L'éléphant et l'âne américain
Les
partis politiques
Les partis
politiques, « enfants du suffrage
universel et de la démocratie » selon Max
Weber,
sont aussi de nos jours renforcés par leur présence médiatique, leurs
financements publics, leur structuration fiable et pour la France, leur inscription
dans la Constitution.
I.
Que sont les partis
politiques ?
1.
Eléments de théorie
A.
Le label
Lorsqu’on parle de
parti, c’est une organisation politique structurée. Mais une telle définition
est très large, le véritable parti politique participe à la vie politique et
notamment à la compétition électorale. Avec ces quelques critères, on peut
parler d’un parti politique.
Leurs objectifs sont alors très vastes : Parti Pirate, Parti des buveurs
de bière, …
Le terme
« parti » étant très orienté dans une tradition marxiste, donc plutôt de gauche, les
mouvements de droite préfèrent se qualifier de « mouvement »,
« union », … Seuls les anciens partis de droite conservent le terme
« parti » dans leur titre, « Parti Conservateur » en
Grande-Bretagne.
B.
La définition
La définition de
sens commun naturel définit un parti par sa tendance idéologique.
Pour Max Weber, les partis politiques sont
définissables par le terme de « sociations », des sous-groupes
sociaux particulier.
Le Parti Communiste Français (PCF) est un groupe social, composé d’individus
avec leurs particularités dont les opinions peuvent variées. Un parti politique moderne est alors
souvent une somme de sociations comme le démontre Pierre
Sawicki qui, étudiant le Parti Socialiste, y voit de nombreuses
tendances sociales différentes avec de nombreuses idées différentes, … Les
partis politiques ne sont pas composés d’une catégorie sociale particulière.
C.
Des entreprises politiques
Les leaders
politiques sont considérés comme des entrepreneurs politiques selon Schumpeter.
Cette idée est reprise par Michel Offerlé. Ainsi Jean-François Copé a formé
un sous-courant politique, Génération France, au sein de l’Union pour un Mouvement
Populaire (UMP). Il a défendu son club contre les autres clubs du parti. Il a
du aller conquérir des parts de marché lors des élections de l’UMP. Il a proposé sur le marché politique des
biens symboliques (idées, valeurs, …). Ces biens symboliques sont un enjeu de
lutte entre partis. Ainsi la notion de laïcité historiquement venue du
Parti Communiste fut reprise par le Parti Socialiste et plus récemment par
l’UMP, le Front National (FN) et le Front de Gauche. Celle de l’environnement
autrefois propre aux partis verts, est aujourd’hui dans tout les partis, ce qui
a poussé les Verts a monopolisé le bien symbolique de la lutte contre le
nucléaire.
D.
La place
On a des pays avec
une sorte présence des sociations partisanes, tandis que d’autres ont une
population moins partisane.
Ainsi en Norvège, la scission partisane est de 10% par partis alors qu’en
Europe en général, les populations sont moins engagées, moins d’un million
d’adhérents au PS comme à l’UMP. Dans les pays scandinaves où le lien entre
syndicalisme et la politique sont forts, alors la participation et l’engagement
politique sont plus forts. En France, il suffit d’un petit millier de militants
pour changer des résultats lors d’élections partisanes ou législatives.
E.
L’évolution
Robert
Michels en 1911 écrit Les Partis Politiques, dans
lequel il pose la notion de « loi d’airain de l’oligarchie ». Cette
loi exprime l’idée que tout parti politique crée une oligarchie des dirigeants y compris un parti
révolutionnaire de gauche. La base du parti critique alors parfois cette
oligarchisation de partis censés être populaires.
Cette lutte contre
la loi d’airain est d’ailleurs parfois un bien symbolique (comme le Nouveau Parti Anticapitaliste
(NPA) ou les Verts d’Allemagne dans les années 1980).
Samuel Eldersveld détecte lui un autre concept, le stratarchy qui dérive de la conception de Michels après la
Seconde Guerre Mondiale. Adaptée aux USA vers 1950, il estime que c’est plus
une succession de strates oligarchiques selon la région et le niveau dans le
parti. La stratarchy c’est donc la
hiérarchie de ces oligarchies mais surtout une oligarchie qui s’est diffusée à
la base du parti et qui se reproduit à l’échelle locale.
2.
Quelques typologies
Pour reprendre une
analyse de Michel Offerlé, on peut distinguer
des organisations partisanes plus ou moins ouvertes. Dans certains partis, le coût
d’entrée et la cotisation sont assez faibles, d’autres en revanche contrôle
votre niveau d’engagement (donner de son temps au parti, passer des entretiens,
être parrainé, …). Dans certains partis, le coût de sortie est aussi élevé
(Front National). Cet impact sur la vie des militants typifie le parti.
On peut distinguer
les « catch-all parties »,
ceux qui attrapent tout. On y trouve les grands partis notamment PS, UMP, … La diversité se retrouve alors dans les
militants : diversité sociale, diversité ethnique, …
On trouve alors les
partis particuliers, catégoriels, particularistes, … Les partis particularistes ont
des fondements très divers : comme les partis ruraux de certains pays, les
partis ethniques, les partis religieux, les partis régionalistes, … Chasse,
pêche et tradition est encore ce qui s’est le plus rapproché de ces partis
particularistes.
Enfin on a les
partis divers, les partis niches,
ceux qu’on ne peut classer nulle part. Le Parti Pirate regroupe une diversité
d’électeurs avec des points précis développés.
II.
Les ressources des
partis politiques
1.
Les ressources individuelles
Un parti c’est
d’abord des ressources individuelles en particulier des ressources humaines,
des cadres, des leaders qui participent à la visibilité du parti politique.
Sans élite et sans leader, le parti ne va pas loin et finit en parti de niche. C’est pourquoi on a en France,
une monopolisation de la vie politique par deux grands mouvements composés de
nombreux énarques. Ce capital humain est donc nécessaire aux partis. Cela
influence parfois le parti, ainsi le PS, depuis les années 1980, a finit par
devenir un parti de cadres du fait de la composition des ses membres.
2.
Les ressources collectives
On peut distinguer
4 types de ressources différentes.
Les ressources
militantes qui sont des ressources essentielles à un parti politique. Ce sont eux qui composent le
parti, qui le définissent et lui donne une image et une orientation. Le degré de mobilisation des militants est
aussi important car il est plus utile d’avoir des militants qui se
mobilisent que des militants régulièrement absents. Leur nombre est bien entendu utile aussi. Lutte Ouvrière a très peu
de militants même s’ils sont très professionnalisés. En général, plus le parti
est minoritaire, plus son degré de mobilisation augmente. Enfin la répartition géographique des
militants est aussi importante, plus un parti a de visibilité, plus on doit
avoir de militants répartis sur toute la France. D’autant plus qu’on a une vie
politique différente selon les zones géographiques, avec parfois des désert
militants dans le cas des petits partis, des concentrations militantes pour
d’autres (Nord Pas de Calais et région Provence Alpes Côte d’Azur pour le FN).
Les ressources
politiques concernent les positions de pouvoir d’un parti politique sur le
marché politique.
Ainsi le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) a peu de militants mais sur le
marché politique est dans une position assez dominante. En conséquence, cette
ressource leur permet d’avoir quelques leaders au sein même du gouvernement.
D’autres partis qui ne semblent pas exister ont un rôle tout de même à l’instar
du Parti Radical de Gauche (PRG) qui possède un ministre, Christine Tobiera,
dans le gouvernement, alors même qu’on n’entend presque jamais parler.
Les ressources
économiques et financières des partis sont aussi cruciales. En France, depuis
1995, comme ailleurs en Europe, il y a un financement public de ces partis. Ainsi pour l’UMP, les deux tiers
des ressources de leur campagne viennent de l’Etat. Les élus aident aussi au financement de leur parti, comme au PC où
la moitié des ressources financières viennent de leurs élus, à l’UMP cela ne
représente que 3%. Vient ensuite la
contribution des membres au travers de leurs cotisations. La toute dernière
contribution est celle des dons aux
partis. Ces dons sont plafonnés en France à 7 500 €, pour donner plus,
il faut dans ce cas donner directement au leader du parti. En Amérique, il n’y a aucun plafonnement, le fonctionnement est
totalement différent avec des partis entièrement privatisé.
Les ressources
symboliques enfin avec les slogans, les cultures partisanes, les références, …
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