L'intérieur du Parlement européen
Les
institutions européennes
I.
Le triangle
institutionnel
Le système
fonctionne sous forme triangulaire avec un coté dominant, le Conseil Européen (composé d’un Conseil européen avec les chefs d’État
et un Conseil des Ministres de l’Union Européenne avec les ministres concernés
sur un sujet particulier). Les deux
autres côtés étant la Commission Européenne
et le Parlement Européen. Nous sommes dans un
système géré de manière intergouvernementale et non pas fédérale. Or chose
étrange, nos 28 gouvernements nationaux sont organisés dans 2 organes
gouvernementaux (le Conseil et la Commission).
Autre constat
flagrant, le fonctionnement de ce système est compliqué. On a 28 gouvernements nationaux
qui interagissent, 23 langues officielles, des conflits de légitimité entre les
élus et les non-élus. Les fonctionnaires de la commission ne sont pas élus par
le peuple européen. Enfin, le Parlement Européen à un manque de légitimité lié
aux taux d’abstention élevés, lors des élections européennes. Ces deux manques
de légitimité bénéficient largement au Conseil Européen.
Depuis l’entrée en
vigueur du traité de Lisbonne de 2010 tend à renforcer le rôle du Parlement et celui
du Conseil. En effet, une rumeur persiste dans les esprits d’une eurocratie, où la commission étant très
puissante et non-élue, elle agirait dans un sens antidémocratique. On a donc
dans la prise de lois et leur exécution une codécision, le Parlement et le
Conseil doivent tout deux donner leur aval.
Si
l’on compte en nombre de présidents de la partie de l’exécutif européen :
28 chefs d’État + le président de la Commission + le président du Conseil
Européen (Mr. Von Rompuy) + le président du
Conseil Européen assurant la présidence
tournante (actuellement un chypriote qui accompagne donc Mr. Von Rompuy) = 31
présidents dans l’UE.
II.
Le fonctionnement
1.
Le conseil
Le premier Conseil
Européen est lancé par la France à Paris le 10
octobre 1974,
sous Valérie Giscard d’Estaing pour
resserrer les liens et assurer la politique européenne. Auparavant, on se
rencontrait donc tout les 6 mois lors de « sommets ». Depuis, cela a
évolué, avec la crise, il y a plusieurs réunions d’urgence de ce Conseil. Cela
pousse Jacques Delors à qualifier l’UE
d’OPNI (Objet Politique Non-Identifié) puisqu’elle ne représente aucune
structure politique connue.
Ce Conseil Européen
se réunit soit avec tous les chefs d’État ou alors, selon les thématiques
abordées, en conseil des ministres de l’Union Européenne. A chaque fois qu’il s’agit d’un
conseil des ministres, ce conseil prend un nom particulier. On parle de
Formation des affaires générales et relations extérieures (ministres des
Affaires Etrangères), Conseil Écofin (ministres des finances), encore le
Conseil Européen Agriculture et pêche (ministres de l’agriculture et de la
pêche), … Les autres sont plus rares mais on trouve des Conseils Européens pour
les Transports, pour la Culture, pour la Justice et les Affaires Intérieures, …
La réunion est
préparée à Bruxelles par Bruxelles, les ministres en discutent, on vote et les
ministres concernés reviennent ensuite s’occuper de leurs pays. Le COREPER (COmité de REprésentation PERmanente) accompagne le Conseil Européen dans la
préparation des réunions. Chaque pays à un représentant permanent sur place
qui prépare la position de son pays avec les fonctionnaires européens membres
du COREPER. Finalement, les ministres ne vont souvent qu’avaliser la décision
et la publiciser.
Le
jour J, le président tournant est là, accompagné d’Herman Von Rompuy. Ce
dernier préside le Conseil, donne la parole, assure la préparation des travaux
débattus lors de conseil (donc il travaille avec le COREPER), doit favoriser la
cohésion et faire le médiateur. Il doit aussi présenter aux médias le bilan de
la réunion. Enfin, il assure la représentation extérieure de l’Union
Européenne.
Il y a des
négociations en amont du vote grâce aux agents de liaison, les anticii, des professionnels spécialisés
dans la négociation entre les différents membres. Finalement, le Conseil prend
une décision sur de nombreux sujets. Cette décision est entérinée par un vote,
celui de tous les représentants de leurs pays. Sur certains sujets, il faut une décision unanime (nouveau membre,
…) parfois, seule la majorité qualifiée
suffit (soit 74% des votes des personnes présentes 245 voix sur 331, car
chaque pays à un certain nombre de voix, le représentant français possède
disons 9 voix).
2.
La commission européenne
Depuis 1999, la
langue commune des fonctionnaires européens est l’anglais. Trois langues de
travail restent utilisées couramment : l’anglais, le français et
l’allemand.
Les 27 commissaires se présentent, débattent dans
les 23 langues. Le président de la
commission européenne assure les débats. Actuellement, c’est José Manuel Barroso Duante. Les 24 000 fonctionnaires ont préparé
la réunion. Dedans, on trouve des Directeurs Généraux et toutes leurs
administrations derrière. On a donc un président et 26 commissaires
spécialisés, soient 27 commissaires européens. En 2014, ils ne seront plus que
18. Le président est élu par le Conseil
Européen et validé par le Parlement. Les commissaires sont choisis par les
chefs d’État de chaque pays.
Leurs rôles sont
nombreux. La Commission a un pouvoir de proposition, elle présente des lois après
que les fonctionnaires ait monté ce dossier de lois.
Elle rédige des
rapports sur
l’évolution des candidatures pour entrer dans l’UE, des rapports sur les livres
verts (sources de propositions pour faire évoluer l’UE, c’est un pouvoir de
réflexion), des rapports sur des projets communautaires. La commission veille aussi que les lois adoptées soient bien
instaurées, publiées dans les autres pays et que ces pays respectent les lois.
C’est donc un pouvoir juridique et
budgétaire.
Dans
la comitologie, on a plusieurs
centaines de comités, organisés par la commission, qui traitent de tous les
sujets possibles et imaginables (comité sur les fromages italiens, comité sur le
téléchargement internet, comité sur la consommation de tabac, …). Dans ces
comités, on trouve en général un fonctionnaire européen qui préside le comité,
des universitaires, des lobbies, des représentants des pays concernés, … Tous
ensemble étudient le sujet, font des sondages, fixent des normes, …
La commission est
aussi la gardienne des traités et de la règlementation européenne. Ainsi si un État
n’applique pas un traité, la commission l’interroge, peut le condamner voire le
sanctionner.
Enfin c’est à la
commission de signer les accords internationaux.
En
2014, on aura : élection des députés
européens, changement du président du Conseil Européen, moins de commissaires à
la commission, …
3.
Le Parlement Européen
Seule des trois
institutions à avoir son implantation à Strasbourg, les réunions se font toutes
les 4 semaines. Le secrétariat est à Luxembourg, les comités de préparation des
séances à Bruxelles et le siège du Parlement à Strasbourg. Cette institution est assez
ancienne, dés la CECA en 1952 avec 78 députés élus de manière indirecte. En 2014,
ils seront 750 députés élus directement. Le nombre de députés varie de 5
pour Malte à 99 pour l’Allemagne. La France en a 74 soit à peu près 10% du
Parlement. Les députés élisent un président tous les deux ans et demi, en ce
moment c’est Martin Schultz, mais cette
fonction est faible et tourne régulièrement.
Le Parlement
Européen à deux pouvoirs. Le pouvoir de colégislation avec le Conseil Européen
sur les lois européennes avec
une codécision (qui est en fait une coadoption), une coopération (un droit de
regard sur les lois du Parlement), son droit de donner un avis conforme (avis
obligatoire que le Conseil écoute ou pas) et enfin l’avis simple (avis
facultatif qu’on peut demander au Parlement). Le second pouvoir, ça serait le reste :
·
Il
a aussi un pouvoir budgétaire, le
Parlement adopte le budget (appelé PF) de la communauté mais donc ne le fixe
pas.
·
Le
Parlement a le droit de renverser la
commission, c’est la motion de censure.
·
Il
peut aussi contrôler la commission
en lui posant des questions, en demandant des comptes-rendus en quelques
sortes.
·
Enfin
ultime pouvoir, le pouvoir de pétition.
Le Parlement Européen reçoit les pétitions de ses électeurs et doit les
transmettre au reste des organes de l’UE.
On a donc un
triangle institutionnel toujours déséquilibré même si historiquement, ce
déséquilibre a tendance à se compenser notamment en faveur de la commission et
un peu aussi du Parlement. De plus, il existe d’autres institutions qui
existent mais aux pouvoirs plus réduits. Enfin, sur l’échéance de 2014, on va de nouveau,
sous l’effet des renouvellements en série, avoir une remise en cause du
caractère hybride de l’UE. Allemagne et Belgique voudraient une fédération, la
France freine des deux pieds.
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