mardi 29 janvier 2013

Enjeux politiques 29 - 01 (cours 1)


 Rien ne vaut une bonne dispute argumentée.


Introduction


Il s’agit d’aborder les questions contemporaines et d’actualités pour reconstruire les termes des controverses et des débats sur un sujet d’actualité. Il ne s’agit pas de formuler uniquement ses opinions mais plutôt les différentes opinions en présence et chercher à reconstruire les différentes argumentations. Ces argumentations obéissent à un certain nombre des règles, en particulier, elles justifient des raisons. Ce n’est donc pas exprimer son avis affectif. En passant à l’argumentation, on doit donc se justifier, donner les raisons de notre choix. Une telle attitude argumentative est assez élitiste, tout le monde ne peut pas avoir un argumentaire sur les sujets. D’ailleurs, encore faut-il que cet argumentaire soit acceptable. On passe donc de la polémique à la controverse. La polémique caractérise un rapport conflictuel entre différentes positions. La controverse fait apparaître les différentes tentatives d’argumentations qui cherchent à créer l’adhésion de l’interlocuteur. C’est ainsi que Perelman définit l’argumentation, formuler des discours qui permettent de convaincre. La controverse se fait par une écoute et une tolérance entre les partis en présence, dans le but de les convaincre.

La première des questions est celle de la désobéissance civile, question très creusée par les politistes et qui a donné beaucoup d’ouvrages. La question du multiculturalisme sera aussi traitée. La justice sociale sera abordée. Enfin nous verrons aussi la question de la démocratie électronique.

Des argumentations politiques peuvent être contenues dans des textes littéraires. Ceux-ci accompagnés de textes théoriques peuvent d’ailleurs prendre davantage sens.



L'assassinat de Jules César, Karl Theodor Von Piloty
Assassiner César pour mieux sauvegarder la République.


L'argumentation


Jules César, William Shakespeare :
Après l’assassinat de Jules César, les conspirateurs doivent justifier leur violence politique face au reste de la population. Brutus doit alors argumenter devant les citoyens son crime de lèse majesté. Il a porté atteinte à celui qui est souverain par le peuple. Brutus en formulant toute une série d’arguments permet de créer l’adhésion alors même que les citoyens qui l’écoutent sont partisans de César. Il fait un exercice de rhétorique performant puisqu’il retourne le peuple à son avantage, il crée l’adhésion, mais par un discours argumentatif.
Lorsque l’on utilise la rhétorique, on risque de tomber dans la sophistique, où l’orateur utilise des moyens de persuasion à son avantage plus que ceux de l’argumentation. En effet, persuader, c’est passer par la manipulation et la propagande, tandis que convaincre, c’est passer par des arguments. Le discours du soutien de César, Marc-Antoine, est plus fallacieux. La persuasion utilise des procédés pour manipuler l’interlocuteur tandis que l’argumentaire va le chercher tout en le considérant comme un égal. Persuader c’est aussi davantage faire appel aux sentiments de l’interlocuteur qu’à sa raison.

L’attitude des citoyens romains suite à l’assassinat du leader politique est de vouloir écouter l’assassin et ses justifications. La foule, chez Shakespeare, est très calme et réfléchie.
Selon une première lecture, Brutus est sophiste : il manipule la parole et la rhétorique pour faire changer d’avis les citoyens. Mais il semble qu’une seconde interprétation est possible. Brutus organise son argumentation autour de techniques qui montrent à l’auditoire qu’on reconnaît le bien fondé de son opinion et de ses prémisses. Demandant la patience aux Romains, Brutus bénéficie de cette patience démocratique pour s’exprimer.
Brutus débute d’abord en se positionnant comme un membre de l’auditoire. Il se présente véritablement comme un membre identique à tous les Romains. Son argumentation débute dés le départ en fixant le bienfondé de la vision romaine de César : il déclare qu’il aimait César comme tout un Romain. C’est de cet attachement qu’il justifie son assassinat. César incarnait Rome et cela le rend aimable et apprécié. Dès lors qu’apparaît l’ambition, il ne représente plus Rome, risque de lui nuire et doit être tué. Comme César est perçu comme le garant de la République romaine, alors il est apprécié. La démonstration de Brutus fait mouche, il est plus tyrannicide qu’assassin. D’ailleurs sa position non sophiste est révélée lorsqu’il accepte de se suicider au nom des valeurs de Rome. Un sophiste ne peut exprimer un suicide pour des valeurs, il meurt pour la patrie au nom d’intérêts supérieurs. En tuant César, Brutus a choisi de commettre un acte grave précisément parce que les valeurs à défendre étaient d’une dignité supérieure. Brutus a sacrifié son amitié avec César au nom de l’intérêt collectif. C’est totalement désintéressé et en cela ne peut être sophiste.

Sur le discours de Marc Antoine : Persuasion ou argumentation ?
Le discours du Général De Gaulle à lire.

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