Pas évident d'extraire les cellules souches embryonnaires
Introduction
aux politiques du risque
On
parle de risques lorsqu’il y a une activité scientifique quelle qu’elle soit
qui entre dans la vie politique de manière interne ou externe. Ces politiques du risque résultent toujours
de découvertes scientifiques et technologiques. Lorsque l’utilisation scientifique et technologique apparait sous l’aspect
de nouvelles formes de production, thérapeutiques ou autres, alors la
définition du risque découle comme étant le résultat d’une connaissance.
Ainsi les pilules contraceptives ont un rôle social mais aussi politique
puisque dans les États providence, ces pilules sont généralement remboursées.
Cela donne alors lieu à une série de nouveaux débats. Les pilules
contraceptives, les médicaments en général, les produits de consommation, les nanoparticules,
les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), les biotechnologies, … Autant de
produits qui ouvrent des débats. A travers eux, Ulrich Beck souligne que ce sont des
risques produits par la science. Cette image de la science ne va plus produire
de certitudes, mais une incertitude autour de la manière dont les populations
et les politiques vont devoir gérer les nouveautés scientifiques.
Le terme
« politique » est polysémique. On a tendance à l’appréhender sous
l’analyse anglaise. Politics, signifie en anglais qu’il y a
lutte et des enjeux de pouvoir. Policy, signifie davantage les
politiques publiques et l’action publique. Dans policy, l’État a des fonctions et dans le cas des risques, l’État
va justement avoir un rôle à jouer. La question est de savoir comment les
produits scientifiques et technologiques vont transformer l’État. L’État a déjà
connu trois formes. L’État absolutiste
en premier lieu, dont la forme libérale consistait à protéger les citoyens
contre un risque particulier, celui qui remet en cause le droit à la
confirmation de l’existence. John Locke
et Thomas Hobbes soulignerons fortement ce
rôle de l’État libéral. L’État gère donc le risque dés le départ.
En second lieu, on
trouve l’État Providence, résultat d’un État libéral souhaitant dorénavant
protéger les citoyens et leurs biens.
L’État Providence voit une autre forme
de risques, ceux apportés par le système économique lui-même. Le
capitalisme engendre une grande pauvreté au XIX°
siècle chez les ouvriers, dorénavant l’État n’est plus fautif uniquement
si quelqu’un vous tue, il est aussi responsable de votre statut social.
Ainsi le chancelier allemand Otto Von Bismarck instaure à la fin du XIX° siècle, une sécurité sociale pour
garantir aux ouvriers une protection contre les accidents du travail. Pour le
chancelier c’est un moyen bourgeois et libéral d’éviter une révolte des masses
laborieuses et menaçantes. On passe
alors du risque individuel au risque collectif. Ce qui apparaît, c’est la
logique de prévoyance collective. A l‘inverse de la capitalisation, où chacun
prépare son épargne pour se protéger en cas d’aléas, avec Bismarck on passe à
la logique de prévention. Cette prévention est une prise en charge collective
pour protéger les individus. En France, il y a une gestion paritaire de la
sécurité sociale, les patrons et les syndicats. C’est logique dans le sens où
si le système économique provoque des risques, alors l’implication des patrons
dans les cotisations. Olivier Godard et François
Ewald sont deux grands théoriciens de l’État Providence, pour tous les
deux, l’État Providence est avant tout utilitaire, c’est le seul moyen pour un État
de produire encore plus de richesses.
La troisième
évolution de l’État découle de la logique de précaution. La précaution n’est
pas la prévention.
La précaution apparaît dans des
contextes où le scientifique et l’expert dans leur discours sont remis en cause
dans l’espace publique. Ainsi, les populations sur des cas concrets mettent
en évidence que la science produit des effets pervers. Face à ces sciences qui
produisent des risques non-avérés, on met en place cette logique de précaution.
La prévention c’est face à un risque
avéré, la précaution c’est face à un risque potentiel. Ce risque potentiel peut être définit comme le risque d’un risque :
c’est lorsqu’un qu’on ne sait pas si une science risque de produire des effets
néfastes ou si au contraire il n’y a pas de risques du tout. Soit il y a un
risque majeur, soit il n’y a aucun risque … Mais l’on n’en sait rien. C’est ce
qui définit le risque potentiel. La canicule de 2003
a révélé des faits et des constats nouveaux, comme une population vieillissante
nombreuse. On a comme toujours interprété cette canicule comme la conséquence
du réchauffement climatique, lui-même conséquence d’une exploitation intensive
de la nature. Cela a eu des conséquences dramatiques pour Jean-François Mattéi qui a répondu à la canicule
par une interview, à coté de sa piscine quand 15 000 personnes furent
décédées au mois d’août. Cet exemple révèle alors une caractéristique de la logique de précaution : l’association
des politiques et des citoyens contre un même risque. L’ultime élément de cette
logique de précaution est que l’État lui-même apparaît comme une potentielle
source de dangers. L’activité des scientifiques et de leurs agents se
reporte sur les fonctionnaires et l’État remettant en cause leurs décisions. Le tournant pour cet État du risque
apparaît avec trois évènements : Tchernobyl et le nuage radioactif qui
s’arrête aux Alpes, le SIDA qui
tient en échec les scientifiques et l’affaire
du sang contaminé qui découle aussi du SIDA mais qui est très compliqué car
il fait prendre en compte les doutes vis-à-vis de la justice. Le principe de précaution est souvent
évoquer dans les médias comme ce qui va paralyser les décisions. C’est
l’absence de certitudes qui contraint l’État à agir dans un coût économiquement
acceptable.
Si le risque est le
résultat de la science et de la technologie ainsi que de leurs applications,
alors la première lecture politique qu’on puisse faire c’est que le risque
découlant des sciences et des technologies n’est pas un sujet politique, tout
du moins en France.
Lorsqu’on s’intéresse aux biotechnologies, à la connaissance du vivant et leurs
applications, de tels sujets vont avoir des décisions politiques aux plus hauts
niveaux. Aux USA, le sujet bioéthique
est traité à son plus haut niveau, par le Président américain lui-même. Le
texte étudié montre que cette question est centrale pour les scientifiques, les
autorités ou encore les religions. En France, il est assez inconcevable que le
Président prenne position sur des sujets purement bioéthiques. Certains
analystes soulignent le risque d’une microsoftisation des biotechnologies,
c'est-à-dire que ce sujet n’est pas la priorité pour les politiques au risque
que tous les brevets déposés serviront aux USA ou aux Nord-Américains comme
c’est déjà le cas pour les OGM. Jean-Yves Lodéo (???)
va encore plus loin en soulignant que l’économie française ne peut se
structurer et se reconstruire tant que le politique ne se mêle pas au monde
scientifique, en y prenant position. En 2010,
le budget de la recherche s’élevait à 900 millions d’euros par an en France.
Aux USA, on s’approcherait de plus de 4 milliards de dollars juste pour ce qui
est donné par l’État fédéral.
(Extrait
de ???) Les cellules souches
embryonnaires sont extraites des « bébés éprouvettes » à leur
stade d’embryon. Il faut donc déjà maîtriser la Fécondation In Vitro (FIV). Les
cellules souches ont la capacité moyennant une bonne manipulation de
reconstituer des tissus humains complets (cellules du cerveau, du foie ou
encore de la peau). On parle de la pluripotence des cellules embryonnaires. Mais
pour utiliser ces cellules souches, on tue forcément l’embryon. Cela pose la
question de l’avortement dans la sphère religieuse et explique que George W. Bush ait stoppé les crédits envers ces
manipulations. Couper les ressources aussi minces soient elles pour ces
expériences, c’est symboliquement montrer le désaccord politique sur cette
question. Barack
Obama souligne que Bush avait une motivation idéologique et religieuse
et que lui-même défend l’approche objective et désintéressé. Mais ce propos est
mensonger puisque dans son propos même, Obama souligne son approche libérale,
progressiste et scientiste sur ce sujet.
Ce débat fait de
plus référence au langage scientifique comme langage de vérité. Mais cela n’est
plus satisfaisant puisque depuis Beck, on
sait que les scientifiques sont sources de nouveaux problèmes tout en essayant
d’en résoudre d’anciens. On a alors deux extrêmes dans la société avec peu de
positions médianes : ceux qui ont une position scientiste, l’exemple du laboratoire, les
sciences expriment une vérité représentant une autorité à laquelle on se soumet
(expérience de Millsbroad ???) et
d’autre part, l’opinion publique qui exprime une totale irrationalité. Pour Beck, la vérité est dans l’entre-deux
où les citoyens délibèrent et réfléchissent tandis que les scientifiques
quittent leur statut de blouse blanche pour davantage s’engager vers une forme
de « science citoyenne ». Ces
situations se trouvent donc dans un forum hybride : un échange entre
citoyens et scientifique prêt à s’intéresser aux discours de l’autre.
Lire
p.347 et la suite.
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