Une approche plus qu'idéaliste des Relations Internationales pour la marque Benetton
Introduction
Les
sciences politiques regroupent de la sociologie politique, des relations
internationales, des politiques comparées et la théorie politique. Cette dernière
science inclue la théorie des relations internationales. La théorie politique est proche de la philosophie politique. Ceux qui s’intéressent
à la théorie politique ont une visée normative, ils veulent rendre compte du
devoir être. Comment est-ce que cela devrait être pour être légitime. Le modèle
de l’approche normative se retrouve dans Platon qui cherche à déterminer quel
est le meilleur régime possible. Cette définition permet de mettre en avant l’idée
que les modèles philosophique par leur approche normative nous permettent d’apprendre
quelque chose pour rendre compte des théories politiques. Cette approche normative et théorique s’oppose à une approche
descriptive et empirique. L’approche descriptive se demande comment
fonctionne ou comment ne fonctionne pas tel ou tel système. Plus que de s’opposer, dans les relations
internationales, ces deux approches se complètent. Les modèles explicatifs
sont aussi normatifs.
Les grands courants
d’études des Relations Internationales (réalisme et libéralisme) sont très
explicatifs mais s’appuient tout de même sur de grands philosophes d’autrefois. Les réalistes reprennent
beaucoup des interprétations de Thucydide, Machiavel et Hobbes.
Les réalistes qui prennent leur essor après la Seconde Guerre Mondiale estiment
que les rapports entre États reposent sur des inimitiés, les Libéraux se
fondent sur des rapports de coopération entre les États. D’un coté on trouve l’insociabilité,
les Libéraux au contraire favorisent la sociabilité jugée naturelle chez l’homme.
Les théoriciens
politiques pensent qu’on peut comprendre la théorie politique en se tournant
vers les textes, les écrits intellectuels d’une élite, textes qui sont censés
expliquer les théories politiques. S’intéresser aux idées, c’est s’intéresser
aux idées des élites, donc aux sommets de l’État. Ce sommet de l’État donne donc une étude plutôt à droite. Les
sociologues politiques en revanche étudiant le peuple en politique sont plutôt
classifiés à gauche.
Cependant, la
théorie politique peut aussi être inclue dans la gauche. En effet, on a des
approches progressives idéalistes,
des idées qui mènent à l’utopie et en cela, elles sont plutôt orientées à
gauche. Aux USA, contrairement à la France, la théorie politique est jugée à
gauche. D’ailleurs John Rawls dans sa Théorie de la justice politique, sera
perçu en Europe comme un représentant de la sociales-démocratie.
Le
fil directeur de ce cours est une question propre aux Relations Internationales.
Cette question consiste à se demander que, continu du fait de ces relations, on
voit une absence d’État. A l’échelle des
relations Internationales il n’y pas d’ordre étatique à l’instar des relations
internes aux États. C’est l’anarchie dans les Relations Internationales. Entre
les États, il y a un ordre mais qui est spécifique et qu’il faut arriver à
penser. Cet ordre paradoxal est un ordre distinct de l’ordre interne et qu’il
faut arriver à penser par de nouveaux concepts et de nouvelles catégories.
Sans État dominant
légitime qui récupère le monopole de la violence légitime, les Relations Internationales
sont spécifiques par le fait que la guerre et l’usage de la violence sont
toujours possibles quand bien même des États sont en paix depuis longtemps.
Thucydide
Bonus : Une carte (moyennement pertinente) qui vous permet de situer Athènes, Sparte, leurs alliés, Corinthe et Corcyre.
Thucydide
La question des
Relations Internationales remonte loin dans l’Histoire. Sa première
qualification remonte à l’époque des Grecs anciens avec la Guerre de Troie
relatée par Homère dont Thucydide va s’inspirer pour construire une
interprétation très différente.
Dans L’Iliade, c’est par le biais d’entités
personnelles qu’Homère décrit les relations
entre groupements politiques.
Naturellement, il va y avoir la description d’un conflit entre Achille et Agamemnon
autour du partage du butin et notamment de l’esclave Briséis.
Achille réclame par son statut de guerrier victorieux Briséis, Agamemnon lui
refuse, par son statut de roi. Dans cet extrait on voit alors le rapport
religieux de ces relations.
Chez les Grecs, le
rapport entre les hommes est un rapport de conflit. Pour retrouver un ordre et
éviter la violence du conflit, un seul facteur joue, le recours aux divinités. Les Grecs parlent de la dikè,
la justice, un ordre qui règle le cosmos. Celui qui est juste, le dikaios est celui qui se conforme aux
règles de la nature, nature organisée par Zeus lui-même. Les héros doivent se soumettre à cette dikè, Achille doit donc s’y soumettre, il doit faire preuve de thémis, de droiture. Il y a donc
bien cette notion religieuse. Chaque héros doit se conformer au rang dans
lequel il se trouve, faire preuve d’une excellence morale, de vertu. Dans le
cas contraire, le héros ne respectant
pas son statut fait preuve d’hubris,
de démesure. Dans le cas d’Achille, il est soumis à ces passions et menace
de sombrer dans l’hubris. L’image
inverse d’Achille est Ulysse qui fait dans
tous les récits preuve de thémis et
respecte la dikè.
Cette
conception religieuse des rapports entre hommes et par ailleurs entre cités,
développée dans L’Iliade va
pousser Thucydide à organiser sa propre pensée contre cette vision. Relatant la guerre du Péloponnèse, Thucydide va fonder sa théorie sur un monde sans
dieu.
Thucydide
s’intéresse donc à la guerre du Péloponnèse avec la caractéristique du monde
grec, les cités. Le monde politique grec
est fragmenté en cités qui chacune revendique une identité citoyenne
souvent différente. Il n’y a pas réellement d’empire grec dans notre sens où,
une cité souhaiterait annexer le reste des cités. On peut tout de même parler de communauté grecque dans le sens où elles
ont toutes un ennemi commun : les Perses. Tous les Grecs se construisent
contre l’image du barbare qui ne parle pas le grec. Du coup, la structure
politique se veut civilisée mais pas forcément libertaire.
Vient
une époque ou Athènes commence à devenir une cité hégémonique dans cette communauté
hellénistique. Sparte finit par se révolter contre cette cité puissante et s’affirme
comme la cité opposée à Athènes. Cette guerre du Péloponnèse oppose deux
groupes dans le plein épanouissement de leur force, ce qui à l’époque peut être
perçu comme une guerre mondiale. Thucydide qualifie cette guerre de plus grande
crise politique qui touche tout le monde civilisé et une partie du monde
barbare. C’est une apogée à la fois matérielle
des deux cités mais aussi une apogée symbolique. Il s’agit d’un conflit
symbolique entre deux grandes visions du monde. Athènes se caractérise par son
audace, par un esprit d’entreprise tendant à l’hubris, tandis que Sparte se conforme à sa loi, à une plus grande
discipline et à un conservatisme.
Si
on devait résumer de manière synthétique Thucydide, c’est qu’il nous démontre
qu’il y a une certaine excellence et une certaine grandeur à avoir un
comportement immoral. Dans le cadre de cette guerre, les Athéniens ont accumulé
une puissance économique et militaire qui va nourrir une forme de crainte et
plus particulièrement pour sa voisine Corinthe. Les Corinthiens vont aller
chercher le soutien de Sparte pour contrebalancer la puissance athénienne dans
un équilibre des pouvoirs. Un des points
de friction entre Athènes et Sparte, c’est l’affaire de Corcyre, une
colonie corinthienne du Nord de la Grèce. Cette colonie veut quitter sa
dépendance à Corinthe. Athènes viendra soutenir Corcyre, ce qui ne sera pas
sans vexer les Corinthiens. Du fait de son pouvoir Athènes va être perçue comme
empiétant sur les pouvoirs des colonies indépendantes. Cela va conduire au
déclenchement de la guerre, Athènes est perçue trop belliciste. En effet, Athènes va toujours conserver cet aspect
réaliste où si une puissance peut atteindre son objectif, alors elle le fait et
elle détermine ainsi la politique de l’époque. En revanche, les petites cités
face à cette position doivent se soumettre. Cette interprétation athénienne cynique
révèle en fait une position d’excellence d’Athènes qui ne respecte pas un ordre
moral mais un ordre politique selon Thucydide.
Dans l’extrait du Discours de Périclès aux Athéniens,
Périclès décrit les spécificités du système
politique athénien. Ce régime est caractérisé par l’absence de domination, les démocrates ne veulent pas
être aliénés à qui que ce soit, ils agissent par eux-mêmes et écrivent leurs
propres lois. A cela, Périclès souligne l’innovation
des Athéniens, leur audace qui n’entre pas en contradiction avec la loi, loi
qui est la même pour tous.
Mais
alors en quoi peut-on valoriser le plan de la vie politique interne et leur
politique expansionniste avant et pendant la guerre du Péloponnèse ? Pour
la lecture la plus simple, il y aurait une valorisation interne du respect
entre les citoyens athéniens, mais appliqueraient une interprétation cynique
pour les autres Grecs. En réalité, l’affirmation
de la puissance sur la scène internationale est perçue comme étant le
prolongement de la liberté démocratique. Périclès et les Athéniens ne se
sentent pas en contradiction avec leurs lois et avec eux-mêmes. Les
Athéniens ne sont pas des imitateurs, ils revendiquent leur liberté et se
sentent des pionniers pour modifier le monde. Cette fierté démocratique propre
au peuple de Périclès leur donne le sentiment d’une excellence humaine.
Le second extrait
prend place au cœur de la Guerre du Péloponnèse, les ambassadeurs athéniens se
présentent aux Méliens pour que leur cité se soumette au pouvoir d’Athènes
plutôt qu’à celui de Sparte.
Les Athéniens ne présentent qu’une apparence de dialogue avec les Méliens. En
effet, les Athéniens en pleine guerre sont les puissants et les Méliens savent
que décliner l’offre athénienne c’est leur déclarer la guerre et accepter l’offre,
c’est se soumettre à Athènes.
La question
pertinente pour les Athéniens c’est la question du possible. Pour eux, parler
dans le sens du droit c’est être déraisonnable dans les relations
internationales. La véritable valeur c’est celle de la puissance, la question « Peux-tu ? » prend le pas sur
la question « Dois-tu ? ». La capacité et le possible donne
une stature cynique aux Athéniens, de nouveau. Le critère du droit est juste
pour la plupart des camps, chacun à des droits légitimes. Dans ce cas, seul le
critère des faits permet de comparer.
Par la suite, les
Méliens se placent dans une stature où les dieux prennent place tandis que les
Athéniens au contraire soulignent que les hommes ne peuvent compter que sur
leurs propres forces. Pour les Athéniens la loi du plus fort est celle qui prime.
En effet, si le
respect des dieux existe chez les Athéniens, il est évacué par l’argument du
fait que les dieux ont donné la puissance aux Athéniens qui en profitent tant
qu’ils le peuvent. Les Athéniens l’explicitent ensuite, si les Méliens avaient
cette puissance, ils agiraient comme les Athéniens. C’est une loi de nature et
rationnelle où le plus fort a le droit de commander. L’immoralité n’est pas pour autant source de désordre.
On
reste toujours dans une approche cynique, mais l’argument des Athéniens consiste
à dire que l’utilisation de la force est bonne et légitime puisque pour ceux
qui doivent se placer contre Athènes ou se soumettre, ont tout intérêt à se
soumettre, cela est la meilleure solution pour eux.
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