Le vol d'oies sauvages inspire Kaname Atamatsu.
Le
développement économique de l’Asie orientale
Il s’agit de parler
de la montée en puissance économique de L’Asie, ce dont on parle tout le temps
puisque cette région devient un acteur majeur et que la Chine passera
probablement devant les USA par la suite. La
question est donc de savoir comment cela s’est fait.
Il
y a aussi des faiblesses dans cette économie comme l’a montré la crise de 1997 – 1998. Seule la Chine se démarque dans ce
bloc et on l’étudiera séparément du reste de la région Asie. Si l’Asie est un
acteur à part entière, elle-même se sent-elle unie économiquement ? Rien
n’est moins sur. En cela, elle n’est pas forcément un acteur conscient de sa
puissance, comme l’Union Européenne (UE).
I.
Définir l’Asie
orientale
Il
s’agit uniquement de l’Asie de l’Est,
on exclue en particulier tout le sous-continent indien (Inde et les pays en
–stan). D’un point de vue économiste, on
peut se focaliser sur l’espace géographique de l’Est du fait de similitudes
dans les économies et une hausse économique forte dans cette région. On a une
forme de structuration, une certaine logique économique dans cette zone. On
peut diviser la région en deux grandes sous-parties :
·
L’Asie du Nord-Est : Chine, Japon, péninsule
coréenne essentiellement. La Mongolie reste encore marginale si ce n’est
du fait de sa richesse en ressources. Taïwan doit être pris en considération,
de même que Hong-Kong qui était encore indépendante il y a quelques années.
·
L’Asie du Sud-Est : 10 pays assez habités et
organisés dans l’ASEAN. On trouve le Myanmar (ex-Birmanie), la Thaïlande, le
Laos, le Cambodge et le Vietnam pour la partie continentale. Dans la partie
insulaire, on trouve la Malaisie, l’Indonésie, les Philippines, Singapour et
Brunei. Tous ne seront pas évoqués dans le cours, notamment le Myanmar, le
Laos, le Cambodge et le Vietnam, touts juste entrés dans la structure
économique de cette région.
II.
Le miracle
économique asiatique : les faits
1.
Pourquoi parler d’un miracle économique ?
Tout
d’abord, évoquer un miracle souligne que les économies derrière cette
expression ont du connaître des performances remarquables. Ces performances
sont pour un économiste une forte croissance qui s’avère de plus durable. Certains pays ont une forte
croissance mais très temporaire liée à un contexte de circonstances favorables.
A coté de ce caractère
remarquable de la croissance, on a aussi un autre aspect, le caractère inhabituel de ces performances. Ces performances sont
assez rares dans le contexte économique actuel. Elles permettant ainsi au pays
de rattraper les économies les plus avancées. Ainsi le Japon, la Corée du Sud
ou encore Taïwan font partie de ces pays. Ce genre de performances ne sont pas
si courantes.
Enfin,
il y a un caractère inattendu à ces performances. On considérait dans les années 1960, que ces économies étaient en
développement, comparables à des économies africaines. On n’imaginait pas que ces économies
parviendraient à décoller, on les jugeait coincées dans une spirale de
sous-développement tout particulièrement la Corée du Sud. Leur décollage fut donc une grande surprise.
D’autre
part, un autre détail est surprenant : un grand nombre de pays est parvenu
à se développer
rapidement et durablement dans un espace assez concentré, à la suite du Japon
et avant la Chine.
Tout
cela est tellement surprenant, qu’on parle de « miracle » parce qu’on a de nombreuses difficultés à comprendre comment cette
région en est arrivée là. La Banque mondiale estime qu’en trois décennies
sept à huit pays asiatiques sont parvenus à se hisser dans les 12 premières
économies du monde. Derrière
l’expression « miracle asiatique » de la Banque Mondiale, il y a donc
7 pays qui sont concernés par ce terme : les quatre pays nouvellement
industrialisés, aussi nommés quatre dragons : Corée du Sud, Taïwan,
Hong-Kong et Singapour. Suit ensuite la seconde génération, parfois appelés les
3 tigres, avec la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie. Ces 7 pays sont, dans
l’idée de la Banque Mondiale, ceux qui ont suivi l’exemple japonais en dépit de
différences fondamentales dans leurs politiques.
Les
schémas de croissance globale du PIB
révèlent bien la croissance de l’Asie du Nord-Est et de celle du Sud-Est tout
en illustrant la diminution du cas de l’Afrique subsaharienne. En comparant
avec d’autres régions du monde, on constate que l’ordre de grandeur de
croissance pour notre région étudiée est toujours supérieur à 7, c'est-à-dire
que c’est très fort. Seule l’Asie du Sud pourrait être comparable avec une croissance
de 5,4, mais on reste loin du compte.
Ce qui se cache derrière la forte
dynamique économique n’est pas lié à la
croissance démographique. En effet, la
croissance du PIB par tête reste élevée en période où la démographie stagne
voire recule. De nouveau, entre les différentes zones du monde, on constate la
supériorité dans les chiffres de l’Asie orientale et la très faible croissance
du PIB par tête en Afrique sur les mêmes périodes.
On peut souligner aussi la stabilité et le maintien sur 40 ans de
la croissance moyenne du PIB par tête. Les nombres de l’Asie du Sud-Est
sont là encore particulièrement élevés par rapport aux autres régions du monde.
De plus sur les 39 années considérées, on en a pour l’ensemble de la zone 34 de
forte croissance du PIB, les 5 années restantes étant des moments de récession
ou de stabilité.
2.
Une succession de miracles
De
manière générale, les années 1970 sont le
moment de développement de la première génération d’économie asiatique. La
seconde génération suivra seulement dans les années
1980. Enfin on peut ajouter plus récemment l’entrée de la Chine et du
Vietnam dans les années 1990, qui serait une
troisième vague miraculeuse.
L’idée que ces performances
économiques sont inattendues est vérifiable dans le PIB par tête. Dans les
années 1950, ce taux était comparable aux pays africains et nettement inférieur
à celui des pays d’Amérique du Sud. La Corée du Sud est très proche de la république
Centrafricaine. Ces économies partent donc de très loin.
3.
Les implications
Ce
rattrapage économique les a donc fait passer de pays à faible économie à une
économie en développement. On constate alors en conséquence, une chute de la
pauvreté dans ces pays, une part croissante de l’Asie dans l’économie mondiale
ainsi que dans le commerce mondial.
Ainsi dans le PIB mondial, l’Asie est passée de 10% dans les années 1950 à 20%
dans les années 2000. Idem dans le commerce mondial où l’Asie est passée de 10%
dans les années 1970 à plus de 25% dans les années 2000. En conséquence, ces économies veulent jouer un rôle plus grand dans les
décisions économiques mondiales.
Enfin,
ce développement a poussé les analyses économiques à en faire des modèles de
développement à suivre pour d’autres pays.
III.
Les
caractéristiques du miracle économique asiatique
1.
Ouverture et dynamisme exportateur
La
première manifestation de cette intégration dans les circuits se voit puisque
la part des exportations a clairement augmenté tant dans l’ensemble que dans
les produits manufacturés.
Ces économies se sont intégrées dans les
circuits en concurrençant les économies industrielles d’Occident. Elles
parviennent à fabriquer et à exporter des produits manufacturés ce qui est
nouveau quand on avait jusqu’alors des pays qui se contentaient d’exporter des
matières premières.
Actuellement, les acteurs
traditionnels sur la scène internationale commerciale (Japon, Allemagne et USA)
perdent de leur importance et sont remplacés par la Chine.
2.
Profonds changements des structures productives et commerciales
Les
structures productives de ces pays ont subi de grandes transformations qui à
l’échelle des autres pays semblent significatives. Si on prend chacun des pays,
on constate bien que la part des produits exportés ont pris une part beaucoup
plus importante
passant de 10% dans les années 1970 à 40% pour l’Indonésie, 50% pour la
Malaisie, 60% pour la Thaïlande, dans les années 2000. Plus en détail, on
constate que les produits de bases sont nettement moins exportés contrairement
aux pays africains.
L’essentiel des exportations vers
1965 en Corée du Sud concernent le
textile, les habillements et les chaussures, plutôt des produits bas de gamme.
Le cas emblématique était par ailleurs l’exportation de perruques. Dans les
années 1990, cela a diminué au profit d’un nouveau secteur, les machines
électriques et électroniques.
Pour Singapour, on trouve au départ essentiellement des produits
alimentaires, des textiles et un peu de raffinement de pétrole pour des
produits chimiques. Dans les années 1990, l’alimentaire et l’habillement perde
de leur importance pour les machines électriques et électroniques ainsi que les
équipements d’ordinateur et de communication.
En Indonésie, on constate toujours la baisse des produits alimentaires
pour une hausse des produits du textile et de l’habillement. La modification
est tout aussi profonde mais d’un type différent des premiers pays développés.
En Malaisie, idem, chute de la nourriture pour l’électrique,
l’électronique et les matériaux d’ordinateurs.
En Thaïlande, la part de nourriture a chuté mais reste importante,
elle s’accompagne de la hausse des produits textiles, des produits
électroniques et électriques ainsi que des composants d’ordinateurs.
Cela
a poussé des auteurs à parler d’un schéma du « vol d’oies sauvages ».
Le Japonais Kaname Akamatsu décrit ainsi le
développement économique du Japon.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Japon ne bénéficie que d’assez peu
de matières premières. En conséquence, le Japon importe à cette époque beaucoup
de biens de consommation et de produits manufacturés. Ces produits importés
sont alors décortiqués et analysés par les Japonais qui finissent par produire
nationalement leurs propres produits. Lorsque le marché intérieur est saturé,
les Japonais se mettent alors à exporter ce produit. Les bénéfices tirés de ces
exportations sont ensuite réinvestis dans l’importation de nouveaux produits
manufacturés plus techniques, qui sont à leur tour analysés, copiés puis
exportés et réinvestis dans des produits techniques de plus en plus pointus.
Au final, le Japon s’est donc
spécialisé sur le long terme dans des techniques très pointues telles la
robotique.
On constate donc que le Japon est
passé de produits d’habillement puis s’est spécialisé dans l’acier avec les
bénéfices d’habillement, puis dans les télévisions après l’acier, puis les
lecteur vidéo, … toujours en tirant les bénéfices de la production initiales.
On
peut reproduire ce schéma avec les pays et alors constater un glissement
géométrique des secteurs d’activités.
Quand le Japon délaisse une production pour une autre, un autre pays va
reprendre cette activité délaissée à son compte, se développer, se spécialiser
et finalement délaisser ce secteur à un autre pays, … Du coup, cela permet
d’analyser l’Asie comme une succession de pays avec des secteurs très spécialisés
et pas tous de même valeur ajoutée. Une
telle analyse est pertinente jusqu’aux années 1990
où les choses ont progressivement évoluées et remettent en cause ce schéma.
3.
Epargne et investissements
Ces
pays ont tous un taux d’épargne élevé et un taux d’investissement élevé. Ce taux d’épargne est l’ensemble des taux d’épargne de tous les acteurs :
entreprises, particuliers, État, … Ce taux considéré élevé à partir de 20%
où il devient substantiel. Dans nos économies asiatiques, ce taux est au-delà
des 20% dans les années 1970 et le reste toujours, à l’exception encore une
fois des Philippines.
Le
taux d’investissement est avant tout celui des entreprises et parfois aussi de
l’État. Là
encore, lorsqu’il dépasse les 20% on l’estime élevé. En Asie orientale, ce taux
est très élevé encore plus tôt pour les pays de première génération que ceux de
seconde génération. On a donc de nouveau un indice de ce développement
asiatique.
Le
taux d’égalité dans la distribution du revenu, mesuré avec l’indice de Gini (répartition de la
population en fonction de la richesse nationale : x% du revenu est détenu
par y% de la population) où plus on est près de la courbe de Lorenz, plus le
pays répartit équitablement ses revenus. Un
indicateur de Gini élevé dénote une inégalité élevée dans la répartition des
revenus. Les taux d’inégalités dans ces pays asiatiques sont assez bas au
départ et se réduisent encore avec le développement de ces pays, soulignant une
tendance générale à l’égalité des revenus.
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