un coup, il décrète la collectivisation des terres et dorénavant la
Révolution socialiste ne va plus s’arrêter. Tous les moyens sont pris pour
y arriver et un engrenage économique se met en place qui ne s’arrête qu’en 1989. Or ce système révélait déjà à l’époque de
Lénine des faiblesses révélant la pauvreté de cette idéologie. On savait donc
où cela mènerait.
A partir de cette
fronde des koulaks, on a deux inconvénients soit un communisme socialisme qui
met tout le monde en situation d’égale pauvreté, soit on laisse une nouvelle
élite s’affirmer dans l’URSS. A partir de ce moment là, Staline choisit la
première solution, il veut sauver la Révolution en brisant toutes les résistances.
Il déchaine donc sa violence à l’égard des koulaks dans un premier temps, puis
de ceux qu’il jugera bourgeois. Cette brutalité est légitime par la volonté de
réaliser l’unité de la population,
l’unité de la société. Et pour cela, il faut supprimer toutes les oppositions. Staline va donc multiplier les boucs émissaires
au cours de son mandat. Ce groupe stigmatisé est rendu responsable d’empêcher l’avènement
du communisme. On promet alors en dissolvant ce groupe, que le communisme
fonctionnera mieux mais en réalité, d’autres groupes naissent de celui-ci.
Les premiers
touchés sont donc les koulaks
qui avaient tous les traits d’un ennemi de classe : ils s’étaient enrichis
pendant la NEP, possédaient des traits de caractère traditionnels (le désir d’autonomie,
la religiosité, l’attachement à la propriété, …), … En 1929, on mène donc une
traque des koulaks. Staline envoie sa police et son armée en Ukraine et écrase
les koulaks qui sont soit tués, soit exportés. Dans son Livre noir du Communisme, Courtois
semble être un des rares à évoquer ce sujet. La classe paysanne qui gênait Lénine depuis longtemps venait de
disparaître, il n’y avait plus que des fonctionnaires dans des kolkhozes. En
conséquence, sans paysans libres, la production de blé chute de nouveau. Cela
tient au fait que les koulaks n’existent plus donc ne cultivent plus, les
koulaks ont pratiqué une politique de la terre brulée décimant récoltes et
bétails, enfin les paysans devenant fonctionnaires ils produisent moins. Cette
chute des récoltes de blé vont pousser l’URSS à devoir importer des récoltes
venues de l’étranger.
D’autres groupes
sociaux seront brisés par le pouvoir ensuite. En 1933,
certaines critiques se font jour au sein du parti contre le parti. Des membres
veulent un retour au fonctionnement proche de la NEP. Ils deviennent des « éléments
indésirables », « dégénérés moraux », « dégénérés bourgeois »,
… Staline
va purger le parti de ces éléments. Un quart des membres sont envoyés
devant les tribunaux puis dans les goulags.
En 1935, la Terreur s’étend au peuple entier
lorsqu’on déclare coupable tous les espions, les traîtres du communisme. La
délation prend alors un essor considérable. On accuse à tort ses voisins pour régler ses
comptes. Des procès multiples s’enchaînent entre 1936 - 1938 concernant les
dits « Droitiers », les « Saboteurs économiques », … Tous
les anciens plus ou moins favorables à la NEP sont donc rayés de la population.
S’en suit alors un procédé de spirale de disparitions, dans laquelle Koestler demande
à savoir où se trouve les 17 millions d’habitants russes disparus. L’armée
laissait faire puisque Staline la favorisait en permanence. Les soldats étaient
les fonctionnaires les mieux payés et quand besoin se fit sentir, Staline épura
aussi les membres de l’armée. 35 000 personnes dans l’armée disparaissent
en quelques années. On peut estimer qu’une personne sur trois faisait de
la délation.
Dans ce contexte,
difficile de connaître un essor économique et le pays tend à s’effondrer. L’ambiance
est donc très tendue y compris avec ses proches toujours susceptibles de vous
trahir. La population est au désespoir mais Staline arrivera à retourner la
situation avec un culte de la personnalité qui finit par persuader la
population que c’est l’entourage de Staline qui est pourri, mais que lui reste un bon type.
Pour
comprendre ce mécanisme de Terreur vertigineuse, on peut reprendre cette
théorie consistant à vouloir réaliser une société égalitaire rêvée. On supprime
donc les velléités des peuples non-russes (en particulier quand ils résistent à
la collectivisation paysanne). On déporte des peuples entiers d’un lieu vers un
autre, on les envoie dans les camps, on fait des pogroms, ... L’ère stalinienne
va aussi faire de même dans tous les autres secteurs. Ainsi, la doctrine communiste doit toujours
détenir la vérité poussant ainsi à considérer comme fausse, mauvaise voire
bourgeoise, toutes les sciences qui critiquent cette vérité. D’abord la psychanalyse qui parle d’un
inconscient (donc des choses qu’on ne peut maîtriser … impossible pour des
communistes). La science de la
cybernétique, ou science politique, qui présente plusieurs formes de
gouvernement (impossible, seul le gouvernement communiste était juste). Tous
ces scientifiques avaient été déportés, supprimés ou contraints à mentir dans
leurs écrits. Les chaires de ces sciences étaient d’ailleurs rayées du pays. La biologie aussi fut supprimée, en
particulier la génétique. A l’époque où Staline arrive au pouvoir, on a des
départements de génétique bien développés en URSS. On comprend donc que
certains de nos caractères physiques sont déterminés par notre carte génétique.
Certains communistes, des généticiens du parti, dénoncèrent alors que ces codes
génétiques n’étaient que des artéfacts, des choses sans importance et
parasitaires. En effet, si nous sommes déterminés par notre ADN, comment le communisme
peut faire de nous un homme nouveau ? A ce moment là, les Staliniens vont
instaurer tout un système pour détruire la génétique. Ne pouvant radicalement
supprimer cette science, ils vont supprimer les chaires de génétique, notamment
celle de Vavilov et de ses élèves, pour les
remplacer par Lipssenko, un agronome qui va
remplacer la génétique par une pseudo-discipline. Les arguments mis en place
sur le sujet sont édifiants, les chromosomes sont un concept de science
bourgeoise, pas de science prolétarienne. Ce genre de raisonnement qui prône
une vérité différente a existé sous d’autres époques bien entendu. Ce
professeur de chaire a donc manipulé les gènes pour tenter de transformer les forêts
de bouleaux en forêts de hêtres. Des millions d’hectares lui furent donné, des
disettes régionales gravissimes avaient lieu dans les régions où Lipssenko
travaillait. On a finalement arrêté ces expériences en déclarant une partie des
scientifiques « Ennemis du peuple ».
Cependant, même à
coups de Terreur, de menaces, de délations, … Il est difficile de dominer
totalement la région. Ce sont l’apparition des Samizdat, des écrits secrets qui circulent en sous-main. Grossman, auteur soviétique de Vie et destins, mourut avant de
voir son livre paraître car l’URSS l’avait interdit. Un représentant d’une
maison d’édition suisse finit par trouver le volume et celui-ci fut publié
finalement. Il y a donc eu des
résistances, le peuple russe n’était pas servile.
Les 70 ans de ce
communisme sont ceux d’une lutte entre l’idéologie et la réalité. La collectivisation engendre la
famine, le gouvernement doit donc rationner l’alimentation quand la NEP l’avait
supprimé. La pénurie est immense et, en conséquence, le gouvernement concèdera
par la suite des lopins de terre individuels qui seront les plus productifs. L’idéologie communiste ne s’en sortant pas,
on a des mesures libérales, des petites NEP, qui se développent partout.
Dans un système de
ce genre, on ne paye presque rien, tout est gratuit, mais on reste pauvre. Eau, électricité, hôpitaux, …
Rien n’est payant mais de nombreux inconvénients en découlent. En même temps,
personne n’est réellement au chômage, pourtant, ceux qui jouaient contre l’État
(par exemple, ils arrivaient en retard trop souvent) perdaient leurs logements
et n’étaient plus considérés comme membres du parti. De plus, l’URSS est composée d’une élite du parti, la Nomenclatura, une fraction infime de la
population qui vit dans un luxe démesuré (vacances dans le Sud, produits de
consommation de luxe, …). On n’a plus de bourgeoisie mais une classe sociale
nouvelle largement aisée. Cette Nomenclatura,
tous des membres du parti, est jugée comme perdant foi en la doctrine communiste
au plus tard dans les années 1950. Les membres du parti ont perdu fois en ce
qui se rapproche d’une forme de religion, assez tardivement.
Les partis
communistes locaux, ont évoqué plusieurs raisons aux évènements russes. Le
premier des arguments est toujours le même, la fin en vaut les moyens. Le
projet communiste est tellement merveilleux qu’il pardonne une période de Terreur. Pour cela, on reprend souvent l’exemple
de la Révolution Française, qui a mené à la démocratie.
Le second argument
était la comparaison entre l’Ouest et l’Est. « Les
Soviets oppriment, mais l’Occident pourri », et les partis communistes
locaux exhibaient les situations de corruption, d’abus, … qui avaient lieu en
Occident. De plus, entre les deux guerres, on a eu un accès d’antiparlementarisme
très violent qui a joué en faveur du communisme. Cela est toujours assez
présent aujourd’hui. D’autant plus, que lorsque le chômage arriva en Occident,
l’argument du non-chômage en URSS lui donnait du crédit. Ces arguments étaient
renforcés par le fait que l’URSS jetait de la poudre aux yeux à ses visiteurs.
On
citait aussi un argument historique, ???
Custine
au XVIII° siècle, proposait l’argument d’un
Russe naturellement « Ivre d’esclavage » terme qui sera repris tout au
long du XX° siècle. Les Russes sont des gens apathiques, des serfs-nés.
L’argument
politique était particulièrement puissant sous l’entre-deux-guerres et sous la
Seconde Guerre Mondiale. Face aux fascismes, extrêmement dangereux, les
communistes sont la seule force solide pour leur résister. Cela joua beaucoup dans l’engagement
des Français dans la Seconde Guerre Mondiale. L’excuse était aussi que les communistes
contrairement aux fascistes ne sont pas cyniques, ils tuent pour un idéal.
Enfin dernier
argument, celui de l’encerclement qui dura jusqu’aux années
1980. Les
pays communistes sont tellement encerclés par les pays capitalistes que tous les
moyens sont bons pour se défendre, y compris la Terreur. Le Terreur est donc
excusable. Mais cet argument est une construction. A part Hitler, personne n’a
envahi l’URSS. Quand l’armée rouge a envahi l’Afghanistan, l’armée rouge a
insisté sur le fait que ses soldats allaient s’en prendre à des armées
chinoises et américaines, bien évidemment c’était faux, seuls des paysans
afghans et des Talibans s’y trouvaient. L’URSS n’a cessé de trouver des ennemis
à combattre.
Il a fallut
attendre la chute du mur en 1990 pour qu’on
réalise que ce régime est un régime terroriste avec peu de bons cotés et dont
toutes les conséquences n’ont pas encore été mesurées. En particulier les conséquences
des essais atomiques dans les régions musulmanes ou encore l’impact écologique
du communisme.
L'emblème du nazisme
Le
Nazisme
Jusqu’à il y a peu,
on a rarement analysé les aspects du communisme (par une idéalisation trop
forte) et les aspects du nazisme (par une diabolisation trop forte). En conséquence, toujours
condamné sans être réfléchi, la Nazisme a donc été longtemps non-analysé. Comme le communisme, le nazisme à été une
catastrophe humaine, avec des morts décidés et planifiés, des morts
volontaires. Il s’agit de nouveau d’un système totalitaire fondé sur l’élimination
systématique de gens. Un système qui s’avère aussi totalitaire et fanatique. Ce
système de pensée est considéré comme inacceptable pour la quasi-totalité de
notre société.
Mais ce national
socialisme suscite de nombreuses interrogations auxquelles nous n’avons pas
encore trouvé de réponse.
Comment se fait-il que le national-socialisme se soit aussi bien implanté dans
la population allemande pour être mené au pouvoir de manière volontaire ?
C’est un fait que les Allemands ont élu Hitler. Comment fonctionne le mode de
pensée instigateur du génocide ? Quelles sont les origines du mode de
pensée génocidaire ? Comment se fait-il que parce qu’il a tué tant de
monde, le Nazisme soit considéré comme le seul régime aussi diabolisé ?
La
réputation du nazisme.
Le national-socialisme
est une pensée enracinée dans la peur, ce qui n’est pas le cas du Communisme,
qui lui s’enracine dans l’espoir. Cette pensée de la peur cherche à pourchasser
des ennemis potentiels, des ennemis imaginaires, qui veulent la mort de notre
civilisation. En ce sens, on peut dire que le national-socialisme est une
pensée paranoïaque.
Freud,
qui ausculte le président Schreber, un homme se prenant pour Napoléon et qui
est paranoïaque, constate que cet homme voudrait être traité comme Napoléon, ce
que ne font pas ces interlocuteurs et cela le vexe. Cet homme se sent
injustement traité. Le fou part sur un raisonnement faux et le développe. C’est
le cas de ce patient de Freud et du nazisme.
Le nazisme se base
sur l’idée qu’il y a un complot imaginaire qui se trame contre le peuple allemand.
Cela se double d’une certitude du peuple allemand d’être supérieur. Le peuple
allemand se croit supérieur aux autres et comme il n’est pas traité comme tel,
se sent bafoué. Il y a donc ce sentiment d’une persécution. Cette pensée
négative est aussi mue par le sentiment de la mort, le peuple allemand redoute la
mort. En même temps, il y a un espoir d’une société parfaite qui pourrait
arriver. Mais à l’inverse du communisme,
on ne croit pas en une société qui mettra tout le monde sur le plan égalitaire,
ici la société idéale est celle de la domination d’une race biologique, les
Aryens. Les deux idéologies attendent un paradis, les deux ont des boucs
émissaires, les deux vont provoquer une terreur à partir d’un mode de pensée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire