Le tour de France par deux enfants, l'ouvrage nationaliste français du XIX° au XX° siècle
Ici, il me manque les 25 premières minutes du cours où je suis arrivé à labours. Quelqu'un peu m'aider ... nous aider tous ?
???
(25 minutes)
Ces guerres
seraient une rechute dans la barbarie.
Cette conception est plutôt ancienne, on la retrouve dès le XVIII° siècle sous la forme la plus achevée de ces
idées avec Auguste
Comte qui estime que la société industrielle va inévitablement suivre la
société de guerrière. Dans son cours de philosophie politique, il décrit
« l’époque est enfin venue ou la
guerre sérieuse et durable doit totalement disparaître chez l’élite de l’humanité.».
Cette orientation inéluctable vers la paix était très partagée depuis la
Seconde Guerre Mondiale par les philosophes et les politiques. Ainsi Schumpeter analysa la guerre de 1914 – 1918 comme
la manifestation de traces profondes de l’esprit militaire. Ces traces ne sont
pas encore effacées et s’expriment dans la culture impériale du II° Reich. Un
autre auteur libéral, Benjamin Constant, est inspiré par l’école
optimiste qui imprègne la culture politique européenne et européaniste.
Constant assiste aux guerres de la Révolution et de l’Empire, guerres
provoquées par la France qui semblent contredire les espérances des Lumières et
contrecarrent la paix perpétuelle. Cet
homme nourri par l’espérance de la paix perpétuelle, affirme alors que la guerre est un anachronisme, fruit d’une
usurpation (celle de Bonaparte) et qu’en conséquence, la guerre ne saurait
être plus longue que le règne de Bonaparte. Dans De l’esprit de conquête et de l’usurpation dans leurs rapports avec
la civilisation européenne, il écrit « La guerre et le commerce ne sont que deux moyens différents d’arriver
au même but : celui de posséder ce que l’on désire ». Constant résume une histoire nécessaire et
inéluctable, vision déterministe qu’on retrouvera ensuite chez les
Saint-Simoniens, les marxistes, … Les
hommes ne veulent que posséder ce qu’ils désirent et pour se faire vont
historiquement commencer par la guerre, moyen brutal à effet immédiat mais
incertain, puis le commerce, moyen plus doux et plus sur. Or Constant nous
décrit la transition d’une époque à une autre. Il rapproche les deux époques
avec l’explication que l’homme cherche dans les deux cas à acquérir ce qu’il
désire. Il pacifie la guerre et brutalise le commerce avec de tels propos. Klauswitz prendra la même position distinguant le
passage du commerce à la guerre dès qu’il y a du sang qui coule.
Dans
le texte de Constant, on a donc la guerre présentée mais réduite à de simples
buts matériels. Or elle contient aussi un élément moral qui est en l’occurrence
le désir ou la volonté de vaincre l’ennemi. Constant prend pour évidence ce qu’on va nommer l’individualisme
positif, psychologie bourgeoise qui nous imprègne aujourd’hui, la
psychologie de l’individu est avant tout celle de l’acquisition. La culture
politique européenne est celle du bien-être et du confort, c’est ce que nous
jugeons plus raisonnable et plus naturel que le désir de vaincre, que
l’honneur, … Les sociétés démocratiques
témoignent d’un goût passionné pour le confort tandis que l’honneur au sens
guerrier du terme est en voie de disparition même si des formes édulcorées se
retrouvent encore dans certains jeux, dans la concurrence économique, dans
le sport, … Cette culture politique qui oppose l’honneur à la recherche du
confort, se retrouve dans De la
démocratie en Amérique de Tocqueville,
il y a l’opposition entre deux sociétés, celle moderne du Nord et celle plus
traditionnelle du Sud qui repose encore sur l’honneur. Tocqueville prévoit une
guerre immanquable entre les deux, c’est ce qui aura lieu quelques dizaines
d’années plus tard avec la Civil War.
Les Européens pour leur part se sont retrouvés dans la situation politique et
morale de Constant considérant que les guerres ne devaient plus avoir lieu car
elles ne correspondaient plus à l’état présent des sociétés et aux dispositions
des citoyens de ces sociétés.
Si donc cet état
d’esprit est bien le notre, alors pourquoi ces sociétés organisées autour du
commerce et de l’industrie laissent périodiquement la guerre éclater ? La fin de l’histoire et le dernier homme, ouvrage de Francis
Fukuyama annonce la fin de l’Histoire car l’Histoire c’est la guerre
et celle-ci arrive à son terme. La guerre est une pratique d’ennui, un ennui
de la part des sociétés qui n’ont pas suivi à temps le cours de l’histoire. On
peut alors appuyer tous ces auteurs si l’on considère uniquement les guerres
interétatiques, mais il existe d’autres formes de guerres. On a des guerres
civiles (partie de la population contre une autre partie de la population), des guerres internes (pas de
polarisation de la population contre un groupe, en Colombie, la majorité de la
population rejette les groupes armés), …
Dans ce dernier
siècle, celui des « guerres en
chaîne » ou de la « polymorphie
de la violence », termes d’Aron, on
a, entre Louis XIV et 1900, l’irruption des nationalismes façonnés par le
creuset de la guerre. On a pourtant des phases d’homogénéisation, phases de
paix, alternées par des phases de séparation où la guerre se déchaîne. Sous les Lumières, on a une
période qui s’homogénéise sous l’influence de la France. La seconde phase
d’homogénéisation traverse le XIX° siècle, après Napoléon, et se fait sous
l’influence de l’industrie et du commerce anglais. Les phases de guerres étant
celles de la Révolution puis de l’Empire et celle du XX° siècle avec les
« guerres en chaîne » donc.
Par homogénéisation, on entend comme Rousseau,
qu’il n’y a que des Européens. Or une génération plus tard, les Français, les
Allemands, les Espagnols ou encore les Anglais, vont connaître des
cristallisations nationales qui démentent le diagnostic de Rousseau. Selon Guy
Hermet, dans son Histoire des
nations et du nationalisme en Europe, les guerres des nationalismes ont
participé à l’homogénéisation par le haut des citoyens. C’est en effet, à cette
époque que le grand nombre du peuple va s’élever au-niveau de la Noblesse
puisque c’est avec la mobilisation de tout les citoyens en France que le peuple
va se charger de faire la guerre, tâche qui incombait alors aux Nobles. Faire la guerre est un droit qui va être
revendiqué et vu comme un devoir commun. Cela devient même un instrument de
réalisation de soi, Victor Hugo l’écrit
dans certains de ses poèmes. La guerre révolutionnaire égalise alors les
peuples et les citoyens. Et pourtant en dépit de cette nouvelle homogénéité, la
guerre développe une nouvelle hétérogénéité.
Les Européens se
rassemblent dans un cadre national mais aussi dans un cadre européen. Ce cadre
généralisé témoigne d’une volonté de différenciation des Européens entre eux.
Dorénavant, ces Européens vont nécessairement s’efforcer de donner une politique
nationale, ce
qui va donner un certain nombre d’expression qui se manifestent tout
particulièrement chez les Allemands qui vont se défendre et s’insurger contre
les armées napoléoniennes mais aussi et surtout contre la langue et la
civilisation française. Leur culture moderne va se ressourcer auprès de la
langue allemande à tel point que tout une tradition germaniste va chercher à
épurer la langue germanique de tout gallicisme. L’un des premiers Allemands à se révolter contre le gallicisme sera Fichte dans son Discours à la nation allemande, où il reprend d’abord le
diagnostic de Rousseau lorsqu’il écrivait sur le gouvernement des Polonais.
Rousseau disait que les Polonais devaient se construire des institutions bien à
eux, Fichte dit de même pour les Allemands sous Napoléon. Il rajoute qu’il faut
sortir du règne généralisé de l’égoïsme qui a rompu tout les liens
sociétaux. Il n’y a plus de totalité même fragmentée, tout a été dissous. Il
faut reconstituer au niveau national le lien social au-delà d’un esprit de pur
calcul. La voie principale pour constituer ce lien social qui sera lien
national, c’est d’élaborer une constitution avec un moi collectif et ???
qui sera porté par une ??? nationale. Ce projet passe par l’éducation
nationale qui doit s’adresser à l’individu dans son intégralité, à ce qu’il y a
d’allemand dans la personnalité. Ce
projet de Fichte est à la fois radicalement démocratique (on homogénéise la
population allemande) et séparationniste
(il reste nationaliste dans l’Europe).
Il n’en reste pas moins que la guerre, ou la disposition à la guerre, reste
inscrite dans le projet de Fichte, qui est un projet séparateur.
On a donc une
Europe qui est passée d’une forme d’homogénéisation horizontale par la
civilisation et la langue française, à une homogénéisation verticale,
séparatrice entre des nations qui sont des entités passionnées par elles-mêmes,
par ce moi général.
Ce principe des
nationalités va prévaloir au XIX° siècle, il
est donc séparateur mais comme il s’étend à toute l’Europe, il reste le
principe d’une unité morale des Européens. A cette époque, tous les Européens s’engagent dans
un principe de démocratisation et de nationalisation. Ils tendent à se
distinguer les uns des autres mais aussi à se ressembler. Ils se distinguent tout en se ressemblant et donc produisent à la fois
de nouvelles différences et à la fois des formes de ressemblance politiques
inédites. Ainsi l’éducation
nationale est un caractère de cette situation. France et Allemagne ont une
politique d’éducation nationale au XIX° siècle, mais certains ont un
enseignement français et les autres, un enseignement allemand. De plus, dans
les deux cas, on forge des citoyens instruits dans un État représentatif
moderne. Une source d’une nouvelle puissance se constitue ainsi. Cette
ressemblance de citoyens européens avec leur culture propre. Et pourtant, le
XIX° siècle qui repose sur cette différenciation nationaliste d’après Empire,
reste un siècle de paix. Chaque peuple
cherche son unité politique, avec le cas particulier de la France qui pense
son unité politique passant nécessairement par une unité sociale. Cela explique
d’ailleurs la forte centralité de notre pays.
Si ce siècle est si
pacifique, c’est parce qu’à l’époque, les sociétés entre elles ne sont pas
particulièrement guerrières. On a quelques conflits périphériques mais de
faibles envergures : France / Autriche, Autriche / Prusse,
France / Prusse. Ces petites guerres sont menées au nom du nationalisme et en
conséquence sont assez stabilisatrices. C’est donc un siècle relativement
pacifique qui suscite l’optimisme des Européens de l’époque.
Il y a un principe
commun des nationalités à l’Europe dont le contenu prend des formes différentes
si l’on considère le cas significatif de la France et de l’Allemagne. Cette différence s’est
cristallisée sur la région d’Alsace-Lorraine où les deux nationalismes s’y sont
affrontés. Ce ne sont pas des nationalismes fondamentalement différents, mais
il y a dans le contenu un aspect particulier du nationalisme allemand qui
apparait à travers des justifications idéologiques spécifiques, pour les
Allemands, il y a un argument de la langue et de la race. Cet argument est lié
au fait que les populations germaniques sont dispersées. Cela détache alors
complètement le principe du nationalisme de celui de la démocratie. En France,
les deux étaient foncièrement associés. En conséquence, l’Allemagne aboutit sur
un projet impérialiste, projet doublé d’une teneur raciste. Ce projet n’est au
XIX° siècle qu’une possibilité. L’évènement qui va réaliser ce qui n’était
qu’un risque, ce sera la guerre. La France n’était pas prête à déclencher la
guerre pour récupérer l’Alsace-Lorraine au XIX° siècle, il a fallut un
évènement dans les marges périphériques d’Europe, dans la Serbie, pour que ce
sujet retombe. C’est l’incapacité des empires à conserver leur forme qui,
doublé des poussées nationalistes déviantes et belliqueuses, qui a finit par
aboutir à la guerre généralisée, la Première Guerre Mondiale. Ainsi Ernest
Renan écrit « Notre politique est
celle du droit des nations, la votre sur celle des races […] la votre
mènera à des guerres zoologiques, à des guerres d’extermination ».
Ce XIX° siècle pacifique s’arrête alors en 1914. On rentre dans le siècle des « guerres en chaîne » selon Aron.
En plus de nouvelles guerres, on rentre
dans un siècle où la guerre devient nouvelle et polymorphe. On peut
chercher alors le rôle politique et moral de la guerre au XX° siècle. Si la
guerre a joué un rôle décisif, c’est que cette psychologie collective
bourgeoise qui s’est développée au XIX° siècle témoigne de son insuffisance à
comprendre ce qu’il s’est passé pendant plus de 30 ans. Aron dans un texte
intitulé Nations et Empires,
met en évidence qu’il est difficile de donner un rôle causal à la guerre, Aron donne à la guerre un rôle de
révélateur. Elle a révélé certains éléments que l’on méconnaissait
jusqu’alors : gigantisme des USA, attractivité de l’URSS, épuisement des
nations européennes, … C’est aussi un
fait que cette guerre. Elle possède sa propre nature, sa propre texture, sa
propre dynamique et peut ainsi s’émanciper de ces origines. La guerre peut donc prendre un nouveau
visage. Cela pousse Aron à écrire « Celle-ci par son ampleur par ses conséquences dépassa les causes mêmes
de sa naissance … ». La
guerre par son indépendance dépasse ses causes et provoque seule de nombreux
effets, effets qui n’ont pour origine que la guerre, comme la communisation
de l’Europe de l’Est. Elle fut aussi la cause de ce que George Mossé, un historien américain, appelle la brutalisation
de la vie politique et sociale, en particulier dans l’Allemagne de Weimar. Ce
sont deux conséquences directes de la guerre. Ainsi l’italien Ferrodo
écrit la fin des aventures, guerres et paix. Il déclare cerner l’hyperbolisation de la guerre, qu’Aron reprendra
ensuite dans Les guerres en chaîne.
Tout deux insistent sur la démesure des
guerres, des crimes liés aux guerres, démesure de ces crimes voulus pour
eux-mêmes (créant à la fin de la Seconde Guerre mondiale le crime contre
l’humanité), … Cette démesure n’a pas
d’origines certaines. Plusieurs réponses sont possibles. Aron considère
qu’il faut apprécier cette démesure à la lumière de l’évènement de l’entrée en
guerre des USA, entrée avant tout ne démesure technique.
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