Les coolies chinois en Amérique ont permis la construction des voies ferrés ...
Entre autres.
Entre autres.
III.
La seconde guerre
de l’opium : 1857 - 1860
1.
Le conflit et son règlement
Marie Claire Bergère
sur Shanghai. Après le traité de Nantin,
les Occidentaux poursuivent leur entrée dans l’Orient. Ainsi les Chinois en
1856 arrête une jonque sous pavillon anglais
qui se révèle faire de la contrebande. Prétextant qu’on leur a volé un bateau,
les Anglais réattaquent la Chine dés 1857
avec un corps expéditionnaire anglo-français à Canton. De plus, au Nord sur la
ville de Tiansin près de Pékin, les deux nations se combattent. Finalement en 1858
est signé le traité de Tiansin qui fait ouvrir dix grandes villes en Chine, crée
des consulats à Pékin même (d’abord consulats Anglais et Français, puis les
autres pays), le gouvernement de Pékin
doit aussi reconnaître l’opium importé, …
Mais les
affrontements continuent et se poursuivent surtout avec les Anglais et les
Français. En 1860, un corps expéditionnaire
de 20 000 hommes anglais et français entre à Pékin et saccage le Palais d’Eté.
Suite à cette humiliation, la Chine signe le traité de Pékin où elle perd
encore plus. Les
Anglais et les Français obtiennent des ambassades permanentes à Pékin, l’ouverture
des ports ouverts à tous les étrangers pour qu’ils puissent y habiter. C’est
aussi l’acquisition de Kowloon (territoires au Nord de Taiwan détenus par les
Anglais). L’île de Shamian collée à Canton est dédiée aux étrangers uniquement.
La Chine est perdante, donc elle doit payer 16 millions de yuans qu’elle n’a
pas les moyens de donner. Les textiles occidentaux doivent être libres de droit
de douanes. Enfin, les Occidentaux peuvent circuler librement sur tout le
réseau fluvial chinois.
2.
Les conséquences immédiates
Deux ensembles de
conséquences découlent de ces traités. D’une part cela accentue la présence
occidentale en Chine, notamment par le développement de concessions urbaines
pour les étrangers.
Les habitants occidentaux sont dans un régime de lois mixtes la plupart du
temps. Une concession anglaise est ouverte à Tiansin en 1860, un agrandissement de la concession de Shanghai en 1861, une concession anglaise et française à
Canton en 1861, …
D’autre part, les
Occidentaux ont les mains libres pour développer d’autres trafics que l’opium,
en particulier celui des coolies.
Un coolie est un travailleur chinois
essentiellement originaire de Guangdong et Fujian à qui on fait signer un
contrat d’engagement volontaire. Les conditions étant très rudes (12h de
travail par jour, renoncement aux libertés, …) les Chinois les associent souvent à des esclaves comme leur nom l’indique
qui vient du chinois « Travailleur de force » ou « Homme de
peine ». Ce trafic existait déjà mais s’est lourdement accentué dans les années 1860. Leurs
destinations étaient surtout l’Asie, mais dans les esprits, on les voit surtout
partir pour les Amériques (construction de chemins de fer transcontinentaux
aux USA, mineurs en Californie, au Pérou ou au Brésil, …). Dans les premiers
temps, ils furent admis et intégrés aux populations américaines. Mais dans les années 1870, les USA connaissent une dépression
économique qui fait stagner la valeur de l’or. Des grèves des ouvriers
américains se multiplient, les syndicats connaissent un essor, … Les Chinois
sont payés pour effectuer des missions durant ces grèves (d’où certainement le
nom « Les Jaunes » pour les briseurs de grève). On a donc des
pogroms, des crimes et des assassinats envers les Chinois qui abouti en 1882, le congrès rédige le Chinese Exclusion Act. Dés
les années 1890 – 1900, ces Chinois d’Amérique
font des retours dans leur pays. Ce ne sera que vers 1910 – 1930 que les populations chinoises repartiront depuis
la Chine vers le Sud-Est asiatique (Singapour, Malaka, …).
Durant cette
période, les Chinois réalisent qu’ils sont une semi-colonie de l’Occident. Cela
entretient un sentiment d’humiliation d’une culture du pays bafouée par l’Occident.
Eux qui se considéraient comme l’Empire du Milieu sont pris de cour par les Occidentaux.
Ces conflits vont
aussi créer une crise économique sans précédent en Chine. Mais ce n’est pas l’époque
de la naissance d’un nationalisme chinois, ce sont plus des idées sous forme
nébuleuse dont la seule évidence est qu’il faut défendre son pays. Sans être déterministe, on peut
tout de même souligner que c’est à Canton, ville écrasée par les Occidentaux et
dominé par ceux-ci, qu’on verra naître Sun-Yat-Sen,
le grand réformateur chinois.
Les actuels lotissement de la communauté Hakka, communauté propice aux secrets
et partenaire du mouvement Taiping.
et partenaire du mouvement Taiping.
La
première explosion sociale et la première politisation des campagnes :
La
révolte des Taiping
D’autres épisodes
furent tout aussi marquants, comme la révolte des Boxeurs, mais la notre nous
permet de découvrir la première politisation des campagnes. Cet évènement
illustre la complexité de l’Occident pour les Chinois qui sont fortement influencé par
cette région du monde, l’admire et en même temps ont un sentiment profond de
répulsion à l’égard de cette région du monde. Cela est toujours présent aujourd’hui
puisque la politisation de la Chine est en partie née de l’Occident. Ces idées
n’ont pas été produites par les Chinois mais viennent souvent partiellement d’Occident.
I.
Les causes
Les causes s’enracinent
dans un mécontentement plus large concernant les facteurs sociaux. Ainsi dans
les années 1850 – 1878, on a énormément de
révoltes liées à la misère
lors de la fin de la dynastie des Qin. En particulier, on a la révolte des
Taiping. Hong
Xiuquan (1813 – 1864) originaire du Canton, est à l’origine de
cette révolte.
Une des causes de
la révolte des Taiping est l’existence de nombreuses sociétés secrètes dans la
région de Canton et celle du Guangdong. En effet, plusieurs d’entre elles sont en
lutte contre les Mandchous dés le XVII° siècle,
car les Mandchous ont écrasé les Ming et les partisans des Ming se seraient
installés dans ces régions. De plus, ces deux régions sont en lutte contre la
piraterie endémique de la zone. Ces triades ont donc plusieurs racines dans ces
deux régions.
Les guerres de l’opium
sont aussi une cause de ces révoltes puisque des mercenaires armés vont se
mobiliser contre les Français et les Anglais puis une fois démobilisés, vont se
convertir dans le grand banditisme ou dans les Tingfei (bandits de bateaux).
On peut rajouter la
spoliation des terres avec Pékin qui envoie des colons aventureux dans ces
régions pour cultiver des terres en lieu et place des indigènes. Ceux qui ne
peuvent pas lutter se réfugient dans les montagnes en attendant de pouvoir se
refaire.
Les minorités sont
aussi un problème. Les Hakkas
sont un groupe ethnique qui au cours des siècles a été repoussé dans le Fujian.
Leur migration les a poussé à développer
des structures mafieuses pour se protéger dans les nouvelles contrées où ils
arrivaient par groupe de 1000 personnes parfois. Ainsi les bâtiments hakkas
actuels sont des HLM circulaires avec 4 portes gardées et des fenêtres ouvertes
juste sur une cour intérieure. Cette
culture de l’autodéfense et de la protection tend la main aux associations
armées, …
II.
Les leaders
Mr.
Hong est issu d’une famille pauvre, a échoué de nombreuses fois aux concours
mandarinaux mais va innover par la suite.
1.
La rencontre avec les Protestants
Dans sa jeunesse, il
habitait une région de concessions et a donc pu rencontrer de nombreux
étrangers venus d’Occident et issus de tous milieux. Il a notamment rencontré deux
Protestants : un disciple et son grand maître luthérien anglais, Robert Morrison, qui a rédigé un dictionnaire chinois-anglais avec
de nombreuses références à la Bible dans un but de conversion des Chinois. La
Bible fut traduite en chinois tout en insérant quelques notions de cultures chinoises.
Le disciple rencontré se nomme Liang Afa, il a dans son esprit une Chine sur le
déclin politique et moral. Les choix possibles sont se sauver ou être damné.
Liang parle surtout d’un royaume de Dieu avec un messie en charge de sauver les
hommes.
C’est par eux que Hong Xiuquan va en être fortement imprégné. Il
pense qu’il va monter au ciel, estime qu’il a un rôle a joué, … Cela est renforcé par ses échecs
successifs et répétés aux concours mandarinaux.
2.
La guerre de l’opium
La conjoncture des
guerres de l’opium va lui donner un terrain d’entraînement en formant à Canton
une milice armée contre les Anglais.
Il se déclare alors le second fils de Dieu, frère chinois de Jésus. Il est imprégné de toutes les influences
historiques chinoises (confucianisme, taoïsme, bouddhisme, …) ainsi que des
éléments du christianisme qui l’intéresse hautement.
3.
Les actions auprès des hakkas
Il rejoint un
cousin hakka et développe chez les Hakkas ses théories des Occidentaux
envahisseurs qu’il faut repousser. Le terrain hakka lui est favorable et il va
se faire un allié fort, son bras droit : Mr.
Yang qui donne au mouvement son organisation militaire, …
III.
Les valeurs et l’organisation
du mouvement
1.
Les débuts de l’organisation : une longue marche
Quittant la région
des Hakkas et de Guilin, le mouvement comptait 20 000 personnes.
Dorénavant, le mouvement se donne pour nom le « Royaume céleste de la
grande paix », Taiping.
Dans ce groupe on trouve des
travailleurs ruraux, des employés des Ming, … Ils sont très persuasifs puisque
des tonnes d’individus vendent leurs propriétés et rejoignent le mouvement.
Le
mouvement se dirige vers Nankin, ancienne capitale impériale. Ils ont une organisation militaire en cas d’attaques
mais aussi comme but persuasif pour certaines populations (la ville de
Wuchang dans le Hubei sera rasée par cette armée). Arrivant à Changsha, dans le
Hunan, ils sont 120 000.
Arrivés à Nankin,
ils s’y installent, décrète la ville capitale céleste et sont au nombre de 2
millions un an après avoir quitté Guilin.
La vie politique en
Chine se caractérise par son aspect ambulatoire, il faut se présenter auprès
des populations et conquérir physiquement le territoire et marquer où l’on
passe.
2.
Créer un nouveau monde social
Dans l’organisation
des Taiping, l’unité de base, ce sont les familles. Une famille équivaut à 25
anciennes familles paysannes regroupées dans une unité dirigée par un sergent.
L’individu n’existe pas dans ce système qui évoque énormément Fourrier et ses
phalanstères. Cela reprend en fait
surtout les agglutinats de fratrie dans les minorités de Chine (Hakkas, …).
Au-dessus du sergent, on a une unité militaire en charge de la population
civile.
Au
sommet on trouve Hong et Yang qui vont se disputer la place ultime.
3.
Leurs valeurs
Leur mode de vie
doit être très puritain avec interdiction des drogues (opium, vin, tabac, …). Ils préconisent la séparation des sexes
où les femmes ont un minuscule avantage à l’époque avec l’arrêt des pieds
bandés chez certaines minorités. Ils ont
des systèmes militaires organisés.
On prône dans ces
sociétés des valeurs égalitaristes et fraternelles (les hommes sont égaux devant
Dieu, disparition de la propriété collective, une haine des mandarins très
forte, …). En Chine, le monde des ruraux et celui des urbains sont totalement
opposés en agissent de manière irréconciliable. Un très fort discours nationaliste est prôné, le pays doit retrouver sa
fierté contre l’envahisseur occidental. Ce discours donne enfin un premier
aspect d’un nationalisme chinois.
La fin de ce rêve
se fait militairement lors de leur montée sur Pékin. Ils ne prendront jamais
Pékin, de gros
affrontements se dérouleront à proximité. Mais en pleine guerre de l’opium, ce
sont les Anglais qui vont en profiter en faisant venir des contingents indiens
et qui avec l’aide des forces chinoises vont tirer sur les Taiping de Shanghai,
de Ningbo ainsi qu’effectuer une opération de ceinture autour de Pékin pour
protéger la ville.
Ce mouvement a
beaucoup séduit la paysannerie de par son utopie sociale. Les Chinois vont
avoir souvent en l’esprit cette conception de l’utopie et en quelque sorte,
cela va se retrouver dans les autres pensées politiques. Malgré les maladresses
importantes de ce mouvement (organisation difficile, administration difficile à
établir aussi, …) et avec le cumul des oppositions (en particulier des élites
urbaines), l’innovation politique reste
de leur coté. Ce sont eux qui ont posé à leur époque les problèmes qui un
siècle plus tard ne seront toujours pas réglés (question agraire, création
de forces régionales, envisager une modernisation puisée partiellement en
Occident, inventer une propagande, création d’un embryon d’Etat, …). Un des paradoxes de ce mouvement, et qui le
fit chuter, fut aussi la reprise d’idées occidentales tout en prônant l’ennemi
venu de l’Ouest.
La Taipei 101, monter toujours plus haut, une conception plutôt occidentale
L’occidentalisation
Fin
XIX° siècle, la Chine s’est occidentalisée
dans l’idée de moderniser le pays et ensuite de moderniser l’Etat. Ce sont eux qui vont préconiser
de développer les transports, traduire les romans occidentaux, … Cependant, la politique de la dernière
impératrice Cixi va casser cet élan en
déclenchant au contraire des courants xénophobes.
Cela
n’a rien à voir avec les mouvements en parallèle du Japon avec la bataille de
Shimonoseki où les grands princes tombent devant l’empereur. Ce dernier va
alors agir dans un sens d’occidentalisation qui ne sera pas interrompu comme en
Chine.
En Chine, la
particularité reste encore que l’occidentalisation se fera par la population et
non plus l’Etat :
Canton avec les Français, Shanghai où les concessions ont développé un mode de
vie à l’occidental. Dire que la Chine
est passée directement du système impérial à un système nationaliste militaire
puis au communisme sans être influencer par l’Occident est faux. Bien au
contraire, l’occidentalisation a longtemps continué mais le premier communisme a
mis un frein à ce mouvement.
Cf
Gernet, Le monde chinois, pages
518 et suivantes.