Lu
Xun, dans les années 1920
qui était un romancier chinois regrettait que la parole soi couverte de cette
manière. Il
reprochait aux Chinois de ne pas parler ouvertement comme les Russes, d’être à
mots couverts, d’être fourbes en quelques sortes. Lors de la
période des Cent Fleurs, où les intellectuels pouvaient s’exprimer
librement, le pouvoir en a profité pour écrémer ceux qui parlaient trop
ouvertement.
En
peinture aussi, le tableau de Luo Zhongli que Puel juge comme art
contemporain d’avant-garde, a pour but de préparer au réalisme de propagande. Ce tableau représente pour les Chinois,
une critique politique tandis qu’en France, il serait plus banal. En effet,
pour un Chinois, la référence au paysan est lourde de sens, surtout que
cette population paysanne est très présente en Chine. Ce tableau fit scandale pour plusieurs raisons. D’une part, dans le
communisme, la paysannerie est valorisée. De nombreux membres du parti
sortent d’une paysannerie aisée comme Mao ou Deng Xiaoping, jamais des plus bas
niveaux de la paysannerie ceci dit. De
plus, le paysan représente véritablement les forces vives du pays (la Longue Marche). Idem lors de la collectivisation où ils
étaient les personnages principaux, on fait une collectivisation des terres
agricoles en pleine période du Grand Bond en avant (politique entamée par Mao
qui décide à cette époque d’aller plus vite vers le socialisme, mais le
référentiel reste l’industrie soviétique). La gestion des terres devient donc
collective alors qu’en 1949, on a déjà supprimé les quelques grandes
propriétés, en 1950, on a donné à chaque
famille un tiers d’hectare de terres cultivables en plus de ce que vous aviez
auparavant. Pour les historiens, on a discuté de cette loi dite sociale, pour
des communistes on veut égaliser les conditions de vie de tout le monde en réduisant
les revenus des trop riches et en augmentant celle des trop pauvres. De plus,
ce tiers d’hectare dans le Sud subtropical de la Chine va nourrir toute une
famille de manière diverse, dans le Nord où la culture est plutôt uniforme
(blé, millet, …) cela suffit à peine à nourrir une famille. Au moment de la
collectivisation, on leur reprend ce qu’on leur a donné et on redistribue. Cela
n’aurait rien changé si on n’avait pas rajouté en campagne, l’industrie avec
des mines, des industries et des hauts fourneaux polluant, … On produit alors
en grande quantité de l’acier de mauvaise qualité pour faire des bâtiments et
des rails. Mais cet acier ne fut que très peu utilisé. S’en suit alors une
grande famine en Chine lié au fait que la plupart des paysans travaillaient
dans les usines et ne purent récolter leurs cultures.
En conséquence, on
représente le paysan chinois toujours comme étant jeune, fort et en bonne
santé. Sur le
monument du document, on voit une paysanne brandissant une gerbe de blé
accompagnée par un ouvrier, un militaire, un intellectuel, d’autres ouvriers et
deux hommes avec des chapkas, des Mandchous. Le triptyque soldat, paysan et ouvrier est la base d’une représentation
formée dés 1927 dans la lutte ouverte contre
le Guomindang.
En revanche, la
peinture de Luo Zhongli, sortie en 1980,
montre une vieux paysan affamé. A cette époque, les dirigeants dans la lignée
de Mao hésitent à continuer la voie socialiste typique avec son économie
planifiée qui menacent de lâcher, ou à dessiner une nouvelle économie plus
ouverte. Les héritiers du système totalement socialiste, trouvent donc le
tableau totalement déplacé,
le Chinois paysan est vieux, fatigué et semble affamé. Dans l’année précédant
le tableau, on décide que la décollectivisation est en marche, les paysans sont
particulièrement pauvres et cela éclate aux yeux de tout le reste de la Chine.
Le premier ministre de l’époque Zhao Ziyang explique qu’ils peuvent cultiver
les terres pour eux-mêmes en laissant pour l’Etat de petits quotas de céréales,
de légumes et de fruits. Cela permet aux paysans de mieux vivre. En 1980, Deng
Xiaoping fixe que les paysans peuvent décider par eux-mêmes de leur production.
Cet excédent pourra être vendu sur des marchés ruraux.
Ultime dimension de
ce tableau, les Libéraux semblent soutenir l’idée de l’artiste. Le peintre semble protégé par les partisans de Deng
Xiaoping. D’ailleurs entre 1978 et 1980, c’est le mouvement du Mur de la Démocratie.
A Pékin et d’autres grands centres urbains se développent des dazibaos, affiches verticales sous forme
de grands messages rédigés portant dessus des critiques contre la bureaucratie
et le régime. On sait aujourd’hui que Deng Xiaoping qui n’était pas président,
a fait croire au monde entier qu’il s’agissait d’un mouvement spontané de désir
de liberté, alors qu’il est derrière ce mouvement qu’il soutient. En revanche,
en 1979, Deng Xiaoping arrête le meneur de ce mouvement faussement populaire, Wei Jinsheng qui avait fait un texte intitulé La 5° modernisation, prônant la
démocratie et la liberté, et le met à mort. On a donc sous ce tableau, la patte assez nette de Deng Xiaoping car le
peintre sans influence aurait poussé davantage sa critique sur le thème de la
liberté paysanne, non pas de l’enrichissement paysan.
Ce
même tableau à l’ère actuelle, nous fait voir surtout que le paysan de l’époque
est le grand oublié de la politique chinoise, en dépit de certains progrès, les
lois sur l’école, le droit à la propriété dans la constitution chinoise, … La
critique détournée peut prendre un sens hors de son contexte, mais ce sens est
alors biaisé.
Dans
le discours politique on a donc tout en discrétion comme dans la cérémonie
d’ouverture des Jeux Olympiques où des batteurs jouaient un air sur des
chaudrons de bronze en imitant une cérémonie funéraire, or cela évoquait
directement les évènements de la place Tian’anmen. Cela aura d’ailleurs vexé
les dirigeants de l’époque.
2.
Agir selon une pensée globale des problèmes : la gestion
des minorités
Cette technique du
laisser faire se voit plus particulièrement dans la gestion des minorités
nationales. Tibétaines,
sino-vietnamiennes, Cantonais, Hui (Musulmans), … Au total, on a une cinquantaine de minorités ethniques en Chine
réparties de manière très inégales géographiquement. Dans la province du
Ningxia, on a des Hui ; dans la province du Xingjiang, des Ouigaurs ;
dans le Tibet, les Tibétains ; dans le Yunnan, on a plusieurs ethnies
différentes et dans les Guanxi, ce sont les Nanning. Ce sont les plus
grandes minorités et leurs régions bénéficient d’une grande autonomie.
Certaines minorités
ont eut un traitement de faveur qui les a pratiquement détruites. La
Constitution chinoise prévoit tout de même des représentants politiques des
minorités à toutes les échelles de la vie politique. Les minorités peuvent
obtenir des statuts particuliers sur de nombreux sujets (école, langue, …). Ainsi le Yunnan peut accéder à
un enseignement en langue locale. La minorité peut déterminer ce qu’elle juge
ou non comme patrimoine national et sa décision est respectée par l’Etat. Le
Yunnan fixe ses propres impôts et bénéficient de toutes les levées d’impôts, a
le droit a des aides de développement pour éviter de conserver des poches de
sous-développement. Le véritable
problème actuel, reste le trop plein de population Han dans les régions des ces
minorités. Ces minorités ont l’impression d’être inclues dans une politique de
sinisation forcée dont le but avoué à termes est de renverser ces ethnies
pour atteindre d’abord un ratio ethnique de 50% Han et 50% de la minorité, puis
que les Han dépassent ensuite les minorités dans leurs régions. Cela se passe alors très mal dans deux
régions particulières : le Tibet et le Xinjiang. Cette politique des
minorités en Chine, se passe mal en général.
Pourtant, au
départ, rien ne prévoyait que cela se passerait aussi mal. En effet, les
Chinois misaient sur l’acculturation progressive des minorités. Le but était d’envoyer quelques
Han dans ces régions, d’y implanter des écoles, avoir des délégués locaux en
qui on aurait confiance pour que ces élites transmettent la culture chinoise
vers leur électeurs pour les intégrer progressivement dans la Chine. Salmon qui
a étudié l’ethnie Miao, constate que
c’est une ethnie très pauvre sans véritables débouchés sur la mer, sans voies
de communication, … A l’époque des Ming, on a décidé de clarifier les limites
de cette région. L’empereur a envoyé des diplomates pour déterminer les
frontières. Ceux-ci cherchent le chef local, qui sont en fait des
administrateurs locaux ayant un travail de préfet, de maires, … Par contre, ils
faisaient tout ce travail gratuitement. En effet, les Miao étaient en
autogestion complète avant l’arrivée du pouvoir central. On leur a donc demandé
de fixer des limites (frontalières, généalogiques, hiérarchiques, …). Pour
mieux les intégrer dans le système Ming, on leur a donné des écoles pour leurs
enfants. En conséquence, on avait un fonctionnement local à peu de frais et en
même temps, on pensait que par leur éducation, on finirait par les intégrer à
la culture chinoise. Cela ne s’est pas fait sans heurts, on a eut par la suite
des résistances, des révoltes, des chefs locaux contre les Han, … Mais l’idéal
du pouvoir central restait tout de même sur une acculturation douce. Tout comme
le pouvoir romain, on a misé sur les élites pour qu’elles diffusent la culture
Han dans leur population locale.
Le succès de cette
acculturation lente se voit dans le Yunnan qui a compris qu’il ne pouvait aller
à l’affrontement avec les autorités chinoises. Mais on a des cas extrêmement
violents comme à Ouroumtsi, capitale du Xinjiang composée de Musulmans et de
Ouigours. Des évènements violents ont conduit à la mort
de 250 Han le 5 juillet 2009. Un mois
auparavant, les premiers conflits Han contre Ouigours éclatent à Canton dans
une usine de jouets. Les meurtres portent sur une accusation de viol d’une Han
par des Ouigours arrivés dans le cadre d’une politique de l’Etat, des Ouigours
contraints de venir travailler à Canton. Derrière cet évènement, on sait qu’il
y a une animosité très forte des Han contre les Ouigours qui demandent des
salaires moins élevés que les Han à Canton. En réponse en juillet 2009, on a
des bastonnades, des émeutes, des attaques de nuit et des meurtres de Han au
cours du mois de juillet. Mais de nombreuses zones d’ombre demeurent lors de ces
évènements. Les forces antiémeutes présentent dans cette région et proche de la
frontière ne sont pas intervenues. Seul le maire d’Ouroumtsi a tenté de calmer
le jeu et il y laissa sa vie. Hu Jintao au même moment devait rencontrer Barack
Obama pour discuter économie (lutte contre la contrefaçon chinoise et
injonction des Américains à ce que les Chinois remontent leur monnaie). Pour
autant, le président n’a jamais traité de cette question car les évènements l’ont
contraint a annulé sa rencontre. Il ne s’est malgré tout jamais signalé dans la
résolution de ce conflit.. On trouvait pourtant sur le net des vidéos des
affrontements et une journaliste d’origine Ouigour, Rebiya Kader fut accusée à
tort d’être à l’origine des heurts et d’exciter les tensions. On pense que les
Américains sont derrière cela, qu’ils ont motivés les tensions entre les deux
ethnies pour pouvoir montrer les conséquences d’un refus chinois lors de cette
rencontre économique qui fut finalement annulée.
Bonus : La constitution chinoise de 1982 disponible ici.
Bonus : La constitution chinoise de 1982 disponible ici.
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