samedi 10 novembre 2012

Sociologie politique 07 - 11 (cours 6)


La campagne américaine, une campagne comme une autre ... mais pas la moindre.



Le vote et les campagnes électorales


I.                   Le rituel électoral

1.      Les étapes du rituel

La campagne électorale est considérée comme un espace temps particulier. En général au sein du pays cela prend facilement un an de préparation. Il y a des normes très spéciales dans chaque pays lors de ses élections. Ainsi aux USA, on a trois débats télévisés entre les deux candidats mais un seul tour. En France, on a deux tours électifs et un seul débat entre les candidats.

La première étape c’est la sélection partisane, les partis sélectionnent eux-mêmes leurs candidats avec des sélectorats, ceux qui peuvent participer à la désignation des candidats lors de primaires plus ou moins ouvertes. Dés le départ, on a une sous-population qui sélectionne des candidats. On élimine les candidats trop faibles. Ainsi aux USA, on a 4 candidats indépendants hors des candidats républicains et démocrates : le parti vert, le parti libertarien, … On a donc une situation d’effacement de ces petits partis qui n’ont pas de machines politiques derrière. Aujourd’hui, le système partisan tend à confronter deux tendances principales. Ainsi, si Coluche ou Dieudonné ont renoncé à se présenter aux élections présidentielles, on a parfois des petits partis qui arrivent à s’imposer (Parti de Gauche, …).

Vient ensuite la question des sondages. Ces sondages peuvent parfois être avantageux pour les candidats et parfois est carrément néfastes (Hervé Morin en 2012 apparaissait avec 0% d’intention de vote). Alain Lipietz, pour les Verts, fut élu en 2001 pour l’élection présidentielle de 2002, commence sa campagne, mais n’a pas de succès. En conséquence, ses mauvais résultats dans les sondages poussent le parti à le faire sortir de la course à la présidentielle et le remplace par Noël Mamère. On a donc bien cette élimination de petits candidats, parfois des auto-limitations.
Ces sondages ne sont pas sans effets, on en détermine trois.  L’effet horse-racing, ou course de chevaux, lorsque les sondages donnent d’un moment à l’autre une alternance du gagnant. L’effet bandwagon, pour sa part s’oppose à l’effet underdog. Un partie des enquêtés suit le mouvement des sondages (effet bandwagon), on décide de soutenir la tendance des sondages. En revanche, avec l’effet underdog, on constate qu’une partie des électeurs voyant les faibles résultats de certains candidats décident pour diverses raisons de voter pour ces petits partis.

Troisième étape, avoir l’ensemble des conditions légales pour se présenter. Ainsi, on peut être élu par un parti, avoir un programme et des soutiens mais sans les conditions légales, on ne passe pas. En France, ces conditions ont beaucoup évolué, aujourd’hui il faut un certain nombre de parrainages qui peut éliminer les petits partis. En Amérique les conditions sont davantage sur la personne du candidat lui-même (plus de 25 ans, être né sur le sol américain, …).

Dans plusieurs pays en voie de développement, le rôle des notables n’est pas négligeable. Ceux-ci peuvent parfois beaucoup influencer sur les résultats en engageant des fonds, des voix, …

Le cinquième temps concerne la campagne électorale en elle-même. La question de son point de départ est souvent floue. Mestier-Melleray, prof de conférence à Bordeaux, a étudié la campagne d’élection après Chaban-Delmas en 1995. Ce baron politique qui a tenu la ville des années durant, a permis à Mestier-Melleray de constater que pour qu’il y ait une campagne électorale, on a une adaptation des médias pour suivre en permanence tous les moments de cette campagne. Ainsi Alain Juppé soutenu par Chaban-Delmas a vu des équipes de médias locaux le suivre constamment. Elle écrit que « La motion de campagne correspond pour les candidats et les journalistes à un accord apparemment stabilisé leur permettant de régler leurs activités pratiques. C’est une convention bien particulière qui fixe les bords de la campagne politique légitime et socialement organisée. ». Ainsi, lors de la situation de La Rochelle dans la campagne présidentielle française de 2012, les correspondants locaux ont vu leurs équipes grossirent lors de cette affaire.
Ce qu’il s’y passe est encore plus vague. Il semble avant tout qu’il faille sillonner les territoires électoraux, profiter d’un temps précis pour se présenter dans un espace précis. Dans le livre de l’ethnologue Yves Burcher, Votez tous pour moi, l’auteur suit un président de région dans ses déplacements. On enchaine une multitude de rites eux-mêmes composés de nombreux petits rites internes.

Sixième étape, l’élection elle-même qui est aussi très ritualisée. On l’a vu dans les textes d’Yves Déloye pour la France. On peut ajouter la symbolique des candidats qui votent quand bien même aux USA, le vote des candidats n’est qu’un détail.

Enfin ultime étape, l’état post-électoral, une période assez floue. C’est comme un troisième tour où les politiques luttent pour définir ce qu’il s’est passé et comment faire avec les résultats de l’élection. C’est aussi la période de recomptage des voix qui peut durer plusieurs semaines, de même que les tractations entre partis pour déterminer comment constituer le gouvernement. Ce n’est guère le cas en France, beaucoup plus aux Pays-Bas qui ont voté début octobre mais n’auront leur vrai gouvernement qu’en décembre.

2.      Les règles du jeu et le fonctionnement des marchés politiques

On peut parler d’un marché politique, comme le disent les économistes tels Schumpeter, des entrepreneurs en politiques luttent entre eux pour acquérir des parts de ce marché politique. Bourdieu préfère parler de champ politique pour qualifier les luttes entre politiciens. Cette qualification de champ se retrouve dans bien des milieux (religieux, cinématographiques, …). Les individus dans ce milieu luttent pour définir le champ et acquérir les positions dominantes de ce champ. Edelmaan pour sa part préfère prendre une vision plus sportive de ce milieu.

Il y a donc des règles de fonctionnement différentes selon les contrées, selon les tendances politiques, selon les époques aussi. Ainsi en France, on a un financement public des campagnes électorales avec quelques petits scandales qui éclatent. Aux USA, le financement est privé et a dépassé pour la première fois en 2012, le milliard de dollars dépensé par chaque candidat.

Le mode de scrutin, le système électoral modifie radicalement ce marché électoral. En France il est très régulé par le scrutin majoritaire dit nominal et à deux tours. Ainsi les deux partis majoritaires en France doivent par les deux tours négocier avec les petits partis. Aux USA, le tour unique donne une domination totale aux deux grands partis. En Allemagne, la représentativité donne une forte visibilité au parti vert.

Dernière différence majeure, la place des extrêmes. Dans certains systèmes on intègre plutôt bien les partis extrêmes dans le système politique (type Pays-Bas ou Israël pour les pays à forte représentativité proportionnelle) tandis que d’autres États les marginalise beaucoup (Belgique, France ou Allemagne).


II.                Les mutations de la compétition politique

1.      Les transformations

La principale de ces transformations c’est les modifications de la sélection partisane. Venu des USA, ce système d’élections fut repris en Italie et permit ainsi l’élection de Prodi. Repris dans d’autres pays d’Europe, la France en a bénéficié en 2011 pour le Parti Socialiste. L’élection du candidat Hollande s’est avérée gagnante pour ce parti. Ainsi les partis ont une plus grande visibilité et ces primaires sont un succès puisqu’avec 200 000 adhérents, on a eu 2 millions de votants. Ce succès donne ensuite la prolongation avec le second parti majoritaire, l’UMP.

L’accentuation de la bipolarisation a aussi eu lieu dans de nombreux pays, les gouvernements se revendiquent de gouvernements de coalition mais dans les faits, on a souvent une domination nette d’un grand parti, à l’instar du gouvernement Ayrault. On a donc surtout de grands partis avec de nombreux satellites plus ou moins indépendants.

Troisième modification, le financement des campagnes électorales. En France, cette campagne est financée publiquement à hauteur de 100 000 euros mais c’est assez faible comme budget. On a donc surtout un fonctionnement à la fois public et à la fois financé par les grands partis. Aux USA en revanche, le financement est entièrement privé.

Quatrième changement, la personnalisation de la vie politique et des campagnes qui deviennent sur-personnalisés avec des débats parfois orientés en direction d’un groupe social plus particulièrement. Cela se joue bien sur à tous les niveaux de la politique et des élections.

Cinquième transformation, les partis attrape-tout, des partis bien moins unifiés que les anciens partis. Dorénavant, les partis ne sont plus assimilés à des groupes sociaux particuliers. Ainsi Barack Obama qui est censé s’adresser aux Latinos a nommé Eva Longoria vice-présidente de sa campagne.  Cela correspond à de profondes mutations sociologiques.

Un sixième changement existe peut être mais il reste débattu, c’est le rôle des médias du type internet dans les campagnes électorales.

Ces changements sont si forts qu’ils tendent à montrer une accélération du temps politique. Ainsi les élections de 2007 semblent déjà relativement éloignées et celles de 2017 beaucoup plus proches avec les prémisses des élections primaires de l’UMP.

2.      L’élection présidentielle électorale de 2012

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