La campagne américaine, une campagne comme une autre ... mais pas la moindre.
Le
vote et les campagnes électorales
I.
Le rituel électoral
1.
Les étapes du rituel
La campagne
électorale est considérée comme un espace temps particulier. En général au sein du pays cela
prend facilement un an de préparation. Il
y a des normes très spéciales dans chaque pays lors de ses élections. Ainsi
aux USA, on a trois débats télévisés entre les deux candidats mais un seul
tour. En France, on a deux tours électifs et un seul débat entre les candidats.
La première étape
c’est la sélection partisane,
les partis sélectionnent eux-mêmes leurs candidats avec des sélectorats, ceux
qui peuvent participer à la désignation des candidats lors de primaires plus ou
moins ouvertes. Dés le départ, on a une
sous-population qui sélectionne des candidats. On élimine les candidats
trop faibles. Ainsi aux USA, on a 4 candidats indépendants hors des candidats
républicains et démocrates : le parti vert, le parti libertarien, … On a
donc une situation d’effacement de ces petits partis qui n’ont pas de machines
politiques derrière. Aujourd’hui, le
système partisan tend à confronter deux tendances principales. Ainsi, si
Coluche ou Dieudonné ont renoncé à se présenter aux élections présidentielles,
on a parfois des petits partis qui arrivent à s’imposer (Parti de Gauche, …).
Vient ensuite la
question des sondages. Ces sondages peuvent parfois être avantageux pour les
candidats et parfois est carrément néfastes (Hervé Morin en 2012 apparaissait avec 0%
d’intention de vote). Alain Lipietz, pour les Verts, fut élu en 2001 pour l’élection
présidentielle de 2002, commence sa campagne, mais n’a pas de succès. En
conséquence, ses mauvais résultats dans les sondages poussent le parti à le
faire sortir de la course à la présidentielle et le remplace par Noël Mamère.
On a donc bien cette élimination de petits candidats, parfois des
auto-limitations.
Ces sondages ne
sont pas sans effets, on en détermine trois.
L’effet horse-racing, ou course de chevaux, lorsque
les sondages donnent d’un moment à l’autre une alternance du gagnant. L’effet bandwagon,
pour sa part s’oppose à l’effet underdog. Un partie des enquêtés
suit le mouvement des sondages (effet bandwagon),
on décide de soutenir la tendance des sondages. En revanche, avec l’effet underdog, on constate qu’une partie des
électeurs voyant les faibles résultats de certains candidats décident pour diverses
raisons de voter pour ces petits partis.
Troisième étape,
avoir l’ensemble des conditions légales pour se présenter. Ainsi, on peut être élu par un
parti, avoir un programme et des soutiens mais sans les conditions légales, on
ne passe pas. En France, ces conditions ont beaucoup évolué, aujourd’hui il
faut un certain nombre de parrainages qui peut éliminer les petits partis. En
Amérique les conditions sont davantage sur la personne du candidat lui-même
(plus de 25 ans, être né sur le sol américain, …).
Dans plusieurs pays
en voie de développement, le rôle des notables n’est pas négligeable. Ceux-ci
peuvent parfois beaucoup influencer sur les résultats en engageant des fonds, des voix,
…
Le cinquième temps
concerne la campagne électorale en elle-même. La question de son point de
départ est souvent floue. Mestier-Melleray, prof de conférence à Bordeaux,
a étudié la campagne d’élection après Chaban-Delmas en 1995. Ce baron politique
qui a tenu la ville des années durant, a permis à Mestier-Melleray de constater
que pour qu’il y ait une campagne
électorale, on a une adaptation des médias pour suivre en permanence tous les
moments de cette campagne. Ainsi Alain Juppé soutenu par Chaban-Delmas a vu
des équipes de médias locaux le suivre constamment. Elle écrit que « La motion de campagne correspond pour les
candidats et les journalistes à un accord apparemment stabilisé leur permettant
de régler leurs activités pratiques. C’est une convention bien particulière qui
fixe les bords de la campagne politique légitime et socialement organisée. ».
Ainsi, lors de la situation de La Rochelle dans la campagne présidentielle
française de 2012, les correspondants locaux ont vu leurs équipes grossirent
lors de cette affaire.
Ce qu’il s’y passe
est encore plus vague. Il semble avant tout qu’il faille sillonner les
territoires électoraux, profiter d’un temps précis pour se présenter dans un
espace précis.
Dans le livre de l’ethnologue Yves Burcher, Votez tous pour moi, l’auteur suit un président de région
dans ses déplacements. On enchaine une multitude de rites eux-mêmes composés de
nombreux petits rites internes.
Sixième étape,
l’élection elle-même qui est aussi très ritualisée. On l’a vu dans les textes d’Yves Déloye
pour la France. On peut ajouter la symbolique des candidats qui votent quand
bien même aux USA, le vote des candidats n’est qu’un détail.
Enfin ultime étape,
l’état post-électoral, une période assez floue. C’est comme un troisième tour
où les politiques luttent pour définir ce qu’il s’est passé et comment faire
avec les résultats de l’élection. C’est aussi la période de recomptage des voix qui peut durer plusieurs
semaines, de même que les tractations entre partis pour déterminer comment
constituer le gouvernement. Ce n’est guère le cas en France, beaucoup plus aux
Pays-Bas qui ont voté début octobre mais n’auront leur vrai gouvernement qu’en
décembre.
2.
Les règles du jeu et le fonctionnement des marchés politiques
On peut parler d’un
marché politique,
comme le disent les économistes tels Schumpeter,
des entrepreneurs en politiques luttent
entre eux pour acquérir des parts de ce marché politique. Bourdieu préfère parler de champ politique
pour qualifier les luttes entre politiciens. Cette qualification de champ se
retrouve dans bien des milieux (religieux, cinématographiques, …). Les
individus dans ce milieu luttent pour définir le champ et acquérir les
positions dominantes de ce champ. Edelmaan pour
sa part préfère prendre une vision plus sportive de ce milieu.
Il y a donc des
règles de fonctionnement différentes selon les contrées, selon les tendances
politiques, selon les époques aussi.
Ainsi en France, on a un financement public des campagnes électorales avec
quelques petits scandales qui éclatent. Aux USA, le financement est privé et a
dépassé pour la première fois en 2012, le milliard de dollars dépensé par
chaque candidat.
Le mode de scrutin,
le système électoral modifie radicalement ce marché électoral. En France il est
très régulé par le scrutin majoritaire dit nominal et à deux tours. Ainsi les deux partis
majoritaires en France doivent par les deux tours négocier avec les petits
partis. Aux USA, le tour unique donne une domination totale aux deux grands
partis. En Allemagne, la représentativité donne une forte visibilité au parti
vert.
Dernière différence
majeure, la place des extrêmes. Dans certains systèmes on intègre plutôt bien
les partis extrêmes dans le système politique (type Pays-Bas ou Israël pour les pays à forte
représentativité proportionnelle) tandis
que d’autres États les marginalise beaucoup (Belgique, France ou
Allemagne).
II.
Les mutations de la
compétition politique
1.
Les transformations
La principale de ces
transformations c’est les modifications de la sélection partisane. Venu des USA, ce système
d’élections fut repris en Italie et permit ainsi l’élection de Prodi. Repris
dans d’autres pays d’Europe, la France en a bénéficié en 2011 pour le Parti
Socialiste. L’élection du candidat Hollande s’est avérée gagnante pour ce
parti. Ainsi les partis ont une plus grande visibilité et ces primaires sont un
succès puisqu’avec 200 000 adhérents, on a eu 2 millions de votants. Ce
succès donne ensuite la prolongation avec le second parti majoritaire, l’UMP.
L’accentuation de
la bipolarisation
a aussi eu lieu dans de nombreux pays, les gouvernements se revendiquent de
gouvernements de coalition mais dans les faits, on a souvent une domination
nette d’un grand parti, à l’instar du gouvernement Ayrault. On a donc surtout
de grands partis avec de nombreux satellites plus ou moins indépendants.
Troisième
modification, le financement des campagnes électorales. En France, cette campagne est
financée publiquement à hauteur de 100 000 euros mais c’est assez faible
comme budget. On a donc surtout un fonctionnement à la fois public et à la fois
financé par les grands partis. Aux USA en revanche, le financement est
entièrement privé.
Quatrième
changement, la personnalisation de la vie politique et des campagnes qui
deviennent sur-personnalisés
avec des débats parfois orientés en direction d’un groupe social plus
particulièrement. Cela se joue bien sur à tous les niveaux de la politique et
des élections.
Cinquième
transformation, les partis attrape-tout, des partis bien moins unifiés que les
anciens partis. Dorénavant, les partis ne sont plus assimilés à des groupes
sociaux particuliers.
Ainsi Barack Obama qui est censé s’adresser aux Latinos a nommé Eva Longoria
vice-présidente de sa campagne. Cela correspond
à de profondes mutations sociologiques.
Un sixième
changement existe peut être mais il reste débattu, c’est le rôle des médias du
type internet dans les campagnes électorales.
Ces changements
sont si forts qu’ils tendent à montrer une accélération du temps politique. Ainsi les élections de 2007
semblent déjà relativement éloignées et celles de 2017 beaucoup plus proches
avec les prémisses des élections primaires de l’UMP.
2.
L’élection présidentielle électorale de 2012
Remember.
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