mardi 5 février 2013

Enjeux politiques 05 - 02 (cours 2)


 Le prompteur, une invention formidable dont De Gaulle n'a pas profité.



Le discours de Marc-Antoine fait lui penser à un vrai discours de sophiste qui vise à maximiser son pouvoir personnel plus que celui de Rome. Certains arguments sont fallacieux chez Marc-Antoine. Son discours se termine sur un argument qui est sophistique. Toute la première partie est une argumentation respectant l’auditoire, il le rappelle lui-même « vous êtes honorables ». En répétant régulièrement sa phrase auprès de l’auditoire, il contribue à modifier une perception des sénateurs : le Brutus raisonnable et le Brutus responsable de la mort de César. Mais l’argumentation est stoppée nette lorsqu’Antoine prend un argument invérifiable : celui d’un document qui en dirait long et pourrait retourner l’opinion publique mais dont le contenu n’est jamais exprimé par Antoine lui-même. Antoine assume une position élitiste et sophiste puisqu’il ne considère pas le peuple comme suffisamment mature pour entendre raison.

Le discours du général De Gaulle :
L’appel du 18 juin 1940 est lui aussi un discours construit sur la rhétorique. Peu de monde a entendu ce discours mais malgré tout cet homme seul qui s’oppose à une armée explique tout de même les raisons de la défaite française. Ces raisons sont techniques, exactement comme le disent les vainqueurs et le gouvernement français. Par la suite, De Gaulle explique que cette même raison qui nous a assuré la défaite peut précisément nous faire atteindre la victoire. Puisque l’on fonde la vérité sur des arguments quantitatifs, alors je l’accepte et je dévoile que de manière purement rhétorique que cette supériorité mécanique peut être dépassée et retournée contre les ennemis. Si la supériorité allemande reposait sur des critères moraux, comme par exemple un génie stratégique d’Hitler, alors ce critère qualitatif ne pouvait être contrebalancé comme un argument quantitatif.

Chaïm Perelman, Traité de l’argumentation.
On trouve une définition pertinente de l’auditoire présumé comme étant « toujours, pour celui qui argumente, une construction plus ou moins systématisée. ».
Dans le dernier passage, le discours épidictique correspond au discours qui distingue ce qui est noble de ce qui est vil. L’idée générale est qu’au-delà du constat des individus qui lorsqu’ils se parlent ne se tirent pas dessus, il y a une interprétation plus nuancée. En effet, selon Perelman, il y a des violences dans les débats, même les plus policés. On les découvre dans certaines caractéristiques en particulier quand un interlocuteur se place du point de vue de son adversaire. Cette attitude possède une forme d’altruisme politique et son argumentation n’en est que plus murie et réfléchie. Dans le cas contraire, il y a une forme de violence puisque l’interlocuteur ne veut pas comprendre un autre point de vue que le sien.



Et pourquoi pas ?



La désobéissance civile


La désobéissance civile prend plusieurs formes très variées. Elle se voit souvent dans les sittings. La désobéissance civile s’est faire preuve d’une insolence envers la loi jusqu’à pousser à bout le représentant de la loi. Il s’agit de contester les pouvoirs en remettant en cause le règlement et la loi, tout en restant dans l’acceptable et dont l’objectif final a pour but d’améliorer cette loi et ce règlement. Les désobéisseurs ne sont ni révolutionnaires, ne sont ni radicaux.
Un des cas concrets de cette désobéissance civile fut celui développé par José Bové de saccages des champs d’Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). On peut aussi souligner le premier mariage homosexuel célébré par Noël Mamère. Dans les deux cas, il y a tout de même quelque chose de commun. Si le premier utilise la violence, le second bien que pacifique reste aussi dans l’illégalité. On peut aussi rappeler les opérations escargots organisées par les routiers, ou encore les sittings pour un cas académique. Dans tous les cas, aucun des contestataires ne veut changer de régime, seulement modifier un aspect de la loi. Ceux qui pratiquent la désobéissance civile ne sont pas des « actions directes », car ils ne veulent pas changer le régime, mais ne sont pas plus délinquants, puisqu’ils mettent un sens politique derrière leur geste. La désobéissance civile est pensée. Mais est-on pour le changement ou pour la conservation lorsque l’on agit comme cela ?

Antigone, Sophocle :
La figure d’Antigone représente la désobéissance civile au nom de valeurs supérieures de la morale. Il y a un dévoiement du sens de l’engagement d’Antigone. Cette femme décide de désobéir au roi Créon lorsque son frère Polynice doit être enterré. Antigone veut l’enterrer selon les rites, ce que Créon refuse. Elle s’engage donc contre Créon pour des motifs moraux et religieux. Une situation similaire est celle de la transfusion sanguine interdite chez les témoins de Jéhovah pour des raisons religieuses, mais appliquée par les médecins selon la loi française pour sauver les vies.

La désobéissance civile est définie par le fait qu’elle désobéit pour améliorer l’intérêt commun et non pas l’intérêt d’un groupe particulier. De plus, cette désobéissance civile n’existe que dans des contextes de régimes démocratiques et libéraux.

Antigone s’oppose à Créon sur un acte purement arbitraire. Elle illustre le radicalisme de tous les Révolutionnaires puisque le politique empiète sur l’individuel et le moral. Pour Antigone, le moral (elle) et le légal (Créon) ne vont pas forcément de paire. Elle se donne un droit naturel plus important que les droits positifs. Ismène, sœur d’Antigone, ne veut perdre sa loyauté mais Antigone sait qu’il n’y a pas qu’une loyauté. Si ici, on voit l’héroïsme d’Antigone, il y a aussi un danger à évoquer le moral dans les affaires politiques.

Désobéir, Henry D. Thoreau :
Ce passage du texte sous-tend que seule la conscience morale doit impliquer ce que je dois faire. C’est cette conscience qui justifie l’acte. Sa critique est encore plus précise puisqu’elle renvoie à l’exercice de la loi. Thoreau critique le légalisme, l’application aveugle de la loi, qui conduit les individus même les mieux intentionnés à commettre des actes indignes.

Lire fin de Thoreau (notamment page 50 à partir de « Tous les hommes ont le droit de se révolter »).

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