dimanche 28 octobre 2012

Histoire des idées politiques 05 - 11 (cours 5)

La statue d'Arminius en Germanie, le grand ancêtre germain dont Tacite écrit :
« Il fut sans aucun doute, le libérateur de la Germanie, un homme qui n'a pas, comme d'autres rois ou généraux, affronté Rome à ses premières étapes mais plutôt quand elle était au zénith de sa puissance. Dans les batailles, il a combattu avec un succès variable mais dans la guerre il est resté invaincu. Ses exploits survivent encore aujourd'hui dans les chants de son peuple... »




Texte des NEL (Nouvelles Editions Latines, maison d’édition française) :
Hitler déclarait dans Mein Kampf qu’il voulait s’étendre en Europe et dominer cette région. Il ne voulait donc pas que son livre soit traduit dans les pays voisins. Hitler prend le pouvoir en 1933, la maison d’édition publie Mein Kampf en 1934. Elle prend donc un risque à publier un texte malsain qui en plus annonce le souhait d’occuper la France et d’exterminer des groupes. Les NEL, publient ce texte pour avertir les Français. Ce geste louable n’a servi à rien, il n’y a pas vraiment eu de suite. Dans cet ouvrage, toute la doctrine nazie y était condensée et pourtant, peu de gens ont tenu compte de cet avertissement. Les NEL avaient bien compris Hitler comme le montre le dernier chapitre de ce texte. Hitler n’est ni vénal ni opportuniste, deux traits de caractère pourtant typiques en politique.
Il faut se mettre à la place des gens de cette époque là, pour comprendre l’évolution.

Le nazisme est une pensée négative mais au surplus, une pensée du refus. Dans le léninisme, la pensée est optimiste et d’attente. Elle croit en l’homme, trop certainement, mais elle y croit. Le nazisme en revanche est une pensée du refus et de la haine. Le nazisme veut écarter un mal. Le nazisme est constitué de cette peur, de cet effroi de périr en tant que culture, d’être en pleine décadence culturelle. C’est là une notion assez profonde qui s’étale sur plusieurs années. A cette époque c’est le ressenti des Allemands, leur culture va vers son extinction. Ce refus de l’autre dans le nazisme mais non dans le léninisme explique certainement les deux analyses bien différentes dont on fait cas. Pourtant dans les deux situations, on a eu un nombre de morts effarant. Si le nazisme est d’autant plus rejeté, c’est peut être aussi car le nazisme et son extermination des peuples se firent sous nos yeux, non loin de nous. Les goulags en revanche sont loin en Sibérie et les archives n’ont pas encore été étudiées. Les archives nazies furent retrouvées puisque le nazisme fut battu à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, pas pour l’URSS qui a pu cacher ses méfaits.
Les Staliniens détruisent tout ce qui porte tort à la société parfaite. Les Nazis détruisent tout ce qu’ils haïssent. Les premiers font dans l’idéalisme, les seconds dans la haine. Cela ne dédouane pas le stalinisme de ces méfaits, mais en revanche, on a deux visions bien éloignées des deux courants et le léninisme garde encore une certaine séduction dans nos sociétés, pas le nazisme. Ainsi, le régime de Polpot au Cambodge se revendique dans la lignée de l’idéologie stalinienne et communiste. Pourtant le nazisme reste de loin le totalitarisme au plus haut degré.

Son trait principal est que le nazisme est la seule pensée qui se fonde sur la haine et qui se tient aux règles qu’elle s’est fixée, contrairement aux contradictions du marxisme. Là où les idéologies annoncent la survivance de tous, elles massacrent, là où elles annoncent la fin de la police, elles les multiplient, … Dans le nazisme, on décide que c’est l’extermination de la moitié des membres de la population qui sauvera la société. Les Français étaient à exterminer même s’ils n’étaient pas les premiers visés. Hitler ne veut pas nourrir d’illusions, son cynisme est paisible, il le proclame de manière décontractée et publique. Ce cynisme paisible est un des traits qu’on ne pardonnera jamais à Hitler, il annonçait fièrement l’extermination de certains peuples.
Face à ce caractère, la question est de savoir pourquoi l’opinion publique a pu accepter cela. D’où vient l’aveuglement moral de cette situation ?

Mein Kampf est diffusé très largement en Allemagne avant 1933, presque gratuitement. On pense qu’avant l’élection d’Hitler, 2 millions d’exemplaires avaient été vendus, pour connaître le nombre de lecteurs, on multiplie par 5 le nombre de livres vendus. Bref, le livre fut très largement diffusé. Ce livre contient l’essentiel du projet d’extermination avec quelques précautions sémantiques (mais bien peu).
On  s’aperçoit qu’Hitler réunit très rapidement une majorité écrasante de vote et sans violer ses intentions. Les commentateurs pensent que personne n’a crut le projet d’Hitler car la thèse était trop effrayante. C’est l’idée d’un flambeur qu’on ne croit pas mais qui en jette, il parlait mais on n’y croyait pas. En revanche, cela dénotait une volonté politique forte, chose assez peu en cours à l’époque dans cette Allemagne de Weimar. A cela, on peut ajouter autre chose. Les projets de Mein Kampf n’étaient pas nouveaux, ce n’était pas la première fois qu’on écrivait cela. Ce livre ne faisait que faire écho a des centaines de livres qui disaient tous la même chose. Il y avait tant d’écrits qui réclamaient l’extermination de certains groupes que les Allemands en étaient fatigués, surtout que personne ne le faisait vraiment et personne ne concevait qu’on le fasse réellement. Il y avait une lassitude face à ce sujet d’extermination trop souvent prononcé, mais jamais abouti.
Pourquoi a-t-on laissé passer cela ? En lisant Mein Kampf, il n’y a pas une seule idée personnelle sauf l’ultime chapitre traitant de la propagande politique (comment mieux faire passer mes idées devant les foules). Hitler fut alors novateur dans le cynisme, il expliquait que les réunions politiques ne se faisaient pas à 9h car les gens étaient trop frais et réfléchissaient d’eux-mêmes, mieux valait faire cela tard le soir quand les foules étaient fatiguées. D’autres conseils suivent cela. En revanche, les autres chapitres n’exhibent aucune idée personnelle. Hitler ne fait que répéter les affirmations très largement connues de l’Europe depuis longtemps. La différence des races reprend des textes qui existent déjà. Les différences entre les races, par exemple, reposent sur des textes de l’époque. Ainsi les Hottentots d’Afrique étaient la race jugée la plus retardée, la plus inférieure de toutes, dans des textes remontant de Linné et de Buffon (XVIII° siècle) et s’attardant jusqu’à Plekhanov. Les groupes humains sont certes différents mais, à cette époque, on a calculé des degrés d’humanité. Même les philosophes ont participé à ces conceptions. Hitler ne fait pas de nouveautés dans la pensée, mais innove en passant à l’acte. Il récupère les grands discours et décide de les mettre en application. Pour l’eugénisme, par exemple, beaucoup de monde voulait le faire, mais c’est seulement Hitler qui le mettra en place. En laissant traîner des idées longtemps, en y faisant baigner des individus, cela finit par imprégner la société et certains, tel Hitler, finiront par vouloir réaliser ces idées.

Ce qui eut lieu sous le nazisme fut donc sans aucun doute terrible et les Européens en sont toujours marqués. Pourtant avant 1940, les peuples d’Europe étaient habitués à lire des textes réclamant l’extinction de divers groupes (raciaux, sociétaux, alcooliques, …). Seules quelques rares personnes se révoltaient contre cela, alors qu’aujourd’hui l’ensemble des individus condamneraient de tels propos. Ces idées sont donc dangereuses car mises en application, elles nous sont devenues inacceptables. Notre morale s’est révoltée contre la pratique. Donc d’un point de vue objectif, voilà bien des idées inadmissibles et donc les textes qui y poussaient, étaient des textes poussant au crime. On a manipulé des idées dangereuses dont on ne veut plus entendre parler de nos jours.

Le National-socialisme est un moyen qu’Hitler va utiliser pour réaliser une idéologie qu’il n’a pas créé de lui-même. Ce national-socialisme en tant qu’idéologie se caractérise par une espérance millénariste, une sorte de pseudo-religion qu’on nomme gnose, expression religieuse trouvée au départ dans des groupes religieux. Vers l’an 1000 des Chrétiens pensaient que l’apocalypse se réaliserait, ce qui provoqua de multiples troubles dans la société médiévale. Ce terme fut repris pour des groupes non-religieux et s’applique ainsi pour ces groupes qui pensent que leur idéologie va durer mille ans (sous-entendu l’éternité). Ainsi, Hitler, lorsqu’il faisait construire des temples, il écrivait sur les frontons « Pour le Reich de 1000 ans ». Les Allemands pensaient donc que cette religion du National-socialisme durerait donc infiniment.
Le National-socialisme est donc une idéologie dans le sens où tout est pensé de manière globale (art, religion, politique, …). C’est aussi un manichéisme, on a soit du blanc, soit du noir, rien entre les deux. Ces idées germanophiles xénophobes sont systématisées mais pas inventées, de même que les idées de l’eugénisme. Les idées de Mein Kampf sont portées par toute une culture ambiante, et cet ouvrage les synthétise.
La question des origines du national-socialisme est donc importante, elle vient de loin, de l’Europe comme des Amériques. Hitler hérite d’un courant pré-raciste dont les penseurs les plus éminents de l’époque sont tous des adeptes. On ne peut condamner les gens de l’époque car tous étaient dans cette conception raciste (de Jaurès à Céline). Les auteurs précédents Hitler sont anglais (Chamberlain) ou français (Vacher de la Pouge, Gobineau, …) et tous ont inspiré Hitler, il n’a pas repris les thèses plus particulières d’un d’entre eux. Le nazisme est une idée qui naît dans une atmosphère qui le suscite. Des mythes très anciens et totalement partagés en sont à l’origine.

L’idée de race est une idée récente, mais elle n’explique pas le racisme du XX° siècle. Ce racisme nait surtout de l’idée de supériorité d’un groupe sur un autre et cette conception est très ancienne et toujours présente. Aujourd’hui il n’y a qu’en Occident que l’idée de racisme est condamnée unanimement, dans d’autres régions du monde cette idée de supériorité développe d’autres nouvelles formes de racisme. Ce sentiment de supériorité est donc né partout et certains peuples dans l’histoire se sont sentis particulièrement supérieurs aux autres. Cette supériorité se trouve dans les peuples, dans les sociétés, dans les familles, … Parmi ces peuples qui sont sentis supérieurs on trouve les Russes (le panslavisme), les Mongols et les Juifs. Les Juifs se sentent supérieurs pour une raison religieuse, ils sont le peuple élu de Dieu. Ce Dieu qui erre sur le bord du monde présente à tous un papier blanc où il déclare « Je t’aime, signe ce papier blanc ». Tous les peuples refusent sauf celui des Juifs. Ce mythe se transmet dans la culture juive et fonde leur idée de supériorité religieuse.
En Europe, le peuple qui se sent excellent, ce sont les Germains. Ils se sentent supérieurs à tous mais l’origine n’est pas religieuse. L’histoire des Germains à leurs débuts peut permettre d’expliquer ce qui leur fait éprouver leur supériorité. A la constitution des peuples d’Europe, on avait de nombreux peuples autochtones (Gaulois, Saxons, …). On trouvait aussi le peuple Franc (peuple Libre) qui est arrivé de Germanie et a pris les rênes de la Gaule devenant l’élite de la Gaule qui fut d’ailleurs renommée la France. En Espagne, les Ibères, peuple de paysans rencontra les Goths venus de Germanie qui se firent nommer les Espagnols. En Angleterre, les Germains vinrent s’installer et se firent prénommés les Anglos. En Italie, ces mêmes Germains prirent les rênes de la Lombardie et soumirent les Italiotes. Les Germains sont donc dans cette conception à l’origine de nombreux peuples et se présentèrent comme l’élite de tout les peuples. Les Germains sont donc à l’origine de cette conception d’excellence ontologique (l’ordre de l’être). Cette idée est donc présente dans les ouvrages de l’époque et dans Mein Kampf, les Germains ne sont pas riches au niveau intellectuel mais se caractérisent par une richesse différente, celle de mettre au service son niveau de capacité pour le groupe. La solidarité est le plus grand des atouts.
De plus, il y a depuis longtemps une fascination pour la Germanie. Les Romains connaissaient la Germanie, ceux qu’ils prénommaient les Barbares. Tacite dans son ouvrage De la Germanie, y voit un peuple d’excellence. Montesquieu parle aussi de ce peuple d’excellence dont les qualités sont liées au climat. Michelet se questionne sur la bonne réputation des Germains le siècle suivant. Renan en 1870 ne s’étonne pas de la victoire des Germains sur la France puisqu’ils sont meilleurs que les Français en tout. Ainsi l’Europe n’a pu exister que grâce à l’apport de la Germanie. Avant qu’on invente l’entité aryenne, le peuple supérieur dans les mythes de la plupart des ouvrages, c’est ce peuple germain.

Les Allemands au début du XX° siècle sont habités par un complexe de supériorité énorme. Les Allemands sont pourtant, au départ,  un peuple épars et souvent en conflit entre minorités régionales. Mais par la suite ils se sont constitués en entité politique, un empire, l’Empire Romain Germanique. C’est au sein de cet empire que se développe de nombreux courants musicaux, philosophiques, … On a donc un peuple très cultivé mais incapable d’assurer son unité avant 1870. On a un Empire pas tant au niveau de la centralisation puisque les peuples allemands sont disséminés (les langues sont souvent différentes entre les régions) qu’au niveau de la fédération. On avait de nombreux peuples constitués en souverainetés et techniquement unis dans cet Empire. Techniquement, puisque dans les faits, il y a de nombreux conflits entre ces peuples. Les Allemands ont souffert de ce manque d’unité et de centralisation.
Ainsi quand les Allemands se cherchent un facteur d’unité, c’est par la langue que cela passe. Les Germains se reconnaissent par la langue et développent des mythes dés le XII° siècle où Adam et Eve parlaient allemand. Au Moyen-Age, par l’ancienneté de sa langue, le peuple allemand se croit plus ancien et plus pur. L’idée de race supérieure se double de l’idée de langue supérieure. Au vu de ces critères, le caractère germanique peut alors être revendiqué par les Allemands, les Scandinaves et les Anglais. Tous sont des descendants de Germains. Mais ce phénomène d’amplification de l’idée de supériorité remonte aux XV° et XVI° siècles. De ces deux siècles, les Germains ne cesseront d’embellir cette notion. A l’idée de grandeur, le sentiment de persécution la rejoint. En effet, personne n’est plus grand que le germain et les autres lui rendent mal, du coup, l’individu se sent persécuté. De plus, le fait d’être supérieurs donne aux Allemands l’obligation de civiliser les peuples. La supériorité impose une vocation allemande, une régénérescence du monde par l’Allemagne et cela aboutit à un rejet de la religion chrétienne, religion égalitaire qui veut évangéliser partout en jugeant tout les peuples égalitaires dans l’entrée dans la chrétienté. De plus, cette religion se fonde sur le caractère sacrée de la personne humaine, tous les individus ont leur part de sacré, indépendamment des différences physiques et mentales. Cette part sacrée nous vient de Dieu. Le mythe germain ne peut se satisfaire de cela et s’inscrit donc en faux contre tout cela. D’autant plus, que le peuple germain finit par penser qu’il n’a pas été touché par le péché originel. N’ayant pas de culpabilité à avoir, n’ayant pas de défauts, les défauts concrets qu’ils possèdent viennent des peuples alentours et en particulier de la culture latine et chrétienne. Surtout qu’historiquement, on a une certaine rivalité et compétition entre les sphères d’influence latine et germanique. L’avènement d’Hitler, c’est la victoire germanique sur la culture latine. On cherche donc une nouvelle religion païenne qui s’oppose au Dieu chrétien et à l’égalité de Saint Paul (qui déclarait que devant Dieu, il n’ya avait pas de différences de statuts, de sexe, de races, …). C’est là que naît le mythe aryen.

Dans leur histoire, les Germains constatent qu’ils ont eu de nombreux déboires liés à des invasions de peuples voisins. Tous les évènements néfastes de ce peuple germain ne peuvent pas être, dans leur conception, liés à des facteurs intrinsèques à la culture germanique. Les Allemands ne peuvent pas considérer ces déboires comme normaux et faire avec. Ils cherchent une explication et celle-ci passe par l’ennemi extérieur. Remontant à la Guerre de Trente Ans, la littérature allemande va dénoncer une succession de défaite qui ne sont pas tant des défaites que des humiliations morales. Ce sont des attaques à leur être, on a voulu les détruire dans leur âme. Avec les invasions napoléoniennes, cette conception se cristallise.

Les Allemands se sentent donc complexés et méprisés. Cela d’autant plus que finalement l’Empire fédéral, système politique de libertés et d’autonomie, est une source de faiblesse dont les ennemis profitent. En 1802, Hegel rédige une constitution allemande dans laquelle il fait le constat de ces milliers de petites souverainetés et compare avec la France où le seul lieu de souveraineté est dans la personne du roi ou du président. A coté de ces gouvernements centralisés, l’Allemagne n’a aucune chance. Le ton porté est patriotique et quelque peu revanchard.

L’humiliation allemande n’est pas née en 1918, dans leur conception cela remonte à longtemps, mais explose aux yeux de tous en 1918. Ce courant germaniste se développe de plus en plus et vers le XIX° siècle devient une certitude de la supériorité de l’être. Cela se retrouve dans les écrits de nombreux auteurs allemands, notamment des philosophes : Leibniz, Hegel, Nietzsche, Fichte, ... Tous ces philosophes sont inspirés par ce mythe de supériorité germaine. Tout l’espace politique en est secoué et cette conception s’y retrouve aussi. Ainsi dans le Discours sur la nation allemande de Fichte, discours repris par le national-socialisme et qui l’a nourri, on a un texte sur l’humiliation allemande face aux troupes napoléoniennes. Fichte voit une supériorité allemande qui commence par la supériorité de la langue. De cette supériorité linguistique, il y a des conséquences ontologiques, ainsi l’Allemand est « par nature le seul homme vraiment homme », « le modèle type de l’humanité » ou encore « le peuple par excellence ». Pour Fichte, le peuple allemand est un mètre (???) étalon, un peuple originel totalement naturel. Par exemple, l’allemand est le seul qui comprenne la philosophie ou l’amour à sa patrie. Comme modèle d’humanité, l’allemand est le seul qui puisse avoir une conception universelle. Mais Fichte ne réclame pas le droit d’oppression, il se contente de dire que les autres peuples ne peuvent qu’admirer le peuple allemand. En revanche, il pose les fondements de la conquête et de l’esclavage, qu’il l’ait voulu ou non. Fichte voit le peuple allemand comme l’inspiration pour les autres peuples, les Allemands sont des modèles pour le reste du monde, ils sont le noyau de l’univers.
Il faut alors éduquer les jeunes allemands en leur formant le caractère, préférer la volonté à l’amas de connaissance, favoriser l’idéalisme et les grandes causes, entraîner à la solidarité et au sacrifice pour sa nation ou encore fonder un nouvel homme. Se débarrassant du péché originel, Fichte souligne que l’homme est devenu pêcheur, tout comme Rousseau. L’éducation allemande vise alors à transformer les humains, à faire revenir la pureté de la race allemande. Comme pour Hitler, le paradis terrestre est en fait un retour vers le passé. Des citoyens allemands bien éduqués empêcheront d’entretenir une armée, égaliseront les conditions de vies ou en tout cas empêcheront la pauvreté de dominer, … on a une idéologie totalitaire en germe. Le peuple allemand doit régénérer le monde. Le peuple roi est tellement supérieur qu’il ne peut se contenter d’un rôle médiocre, il est le leader ou rien car toute autre solution serait équivalente à une situation d’esclavage. Pour cela, les historiens estiment qu’Hitler s’il avait eu la bombe atomique aurait certainement suicidé son peuple pour assurer sa pureté. Si on ne peut pas gouverner le monde, plus rien n’a d’intérêt.

Le germanisme est donc l’exaltation d’un peuple mais pas d’une race. L’idée de race élue va se greffer sur l’idée d’un peuple élu. Le racisme passe par un différencialisme de départ. Ce différencialisme, c’est l’idée qu’il y a des différences entre les groupes, mais cela n’est pas raciste en soit. Le racisme dans sa définition limitée est en fait une conception partant du différencialisme, qui en conclu que certains peuples sont supérieurs à d’autres, et que ces peules supérieurs doivent dominer les autres. Le racisme dans sa forme plus vaste, c’est mettre en avant les différences entre les groupes. On garde ici la définition stricte. Au contraire du racisme, on trouve l’égalité en dignité.
Comment le différencialisme est devenu racisme finalement ? Dés l’antiquité le différencialisme se trouve chez Aristote. La liberté politique identifie les Grecs des autres, des Barbares (Perses, Égyptiens, …). Du coup, pour Aristote les Grecs sont naturellement libres et les Barbares naturellement esclaves. En effet, ces derniers sont toujours sous des régimes despotiques, donc que c’est dans leur essence et que ce n’est pas accidentel. Lorsque les Européens prennent pied sur des territoires très différents, ils se retrouvent en présence de sauvages. Ces sauvages sont jugés barbares et inférieurs aux Européens. On se demande parfois même s’ils ont une âme.

L’idée de race prend alors appui sur la question des origines. Avec Darwin, au XIX° siècle, on réalise qu’Adam et Ève n’ont pas véritablement existé et que le paradis n’est pas terrestre. Dorénavant, on apprend que l’homme descend de grands singes qui se sont développés peu à peu. La question est alors de savoir s’il y a une seule tribu humaine née de ces singes et qui se serait réparti sur Terre (monogénisme) où si plusieurs peuples humains sont descendus de plusieurs groupes de singes au même moment (polygénisme). Le polygénisme a donc favorisé l’émergence du racisme, nous ne sommes pas tous cousins germains. C’est quand le pilier spirituel s’effondre que les différences deviennent fondamentales et que le racisme prend son essor. Si l’égalité face à Dieu s’efface et qu’on développe la théorie de la pluralité des Adams, alors l’homme noir devient la sous-race par excellence avec des critères de laideur physique, mentale, … Ces thèses ne pouvaient naître que dans la comparaison permanente entre la civilisation européenne et les autres civilisations. Ces comparaisons sont donc favorisées par le colonialisme depuis Christophe Colomb au XVI° siècle, puis dans l’ensemble de  l’Afrique et de l’Asie. Finalement, les Européens se demandent pourquoi ils sont les seuls à coloniser les autres peuples. C’est une fausse vision, puisque tous les peuples ont un jour colonisés les autres peuples. Au même moment, les sciences en plein essor favorisent les critères de comparaisons entre civilisations.

Bonus anglais (temps et modaux)





J'ai toujours eu du mal avec les temps en anglais. Et puis un jour, un cour m'a clarifié les choses. Je ne sais pas si ça vous apportera quoique ce soit, mais voici toujours ce cours qui m'a parut limpide.

Temps 1
Temps 2
Temps 3
Temps 4
Temps 5 (fin de la dernière phrases coupée "they have been practising the piano")
Temps 6 (fin de la phrase verte "L'objet intéresse")


Et une synthèse sur les verbes modaux aussi.

Modaux 1 ("linguistique. La ", "virtuel, nécessaire", "En ajouter c'est", "les adverbes", "ni past perfect, ni impératif")
Modaux 2
Modaux 3
Modaux 4

Grandes puissances 25 - 10 (cours 9)





Alors que Smith nous renvoyait à Clausewitz, beaucoup d’observateurs le renvoyait aux oubliettes. L’atout de Clausewitz est de considérer la guerre comme un tout et non pas comme des séquences classiques d’évènements distincts. Selon Clausewitz, une guerre doit être considérée dans son ensemble pour réussir la mission portant sur cette guerre. Il place sa conception dans un cadre particulier, l’utilité de la force. Cette utilité de la force continue d’être prédominante sur des budgets, des matériels, … Cette utilité de la force, qui doit primer sur tout le reste, c’est la possibilité dans un contexte donné de mesurer dans quelle mesure le but de guerre (aussi but politique) visé peut être atteint de préférence avec l’usage de la force physique. Ainsi en Irak, le gouvernement américain à focaliser son attention sur un aspect, Saddam Hussein aurait caché des armes de destruction massive. Le but était donc de le désarmer. Idem lors de la crise de Cuba, Kennedy a questionné son État major sur une frappe aérienne, sur un usage de la force. C’est donc aussi un usage de la pertinence que cet usage de la force. Cette pertinence passe alors par l’outil diplomatique.
On a donc dans l’ouvrage de Smith ces deux opinions : un rethéorisation de la guerre et une critique assez acerbe de la politique de George Bush qui ne s’est pas questionné sur le sens de la guerre. C’est là que Clausewitz revient avec « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ou avec le mélange d’autres moyens. ». La guerre est un instrument subordonné du politique. Il faut par conséquent lui donner un sens et une direction. En lui donnant un sens politique, la guerre devient alors une vision plus lointaine à tel point qu’on peut empêcher qu’elle ne s’achève en guerre totale ou guerre hyperbolique, où la violence devient en elle-même. L’action sur la scène internationale n’est pas seulement stratégique mais aussi diplomatico-stratégique. Il faut prendre en compte les institutions internationales et savoir en user.

La politique étrangère à la fin du premier mandat de Barack Obama se caractérise par deux aspects. Tout d’abord, il y a une continuité avec la deuxième partie du second mandat de George Bush. A cette époque, Bush avait mis en place la doctrine nationale de sécurité. Datée de 2006, elle s’appelait la diplomatie transformationnelle. Moment où l’on substituait la diplomatie à la stratégie, le gouvernement américain était alors désigné comme gouvernement militariste. Il s’agissait de transformer des régions entières en outil militaire. Condolezza Rice (qui n’était pas une néoconservatrice) a réussi à convaincre le gouvernement de changer de nombreux termes dans les documents officiels, d’où cette nouvelle notion de diplomatie transformationnelle. C’était alors un tournant aux contraintes nouvelles. Depuis les années 1970, l’idée prédominante de la stratégie des USA était que ce pays devait pouvoir mener deux guerres et demi pour préserver leurs intérêts nationaux. Or au cours de la Seconde partie du mandat de George Bush, les réalistes du gouvernement (Rice et Powell) en dépit de leur loyauté au gouvernement, renvoyait à une toute nouvelle conception extérieure. C’est ce que Barack Obama va reprendre pour transformer la scène internationale. Dorénavant, l’outil militaire ne sera plus jugé comme un outil normal dans les relations internationales comme l’avait fait Bush. C’est donc un changement en 2006 qui se prolonge avec Obama.
Obama va vouloir accélérer le retrait d’Irak mais réalise que cela n’est pas nécessairement applicable rapidement. En conséquence, voyant la fragilité et la menace d’un retrait trop rapide, Obama va envoyer 30 000 hommes supplémentaires pour faciliter ce départ. Il fait là une erreur. Obama est un grand communiquant sur le plan international mais il fait l’annonce de ces 30 000 hommes supplémentaires en public. Déclarant publiquement le retrait des troupes à une date fixée, il informe l’ennemi qui sait dorénavant qu’il n’y a plus de raisons de négocier avec les Américains qui finiront par partir. De plus, la politique extérieure joue peu dans les élections américaines.
L’autre aspect c’est la différence entre la volonté d’Obama et les actes mis réellement en place par rapport à son discours. Après son talent de communiquant fait qu’il peut y avoir des impacts indirects difficilement mesurable. De même lors de l’intervention en Libye où les Américains étaient présents mais comme soutien des Français et des Britanniques. Là encore, il est dur de mesurer l’implication et les apports de cette participation. Les USA sont intervenus comme soutien certes des Occidentaux mais qui eux-mêmes étaient des soutiens de la population libyenne qui désirait un changement politique. Obama est revenu au multilatéralisme ce qui est propre à cet Américain « de la périphérie », c'est-à-dire qu’il a retourné ce qui correspondait à des défauts, en avantages (naissance entre un femme blanche et un immigré kenyan donc non afro-américain).





 
Le droit international dans le concert dans puissances


Ce thème très répandu laisse penser que le droit doit réguler les relations internationales dans un ordre international, transnational voire mondial. Sous le mandat du Président Bush (père), ce thème devient prégnant. Lors de la première guerre du Golfe, il parle du NOM, le Nouvel Ordre Mondial. C’était alors un thème récurrent que celui du NOM. L’invasion du Koweït par l’Irak allait être sanctionné par la communauté internationale, sous l’intervention d’une coalition militaire menée par les USA mais qui se présentait comme une force de police internationale contre un État délinquant, appelé Rogue State par les États-Unis. C’est un terme formé par Anthony Lake, conseiller de Bill Clinton.
C’est surtout le changement de paradigme des évènements récents, dans les discours actuels qui nous intéresse. Ce changement de paradigme a des conséquences internationales, quelques nouvelles esquisses que nous allons cerner.

Depuis les années 1990, on suppose de plus en plus que les États peuvent être motivés à l’action, voire à l’action militaire par un pur respect du droit. On espère alors que l’action militaire est conduite comme une action de police internationale : que ceux qui mènent cette action n’ont pas d’intérêt propre et particulier dans leurs agissements. On espère alors que ces États sont désintéressés dans leurs actes. On peut imaginer que les États seront de plus en plus susceptibles de se conduire selon ce droit international que comme des acteurs à l’intérêt particulier comme lors de la guerre froide. Dans des affaires comme celles du Kosovo, de Libye, … On peut considérer que les Américains et leurs alliés n’ont fait que revêtir le langage du droit international pour voiler et mettre en secondaire les intérêts qui les motivaient réellement. Si le langage juridique est un leurre international, dans ce cas, ces interventions continuent l’action classique des États sur le plan international en arguant du droit international.

Il y a certaines situations d’intervention au nom du droit international qu’on peut toujours nuancer par des intérêts étatiques. Ainsi même si la Guerre du Golfe est menée au nom du droit international et encadrée par des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, on peut tenter d’y voir une reconfiguration volontaire des rapports régionaux en vue d’une mainmise d’une partie du pétrole et de ses moyens de transport. Dans le cadre du Kosovo en revanche, on n’en voit presque aucun, de même en Libye. On ne peut en revanche jamais sous-estimer ces intérêts chez les acteurs quelques soient les conflits. Pour réaliser nos intérêts, on n’a pas besoin d’avoir une représentation du monde et vice-versa, nos représentations ne sont pas déterminées par nos seuls intérêts. Cela donne l’idée que l’humanité est virtuellement unifiée comme représentation du monde qui nous fait agir.
Cette idée d’une humanité unifiée s’oppose donc toujours au dilemme de la sécurité. Si un État craint pour sa sécurité, il se renforce, s’arme et effrayant son voisin, le pousse à s’armer aussi.

Le terme de droit dans l’humanité occidentale n’a eu de sens assuré qu’à l’intérieur des corps politiques. Celui-ci règle la vie commune donc trouve son sens essentiellement dans le cadre de la vie commune (la cité, la res publica). Mais depuis longtemps a circulé en Europe une expression une notion venue des romains, le jus gentium, le droit des gens. Cette expression désigne confusément tous les droits qui n’appartiennent pas au jus civile, le droit intérieur à la cité. Ce jus gentium désigne parfois simultanément parfois séparément ce que les modernes appellent le droit des gens. Cette expression à 4 aspects. C’est tout d’abord le droit international. On voit venir ensuite le droit le droit des êtres humains indépendamment de leurs appartenances politiques. C’est aussi une expression qui a servi à désigner le droit qui relève des institutions communes à tous les peuples. Par exemple, le droit général de la famille qui est une sorte de droit transnational, où il est interdit de séparer les enfants de leurs parents, … On trouve aussi le droit commun à tous les êtres inanimés, cela intègre certaines espèces d’animaux. On a donc un flottement de cette notion de droit des gens. Cela inclut donc toutes les formes de droit qui ne sont pas comprises dans le droit civil, celui des cités.
On a alors un droit des gens dont la définition est négative. Cela confirme la primauté du droit intérieur, sa centralité comme droit dur. N’ayant pas d’institutions fortes ou d’autorité suprême pour sanctionner à la contrevenance des droits internationaux, c’est un droit mou, creux.

Il y a donc une dualité de droits, de sens du droit avec une certaine dissymétrie de celui-ci qui apparait dans le droit public européen du milieu du XVII° siècle. Le droit public européen fut étudié par Carl Schmitt dans Le nomos de la terre. Son idée est que ce droit va à l’encontre de l’idée que le droit international est réalisable, car l’Homme est méchant par nature.
De plus, cet analyste éminent et nostalgique de ce droit public européen, met en évidence la fin de ce droit qui était pourtant extraordinaire et qui fut mis à bat par les USA pour y substituer un droit américain déterritorialisé, un droit commercial et économique. Ce droit public européen fut substitué comme droit intérieur aux États, un droit civil et politique, d’autant plus que ces États se jugeaient souverains et égaux en souveraineté. Ils scindaient le droit à l’intérieur et celui de l’extérieur. De même que celui des Américains.