dimanche 25 novembre 2012

Amérique du Sud 22 - 11 (cours 3)

 Un barrio de Caracas, coloré mais pas vraiment aisé.


La compagnie nationale pétrolière, nationalisée depuis 1976 fut intégrée au gouvernement puisque le Président de cette entreprise est aussi ministre de l’industrie. Cela facilite les transferts de fonds entre la compagnie et le gouvernement. Ce fut au profit du gouvernement avec les pics des prix du baril sur le marché, atteignant 120$ en 2008. Cette dépendance complète de l’entreprise pétrolière à l’égard du gouvernement fait que depuis cette manne, Chavez va accentuer le dédoublement des structures politiques de l’État.
Suite au coup d’État de 2002, le Venezuela veut compenser la difficulté d’avoir une emprise complète sur sa société, Fidel Castro va conseiller à Chavez de réaliser des missions. Leur lien est direct, ils s’entendent personnellement très bien. Suite à l’hospitalisation de Fidel, Raúl qui prend sa place aura un lien beaucoup plus faible avec Chavez. Fidel conseille donc ces missions pour créer par elles, des dépendances au chavisme. A partir de 2003, on a une rupture selon Colette Capriles, puisqu’on aurait un passage d’une fragilité de la version néopopuliste et autoritaire du pouvoir à celui d’un abandon complet de ce qui pouvait rester d’une culture démocratique classique. Les partisans de Chavez ne parleront pas de rupture mais bien d’approfondissement de la Révolution. Cela passe précisément par l’introduction de ses missions. Comme plusieurs régimes totalitaires, le Venezuela commence à créer, par les moutures de l’État, des structures totalitaires.
La fonction manifeste de ces missions, qui est déclarée par l’État, c’est la fonction sociale. En revanche, la fonction latente, est une fonction de propagande en vue des élections grâce à la manne financière mobilisée dans ses missions. Leur rôle social est censé compenser la redistribution partielle des pétrodollars à la population. Cela devrait être autre que de se limiter à un assistanat social. Ces missions sont de divers types, la plus importante et aussi la première, fut la mission « barrio adentro ». Cette mission s’occupe de la santé et est soutenue directement par les Cubains, puisque en échange de 100 000 barils de pétrole envoyés par jour à Cuba, l’île communiste envoie des médecins par milliers dans les barrios vénézuéliens. Cela confirme le mythe de la médecine cubaine en Amérique du Sud. En manque de médecine correcte, les Cubains sont envoyés dans les quartiers les moins dangereux. Pourtant, une grande partie de ses médecins ont profité de ces missions pour quitter directement le totalitarisme cubain. Cuba les envoie au Venezuela, ils vont faire les missions et échappent au contrôle de Cuba pour fuir vers d’autres pays. Une autre mission « Ribas » est une mission pour l’éducation secondaire et pour l’alphabétisation. Parmi les fonctions de cette mission, on trouve quelques éléments de totalitarisme, comme défendre par tous les moyens la Révolution bolivarienne dans les cours. Dans le cas où l’on quitterait les règles du pouvoir vénézuélien, celui-ci vous démet de vos fonctions. A l’inverse, en France quelques soient les époques, on a des règles émises par l’État sur les programmes scolaires, ces programmes doivent être respectés mais il est toujours permis d’ouvertement critiquer les programmes sans être inquiété. Au Venezuela, le niveau de vie des universitaires non-chavistes, voire anti-chavistes, furent réduits de manière drastique, à coté des entités publiques dont l’autonomie vis-à-vis du gouvernement est réduite à néant mais où les ressources sont beaucoup plus élevées. On trouve dans les universités chavistes des télévisions toujours allumées sur des chaînes prônant les travaux de Chavez, des piles de discours de Chavez présents en bien des endroits, … L’atmosphère de crainte qui domine dans ces universités empêche tout discours critique à l’égard de l’idéologie dominante.
Le Venezuela est le seul pays d’Amérique du Sud à avoir une décroissance démographique et une inflation entre 20% et 30%.
Il existe aussi une mission « Cultura » dont l’objectif est de défendre l’idéologie en promouvant le socialisme du XXI° siècle. Cette mission a pour but de refondre la littérature vénézuélienne dans un sens qui ne soit pas capitaliste. Il est d’ailleurs connu au Venezuela que tout livre critique ou anti-chaviste est particulièrement difficile à obtenir, certains sont presque censurés. Ainsi, la revue Tal Cual qui n’est pas alignée sur Chavez s’est vue touchée par le Gouvernement au travers d’un journaliste collaborateur de Petkoff, le journaliste le plus célèbre mais aussi le plus contestataire à l’égard de Chavez. La répression chaviste s’effectue toujours au cas par cas.
Venezuela, au-delà du mythe, Olivier Compagnon.


III.                   La lutte contre la pauvreté au Venezuela

Cheval de bataille de Chavez, la pauvreté sous ses mandats n’a pas baissée structurellement. Le souci des chiffres vénézuéliens est qu’ils passent par le Gouvernement avant d’être publiés, du coup, il est nécessaire d’avoir un regard critique sur ses nombres. Les chiffres passés par la CEPALC (Comité d’Etudes Pour l’Amérique Latine et Caraïbes : institution de l’ONU) sont souvent utilisés dans les journaux, or les chiffres employés par cette institution viennent directement du Gouvernement vénézuélien qui produit lui-même ses chiffres. La CEPALC a considéré que la pauvreté au Venezuela a diminué de 20% et l’indigence de 12%. En revanche, se méfiant des chiffres qui lui sont fournis, la CEPALC souligne que le gouvernement n’a pas atteint les chiffres souhaités en début du mandat de Chavez (à savoir l’extinction totale de la pauvreté dans le pays) et ce, malgré les bénéfices fait avec l’augmentation des prix du baril de pétrole vénézuélien.
Pour Pedro España, ses calculs révèlent qu’il y a bien une baisse de la pauvreté passant de 55% en 1998 à 45% en 2009. Mais il reste donc 13 millions de pauvres et de miséreux dans le pays. Ce qui ensuite est important, c’est la tendance avec les ressources fournit pour lutter contre la pauvreté. Les successifs booms pétroliers des années 2000, n’ont pas été réinvestis comme suite au boom pétrolier de 1973 qui a fait chuter la pauvreté du Venezuela dés l’année 1975, plus que les booms des années 2000. L’aide sociale est essentiellement composée d’assistanat.
La difficulté de mesurer cette pauvreté organisée lors des missions, vient aussi du fait que l’administration publique ne produit pas régulièrement ce genre de chiffres. De plus, l’idéologie de l’État fait que les nominations des supérieurs, nominations aldedo, sont effectuées en fonction de votre engagement idéologique.
A cela, on peut ajouter que les politiques sociales mises en place par le gouvernement sont moins efficaces que ne le dit le gouvernement. Ainsi les personnes bénéficiaires d’aides éducatives sont passées de 1,8 millions à 900 000 individus entre 2009 et 2010. Seuls 200 000 d’entre eux déclarent recevoir une bourse inférieure à 250 bolivars.

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