Le parallèle avec Obama est douteux, en revanche le slogan illustre bien la volonté d'Hitler
Cicéron
déclarait qu’un individu sait qu’un jour il mourra. Au départ, on le sait de manière
intellectuelle puis un peu plus concrète avec la vieillesse, on peut alors se
donner la mort volontairement. En
revanche, pour une société, il n’y a pas moyen de mourir, celle-ci veut
survivre éternellement. C’est là, la différence fondamentale entre l’individu
et la société. Une société qui se sent mourir, cela est impensable. Les
Allemands se retrouvent dans cette situation, ils pensaient que leur société
allait mourir. Ils cherchent donc un salut, un moyen de s’en sortir pour ne pas
être phagocytés par ses voisins. A
partir de là, l’idée de la disparition de leur société devient insupportable
pour les Allemands, ils sont prêts à tout pour mettre fin à cette situation, à désespérément raccrocher à la vie leur société.
Une des phrases courantes de l’époque était « Il faut que quelque chose arrive », la situation n’est plus
tenable. Pierre Gaxotte, un historien,
explique qu’un peuple qui coule s’accroche à un serpent. L’homme
individuellement est prêt à mourir pour son idéal, sa famille, … Un peuple en
revanche va s’accrocher à ce qu’il peut, à un « serpent », à une
chimère. Hitler sera ce à quoi le peuple allemand va se raccrocher pour vivre à
tout prix.
Hitler
est donc un jeune homme en Autriche. Il reçoit un héritage familial qu’il
dilapide rapidement. A cela, il échoue à tous ses concours et notamment son rêve, celui des
Beaux-Arts de Vienne. N’ayant rien pour survivre, il fait des petits boulots en
vendant des dessins, des cartes postales dans la rue. Hitler semble avoir eu un énorme complexe de supériorité qui tranche
avec sa situation réelle. L’esprit et le caractère d’Hitler était un véritable décalque
de l’esprit allemand : complexe de supériorité et situation réelle d’échec.
L’idée de grandeur et la honte devant une série d’échec développe un sentiment
d’aigreur et de haine.
Heureusement pour
lui, Hitler avait plusieurs talents, et en premier lieu un talent d’orateur
formidable. Engagé dans l’armée en 1914 – 1918,
Hitler se bat coté allemand et y prend un plaisir formidable. Mais la guerre terminée, il se
sent démuni et ne sait plus quoi faire. Il n’est pas le seul de ces soldats à
ne pas savoir quoi faire. Ne sachant quoi faire, il devient instructeur dans l’armée, c'est-à-dire qu’il est chargé d’enquêter
au sein de l’armée. Un jour, il est chargé d’enquêter sur un parti bavarois
sécessionniste. Dans l’Allemagne de Weimar qui est très fédérale, ce genre
de partis qui veut quitter le pays est assez classique. Hitler s’y inscrit et
rapporte ses constats à ses supérieurs. Hitler
est si doué dans ce double-jeu qu’il devient chef du parti National-Socialiste
dont il reprend le nom. Il devient le leader d’une pratique d’entrisme
(entrer dans un groupe et le subvertir de l’intérieur). Il va alors tenter de faire un coup d’État, sans succès. Il est arrêté
et envoyé dans la forteresse de Landsberg où il continue à subvertir ses
compagnons de cellule et les gardiens. Lorsqu’il arrive à son procès, il fait
des discours si enflammés qu’il convainc les juges. Mauvais étudiant, mauvais écrivains ou mauvais penseur, c’est un des meilleurs
orateurs de son époque. Ce talent doublé de sa foi en son étoile ainsi qu’un
caractère représentatif de l’État allemand, va faire de lui un acteur
primordial.
Il se met à lire
les travaux pour convaincre et persuader les foules de Gustave Le Bon. Hitler
va donc développer les thèmes déjà présents depuis des siècles en ajoutant des
nouveautés avec les sciences récentes.
Il va alors faire le parcours ordinaire d’un homme de la vie politique. Il
commence par réunir une dizaine de personnes puis fait des réunions de plus en
plus importantes. Son échec du coup d’État lui a appris beaucoup. Il conserve un mépris des moyens utilisés
pour atteindre ses buts. Tromper la foule ne lui était d’aucune importance. Il
sait dés le départ que dés qu’il aura le pouvoir, il supprimera la démocratie.
Comme Lénine, il défend le suffrage universel pour ensuite le nier. Après son
élection, Hitler n’organisera que des plébiscites (3 seulement) ce qui n’est
pas un référendum. Ce parti National-Socialiste, Hitler va lui faire gravir les
échelons en faisant croître son nombre de députés assez rapidement (1928 : 12
députés ; 1930 : 107 députés ;1932 : 230 députés). Tout en
vilipendant la démocratie, il passe par celle-ci pour atteindre ses buts.
Voyant le nombre de députés qu’il a obtenu, le Président Hindenburg ne peut
plus le repousser et le nomme chancelier.
Ce qui reste une
question, c’est que ne cachant rien de ses projets, Hitler a tout de même reçu
la fidélité massive du peuple allemand. Mein
Kampf qui est publié durant les campagnes, se propage à une vitesse
fulgurante et
contient toutes les idées d’Hitler (tuer les avariés, forcer les femmes à avoir
5 enfants, …). Le dernier chapitre de Mein
Kampf était si sardonique que n’importe qui aurait compris que ce livre
n’était pas à répandre. Et pourtant cela fit très facilement. L’opinion est restée
froide face à cet ouvrage. En effet, les lecteurs lui donnèrent le pouvoir et
lui assurèrent des plébiscites qui, même si les urnes étaient bourrées, possédaient
de fort taux participatifs. La mise en
application de ces thèses ne choqua pas plus : meurtre des opposants
politiques, assassinats des voisinages, … Il semble y avoir eu une complicité
entre Hitler et le peuple, peuple pourtant très instruit. Ce pays rompu au
droit politique qui avait inventé le fédéralisme, qui possédait de nombreuses
universités, de multiples philosophes, écrivains et musiciens, un pays où tout
se sait d’un bout à l’autre.
L’explication de
cet accord entre le peuple et Hitler tient à plusieurs choses. D’une part,
Hitler met en application les idées dominantes d’extermination et d’antisémitisme
qui sont intégrés au sentiment national, ce qui empêche de se révolter contre. De
plus, ces projets sont si ahurissants que le peuple allemand n’y croyait pas. Allemands
et Européens trouvaient absurdes de prôner une extermination et en même temps c’était
une pensée courante.
Le réel désespoir
du peuple allemand a probablement joué aussi. Persuadé de la corruption de la démocratie de l’Allemagne
de Weimar les Allemands ont appelés la dictature, convaincu des méfaits de la
liberté ils se sont soumis à un führer,
surs des intrigues des juifs et de leur dangerosité il a accepté l’ouverture
des camps. Cette capacité à accepter de se mettre sous la coupe d’un dictateur
est un fait qui existe depuis longtemps : Le Princeps romain en est un bon exemple.
Même pour Hitler,
lorsqu’il mettait en pratique des mesures impopulaires ou bien trop choquantes,
celui-ci cachait les faits où bien les encadrait de manière très stricte. Il y
avait des résistants aux actes du nazisme. Lorsqu’il installe l’eugénisme, Hitler sait que
cela fut condamné par Pie XI en 1911, les évêques de l’époque se sont donc
élevés en chair contre cette pratique, ce qui implique toute l’Eglise
elle-même. Ils écrivirent des libelles pour qu’on ne tue pas les malades
mentaux ce qui poussa Hitler à déclarer qu’il arrêtait les mesures eugénistes.
En réalité, il l’a mieux caché. Hitler n’a pas arrêté les évêques
protestataires ce qui prouve qu’il redoutait l’opinion internationale. De plus,
à l’époque, il y avait aussi des intellectuels contre le nazisme (le mouvement
Bauhaus, l’ordolibéralisme, Hannah Arendt, …) qui ont préféré s’exiler.
L’extermination
elle-même fut au départ dirigée non pas contre les Juifs mais contre les individus
malsains. L’obsession de la pureté dans le nazisme est évidente. Hitler voulait
éviter la contamination, assurer la pureté du sang. Hitler redoutait la syphilis et
se lavait très régulièrement les mains. On commence donc par éliminer les
malades et on instaure un système de planification des naissances pour
améliorer la race. Félicité par les
mouvements eugénistes américains et européens, Hitler y voit une soupape pour
aller plus avant dans son projet. Au nom de la nécessité, on promet qu’on
va braver les scrupules. Les individus qui entraient dans la catégorie des
incurables étaient fichés et une commission décidait de leur sort : la vie
ou la « délivrance ». L’opinion y fut préparée.
Ensuite on a
réfléchit à l’élimination des malades sociaux, qui avait des problèmes pour
vivre en société. Puis on réfléchit aux alcooliques, aux malades mentaux (pas
forcément handicapés), …
On affiche donc des listes avec des nombres, ce qui bien entendu renforce le
reproche qu’on fait à ces individus. Le pire étant que les médecins eux-mêmes
se mettent à ce jeu. Au départ on tue les malades par piqûres et pour aller
plus vite, on décide de les asphyxier avec des oxydes de carbone. On fait la
liste des coupables qui passe d’une liste précise à une liste de ceux dont on
ne veut plus. Les boucs émissaires sont
de plus en plus nombreux au fur et à mesure que les peuples disparaissent. Cela
va si loin qu’Hitler décide avant son suicide de mettre à mort les Allemands
ayant un souci pulmonaire. Des mois après la fin de la guerre, on
découvrait encore des instituts qui continuaient à tuer pour achever les bonnes
actions d’Hitler. Les centres d’euthanasie étaient persuadés d’agir pour le
bien de l’humanité. En 1941, on installe des camps d’extermination pour
détruire les élites des pays voisins (officiers polonais, russes, races
indésirables : Juifs, Tsiganes, Asiatiques). Le massacre des Juifs était
un prolongement de l’euthanasie. C’est
un déploiement barbare de la pureté qui ne sait plus où s’arrêter. On a parlé
de délivrance puis de nettoyage et d’assainissement. On prévoyait la
stérilisation du peuple russe.
En même temps, l’État
se fit totalitaire,
la démocratie fut supprimée rapidement avec l’incendie du Reichstag,
probablement une œuvre nazie mais ceux-ci dénoncèrent des communistes. On installe
ensuite la GESTAPO, on censure puis on interdit les partis d’opposition, on
supprime des sciences, on en surveille d’autres et les intellectuels émigrent, …
Bref on retrouve des aspects analogues aux évènements russes.
Le
socialisme
Quand on parle du
socialisme, on commence par le différencier du communisme. Le socialisme se voit souvent
accolé le terme « libéral », pour mieux être différencié du
communisme. Le communisme est un socialisme réel, concrétisé. D’où le gros
souci du socialisme qui serait un communisme incomplet.
Le socialisme est
clairement une branche du marxisme mais qui se sépare du soviétisme russe.
C’est donc une pensée paradoxale qui a des soucis sur le plan de la réalisation
politique. Paradoxale car les socialistes sont des démocrates mais restent liés
à l’idéal révolutionnaire. Ce socialisme libéral pose une question
complexe : peut-on réunir le marxisme et la démocratie ? Les socialistes ne veulent
récuser ni l’un ni l’autre. Au fur et à mesure que l’histoire passe, toutes les
Révolutions inspirées du marxisme finissent dans la Terreur. Les Socialistes
réfléchissent donc à une Révolution prolétarienne qui ne s’achèverait pas sur
la Terreur. Le but est donc d’organiser un courant qui décrédibilise le lien
entre Marxisme et Terreur, pour mieux lier le Marxisme à la démocratie.
Le socialisme est
plus vieux que Marx. Cette pensée traduit deux sentiments : une nostalgie
et une utopie. Cette utopie, dont la racine hésite
encore entre « sans lieu » (utopos) ou « bon lieu »
(eutopos), est celle une société
égalitaire tout en se idéalisant les combats égalitaires historiques qu’ils
furent politiques ou guerriers (Gracques et Spartacus). C’est encore le combat
des pauvres contre les riches dans lequel on trouve des intellectuels qui
soutiennent les humiliés. Il faut
détruire la société pour en instaurer une autre plus juste. C’est une utopie
car cela ne se réalise jamais véritablement, en même temps, trop de rationalité
amène peu d’innovation. Les utopies sont des tentatives mort-nées qui
veulent transformer le monde. Dans le cas du socialisme il faut supprimer les
inégalités.
La nostalgie du
socialisme s’exprime au travers du regret de la communauté traditionnelle du XVIII° siècle et du
XIX° siècle.
L’âge industriel a individualisé les sociétés, brisé les communautés rurales. La solidarité des communautés rurales a
périclité. Le socialisme remet en
cause l’individualisme qu’on retrouve dans le capitalisme et dans la
bourgeoisie. Les solidarités naturelles furent remplacées par des contrats.
Ces solidarités naturelles sont en fait des sortes de dettes qu’on acquiert
intrinsèquement dans son esprit sans le savoir (la relation avec la famille par
exemple). Cette nostalgie de la
communauté pousse le socialisme à devenir un étatisme. En effet, voulant
reconstruire des solidarités naturelles, le socialisme va devoir assurer une
sécurité à chacun. Dans le socialisme, c’est donc l’Etat qui instaure les
solidarités disparues, c’est le cas typique de l’Etat providence. Et pourtant
des courants socialistes sont hostiles à l’étatisme souhaitant retrouver des
petits groupes organisés autour de contrats propres. C’est le socialisme
autogestionnaire que Michel Rocard représente en France.
La nostalgie et
l’utopie ne s’excluent pas l’une et l’autre. La nostalgie des situations
anciennes alimente l’utopie
« Regardez, ça s’est passé comme ça
avant ». Le socialisme est une
révolte contre la société présente, contre la réalité sociale. Pourtant au
départ, le socialisme n’est pas tant un réformisme qu’une stratégie de
Révolution. Le réformiste est une Révolution lente à coups de projets, qui
ne change pas radicalement la nature des choses. La stratégie révolutionnaire
est une stratégie de rupture qui doit fondamentalement changer les choses. En
France, le socialisme fut révolutionnaire jusqu’en 1984.
Au XX° siècle, le socialisme fut une branche du ??? qui a avorté. Au tout début du siècle, le socialisme
rompt avec le marxisme et va progressivement être de moins en moins
révolutionnaire et de plus en plus réformiste pour s’achever en 1984. La
raison de ce changement est simple : les socialistes ont eu peur du sang
en voyant les autres Révolutions sous leurs yeux (URSS, Cuba, Vietnam,
Cambodge, Albanie, …). Ils préfèrent donc revenir en arrière en quittant l’idée
révolutionnaire et sa Terreur, pour devenir réformiste. Ce refus de la Terreur
implique donc un abandon de la pensée socialiste.
Marx
s’est inspiré du socialisme mais a eu le talent de séparer le socialisme du
romantisme. Cette pensée structurée a révélé le socialisme à lui-même. Tous
avaient en commun ce lien d’égalitarisme et Marx leur a donné un bras armé, la
rationalité qui manquait au socialisme. En revanche, cela a aussi retiré aux
socialistes le souci éthique, celui de fermer les yeux face au sang.
Au début du XX° siècle, marxistes et socialistes
étaient confondus, agissaient sous la même étiquette. Beaucoup de courants
existaient et tous se retrouvaient sous cette même bannière grâce à un point
central : la volonté d’égalité. C’est de la loin leur valeur la plus
importante, celle qui guide leur réflexion.
Lorsque les
socialistes parlent d’égalité ils ne parlent pas que d’égalité des chances.
L’égalité des chances est intrinsèque à la démocratie, nous devons avoir au départ
autant de chance que notre voisin. Ensuite,
toutes ses chances, nous en faisons ce qu’il nous plaît. Les inégalités qui se développent par la suite sont des inégalités
normales selon les démocrates. Pour les socialistes, il faut une égalité des
chances mais aussi une égalité des situations. Walras
démontre la distinction des deux. Les socialistes passent donc d’un désir
d’égalité à un désir de nivellement. Le socialisme agraire voudrait une
solidarité générale, le socialisme prolétaire veut niveler par l’Etat, … Peu
importe qu’on use de l’amour ou de la crainte, d’une manière générale on est
égalitaire. Ce caractère s’est atténué au XX°
siècle mais reste vivace. Les pays véritablement socialistes qui existent
aujourd’hui semblent, pour la prof, être les pays scandinaves qui sont
capitalistes mais socialistes.
Pourquoi
alors réfléchir en termes de Révolution ? Pour convaincre les gens de
donner à tous les enfants les mêmes chances, c’est simple, mais pour les convaincre
de poser des impôts plus lourds à ceux qui gagnent plus par leur mérite, là c’est
beaucoup plus difficile. Dans toutes les
sociétés on a des hiérarchies (riches et pauvres, doués et maladroits, …),
cette hiérarchie s’organise naturellement. Pour égaliser les situations, il
faut forcer la nature et aller contre ces hiérarchies naturelles. Pour lutter
contre ces hiérarchies, il faut commencer alors par un pouvoir fort. Lorsque
les Norvégiens ont quitté leur royauté extrême pour s’installer en Islande où
ils voulaient une société sans hiérarchie, ils ont fini par en instaurer une. Le socialisme réclame la Révolution pour
aller à l’encontre de l’inégalité naturelle. Or cette révolution réclame soit
la Terreur, soit la vertu. Le souci est que la vertu semble impossible mais en
même temps, le socialisme rejette la Terreur qui est impensable. Il faut faire
une Révolution mais sans ces deux options.
L’histoire
du socialisme ne peut donc se comprendre qu’à travers l’histoire du
bolchévisme.
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