Un barrio de Caracas, coloré mais pas vraiment aisé.
La compagnie
nationale pétrolière, nationalisée depuis 1976
fut intégrée au gouvernement puisque le Président de cette entreprise est aussi
ministre de l’industrie.
Cela facilite les transferts de fonds
entre la compagnie et le gouvernement. Ce fut au profit du gouvernement
avec les pics des prix du baril sur le marché, atteignant 120$ en 2008. Cette dépendance complète de l’entreprise
pétrolière à l’égard du gouvernement fait que depuis cette manne, Chavez va
accentuer le dédoublement des structures politiques de l’État.
Suite au coup d’État
de 2002, le Venezuela veut compenser la
difficulté d’avoir une emprise complète sur sa société, Fidel Castro va conseiller à Chavez de réaliser des missions. Leur lien est direct, ils
s’entendent personnellement très bien. Suite à l’hospitalisation de Fidel, Raúl
qui prend sa place aura un lien beaucoup plus faible avec Chavez. Fidel
conseille donc ces missions pour créer par elles, des dépendances au chavisme. A partir de 2003,
on a une rupture selon Colette Capriles,
puisqu’on aurait un passage d’une fragilité de la version néopopuliste et
autoritaire du pouvoir à celui d’un abandon complet de ce qui pouvait
rester d’une culture démocratique classique. Les partisans de Chavez ne
parleront pas de rupture mais bien d’approfondissement de la Révolution.
Cela passe précisément par l’introduction de ses missions. Comme plusieurs
régimes totalitaires, le Venezuela commence à créer, par les moutures de l’État,
des structures totalitaires.
La fonction
manifeste de ces missions, qui est déclarée par l’État, c’est la fonction
sociale. En revanche, la fonction latente, est une fonction de propagande en
vue des élections grâce à la manne financière mobilisée dans ses missions. Leur rôle social est censé compenser la redistribution partielle des
pétrodollars à la population. Cela devrait être autre que de se limiter à un
assistanat social. Ces missions sont de divers types, la plus importante et
aussi la première, fut la mission « barrio
adentro ». Cette mission s’occupe de la santé et est soutenue
directement par les Cubains, puisque en échange de 100 000 barils de
pétrole envoyés par jour à Cuba, l’île communiste envoie des médecins par
milliers dans les barrios vénézuéliens.
Cela confirme le mythe de la médecine cubaine en Amérique du Sud. En manque de
médecine correcte, les Cubains sont envoyés dans les quartiers les moins
dangereux. Pourtant, une grande partie de ses médecins ont profité de ces
missions pour quitter directement le totalitarisme cubain. Cuba les envoie au
Venezuela, ils vont faire les missions et échappent au contrôle de Cuba pour
fuir vers d’autres pays. Une autre
mission « Ribas » est une
mission pour l’éducation secondaire et pour l’alphabétisation. Parmi les fonctions de cette mission, on
trouve quelques éléments de totalitarisme, comme défendre par tous les
moyens la Révolution bolivarienne dans les cours. Dans le cas où l’on
quitterait les règles du pouvoir vénézuélien, celui-ci vous démet de vos fonctions.
A l’inverse, en France quelques soient les époques, on a des règles émises par
l’État sur les programmes scolaires, ces programmes doivent être respectés mais
il est toujours permis d’ouvertement critiquer les programmes sans être
inquiété. Au Venezuela, le niveau de vie des universitaires non-chavistes,
voire anti-chavistes, furent réduits de manière drastique, à coté des entités
publiques dont l’autonomie vis-à-vis du gouvernement est réduite à néant mais
où les ressources sont beaucoup plus élevées. On trouve dans les universités
chavistes des télévisions toujours allumées sur des chaînes prônant les travaux
de Chavez, des piles de discours de Chavez présents en bien des endroits, … L’atmosphère de crainte qui domine dans ces
universités empêche tout discours critique à l’égard de l’idéologie dominante.
Le
Venezuela est le seul pays d’Amérique du Sud à avoir une décroissance
démographique et une inflation entre 20% et 30%.
Il existe aussi une
mission « Cultura » dont l’objectif est de défendre l’idéologie en
promouvant le socialisme du XXI° siècle. Cette
mission a pour but de refondre la littérature vénézuélienne dans un sens qui ne
soit pas capitaliste. Il est d’ailleurs connu au Venezuela que tout livre
critique ou anti-chaviste est particulièrement difficile à obtenir, certains
sont presque censurés. Ainsi, la revue Tal
Cual qui n’est pas alignée sur Chavez s’est vue touchée par le
Gouvernement au travers d’un journaliste collaborateur de Petkoff, le journaliste le plus célèbre mais aussi
le plus contestataire à l’égard de Chavez. La
répression chaviste s’effectue toujours au cas par cas.
Venezuela,
au-delà du mythe,
Olivier Compagnon.
III.
La lutte contre la pauvreté
au Venezuela
Cheval de bataille
de Chavez, la pauvreté sous ses mandats n’a pas baissée structurellement. Le
souci des chiffres vénézuéliens est qu’ils passent par le Gouvernement avant
d’être publiés, du coup, il est nécessaire d’avoir un regard critique sur ses
nombres. Les
chiffres passés par la CEPALC (Comité d’Etudes Pour l’Amérique Latine et
Caraïbes : institution de l’ONU) sont souvent utilisés dans les journaux,
or les chiffres employés par cette institution viennent directement du
Gouvernement vénézuélien qui produit lui-même ses chiffres. La CEPALC a
considéré que la pauvreté au Venezuela a diminué de 20% et l’indigence de 12%.
En revanche, se méfiant des chiffres qui lui sont fournis, la CEPALC souligne que le gouvernement n’a pas atteint les chiffres
souhaités en début du mandat de Chavez (à
savoir l’extinction totale de la pauvreté dans le pays) et ce, malgré les
bénéfices fait avec l’augmentation des prix du baril de pétrole vénézuélien.
Pour Pedro España, ses calculs révèlent qu’il y a bien
une baisse de la pauvreté passant de 55% en 1998
à 45% en 2009. Mais il reste donc 13
millions de pauvres et de miséreux dans le pays. Ce qui ensuite est important,
c’est la tendance avec les ressources fournit pour lutter contre la pauvreté. Les successifs booms pétroliers des années 2000, n’ont pas été réinvestis comme suite
au boom pétrolier de 1973 qui a fait chuter
la pauvreté du Venezuela dés l’année 1975,
plus que les booms des années 2000. L’aide
sociale est essentiellement composée d’assistanat.
La
difficulté de mesurer cette pauvreté organisée lors des missions, vient aussi
du fait que l’administration publique ne produit pas régulièrement ce genre de
chiffres. De plus, l’idéologie de l’État fait que les nominations des
supérieurs, nominations aldedo, sont effectuées en fonction de votre engagement
idéologique.
A cela, on peut
ajouter que les politiques sociales mises en place par le gouvernement sont
moins efficaces que ne le dit le gouvernement. Ainsi les personnes
bénéficiaires d’aides éducatives sont passées de 1,8 millions à 900 000
individus entre 2009 et 2010. Seuls
200 000 d’entre eux déclarent recevoir une bourse inférieure à 250
bolivars.
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