La baisse de la
pauvreté est avant tout structurelle,
dés l’instant où, les personnes concernées par l’obtention d’un travail,
d’études, ou autres, quittent leurs quartiers pauvres. En fait, la pauvreté baisse
dés qu’une personne peut échapper à son ghetto. En particulier pour les
jeunes étudiants qui avec l’aide des bourses peuvent échapper à ces ghettos.
Mais les bourses sont données de manière très aléatoire et il arrive qu’un
étudiant qui a obtenu une bourse va se retrouver sans bourse au bout d’un
certain temps du fait soit de la
corruption, soit de l’incompétence des nommés, soit les changements fréquents du
personnel en fonction des situations.
La lutte contre la
pauvreté est d’autant plus difficile que le Venezuela en dépit de sa manne
pétrolière a accéléré son endettement sous les mandats de Chavez. De plus, la
réorganisation de l’économie avec une série de nationalisations n’a pas
provoqué plus d’emplois mais en revanche a entrainé une plus grande insécurité
pour les entreprises présentes dans le pays. Coupures de courant, coupure d’eau, … Toutes ces
nationalisations déstabilisent le pays poussant Chavez à expliquer au peuple
par la télévision, comment prendre une douche à la mode socialiste du XXI°
siècle. Les pénuries de biens de consommation ou l’augmentation des prix arrive
toujours (plus de riz, …). Le discours parle alors constamment de souveraineté
alimentaire, on consomme ce que l’on produit en théorie, alors même qu’en
pratique les importations ont doublé sous Chavez. De 2003 à 2008, on a vu une
croissance des importations de 356% avec une dépendance à l’égard du pétrole
qui est autour de 95%. On a donc une réduction des bases économiques de
l’action sociale qui s’ajoute à la corruption et à l’incompétence du personnel.
Une analyse faite
par des économistes vénézuéliens de renom trouve deux axes explicatifs à la
déstructuration de l’économie : la détérioration institutionnelle et la
nature des politiques économiques engagées. Les droits civiques et économiques, inscrits dans la
Constitution sont toujours attaqués dans la pratique ce qui fait pour eux que
le cœur de la crise institutionnelle débute en 2007,
lors de la refonte de l’État qui devait reconstruire un État et une économie
socialiste. Il y a aussi une radicalisation de ??? qui donne lieu à un
pouvoir envahissant car concentré entre les seules mains du Président. Lorsque
Chavez a décidé de faire un référendum pour modifier la Constitution (sur de
nombreux points) notamment en économie, mais le référendum a échoué. En dépit
de cela, Chavez a mis en application tout les points de cette réforme qu’il
voulait. L’autonomie de la banque centrale du Venezuela a été annulée (le
gouvernement peut donc piquer dans les caisses de la banque centrale sans être
contrôlé). L’instabilité économique est
immense ce qui n’aide pas au développement du pays et réduit les aides pour
résorber la pauvreté.
A coté de la
détérioration institutionnelle on a un problème de politiques économiques qui
par leurs natures ont provoqué une instabilité naturelle qui touche les
domaines de vie principaux : consommation, investissements, …
L’agriculture et l’industrie sont laissés pour compte et en conséquence les
importations à leur égard n’ont cessé d’augmenter provoquant une pression sur
les prix notamment ceux des produits de première nécessité (qui touchent donc
tout le monde mais plus durement les plus démunis). La réponse gouvernementale
a empiré la situation en s’attaquant à l’appareil productif privé qui
soi-disant ne « respectait pas les
directives officielles ». Si
l’inflation est toujours coincée entre 20% et 30%, sur 10 ans cela monte à un
total de 556%. Baisse du pouvoir d’achat, baisse des salaires les plus bas,
baisse de la qualité et de la quantité des services publiques, … Cela montre
bien que le gouvernement n’a pas pu profiter de la hausse du prix du pétrole de
PDVSA. La dette publique a explosé
malgré les revenus, l’entreprise nationale de pétrole est dans une situation de
détérioration générale énorme comme elle ne l’avait jamais été.
Le Venezuela a eut
des répercussions de cette crise encore plus forte du fait de la crise entre ce
pays et la Colombie. Les deux tiers voire les trois quarts des importations
venaient de Colombie (riz,
poulet, …). Depuis le départ d’Uribe, son successeur a repris des relations
plus souples avec Chavez relançant quelques importations mais se méfiant de ce
pays qui ne rembourse pas ses dettes.
Le pays ne s’est
pas effondré à cause de sa manne pétrolière, mais cela pourra arriver dans
quelques dizaines d’années car en dépit de géants consommateurs de pétrole
(Chine, Brésil, …), la demande mondiale de pétrole diminue. D’ailleurs, un signe de
contradiction du Venezuela, si l’essence et le pétrole ne coutent rien au
Venezuela, celui-ci importe son pétrole raffiné des USA.
IV.
La stratégie
internationale bolivarienne
Selon le point de
vue que l’on adopte, il y a un redéploiement des alliances par rapport à une
partie de la doctrine démocratique historique puisque la base de la politique diplomatique
du Venezuela était jusqu’alors la doctrine Betancourt. Celle-ci valorisait les régimes
démocratiques favorisant les droits de ses concitoyens. Cette doctrine refusait
toute alliance avec un État non-démocratique. Les alliances actuelles du Venezuela sont surtout celles de dictatures.
La plus récente est encore celle représentée par l’asile accordé à la famille Kadhafi. Ce redéploiement n’est pas non plus une
totale rupture vis-à-vis de ce qui précède Chavez et ce qui suit Betancourt.
Ainsi Caldera fut beaucoup plus souple et réaliste lors de ses alliances avec
d’autres pays.
L’idée pivot de la
politique internationale de Chavez est le bolivarisme. Il est encore plus
réduit dans cette analyse puisque le bolivarisme est une politique du
contre : contre les USA, contre les pays capitalistes, … La politique
extérieure de Chavez est faite d’à coups, ce qui provoque un problème de compétition surtout
dans la cadre régional avec le voisin brésilien. Il y a en effet, un brouillage
complet du bolivarianisme instauré à l’intérieur de Venezuela doit être
distribué à toute la région latino-américaine. Trois axes de cette stratégie
dominent alors : l’antiaméricanisme ou anti-impérialisme, ???
et ???
L’antiaméricanisme,
pilier de cette politique extérieure, est une position contre un ennemi. Cela a
favorisé le rapprochement avec les « rogue
states ». Une aubaine se présente alors avec les attentats du 09/11
parce que Washington devient plus indifférent à l’égard de l’Amérique Latine
pour se concentrer ailleurs,
l’Amérique se désintéresse pas mal de l’Amérique Latine et même un peu de
l’Amérique Centrale. C’est donc une aubaine pour le Venezuela mais qui
rencontre une opposition immédiate avec les Français et les Anglais qui ont
réalisé que le trafic de drogue croît de manière exponentielle et part du
Venezuela. C’est à cette époque que Caracas va souligner le caractère militaire
de l’antagonisme qui l’oppose à Washington. Alberto Garrido, chef du
gouvernement militaire du Venezuela, va développer l’ensemble des scénarios de
guerre possibles envers le Venezuela, typique de la mythologie de la paranoïa.
4 scénarios existent :
·
La guerre de quatrième génération : il s’agit une guerre
psychologique qui doit convaincre les populations.
·
Le coup d’État : un tel coup d’État ne
peut qu’être soutenu par des forces transnationales notamment des forces
économiques.
·
L’extension d’un conflit régional : en 2006, cela est une référence aux grosses tensions
en cour avec la Colombie.
·
Une invasion militaire étrangère : cette invasion serait
bien sur soutenue par les USA.
Dans tous les cas,
ce serait une guerre asymétrique qui se déroulerait puisque Chavez dans sa
conception imagine que les partis politiques de la scène vénézuélienne sont
soit avec lui, soit avec l’Empire (les USA). C’est face à ce danger extérieur,
que Chavez a demandé une milice armée populaire de 2 millions de personnes.
C’est une évidente militarisation de la société du fait que pour Chavez, le
danger nord-américain est permanent.
Du fait de ce
risque et de cette militarisation, la lutte contre la pauvreté est encore
réduite au profit d’un renforcement de l’armée avec l’achat d’armes et des
alliances avec des puissances extérieures anti-américaines (notamment l’Iran).
Cette crainte paranoïaque des USA pousse Chavez à déclarer sous le mandat de
Georges W. Bush, qui préparait l’indépendance énergétique des USA, qu’il ne
donnerait plus jamais de pétrole aux USA, ce qui était évidemment impossible et
qu’il n’a pas fait.
Pour les
Américains, le Venezuela est aux mains d’un démagogue qui sape la démocratie
qui était en place. Washington a donc demandé qu’aucune vente d’armes ne soit
faite avec le Venezuela.
Le Brésil l’a fait, l’Espagne y a été contrainte quand on a révélé les liens
entre les FARC et l’ETA. La présidence d’Obama n’a guère changé à l’égard du
Venezuela décevant Chavez. Chavez a hyperpersonnalisé ses rapports
diplomatiques tout du long de son mandat, ce qu’Obama ne fait pas en se
démarquant nettement de son prédécesseur.
A travers
l’antiméricanisme, on distingue une volonté de polarisation de Chavez. L’idée
pour lui, est qu’il y a ait une solidarité intrinsèque à l’Amérique Latine de
par le fait que tous ces pays sont d’anciennes colonies, qu’ils ont tous
obtenus leur indépendance en luttant, … Les liens avec les autres pays
d’Amérique latine sont de divers types mais tous en priorité sont des liens
d’aides financières. Chavez
achète ses homologues avec l’argent du pétrole comme on l’a vu avec l’arrêt de
vénézuéliens qui alimentait la campagne de Cristina
de Kirschner en Argentine. Il alimente le Nicaragua aussi. Chavez est
pourtant souvent déçu par des présidents de gauche qui se déclarent proches de Lula et non de Chavez. Mais il bénéficie parfois
de retournement de situation avec le coup d’État au Honduras en 2009. Ce coup d’État se fait contre le Président Zelaya de centre-droit lorsqu’il a viré chaviste
(il a rejoint l’ALBA créée par Chavez)
après avoir été acheté par celui-ci). Il voulait changer les
institutions en passant un référendum dont il n’a pas respecté les procédures.
La cour suprême a jugé cela inconstitutionnel, le Président a forcé, il a été
déposé. Cette ingérence de Chavez est
une politique qu’il mène ou essaye de mener un peu partout. Correa, Président d’Equateur, gouverne de manière
proche de Chavez sans les punitions physiques sélectives de ce dernier. En
revanche, il mène des procès contre les critiques. Cependant, Correa est un
dirigeant instable, il a mis un certain temps avant de rejoindre l’ALBA. Les
explications de ce délai sont nombreuses : les voisins de Correa sont des
pays stables (Pérou, Colombie et Brésil), les liens avec la Colombie sont très
anciens et très amicaux, de même avec le Brésil. Du coup, Correa s’est toujours
dit plus proche de Lula et se méfiait de Chavez. Chavez a renforcé cela en
déclarant qu’il souhaitait reconstituer la Grande Colombie ce qui induisait de
supprimer les gouvernements colombiens, équatoriens et panaméens.
Mais plus que tout
autre, l’ennemi juré du Venezuela dans l’Amérique Latine, c’est la Colombie. Durant l’été 2009, la Colombie a signé un accord qui maintenait les
échanges politiques et militaires avec les USA. Uribe en signant cet accord a
mis temporairement à disposition des Américains 7 bases colombiennes. Chavez a
retraduit le fait que les Américains avaient acheté 7 bases en Colombie,
menaçant le Venezuela. Il ne pouvait pourtant pas menacer d’attaquer la
Colombie comme en 2008 car les Américains auraient certainement envoyé des
forces depuis ces bases.
On peut ajouter
aussi le rôle du narcotrafic dans la région. Cet évènement est celui d’une
crise entre la Colombie et le Venezuela. Chavez et les FARC ont des liens nets.
Au départ de son mandat, Chavez se déclarait neutre dans le conflit (ce qui
reconnaissait la légitimité tant d’Uribe que des FARC dans le conflit) puis
cela a évolué. Chavez vendait ou donnait des armes aux FARC ce qui fut
découvert à plusieurs reprises,
particulièrement en 2009 avec la découverte par
des policiers colombiens, de lance-roquettes de fabrication européenne, vendu à
Chavez mais dans les mains des FARC. La
position de Caracas et de Bogota s’est atténuée sur le plan diplomatique pour
une raison, l’intervention de la France. La France était secouée par
l’animosité entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. Pour achever la carrière
politique de Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy demande à Uribe, en faisant
pression sur lui, de libérer Ingrid Bettancourt.
Auparavant, de Villepin avait tenté de faire la même chose mais cela avait
tourné court puisque Sarkozy alors ministre de l’Intérieur n’avait pas dépêché
des forces d’intervention comme lui demandait le Premier Ministre, pour la
raison que le ministère de la Défense et celui de l’Intérieur n’agissent pas
dans un autre pays, sans un accord avec ledit pays. De Villepin va envoyer des
militaires à la retraite pour agir, mais les FARC n’avaient pas agit dans le
bon sens et les retraités furent arrêtés par les autorités colombiennes.
Sarkozy pour discuter avec les FARC prend comme intermédiaire Chavez. En
réalité, c’était le but recherché d’Uribe et de Chavez. Chavez profite de son
rôle pour empiéter un peu sur les prérogatives d’Uribe, mais toujours est-il
que début juillet 2008, une opération de
tromperie de l’armée colombienne sauve 18 otages des FARC sans autre
intervention extérieure. Sarkozy fut mis sur la touche dans cette histoire et
Chavez encore plus, puisqu’il a découvert le raid trop tard.
Le 7 août 2010, Juan
Manuel Santos devient le Président de la république colombienne après
avoir gagné les élections de mai. Il change radicalement le style diplomatique
avec Chavez. Le paradoxe qui émerge est le suivant, auparavant ministre de la
Défense (donc
des opérations sur les FARC ou sur les missions secrètes dans les pays voisins
pour atteindre les FARC), Santos était
donc le numéro 2 dans la haine de Chavez. Probablement à cause de cela,
Santos va radicalement changer son style diplomatique avec Chavez. Cela
n’empêchera pas un attentat FARC contre le Président Santos, plus ou moins avec
Chavez derrière. Mais Santos annonce
refuser d’agir militairement dans les relations politiques avec ses voisins, il
coupe aussi les ponts avec les groupes terroristes. On a donc eu un changement
notable dans les relations entre les deux voisins qui se traduit par une
ouverture des négociations entre le gouvernement colombien et les FARC. C’est
une nouveauté relative par rapport au mandat d’Uribe, plus significative par
rapport au passé du pays. Le Venezuela est donc un des interlocuteurs favori
dans la résolution de ce conflit. Chavez peut influer sur les FARC pour les
convaincre des respecter certains points de la procédure et certains
engagements, ce respect a déjà débuté depuis 2010.
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