Le prompteur, une invention formidable dont De Gaulle n'a pas profité.
Le discours de
Marc-Antoine fait lui penser à un vrai discours de sophiste qui vise à
maximiser son pouvoir personnel plus que celui de Rome. Certains arguments sont
fallacieux chez Marc-Antoine. Son
discours se termine sur un argument qui est sophistique. Toute la première
partie est une argumentation respectant l’auditoire, il le rappelle lui-même « vous êtes honorables ». En répétant
régulièrement sa phrase auprès de l’auditoire, il contribue à modifier une
perception des sénateurs : le Brutus raisonnable et le Brutus responsable
de la mort de César. Mais l’argumentation
est stoppée nette lorsqu’Antoine prend un argument invérifiable : celui d’un
document qui en dirait long et pourrait retourner l’opinion publique mais dont
le contenu n’est jamais exprimé par Antoine lui-même. Antoine assume une position élitiste et sophiste puisqu’il ne considère
pas le peuple comme suffisamment mature pour entendre raison.
Le
discours du général De Gaulle :
L’appel du 18 juin 1940 est lui aussi un discours construit
sur la rhétorique.
Peu de monde a entendu ce discours mais malgré tout cet homme seul qui s’oppose
à une armée explique tout de même les
raisons de la défaite française. Ces raisons sont techniques, exactement comme
le disent les vainqueurs et le gouvernement français. Par la suite, De Gaulle
explique que cette même raison qui nous a assuré la défaite peut précisément
nous faire atteindre la victoire. Puisque l’on fonde la vérité sur des
arguments quantitatifs, alors je l’accepte et je dévoile que de manière
purement rhétorique que cette supériorité mécanique peut être dépassée et
retournée contre les ennemis. Si la supériorité allemande reposait sur des
critères moraux, comme par exemple un génie stratégique d’Hitler, alors ce
critère qualitatif ne pouvait être contrebalancé comme un argument quantitatif.
Chaïm Perelman,
Traité de l’argumentation.
On trouve une
définition pertinente de l’auditoire présumé comme étant « toujours, pour celui qui argumente, une construction plus ou moins systématisée.
».
Dans
le dernier passage, le discours épidictique correspond au discours qui
distingue ce qui est noble de ce qui est vil. L’idée générale est qu’au-delà du
constat des individus qui lorsqu’ils se parlent ne se tirent pas dessus, il y a
une interprétation plus nuancée. En
effet, selon Perelman, il y a des violences dans les débats, même les plus
policés. On les découvre dans certaines caractéristiques en particulier quand
un interlocuteur se place du point de vue de son adversaire. Cette attitude
possède une forme d’altruisme politique et son argumentation n’en est que plus
murie et réfléchie. Dans le cas contraire, il y a une forme de violence
puisque l’interlocuteur ne veut pas comprendre un autre point de vue que le
sien.
Et pourquoi pas ?
La
désobéissance civile
La désobéissance
civile prend plusieurs formes très variées. Elle se voit souvent dans les sittings. La
désobéissance civile s’est faire preuve d’une insolence envers la loi jusqu’à
pousser à bout le représentant de la loi. Il
s’agit de contester les pouvoirs en remettant en cause le règlement et la loi, tout
en restant dans l’acceptable et dont l’objectif final a pour but d’améliorer
cette loi et ce règlement. Les désobéisseurs ne sont ni révolutionnaires, ne
sont ni radicaux.
Un
des cas concrets de cette désobéissance civile fut celui développé par José Bové de saccages des champs d’Organismes
Génétiquement Modifiés (OGM). On peut aussi souligner le premier mariage
homosexuel célébré par Noël Mamère. Dans les
deux cas, il y a tout de même quelque chose de commun. Si le premier utilise la
violence, le second bien que pacifique reste aussi dans l’illégalité. On peut
aussi rappeler les opérations escargots organisées par les routiers, ou encore
les sittings pour un cas académique. Dans tous les cas, aucun des
contestataires ne veut changer de régime, seulement modifier un aspect de la
loi. Ceux qui pratiquent la
désobéissance civile ne sont pas des « actions directes », car ils ne
veulent pas changer le régime, mais ne sont pas plus délinquants, puisqu’ils
mettent un sens politique derrière leur geste. La désobéissance civile est
pensée. Mais est-on pour le changement ou pour la conservation lorsque
l’on agit comme cela ?
Antigone, Sophocle :
La figure d’Antigone représente la désobéissance civile au nom
de valeurs supérieures de la morale.
Il y a un dévoiement du sens de l’engagement d’Antigone. Cette femme décide de
désobéir au roi Créon lorsque son frère Polynice doit être enterré. Antigone veut l’enterrer
selon les rites, ce que Créon refuse. Elle s’engage donc contre Créon pour des
motifs moraux et religieux. Une situation similaire est celle de la transfusion
sanguine interdite chez les témoins de Jéhovah pour des raisons religieuses,
mais appliquée par les médecins selon la loi française pour sauver les vies.
La désobéissance
civile est définie par le fait qu’elle désobéit pour améliorer l’intérêt commun
et non pas l’intérêt d’un groupe particulier. De plus, cette désobéissance
civile n’existe que dans des contextes de régimes démocratiques et libéraux.
Antigone
s’oppose à Créon sur un acte purement arbitraire. Elle illustre le radicalisme
de tous les Révolutionnaires puisque le politique empiète sur l’individuel et
le moral. Pour Antigone, le moral (elle)
et le légal (Créon) ne vont pas forcément de paire. Elle se donne un droit
naturel plus important que les droits positifs. Ismène,
sœur d’Antigone, ne veut perdre sa loyauté mais Antigone sait qu’il n’y a pas
qu’une loyauté. Si ici, on voit l’héroïsme d’Antigone, il y a aussi un danger à
évoquer le moral dans les affaires politiques.
Désobéir, Henry
D. Thoreau :
Ce passage du texte
sous-tend que seule la conscience morale doit impliquer ce que je dois faire. C’est
cette conscience qui justifie l’acte.
Sa critique est encore plus précise
puisqu’elle renvoie à l’exercice de la loi. Thoreau critique le légalisme, l’application aveugle de la loi, qui
conduit les individus même les mieux intentionnés à commettre des actes
indignes.
Lire
fin de Thoreau (notamment page 50 à partir de « Tous les hommes ont le
droit de se révolter »).
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