mercredi 21 novembre 2012

Sociologie politique 20 - 11 (cours 8)


 L'éléphant et l'âne américain




Les partis politiques


Les partis politiques, « enfants du suffrage universel et de la démocratie » selon Max Weber, sont aussi de nos jours renforcés par leur présence médiatique, leurs financements publics, leur structuration fiable et pour la France, leur inscription dans la Constitution.


I.                   Que sont les partis politiques ?

1.      Eléments de théorie

A.     Le label

Lorsqu’on parle de parti, c’est une organisation politique structurée. Mais une telle définition est très large, le véritable parti politique participe à la vie politique et notamment à la compétition électorale. Avec ces quelques critères, on peut parler d’un parti politique. Leurs objectifs sont alors très vastes : Parti Pirate, Parti des buveurs de bière, …
Le terme « parti » étant très orienté dans une tradition marxiste, donc plutôt de gauche, les mouvements de droite préfèrent se qualifier de « mouvement », « union », … Seuls les anciens partis de droite conservent le terme « parti » dans leur titre, « Parti Conservateur » en Grande-Bretagne.

B.     La définition

La définition de sens commun naturel définit un parti par sa tendance idéologique.
Pour Max Weber, les partis politiques sont définissables par le terme de « sociations », des sous-groupes sociaux particulier. Le Parti Communiste Français (PCF) est un groupe social, composé d’individus avec leurs particularités dont les opinions peuvent variées. Un parti politique moderne est alors souvent une somme de sociations comme le démontre Pierre Sawicki qui, étudiant le Parti Socialiste, y voit de nombreuses tendances sociales différentes avec de nombreuses idées différentes, … Les partis politiques ne sont pas composés d’une catégorie sociale particulière.

C.     Des entreprises politiques

Les leaders politiques sont considérés comme des entrepreneurs politiques selon Schumpeter. Cette idée est reprise par Michel Offerlé. Ainsi Jean-François Copé a formé un sous-courant politique, Génération France, au sein de l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP). Il a défendu son club contre les autres clubs du parti. Il a du aller conquérir des parts de marché lors des élections de l’UMP. Il a proposé sur le marché politique des biens symboliques (idées, valeurs, …). Ces biens symboliques sont un enjeu de lutte entre partis. Ainsi la notion de laïcité historiquement venue du Parti Communiste fut reprise par le Parti Socialiste et plus récemment par l’UMP, le Front National (FN) et le Front de Gauche. Celle de l’environnement autrefois propre aux partis verts, est aujourd’hui dans tout les partis, ce qui a poussé les Verts a monopolisé le bien symbolique de la lutte contre le nucléaire.

D.     La place

On a des pays avec une sorte présence des sociations partisanes, tandis que d’autres ont une population moins partisane. Ainsi en Norvège, la scission partisane est de 10% par partis alors qu’en Europe en général, les populations sont moins engagées, moins d’un million d’adhérents au PS comme à l’UMP. Dans les pays scandinaves où le lien entre syndicalisme et la politique sont forts, alors la participation et l’engagement politique sont plus forts. En France, il suffit d’un petit millier de militants pour changer des résultats lors d’élections partisanes ou législatives.

E.      L’évolution

Robert Michels en 1911 écrit Les Partis Politiques, dans lequel il pose la notion de « loi d’airain de l’oligarchie ». Cette loi exprime l’idée que tout parti politique crée une oligarchie des dirigeants y compris un parti révolutionnaire de gauche. La base du parti critique alors parfois cette oligarchisation de partis censés être populaires.
Cette lutte contre la loi d’airain est d’ailleurs parfois un bien symbolique (comme le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) ou les Verts d’Allemagne dans les années 1980).

Samuel Eldersveld  détecte lui un autre concept, le stratarchy qui dérive de la conception de Michels après la Seconde Guerre Mondiale. Adaptée aux USA vers 1950, il estime que c’est plus une succession de strates oligarchiques selon la région et le niveau dans le parti. La stratarchy c’est donc la hiérarchie de ces oligarchies mais surtout une oligarchie qui s’est diffusée à la base du parti et qui se reproduit à l’échelle locale.

2.      Quelques typologies

Pour reprendre une analyse de Michel Offerlé, on peut distinguer des organisations partisanes plus ou moins ouvertes. Dans certains partis, le coût d’entrée et la cotisation sont assez faibles, d’autres en revanche contrôle votre niveau d’engagement (donner de son temps au parti, passer des entretiens, être parrainé, …). Dans certains partis, le coût de sortie est aussi élevé (Front National). Cet impact sur la vie des militants typifie le parti.

On peut distinguer les « catch-all parties », ceux qui attrapent tout. On y trouve les grands partis notamment PS, UMP,  … La diversité se retrouve alors dans les militants : diversité sociale, diversité ethnique, …
On trouve alors les partis particuliers, catégoriels, particularistes, … Les partis particularistes ont des fondements très divers : comme les partis ruraux de certains pays, les partis ethniques, les partis religieux, les partis régionalistes, … Chasse, pêche et tradition est encore ce qui s’est le plus rapproché de ces partis particularistes.
Enfin on a les partis divers, les partis niches, ceux qu’on ne peut classer nulle part. Le Parti Pirate regroupe une diversité d’électeurs avec des points précis développés.


II.                Les ressources des partis politiques

1.      Les ressources individuelles

Un parti c’est d’abord des ressources individuelles en particulier des ressources humaines, des cadres, des leaders qui participent à la visibilité du parti politique. Sans élite et sans leader, le parti ne va pas loin et finit en parti de niche. C’est pourquoi on a en France, une monopolisation de la vie politique par deux grands mouvements composés de nombreux énarques. Ce capital humain est donc nécessaire aux partis. Cela influence parfois le parti, ainsi le PS, depuis les années 1980, a finit par devenir un parti de cadres du fait de la composition des ses membres.

2.      Les ressources collectives

On peut distinguer 4 types de ressources différentes.
Les ressources militantes qui sont des ressources essentielles à un parti politique. Ce sont eux qui composent le parti, qui le définissent et lui donne une image et une orientation. Le degré de mobilisation des militants est aussi important car il est plus utile d’avoir des militants qui se mobilisent que des militants régulièrement absents. Leur nombre est bien entendu utile aussi. Lutte Ouvrière a très peu de militants même s’ils sont très professionnalisés. En général, plus le parti est minoritaire, plus son degré de mobilisation augmente. Enfin la répartition géographique des militants est aussi importante, plus un parti a de visibilité, plus on doit avoir de militants répartis sur toute la France. D’autant plus qu’on a une vie politique différente selon les zones géographiques, avec parfois des désert militants dans le cas des petits partis, des concentrations militantes pour d’autres (Nord Pas de Calais et région Provence Alpes Côte d’Azur pour le FN).

Les ressources politiques concernent les positions de pouvoir d’un parti politique sur le marché politique. Ainsi le parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) a peu de militants mais sur le marché politique est dans une position assez dominante. En conséquence, cette ressource leur permet d’avoir quelques leaders au sein même du gouvernement. D’autres partis qui ne semblent pas exister ont un rôle tout de même à l’instar du Parti Radical de Gauche (PRG) qui possède un ministre, Christine Tobiera, dans le gouvernement, alors même qu’on n’entend presque jamais parler.

Les ressources économiques et financières des partis sont aussi cruciales. En France, depuis 1995, comme ailleurs en Europe, il y a un financement public de ces partis. Ainsi pour l’UMP, les deux tiers des ressources de leur campagne viennent de l’Etat. Les élus aident aussi au financement de leur parti, comme au PC où la moitié des ressources financières viennent de leurs élus, à l’UMP cela ne représente que 3%. Vient ensuite la contribution des membres au travers de leurs cotisations. La toute dernière contribution est celle des dons aux partis. Ces dons sont plafonnés en France à 7 500 €, pour donner plus, il faut dans ce cas donner directement au leader du parti. En Amérique, il n’y a aucun plafonnement, le fonctionnement est totalement différent avec des partis entièrement privatisé.

Les ressources symboliques enfin avec les slogans, les cultures partisanes, les références, …

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