La statue d'Arminius en Germanie, le grand ancêtre germain dont Tacite écrit :
« Il fut sans aucun doute, le libérateur de la Germanie, un homme qui
n'a pas, comme d'autres rois ou généraux, affronté Rome à ses premières
étapes mais plutôt quand elle était au zénith de sa puissance. Dans les
batailles, il a combattu avec un succès variable mais dans la guerre il
est resté invaincu. Ses exploits survivent encore aujourd'hui dans les
chants de son peuple... »
Texte
des NEL (Nouvelles Editions Latines, maison d’édition française) :
Hitler
déclarait dans Mein Kampf
qu’il voulait s’étendre en Europe et dominer cette région. Il ne voulait donc
pas que son livre soit traduit dans les pays voisins. Hitler prend le pouvoir
en 1933, la maison d’édition publie Mein
Kampf en 1934. Elle prend donc un risque à publier un texte malsain qui
en plus annonce le souhait d’occuper la France et d’exterminer des groupes. Les
NEL, publient ce texte pour avertir les Français. Ce geste louable n’a servi à
rien, il n’y a pas vraiment eu de suite. Dans cet ouvrage, toute la doctrine
nazie y était condensée et pourtant, peu de gens ont tenu compte de cet
avertissement. Les NEL avaient bien compris Hitler comme le montre le dernier chapitre
de ce texte. Hitler n’est ni vénal ni opportuniste, deux traits de caractère pourtant
typiques en politique.
Il
faut se mettre à la place des gens de cette époque là, pour comprendre
l’évolution.
Le nazisme est une
pensée négative mais au surplus, une pensée du refus. Dans le léninisme, la pensée est
optimiste et d’attente. Elle croit en l’homme, trop certainement, mais elle y
croit. Le nazisme en revanche est une pensée du refus et de la haine. Le nazisme veut écarter un mal. Le nazisme est
constitué de cette peur, de cet effroi de périr en tant que culture, d’être en
pleine décadence culturelle. C’est là une notion assez profonde qui s’étale sur
plusieurs années. A cette époque
c’est le ressenti des Allemands, leur culture va vers son extinction. Ce
refus de l’autre dans le nazisme mais non dans le léninisme explique
certainement les deux analyses bien différentes dont on fait cas. Pourtant dans
les deux situations, on a eu un nombre de morts effarant. Si le nazisme est d’autant plus rejeté, c’est peut être aussi car le
nazisme et son extermination des peuples se firent sous nos yeux, non loin de
nous. Les goulags en revanche sont loin en Sibérie et les archives n’ont
pas encore été étudiées. Les archives nazies furent retrouvées puisque le
nazisme fut battu à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, pas pour l’URSS qui a
pu cacher ses méfaits.
Les Staliniens
détruisent tout ce qui porte tort à la société parfaite. Les Nazis détruisent
tout ce qu’ils haïssent. Les premiers font dans l’idéalisme, les seconds dans
la haine. Cela
ne dédouane pas le stalinisme de ces méfaits, mais en revanche, on a deux
visions bien éloignées des deux courants et le léninisme garde encore une
certaine séduction dans nos sociétés, pas le nazisme. Ainsi, le régime de
Polpot au Cambodge se revendique dans la lignée de l’idéologie stalinienne et
communiste. Pourtant le nazisme reste de loin le totalitarisme au plus haut
degré.
Son trait principal
est que le nazisme est la seule pensée qui se fonde sur la haine et qui se
tient aux règles qu’elle s’est fixée, contrairement aux contradictions du
marxisme. Là où
les idéologies annoncent la survivance de tous, elles massacrent, là où elles
annoncent la fin de la police, elles les multiplient, … Dans le nazisme, on
décide que c’est l’extermination de la moitié des membres de la population qui
sauvera la société. Les Français étaient à exterminer même s’ils n’étaient pas
les premiers visés. Hitler ne veut pas nourrir
d’illusions, son cynisme est paisible, il le proclame de manière
décontractée et publique. Ce cynisme paisible est un des traits qu’on ne
pardonnera jamais à Hitler, il annonçait fièrement l’extermination de certains
peuples.
Face
à ce caractère, la question est de savoir pourquoi l’opinion publique a pu
accepter cela. D’où vient
l’aveuglement moral de cette situation ?
Mein
Kampf est diffusé très largement en
Allemagne avant 1933, presque gratuitement. On pense
qu’avant l’élection d’Hitler, 2 millions d’exemplaires avaient été vendus, pour
connaître le nombre de lecteurs, on multiplie par 5 le nombre de livres vendus.
Bref, le livre fut très largement diffusé. Ce
livre contient l’essentiel du projet d’extermination avec quelques
précautions sémantiques (mais bien peu).
On s’aperçoit qu’Hitler réunit très rapidement
une majorité écrasante de vote et sans violer ses intentions. Les commentateurs
pensent que personne n’a crut le projet d’Hitler car la thèse était trop
effrayante. C’est l’idée d’un flambeur
qu’on ne croit pas mais qui en jette, il parlait mais on n’y croyait pas. En
revanche, cela dénotait une volonté
politique forte, chose assez peu en cours à l’époque dans cette Allemagne
de Weimar. A cela, on peut ajouter autre chose. Les projets de Mein Kampf
n’étaient pas nouveaux, ce n’était pas la première fois qu’on écrivait cela.
Ce livre ne faisait que faire écho a des centaines de livres qui disaient tous
la même chose. Il y avait tant d’écrits qui réclamaient l’extermination de
certains groupes que les Allemands en étaient fatigués, surtout que personne ne
le faisait vraiment et personne ne concevait qu’on le fasse réellement. Il y avait une lassitude face à ce sujet
d’extermination trop souvent prononcé, mais jamais abouti.
Pourquoi
a-t-on laissé passer cela ? En lisant Mein
Kampf, il n’y a pas une seule
idée personnelle sauf l’ultime chapitre traitant de la propagande politique
(comment mieux faire passer mes idées devant les foules). Hitler fut alors
novateur dans le cynisme, il expliquait que les réunions politiques ne se
faisaient pas à 9h car les gens étaient trop frais et réfléchissaient
d’eux-mêmes, mieux valait faire cela tard le soir quand les foules étaient
fatiguées. D’autres conseils suivent cela. En revanche, les autres chapitres n’exhibent aucune idée personnelle. Hitler ne fait
que répéter les affirmations très largement connues de l’Europe depuis
longtemps. La différence des races reprend des textes qui existent déjà.
Les différences entre les races, par exemple, reposent sur des textes de
l’époque. Ainsi les Hottentots d’Afrique étaient la race jugée la plus
retardée, la plus inférieure de toutes, dans des textes remontant de Linné et de Buffon
(XVIII° siècle) et s’attardant jusqu’à Plekhanov.
Les groupes humains sont certes
différents mais, à cette époque, on a calculé des degrés d’humanité. Même les
philosophes ont participé à ces conceptions. Hitler ne fait pas de nouveautés dans la pensée, mais innove en passant
à l’acte. Il récupère les grands discours et décide de les mettre en
application. Pour l’eugénisme, par
exemple, beaucoup de monde voulait le faire, mais c’est seulement Hitler qui le
mettra en place. En laissant traîner des
idées longtemps, en y faisant baigner des individus, cela finit par imprégner
la société et certains, tel Hitler, finiront par vouloir réaliser ces idées.
Ce qui eut lieu
sous le nazisme fut donc sans aucun doute terrible et les Européens en sont
toujours marqués. Pourtant avant 1940, les peuples d’Europe étaient habitués à
lire des textes réclamant l’extinction de divers groupes (raciaux, sociétaux,
alcooliques, …). Seules quelques rares personnes se révoltaient contre cela,
alors qu’aujourd’hui l’ensemble des individus condamneraient de tels propos. Ces idées sont donc dangereuses car mises
en application, elles nous sont devenues inacceptables. Notre morale s’est
révoltée contre la pratique. Donc d’un point de vue objectif, voilà bien
des idées inadmissibles et donc les textes qui y poussaient, étaient des textes
poussant au crime. On a manipulé des idées dangereuses dont on ne veut plus entendre
parler de nos jours.
Le
National-socialisme est un moyen qu’Hitler va utiliser pour réaliser une
idéologie qu’il n’a pas créé de lui-même. Ce national-socialisme en tant
qu’idéologie se caractérise par une espérance millénariste, une sorte de pseudo-religion
qu’on nomme gnose, expression religieuse trouvée au départ dans des groupes
religieux. Vers l’an 1000 des Chrétiens pensaient que l’apocalypse se
réaliserait, ce qui provoqua de multiples troubles dans la société médiévale.
Ce terme fut repris pour des groupes non-religieux et s’applique ainsi pour ces
groupes qui pensent que leur idéologie va durer mille ans (sous-entendu
l’éternité). Ainsi, Hitler, lorsqu’il faisait construire des temples, il
écrivait sur les frontons « Pour le
Reich de 1000 ans ». Les
Allemands pensaient donc que cette religion du National-socialisme durerait
donc infiniment.
Le National-socialisme
est donc une idéologie dans le sens où tout est pensé de manière globale (art,
religion, politique, …). C’est aussi un manichéisme, on a soit du blanc, soit
du noir, rien entre les deux.
Ces idées germanophiles xénophobes sont
systématisées mais pas inventées, de même que les idées de l’eugénisme. Les
idées de Mein Kampf sont
portées par toute une culture ambiante, et cet ouvrage les synthétise.
La question des
origines du national-socialisme est donc importante, elle vient de loin, de
l’Europe comme des Amériques. Hitler hérite d’un courant pré-raciste dont les penseurs les plus
éminents de l’époque sont tous des adeptes. On ne peut condamner les gens de
l’époque car tous étaient dans cette conception raciste (de Jaurès à Céline).
Les auteurs précédents Hitler sont anglais (Chamberlain)
ou français (Vacher de
la Pouge, Gobineau,
…) et tous ont inspiré Hitler, il n’a pas repris les thèses plus particulières
d’un d’entre eux. Le nazisme est une
idée qui naît dans une atmosphère qui le suscite. Des mythes très anciens et
totalement partagés en sont à l’origine.
L’idée de race est
une idée récente, mais elle n’explique pas le racisme du XX° siècle. Ce racisme
nait surtout de l’idée de supériorité d’un groupe sur un autre et cette
conception est très ancienne et toujours présente. Aujourd’hui il n’y a qu’en
Occident que l’idée de racisme est condamnée unanimement, dans d’autres régions du monde
cette idée de supériorité développe d’autres nouvelles formes de racisme. Ce
sentiment de supériorité est donc né partout et certains peuples dans
l’histoire se sont sentis particulièrement supérieurs aux autres. Cette
supériorité se trouve dans les peuples, dans les sociétés, dans les familles, …
Parmi ces peuples qui sont sentis
supérieurs on trouve les Russes (le panslavisme), les Mongols et les Juifs.
Les Juifs se sentent supérieurs pour une raison religieuse, ils sont le peuple
élu de Dieu. Ce Dieu qui erre sur le bord du monde présente à tous un papier
blanc où il déclare « Je t’aime,
signe ce papier blanc ». Tous les peuples refusent sauf celui des
Juifs. Ce mythe se transmet dans la culture juive et fonde leur idée de
supériorité religieuse.
En Europe, le
peuple qui se sent excellent, ce sont les Germains. Ils se sentent supérieurs à
tous mais l’origine n’est pas religieuse. L’histoire des Germains à leurs
débuts peut permettre d’expliquer ce qui leur fait éprouver leur supériorité. A la constitution des peuples
d’Europe, on avait de nombreux peuples autochtones (Gaulois, Saxons, …). On
trouvait aussi le peuple Franc (peuple Libre) qui est arrivé de Germanie et a
pris les rênes de la Gaule devenant l’élite de la Gaule qui fut d’ailleurs
renommée la France. En Espagne, les Ibères, peuple de paysans rencontra les
Goths venus de Germanie qui se firent nommer les Espagnols. En Angleterre, les
Germains vinrent s’installer et se firent prénommés les Anglos. En Italie, ces
mêmes Germains prirent les rênes de la Lombardie et soumirent les Italiotes.
Les Germains sont donc dans cette conception à l’origine de nombreux peuples et
se présentèrent comme l’élite de tout les peuples. Les Germains sont donc à
l’origine de cette conception d’excellence ontologique (l’ordre de l’être).
Cette idée est donc présente dans les ouvrages de l’époque et dans Mein Kampf, les Germains ne sont pas riches au niveau intellectuel mais se
caractérisent par une richesse différente, celle de mettre au service son
niveau de capacité pour le groupe. La solidarité est le plus grand des atouts.
De plus, il y a
depuis longtemps une fascination pour la Germanie. Les Romains connaissaient la
Germanie, ceux qu’ils prénommaient les Barbares. Tacite
dans son ouvrage De la Germanie,
y voit un peuple d’excellence. Montesquieu
parle aussi de ce peuple d’excellence dont les qualités sont liées au climat. Michelet se questionne sur la bonne réputation des
Germains le siècle suivant. Renan en 1870 ne
s’étonne pas de la victoire des Germains sur la France puisqu’ils sont
meilleurs que les Français en tout. Ainsi
l’Europe n’a pu exister que grâce à l’apport de la Germanie. Avant qu’on
invente l’entité aryenne, le peuple supérieur dans les mythes de la plupart des
ouvrages, c’est ce peuple germain.
Les Allemands au début du XX° siècle sont habités par un complexe
de supériorité énorme. Les
Allemands sont pourtant, au départ, un peuple épars et souvent en conflit
entre minorités régionales. Mais par
la suite ils se sont constitués en entité politique, un empire, l’Empire Romain
Germanique. C’est au sein de cet empire que se développe de nombreux courants
musicaux, philosophiques, … On a donc un
peuple très cultivé mais incapable d’assurer son unité avant 1870. On a un Empire pas tant au niveau de la
centralisation puisque les peuples allemands sont disséminés (les langues sont
souvent différentes entre les régions) qu’au niveau de la fédération. On avait
de nombreux peuples constitués en souverainetés et techniquement unis dans cet
Empire. Techniquement, puisque dans les faits, il y a de nombreux conflits
entre ces peuples. Les Allemands ont
souffert de ce manque d’unité et de centralisation.
Ainsi quand les
Allemands se cherchent un facteur d’unité, c’est par la langue que cela passe.
Les Germains se reconnaissent par la langue et développent des mythes dés le XII° siècle où Adam et Eve parlaient allemand. Au Moyen-Age,
par l’ancienneté de sa langue, le peuple allemand se croit plus ancien et plus
pur. L’idée de race supérieure se double
de l’idée de langue supérieure. Au vu de ces critères, le caractère
germanique peut alors être revendiqué par les Allemands, les Scandinaves et les
Anglais. Tous sont des descendants de Germains. Mais ce phénomène d’amplification de l’idée de supériorité remonte aux XV° et XVI° siècles. De ces deux siècles, les
Germains ne cesseront d’embellir cette notion. A l’idée de grandeur, le
sentiment de persécution la rejoint. En effet, personne n’est plus grand
que le germain et les autres lui rendent mal, du coup, l’individu se sent
persécuté. De plus, le fait d’être
supérieurs donne aux Allemands l’obligation de civiliser les peuples. La
supériorité impose une vocation allemande, une régénérescence du monde par
l’Allemagne et cela aboutit à un rejet de la religion chrétienne, religion
égalitaire qui veut évangéliser partout en jugeant tout les peuples égalitaires
dans l’entrée dans la chrétienté. De plus, cette religion se fonde sur le
caractère sacrée de la personne humaine, tous les individus ont leur part de
sacré, indépendamment des différences physiques et mentales. Cette part sacrée
nous vient de Dieu. Le mythe germain ne peut se satisfaire de cela et s’inscrit
donc en faux contre tout cela. D’autant plus, que le peuple germain finit par penser qu’il n’a pas été touché par le
péché originel. N’ayant pas de culpabilité à avoir, n’ayant pas de défauts, les
défauts concrets qu’ils possèdent viennent des peuples alentours et en
particulier de la culture latine et chrétienne. Surtout qu’historiquement,
on a une certaine rivalité et compétition entre les sphères d’influence latine
et germanique. L’avènement d’Hitler,
c’est la victoire germanique sur la culture latine. On cherche donc une
nouvelle religion païenne qui s’oppose au Dieu chrétien et à l’égalité de Saint
Paul (qui déclarait que devant Dieu, il n’ya avait pas de différences de
statuts, de sexe, de races, …). C’est là que naît le mythe aryen.
Dans leur histoire,
les Germains constatent qu’ils ont eu de nombreux déboires liés à des invasions
de peuples voisins.
Tous les évènements néfastes de ce peuple germain ne peuvent pas être, dans
leur conception, liés à des facteurs intrinsèques à la culture germanique. Les Allemands ne peuvent pas considérer ces
déboires comme normaux et faire avec. Ils cherchent une explication et celle-ci
passe par l’ennemi extérieur. Remontant à la Guerre de Trente Ans, la
littérature allemande va dénoncer une succession de défaite qui ne sont pas
tant des défaites que des humiliations morales. Ce sont des attaques à leur
être, on a voulu les détruire dans leur âme. Avec les invasions napoléoniennes,
cette conception se cristallise.
Les Allemands se
sentent donc complexés et méprisés. Cela d’autant plus que finalement l’Empire
fédéral, système politique de libertés et d’autonomie, est une source de
faiblesse dont les ennemis profitent. En
1802, Hegel rédige une constitution allemande dans
laquelle il fait le constat de ces milliers de petites souverainetés et compare
avec la France où le seul lieu de souveraineté est dans la personne du roi ou
du président. A coté de ces
gouvernements centralisés, l’Allemagne n’a aucune chance. Le ton porté est
patriotique et quelque peu revanchard.
L’humiliation
allemande n’est pas née en 1918, dans leur conception cela
remonte à longtemps, mais explose aux yeux de tous en 1918. Ce courant germaniste se développe de plus
en plus et vers le XIX° siècle devient une certitude de la supériorité de
l’être. Cela se retrouve dans les écrits de nombreux auteurs allemands,
notamment des philosophes : Leibniz, Hegel, Nietzsche,
Fichte, ... Tous ces philosophes sont inspirés
par ce mythe de supériorité germaine. Tout
l’espace politique en est secoué et cette conception s’y retrouve aussi. Ainsi
dans le Discours sur la nation
allemande de Fichte, discours
repris par le national-socialisme et qui l’a nourri, on a un texte sur
l’humiliation allemande face aux troupes napoléoniennes. Fichte voit une
supériorité allemande qui commence par la supériorité de la langue. De cette supériorité linguistique, il y a
des conséquences ontologiques, ainsi l’Allemand est « par nature le seul homme vraiment homme »,
« le modèle type de l’humanité »
ou encore « le peuple par excellence ».
Pour Fichte, le peuple allemand est un
mètre (???) étalon, un peuple originel totalement naturel. Par exemple,
l’allemand est le seul qui comprenne la philosophie ou l’amour à sa patrie.
Comme modèle d’humanité, l’allemand est le seul qui puisse avoir une conception
universelle. Mais Fichte ne réclame pas
le droit d’oppression, il se contente de dire que les autres peuples ne
peuvent qu’admirer le peuple allemand. En revanche, il pose les fondements de
la conquête et de l’esclavage, qu’il l’ait voulu ou non. Fichte voit le peuple
allemand comme l’inspiration pour les autres peuples, les Allemands sont des modèles pour le reste du monde, ils sont le
noyau de l’univers.
Il
faut alors éduquer les jeunes allemands en leur formant le caractère, préférer
la volonté à l’amas de connaissance, favoriser l’idéalisme et les grandes
causes, entraîner à la solidarité et au sacrifice pour sa nation ou encore
fonder un nouvel homme. Se débarrassant du péché originel, Fichte souligne que
l’homme est devenu pêcheur, tout comme Rousseau. L’éducation allemande vise alors à transformer les humains, à faire
revenir la pureté de la race allemande. Comme pour Hitler, le paradis terrestre est en fait un retour vers le
passé. Des citoyens allemands bien éduqués empêcheront d’entretenir une
armée, égaliseront les conditions de vies ou en tout cas empêcheront la
pauvreté de dominer, … on a une idéologie totalitaire en germe. Le peuple allemand doit régénérer le monde.
Le peuple roi est tellement supérieur qu’il ne peut se contenter d’un rôle
médiocre, il est le leader ou rien car toute autre solution serait équivalente
à une situation d’esclavage. Pour cela, les historiens estiment qu’Hitler
s’il avait eu la bombe atomique aurait certainement suicidé son peuple pour
assurer sa pureté. Si on ne peut pas gouverner le monde, plus rien n’a
d’intérêt.
Le germanisme est
donc l’exaltation d’un peuple mais pas d’une race. L’idée de race élue va se
greffer sur l’idée d’un peuple élu. Le racisme passe par un différencialisme de
départ. Ce
différencialisme, c’est l’idée qu’il y a des différences entre les groupes,
mais cela n’est pas raciste en soit. Le
racisme dans sa définition limitée est en fait une conception partant du
différencialisme, qui en conclu que certains peuples sont supérieurs à
d’autres, et que ces peules supérieurs doivent dominer les autres. Le
racisme dans sa forme plus vaste, c’est mettre en avant les différences entre
les groupes. On garde ici la définition stricte. Au contraire du racisme, on
trouve l’égalité en dignité.
Comment
le différencialisme est devenu racisme finalement ? Dés l’antiquité le différencialisme se trouve chez Aristote. La liberté politique identifie les Grecs
des autres, des Barbares (Perses, Égyptiens, …). Du coup, pour Aristote les
Grecs sont naturellement libres et les Barbares naturellement esclaves. En
effet, ces derniers sont toujours sous des régimes despotiques, donc que c’est
dans leur essence et que ce n’est pas accidentel. Lorsque les Européens
prennent pied sur des territoires très différents, ils se retrouvent en
présence de sauvages. Ces sauvages sont jugés barbares et inférieurs aux
Européens. On se demande parfois même s’ils ont une âme.
L’idée de race
prend alors appui sur la question des origines. Avec Darwin,
au XIX° siècle, on réalise qu’Adam et Ève n’ont
pas véritablement existé et que le paradis n’est pas terrestre. Dorénavant, on
apprend que l’homme descend de grands singes qui se sont développés peu à peu. La
question est alors de savoir s’il y a une seule tribu humaine née de ces singes
et qui se serait réparti sur Terre
(monogénisme) où si plusieurs peuples humains sont descendus de plusieurs
groupes de singes au même moment (polygénisme).
Le polygénisme a donc favorisé
l’émergence du racisme, nous ne sommes pas tous cousins germains. C’est
quand le pilier spirituel s’effondre que les différences deviennent
fondamentales et que le racisme prend son essor. Si l’égalité face à Dieu s’efface et qu’on développe la théorie de la
pluralité des Adams, alors l’homme noir devient la sous-race par excellence
avec des critères de laideur physique, mentale, … Ces thèses ne pouvaient
naître que dans la comparaison permanente entre la civilisation européenne et
les autres civilisations. Ces comparaisons sont donc favorisées par le
colonialisme depuis Christophe Colomb au XVI° siècle, puis dans l’ensemble
de l’Afrique et de l’Asie. Finalement, les Européens se demandent pourquoi ils
sont les seuls à coloniser les autres peuples. C’est une fausse vision, puisque
tous les peuples ont un jour colonisés les autres peuples. Au même moment, les
sciences en plein essor favorisent les critères de comparaisons entre
civilisations.