mercredi 27 février 2013

Enjeux politiques 26 - 02 (cours 4)



 Le Canada, avec la question épineuse du Québec, est le seul pays
à affirmer le multiculturalisme dans sa constitution.


Le multiculturalisme


Le débat du multiculturalisme tend à être orienté sous l’angle du communautarisme où ce qui compte pour les citoyens serait surtout l’appartenance à une communauté. De nombreux débats nous confrontent à ce problème dés lors qu’en France, notamment, il y a une confrontation entre les religions et le caractère républicain et laïc. Typiquement, l’interdiction du porc dans la religion musulmane est un exemple représentatif. La tolérance de la République est tacite, mais dés qu’il y a une polémique, les camps adoptent chacun une forme de crispation. Les repas « sans-porc » dans les cantines scolaires sont très récents, auparavant c’était surtout des accommodements. Les années 1990 ont vu la croissance d’un débat nouveau sur la discrimination positive qui a altéré le système français. Ce débat importé de l’Amérique en France a poussé à une polarisation des groupes, des conflits identitaires et religieux dans l’hexagone.
Les intellectuels sur ce sujet sont plus près d’adopter une règle intransigeante de respect des lois de la République qu’autre chose. Ainsi, la question des signes religieux ostentatoires dans l’espace public a bien illustré cela. En France, on restreint une pratique de liberté, notamment religieuse et on peut alors se demander si la République française n’est pas devenu antilibérale à trop vouloir un certain intérêt commun.


On peut donc se demander ce qu’est une communauté dans des sociétés démocratiques pluralistes. Il faut différencier l’approche communautariste de l’approche communautarienne. Le communautarisme est une approche de repli sur sa communauté, une position d’intolérance et de rejet de l’autre. L’approche communautarienne est un aspect du libéralisme politique.

Les deux premiers textes traitent du holisme, la primauté du tout sur les parties, l’influence des structures prime sur les individus. Ce holisme est alors abordé comme une caractéristique de sociétés soit anciennes soit religieuses. Il y a un donc un préjugé sociologique qui souligne que le holisme est la caractéristique des sociétés primitives, peu développées dans tous les sens du terme (y compris moral et politique). Louis Dumont va critiquer cette conception en soulignant que les Modernes sont aveuglés par la modernité et qu’on ne parvient plus à voir les sociétés primitives comme développées à leur manière. Aveuglés par notre individualisme, on perçoit les sociétés holistes comme des sociétés nécessairement contraires ou opposées à nous. Elles seraient inégalitaires et antilibérales pour nos yeux. Notre position individualiste nous conduit à dévaloriser les sociétés holistes et à la percevoir comme incompatibles avec les droits de l’homme.

Norbert Elias, Politix, ??? :
Partant d’une anecdote sur un couple qui se parle sans se regarder, Elias note que ce comportement semble présenter une situation de domination de l’homme sur la femme. L’homme parle à la femme sans la regarder et celle-ci lui répond tête baissée. En apparence, cela est donc fortement inégalitaire, ce genre de société semble rétrograde. Mais la qualification d’Elias est que la balance inégale des pouvoirs fait apparaître non pas une inégalité pure et simple mais librement consentie, ce qu’il nomme « inégalité harmonieuse ». Elias reconnaît que cette femme en apparence contrainte, entretient vis-à-vis de sa communauté, un rapport normal d’intégration de la contrainte. Cette intégration de la contrainte est si ancrée dans l’individu, qu’elle en devient naturelle. C’est un habitus contraignant mais construit en référence à la tradition.
La question est donc de déterminer comment faire la distinction entre une contrainte et une autocontrainte. Les débats sur le port du voile ou l’excision ont mis en évidence que des femmes ne pouvaient pas dire non et donc ne pouvaient sciemment choisir leur position.

Benjamin Constant, Fenêtre sur …, La liberté des Anciens, la liberté des modernes :
Benjamin Constant est connu pour avoir qualifier la « liberté des modernes », liberté de ne pas s’impliquer, contre la « liberté des anciens », liberté de participer. On parle aussi de liberté négative, comme Zaïa Berlin, une liberté revendiquée de l’autonomie de pouvoir se retirer et de ne pas participer à la vie sociale. Chez les citoyens Grecs, les libertés n’existent que par la participation politique. Si on venait à lui retirer cette politique, l’homme perd son statut d’homme. C’est cette idée que « L’homme est un animal politique » selon Aristote.
La liberté des modernes c’est de penser à soi, d’appliquer sa propre liberté à la condition de ne pas empiéter sur celle d’autrui. Le droit d’avoir telle ou telle opinion revient à revendiquer une liberté absolue sur laquelle l’État n’a pas de droit de regard.
Face à cela, on trouve la liberté des anciens, une liberté positive puisqu’elle a un contenu positif et un contenu collectif. La liberté ne s’exerce pas seule. Mais aujourd’hui, une liberté collective ne se retrouve que dans des régimes totalitaires qui souhaitent inclure la totalité des individus dans son idéologie. Pour Karl Popper, dans son ouvrage La société ouverte face à son ennemi, ce véritable ennemi de la société ouverte, ce sont ces sociétés holistes totalitaires.

Charles Taylor, Le multiculturalisme :
La politique de reconnaissance révèle qu’à partir du contexte mondialisé, il y a une demande de reconnaissance des communautés. Selon lui, il existe aujourd’hui dans les sociétés démocratiques un « besoin vital de reconnaissance ». Cette aspiration forte doit être garantie par l’État et la société. Ce besoin vital prend place à l’échelle communautaire, il s’agit pour une communauté d’obtenir une reconnaissance de la part de la société et de l’État. Taylor prend le cas des Noirs-Américains aux USA, ces hommes et ces femmes perçoivent un déni d’existence par le regard des autres États-Uniens et en conséquence, de par ce sentiment de discrimination, alors il y a possibilité de réclamer ce droit à la reconnaissance. Appartenance communautaire et communauté accompagnée d’une expérience de stigmatisation donne le droit à la reconnaissance.

Cette revendication est moderne puisqu’elle affecte les individus eux-mêmes dans leur non-reconnaissance. Subjectivement, les individus sont poussés pour avoir une estime de soi à réclamer une reconnaissance de leur culture par l’État et la société. Les femmes musulmanes en France réclament l’envoi de signaux par l’État qui souligneraient que ces femmes sont reconnues et incluses dans la société.
Charles Taylor parlent de « donneur de sens », des gens sans profondeur. C’est par le dialogue qu’on entretient avec les autres (l’acte dialogique), qu’on définit son identité.

Lire p.60 à 63 de Taylor.

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