The Economist apprécie les couvertures chocs sur l'appétit financier chinois.
Autre nuance sur la
brillante performance économique chinoise, les moteurs de cette croissance sont
les exportations.
Les toutes dernières années, les investissements sont proches de 40% ce
qui est similaire au reste de l’Asie orientale. Troisième moteur possible, la consommation intérieure qui était
pourtant faible et qui le demeure toujours. La croissance économique s’appuie
peu sur la consommation intérieure, très largement tirée par les exportations
et maintenant poussée par les importations (favorisée par l’Etat), le PIB
intérieur reste faible. Ce repos sur les
investissements est risqué et pourra si rien ne change se stopper brutalement.
Ultime point de
nuance, la croissance fut accompagnée d’un creusement des inégalités. Au démarrage de la réforme
économique en 1978, on avait une importante
inégalité dans la distribution des revenus. Sur la première période (1978 – 1990),
on a effectivement une réduction des inégalités, surtout pour les inégalités
villes – campagnes. En effet, la réforme a surtout eu lieu dans les
campagnes sur cette période et cela a amélioré leur niveau de vie, quand en
ville cela n’a guère évolué. Ce rattrapage des campagnes par rapport aux villes
a d’une certaine façon nivelé les niveaux de vue. Mais lors de la seconde période de développement plus industriel, ce
sont les villes qui en ont profité et les inégalités se sont de nouveau creusées
entre les villes et les campagnes. De plus les inégalités sont aussi entre les
provinces de la façade côtière et les provinces de l’intérieur. D’autres types
de clivages sont nettement visibles comme les travailleurs réguliers et
les ming gongs. Ces travailleurs saisonniers venus du centre du pays sur
les riches provinces côtières, ne bénéficient pas des mêmes droits que les
ressortissants des provinces où ils travaillent, du fait de leur permis de
résidence (hukou) variable selon
votre province. Ainsi, un paysan du Yunnan qui se présente pour travailler à
Shanghai aura un hukou du Yunnan et
n’aura pas accès aux droits des habitants de Shanghai. D’une manière générale il y a une grogne générale qui a des fondements
économiques et sociaux.
La réussite est
donc certaine mais il faut rester prudent face aux faiblesses réelles de ce
système.
Une nouvelle
faiblesse majeure tient au fonctionnement du système financier. La crise de 1997 – 1998 a touché les autres pays de manière inattendue
et pour la Chine, il y a un risque aussi. Le système financier a été un domaine
complètement remodelé par les autorités. La
normalisation du système économique révèle un système adossé aux banques
comme l’Allemagne et le Japon. Dans ces pays l’essentiel des financements
viennent des banques. A l’inverse, on a des pays plutôt anglo-saxons où tout
repose sur des mécanismes de marché. En Chine comme en Allemagne et au Japon,
les banques nationales, notamment 4, financent l’ensemble des projets. Le marché en revanche a un rôle marginal.
L’économie est bancarisée dans un petit nombre de mains. Les 4 grandes banques
d’Etat prêtent essentiellement aux entreprises d’Etat. Les autres entreprises
doivent trouver leurs financements ailleurs et en général passent par des prêts
hybrides (un peu de la famille, …). On
ne peut envisager que cela dure éternellement. Le risque de créances douteuses
couplées au risque d’un surendettement massif pourrait à terme s’avérer
néfaste.
Enfin le fait que
l’Etat soit aussi impliqué dans le système bancaire, cela explique que
l’épargne soit si conséquente.
Les individus sont contraints de mettre leur épargne à la banque parce qu’ils ne peuvent le mettre ailleurs.
Si le taux d’intérêt de l’épargne est faible, il faut beaucoup épargner (pour
la santé, pour l’éducation, …). Cette
épargne massive bloque la consommation intérieure qui pèse sur l’économie du
pays.
Le cas chinois est
un cas unique. Il y a des similitudes avec les autres économies d’Asie
orientale (rôle
de l’Etat important, épargne forte, …),
mais cette économie reste à part du fait du rôle de l’Etat bien différent des
autres pays d’Asie. Le système économique est très hybride : on a des
éléments de marché toujours avec un contrôle de l’Etat par ailleurs. On a
de grandes entreprises d’Etat présentes et quelques entreprises privées,
partiellement privées, … Les différents systèmes coexistent au sein de
l’économie. L’expression de Deng Xiaoping
pour se diriger vers une économie socialiste de marché, c’est effectivement ce
qui est en place, l’Etat est très présent même si l’économie respecte les
règles du marché.
Pour la nouvelle équipe qui arrive au pouvoir
dans le mois de mars, il y a des réformes nécessaires à mettre en place mais
qui ne seront pas forcément évidentes à instaurer.
L'ASEAN et la Chine qui commence à s'en mêler ... Toujours un dessin de The Economist je le concède.
La
structuration de la région
Deux angles
d’attaques pour étudier l’organisation régionale. D’une part, on peut
s’intéresser aux institutions économiques de la région et à l’intégration des
pays, c’est le régionalisme. D’autre part,
il est aussi possible de regarder dans les faits comment cela se passe,
on parle de régionalisation. La première approche est de jure, la seconde est de
facto. Il
est bien entendu possible d’avoir dans une même zone des institutions et des
liens qui se développent, comme dans l’Union Européenne (UE). On peut pourtant
avoir une zone de régionalisme sans régionalisation derrière comme le MERcado
COmún del SUR (MERCOSUR). Enfin on trouve aussi des zones avec une
régionalisation forte sans que des institutions se mettent en place comme en
Asie du Sud-Est, où l’on trouve beaucoup de liens économique sans qu’il y ait
d’organismes à l’échelle internationale.
On
peut aussi soit parler de commerce au sens large, soit parler en dimension
financière.
I.
La
régionalisation de l’Asie orientale
L’existence de
liens économiques étroits entre les pays de cette zone est très ancienne. Pour
simplifier, des années 1970 au début des années
1990, cette régionalisation s’articule véritablement autour du Japon et
de son économie.
Sous l’impulsion des entreprises japonaises, la région développe donc des liens
tant que le Japon a une économie performante. En tant que leader économique de
la région, le Japon n’a pas de volonté pure, mais les choses s’organisent
d’elles-mêmes autour de lui. Si l’on étudie les choses au sein de la région
d’Asie orientale, on voit une nette augmentation du commerce dans cette zone. Le Japon ayant l’économie la plus
développée, les entreprises s’approvisionnent très largement dans le reste de
la région. Selon le produit recherché, les entreprises nipponnes vont
chercher les matières premières dans le Sud-Est. Dans
les années 1980, les Investissements Directs Etrangers ???
En 1985, une réunion du G5 à New-York fait naître les
Accords du Plaza.
La grande question est celle du taux de change, le dollar est surévalué par
rapport au yen et aux monnaies européennes. On décide donc de pousser la valeur
de dollar à la baisse et on a pour une fois un résultat concret qui en sort.
Donc le dollar baisse et en conséquence, le yen s’apprécie jusqu’en 1995.
L’appréciation du
yen va permettre aux entreprises japonaises de se rendre compte que leur
fonctionnement au Japon est de plus en plus couteux. Du coup, elles vont se
délocaliser dans la région, d’abord dans les pays de première génération, puis
dans ceux de seconde génération.
La corrélation entre l’appréciation du yen et les flux d’investissements
japonais dans les autres pays est nettement visible. Ces délocalisations vont s’accompagner de flux commerciaux. Les
entreprises nippones importent des flux d’investissements dans un pays et
réinvestissent dans le Japon. Cela dynamise d’autant les liens économiques dans
la région. En second temps, les économies de première génération vont copier la
technique japonaise et investir dans les économies de seconde génération. Ces
jeux d’investissements correspondent au développement en vol d’oies sauvages et
rend compte de l’essentiel des liens de développement dans la zone à l’époque.
Les choses changent
dans la première moitié des années 1990. On
a alors non pas un ralentissement des échanges intra-régionaux, mais une nature
différente des échanges. Les pièces détachées et les composants vont être la
nouvelle source d’échanges. Dans ce second temps, on constate la montée en
puissance de la Chine.
Autant la première période est marquée par la présence du Japon, autant la
seconde s’organisent autour de la Chine sans que Pékin l’ai réellement décidé. Se développe donc une fragmentation de la
production en différentes phases. On saucissonne le processus de production
en petites étapes. C’est rendu possible par la baisse des coûts de transport et
par les nouveaux moyens de communication et d’informations. Ce processus prend
d’autant mieux place dans le domaine électronique. Ce type d’échange de pièces
détachées va exploser et représente plus de 60% des échanges totaux. Les économies de première génération vont
alors exporter ces pièces détachées vers la Chine, idem pour les pays de
l’ASEAN. Le commerce n’est plus tant inter-branche qu’intra-branche. Les
échanges intra-branche sont toujours importants aujourd’hui et se font de
manière verticale, c'est-à-dire à une phase du processus de production
différente.
Les données pour la
Chine sont assez différentes des autres économies. Pour toutes les autres,
leurs exportations vers le reste de la région comme leurs importations vers le
reste de la région sont importantes. Pour la Chine, les importations du reste
de la région sont nombreuses mais les exportations sont davantage orientées
vers le reste du monde. La Chine se présente comme la porte de sortie vers le
reste du monde.
D’où sa balance commerciale excédentaire vers le reste du monde. On a eu
tendance à dire que l’Asie était en découplage avec le reste du monde
puisqu’elle a été elle aussi touchée par la crise en décalé. Le vol d’oies
sauvages est moins valable aujourd’hui, toutes
les économies se tiennent en elles et alimentent la machine chinoise. Si la
Chine parvient à développer son marché intérieur, alors l’organisation des
échanges va peut être changée. La
concurrence entre les pays est limitée, le partenariat est plutôt la règle dans
cette région. Le partenariat économique se fait à un degré très élevé.
II.
Le régionalisme
Certes il existe
l’ASEAN (Association of SouthEast Asian Nations), seule association vraiment
valide dans cette partie du monde. Créée en 1967, cette association ne concerne
que l’Asie du Sud-Est (pas de Corée, de Japon et ni de Hong-Kong) soit
l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande. Leur but primordial est avant tout de
stabiliser les relations entre les États pour éviter les crises politiques, en
particulier du fait du communisme régional. Au départ, l’intérêt est
strictement politique. En 1984, Brunei
entre mais rien ne change. Il n’y a que très peu de partenariats économiques et
cela reste limité à deux, voire trois pays maximum. En 1977,
on décide de libéraliser le commerce pour quelques produits mais assez peu dans
un objectif économique, cela reste très limité. La même année, on signe des
accords pour envisager des liens financiers entre pays, mais rien de concret
n’en sortira. Avant
les années 1990, c’est de manière indirecte, par la pacification de la
région que les pays en se stabilisant ont favorisé les implantations
économiques extérieures.
En 1992, premier changement, on envisage de créer un
marché commun pour les années lointaines (en théorie en 2012).
Cette réforme consiste à créer une zone de libre échange, on facilite les
échanges entre les membres mais chacun
agit dans le sens qu’il souhaite, il n’y a pas de politique économique commune.
L’ASEAN
s’agrandit en 1995 avec le Vietnam, en 1997 avec le Myanmar et le Cambodge et en 1999 avec le Laos. Les nouveaux venus acceptent
évidemment la zone de libre-échange même si de multiples exceptions sont
possibles dans cette entreprise de libre-échange (chaque pays définit les
produits ultra-sensibles qu’il veut épargner de cette zone).
La crise de 1997-1998 va dynamiser les volontés de coopération
de la région. Au
moment de la crise, les pays tirent un certain nombre de leçons à savoir que
leurs économies sont très interdépendantes et que le problème dans la crise
c’est de voir les limites des actions multilatérales et notamment
l’intervention du Fond Monétaire International (FMI) trop intrusif, déplaisant
et parfois raté, pour les pays d’Asie. Les
pays décident donc de mettre en place de mécanismes de coopération qui face à
une crise financière seront des efforts financiers. En 1997,
le Japon propose un Fond Monétaire Asiatique (FMA) donc indépendant des USA.
Ces derniers ont donc mal accepté ce projet qui les dénigrait. Aidés par la
Chine, qui se défie de l’influence japonaise, les USA ont donc décrédibilisé ce
projet et l’ont enterré.
Le Japon décide d’un
nouveau projet, l’initiative Miyazawa, coopération entre le Japon et ses
différents partenaires. Dans le sillage de la crise, l’ASEAN et les économies
du Nord asiatique décident de davantage discuter. Ces réunions cycliques
débouchent en 2000 sur les initiatives de
Chiang Mai. L’ASEAN
plus les trois pays Japon, Corée du Sud et Chine (appelé ASEAN +3), décide de clairement mettre en place des
mécanismes de coopération financière. On exhume donc les accords d’auparavant,
on les étoffe et on complète avec la promesse de se soutenir de manière
bilatérale si un pays en a besoin. On a un système d’assistance financière et
un autre de surveillance. Cette initiative va perdurer et s’améliorer au fil du
temps avec des pays qui au fur et à mesure acceptent de présenter des montants
plus importants pour leurs partenaires. On passe de 60 millions de dollars à 10
milliards de dollars entre 2000 et 2009. De
plus on multilatéralise le dispositif d’aide en 2011.
On renforce aussi le système de surveillance. Sommes toutes, on se rapproche d’un vrai Fond Monétaire Asiatique.
S’est rajouté récemment Hong-Kong qui a pour but de contrer le Japon qui a
obtenu d’être le principal fournisseur de ces accords. En effet, Hong-Kong et
la Chine associés arrivent à égalité avec le Japon dans cette initiative. Mais leur influence est limitée, la Corée
récemment en difficulté à refuser d’appeler à l’aide cette initiative.
A coté de cela, a-t-on
la même chose sur le plan commercial ? Effectivement, le projet de 1992 a été lui aussi dopé par la crise de 1997. On a une libéralisation des services et des
investissements dorénavant.
Depuis
les années 2000, on a une tendance à agiter la
prolifération des accords commerciaux régionaux. Cela doit refléter la montée
du régionalisme dans la région. Certes ce constat n’est pas sans fondements, on est passé d’une dizaine
d’accords régionaux en 2003 à une
cinquantaine en 2010. Le régionalisme en revanche est à nuancer. D’une part, les accords
régionaux sont essentiellement bilatéraux, notamment Singapour qui les
cumule. Les accords se font aussi avec beaucoup de pays en dehors de la région.
Ainsi Singapour a signé des accords avec La Nouvelle-Zélande, l’Australie, les
USA, le Panama, le Canada, l’Egypte, le Pakistan ou encore l’Ukraine. D’autre part, ce qui se dessine, c’est une
certaine volonté de rapprocher les différents accords régionaux passés entre
les uns et les autres. On voit donc une volonté de consolider les accords
régionaux pour avoir des zones d’influences plus vaste. Mais cela débouche sur
une concurrence entre projets notamment entre deux : le RCEP (ASEAN +
Corée du Sud + Japon + Chine + Inde + Australie + Nouvelle-Zélande) et le Partenariat TransPacifique (TPP
qui réunit Singapour, Bruneï, Pérou et Nouvelle-Zélande auquel travaille
derrière de nouveaux pays : USA, Vietnam, Malaisie, Canada, …). Dans l’un,
on rejette les USA, dans l’autre, on rejette la Chine. Difficile de savoir ou
cela va mener. Il n’y a pas de réelle
structuration de ces régionalisations. L’envolée du nombre d’accords régionaux
n’a presque aucun impact sur la part des échanges régionaux.
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