dimanche 14 octobre 2012

Pensée politique européenne 10 - 10 (cours 3)


César, le plus célèbre dictateur
interprété par Fabrice Lucchini dés mercredi dans Astérix au service de sa majesté



L’état d’exception


Carl Schmitt, La dictature :
Allemand, juriste et philosophe, intellectuel du III° Reich et donc nazi. Un État doit être absolu selon lui. Il publie son texte dans la république de Weimar, après l’humiliation du traité de Versailles. Il définit ainsi la dictature, en s’inspirant des situations antiques de dictature. Dans la Rome antique, c’est un pouvoir exceptionnel donné à un seul homme pour rétablir l’ordre (alors qu’en temps normal, on a deux consuls à la place). La dictature de commissaire, dictature limitée au caractère occasionnel, état d’urgence qui suspend la constitution.
La dictature se présente donc avant tout comme quelque chose de provisoire dans ce texte alors que dans nos sociétés, c’est avant tout au travers de longues périodes qu’on perçoit la dictature (Kadhafi en Lybie, …). Dans la Rome antique, la dictature est une situation légale mais exceptionnelle et temporaire. De plus, le dictateur doit régler une grande menace (extérieure ou intérieure) et se retirer ensuite. La dictature dure chez les Romains 6 mois maximum et de même en France puisque la loi constitutionnelle l’autorise dans la Constitution de la V° République de 1958 avec la suspension temporaire des autres pouvoirs pour une durée de 6 mois. C’est donc là qu’on trouve l’état de l’exception. De Gaulle s’en ait servi une fois lors de la Guerre d’Algérie en 1955. En France, en 2005, l’embrasement des banlieues à pousser à l’instauration de l’état d’urgence mais non des pleins pouvoirs pour le Président, ce n’est donc pas une véritable dictature. Il est donc possible de mettre en parenthèses les libertés démocratiques bien qu’elles ne sont utilisées que rarement. Le droit limite leur utilisation et leur temps d’utilisation, même si en théorie, avec les pleins pouvoirs un chef d’État peut décider de prolonger sa situation.

Giorgio Agamben, État d’exception. Homo Sacer :
Le livre écrit en italien est immédiatement traduit lors de sa sortie. C’est donc le cas pour cet ouvrage au grand retentissement, publié après les attentats du 11 septembre, dans la guerre américaine contre le terrorisme. L’extrait révèle les mesures particulières de l’administration Bush pour se saisir des terroristes. Le centre de la réflexion est le nouveau statut des terroristes qui accentue encore le Patriot Act (mise en détention des individus menaçants les USA mais pas au-delà de 3 jours sauf s’ils agissaient mal). Dorénavant, le statut du prisonnier est modifié et tombe dans un vide juridique qui permet aux Américains de détenir les suspects à volonté. Cela brise la Convention de Genève qui fixait un statut de prisonnier de guerre (ici ce ne sont plus des prisonniers de guerre mais des detainees, cas unique historiquement à l’exception des Juifs sous le III° Reich).
Pour Agamben, de tendance extrême-gauche, il s’agit de souligner les traits perturbants des USA, modèle que l’Europe ne doit pas suivre aveuglément. Ce pays est un État d’exception permanent dans l’idée d’Agamben. On ne vit pas dans un état de droit. La logique est poussée à la caricature malgré tout car il s’agit pour son auteur de faire polémique.

La biopolitique, ou le biopouvoir, sont deux termes inventés par Michel Foucault pour décrire l’évolution de nos sociétés vers un gouvernement des corps par le biais de la santé, … C’est l’idée qu’on suit jusqu’aux corps des citoyens. Le terme de crime signale une traduction fragile, le mot plus probable est « délit ». Notons que l’alien, permet de qualifier un individu dans le sens « autre ». De plus, le Patriot Act est voté très rapidement après le 11 septembre. Les propos d’Agamben ont surtout pris sens dans le second mandat de Bush avec la guerre d’Irak. Il fut alors un avis central à cette époque, aujourd’hui un peu moins même si cela reste encore présent dans certains milieux. Le detainees devient une catégorie d’individus hors droits américain mais surtout hors droits de Genève. Judith Butler, une philosophe américaine très polémique dans son pays qui met toujours en lumières les situations gênantes et qui mettent mal à l’aise le pays. « La vie nue » est une référence à Aristote, la vie brute tel l’animal à l’opposé de la vie humaine qui est une « vie politique ».



 Le cinéma, longtemps considéré comme l'art des masses


L’image


Guy Debord, La société du spectacle :
Penseur critique issu du marxisme mais assez autonome. Plus de vie directe, on est médié.
Cf notes.

Gilles Deleuze, Cinéma 2 : l’image-temps :
Le cinéma serait plus accessible que les autres arts, car le spectateur est plus facilement touché. En revanche, Deleuze critique l’interprétation du cinéma qui peut fortement influencer son spectateur. Deleuze a une liberté stylistique plus grande que les philosophes d’avant la Seconde Guerre Mondiale. Le cinéma n’est ni figuratif, ni abstrait. Il dépasse ce stade. De plus, par le mouvement illusoire donné par les images qui se succède, le cinéma fut décrié comme un art qui influence les masses (cf cinéma nazi et stalinien). Mais la puissance du cinéma n’est pas si forte que ça. Godard critiquera cette opinion de Deleuze. Le cinéma n’est pas autonome du monde et ses prétentions d’influences des masses ne sont pas forcément réalisées.

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