lundi 4 février 2013

Politique du Risque 30 - 01 (cours 1)


  Pas évident d'extraire les cellules souches embryonnaires



Introduction aux politiques du risque


On parle de risques lorsqu’il y a une activité scientifique quelle qu’elle soit qui entre dans la vie politique de manière interne ou externe. Ces politiques du risque résultent toujours de découvertes scientifiques et technologiques. Lorsque l’utilisation scientifique et technologique apparait sous l’aspect de nouvelles formes de production, thérapeutiques ou autres, alors la définition du risque découle comme étant le résultat d’une connaissance. Ainsi les pilules contraceptives ont un rôle social mais aussi politique puisque dans les États providence, ces pilules sont généralement remboursées. Cela donne alors lieu à une série de nouveaux débats. Les pilules contraceptives, les médicaments en général, les produits de consommation, les nanoparticules, les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), les biotechnologies, … Autant de produits qui ouvrent des débats. A travers eux, Ulrich Beck souligne que ce sont des risques produits par la science. Cette image de la science ne va plus produire de certitudes, mais une incertitude autour de la manière dont les populations et les politiques vont devoir gérer les nouveautés scientifiques.

Le terme « politique » est polysémique. On a tendance à l’appréhender sous l’analyse anglaise. Politics, signifie en anglais qu’il y a lutte et des enjeux de pouvoir. Policy, signifie davantage les politiques publiques et l’action publique. Dans policy, l’État a des fonctions et dans le cas des risques, l’État va justement avoir un rôle à jouer. La question est de savoir comment les produits scientifiques et technologiques vont transformer l’État. L’État a déjà connu trois formes. L’État absolutiste en premier lieu, dont la forme libérale consistait à protéger les citoyens contre un risque particulier, celui qui remet en cause le droit à la confirmation de l’existence. John Locke et Thomas Hobbes soulignerons fortement ce rôle de l’État libéral. L’État gère donc le risque dés le départ.
En second lieu, on trouve l’État Providence, résultat d’un État libéral souhaitant dorénavant protéger les citoyens et leurs biens. L’État Providence voit une autre forme de risques, ceux apportés par le système économique lui-même. Le capitalisme engendre une grande pauvreté au XIX° siècle chez les ouvriers, dorénavant l’État n’est plus fautif uniquement si quelqu’un vous tue, il est aussi responsable de votre statut social. Ainsi le chancelier allemand Otto Von Bismarck instaure à la fin du XIX° siècle, une sécurité sociale pour garantir aux ouvriers une protection contre les accidents du travail. Pour le chancelier c’est un moyen bourgeois et libéral d’éviter une révolte des masses laborieuses et menaçantes. On passe alors du risque individuel au risque collectif. Ce qui apparaît, c’est la logique de prévoyance collective. A l‘inverse de la capitalisation, où chacun prépare son épargne pour se protéger en cas d’aléas, avec Bismarck on passe à la logique de prévention. Cette prévention est une prise en charge collective pour protéger les individus. En France, il y a une gestion paritaire de la sécurité sociale, les patrons et les syndicats. C’est logique dans le sens où si le système économique provoque des risques, alors l’implication des patrons dans les cotisations. Olivier Godard et François Ewald sont deux grands théoriciens de l’État Providence, pour tous les deux, l’État Providence est avant tout utilitaire, c’est le seul moyen pour un État de produire encore plus de richesses.
La troisième évolution de l’État découle de la logique de précaution. La précaution n’est pas la prévention. La précaution apparaît dans des contextes où le scientifique et l’expert dans leur discours sont remis en cause dans l’espace publique. Ainsi, les populations sur des cas concrets mettent en évidence que la science produit des effets pervers. Face à ces sciences qui produisent des risques non-avérés, on met en place cette logique de précaution. La prévention c’est face à un risque avéré, la précaution c’est face à un risque potentiel. Ce risque potentiel peut être définit comme le risque d’un risque : c’est lorsqu’un qu’on ne sait pas si une science risque de produire des effets néfastes ou si au contraire il n’y a pas de risques du tout. Soit il y a un risque majeur, soit il n’y a aucun risque … Mais l’on n’en sait rien. C’est ce qui définit le risque potentiel. La canicule de 2003 a révélé des faits et des constats nouveaux, comme une population vieillissante nombreuse. On a comme toujours interprété cette canicule comme la conséquence du réchauffement climatique, lui-même conséquence d’une exploitation intensive de la nature. Cela a eu des conséquences dramatiques pour Jean-François Mattéi qui a répondu à la canicule par une interview, à coté de sa piscine quand 15 000 personnes furent décédées au mois d’août. Cet exemple révèle alors une caractéristique de la logique de précaution : l’association des politiques et des citoyens contre un même risque. L’ultime élément de cette logique de précaution est que l’État lui-même apparaît comme une potentielle source de dangers. L’activité des scientifiques et de leurs agents se reporte sur les fonctionnaires et l’État remettant en cause leurs décisions. Le tournant pour cet État du risque apparaît avec trois évènements : Tchernobyl et le nuage radioactif qui s’arrête aux Alpes, le SIDA qui tient en échec les scientifiques et l’affaire du sang contaminé qui découle aussi du SIDA mais qui est très compliqué car il fait prendre en compte les doutes vis-à-vis de la justice. Le principe de précaution est souvent évoquer dans les médias comme ce qui va paralyser les décisions. C’est l’absence de certitudes qui contraint l’État à agir dans un coût économiquement acceptable.

Si le risque est le résultat de la science et de la technologie ainsi que de leurs applications, alors la première lecture politique qu’on puisse faire c’est que le risque découlant des sciences et des technologies n’est pas un sujet politique, tout du moins en France. Lorsqu’on s’intéresse aux biotechnologies, à la connaissance du vivant et leurs applications, de tels sujets vont avoir des décisions politiques aux plus hauts niveaux. Aux USA, le sujet bioéthique est traité à son plus haut niveau, par le Président américain lui-même. Le texte étudié montre que cette question est centrale pour les scientifiques, les autorités ou encore les religions. En France, il est assez inconcevable que le Président prenne position sur des sujets purement bioéthiques. Certains analystes soulignent le risque d’une microsoftisation des biotechnologies, c'est-à-dire que ce sujet n’est pas la priorité pour les politiques au risque que tous les brevets déposés serviront aux USA ou aux Nord-Américains comme c’est déjà le cas pour les OGM. Jean-Yves Lodéo (???) va encore plus loin en soulignant que l’économie française ne peut se structurer et se reconstruire tant que le politique ne se mêle pas au monde scientifique, en y prenant position. En 2010, le budget de la recherche s’élevait à 900 millions d’euros par an en France. Aux USA, on s’approcherait de plus de 4 milliards de dollars juste pour ce qui est donné par l’État fédéral.
(Extrait de ???) Les cellules souches embryonnaires sont extraites des « bébés éprouvettes » à leur stade d’embryon. Il faut donc déjà maîtriser la Fécondation In Vitro (FIV). Les cellules souches ont la capacité moyennant une bonne manipulation de reconstituer des tissus humains complets (cellules du cerveau, du foie ou encore de la peau). On parle de la pluripotence des cellules embryonnaires. Mais pour utiliser ces cellules souches, on tue forcément l’embryon. Cela pose la question de l’avortement dans la sphère religieuse et explique que George W. Bush ait stoppé les crédits envers ces manipulations. Couper les ressources aussi minces soient elles pour ces expériences, c’est symboliquement montrer le désaccord politique sur cette question. Barack Obama souligne que Bush avait une motivation idéologique et religieuse et que lui-même défend l’approche objective et désintéressé. Mais ce propos est mensonger puisque dans son propos même, Obama souligne son approche libérale, progressiste et scientiste sur ce sujet.

Ce débat fait de plus référence au langage scientifique comme langage de vérité. Mais cela n’est plus satisfaisant puisque depuis Beck, on sait que les scientifiques sont sources de nouveaux problèmes tout en essayant d’en résoudre d’anciens. On a alors deux extrêmes dans la société avec peu de positions médianes : ceux qui ont une position scientiste, l’exemple du laboratoire, les sciences expriment une vérité représentant une autorité à laquelle on se soumet (expérience de Millsbroad ???) et d’autre part, l’opinion publique qui exprime une totale irrationalité. Pour Beck, la vérité est dans l’entre-deux où les citoyens délibèrent et réfléchissent tandis que les scientifiques quittent leur statut de blouse blanche pour davantage s’engager vers une forme de « science citoyenne ». Ces situations se trouvent donc dans un forum hybride : un échange entre citoyens et scientifique prêt à s’intéresser aux discours de l’autre.

Lire p.347 et la suite.

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