Le Brésil et son drapeau ... Pour préciser ... Juste au cas où ...
Le
Brésil contemporain
Cette aire
géographique est peu étudiée dans les cours français car le Brésil reste encore
trop périphériques chez les chercheurs européens et occidentaux. C’est d’autant plus
problématique que les Brésiliens se sentent eux-mêmes occidentaux de par leur
passé et de par leurs modèles. Alain Rouquié parle de L’Histoire de l’Extrême-Occident, comme région très
éloignée, au Sud.
On a longtemps
pensé l’histoire du monde de manière très européo-centrée, on analysait le monde selon un
point de vue typiquement européen : économie, culture, histoire, … La
vision de l’Europe se serait étendue en Amérique du Nord puis dans le monde. Le
reste des pays était nié, leurs logiques propres ne transparaissaient pas.
Ce furent les années 1970, qui prirent un point de vue moins
européen avec les Subalterns Studies
et les Etudes Postcoloniales.
Dorénavant, l’histoire de l’Asie, de l’Afrique mais aussi des autres régions du
monde furent repensées depuis leurs points de vue. Ce furent d’abord les
Etatsuniens qui développèrent ses recherches en sciences humaines sur
l’Amérique Latine, suite à la Révolution
Cubaine. Naissent donc dans les années 1960 des études sur la conception
politique en Amérique du Sud, leur rapport avec les militaires et le risque
d’extension du communisme en Amérique Latine.
Il
y a tout de même une bibliographie brésilienne sur l’histoire de leur pays dés les années 1960 qui virent par les universitaires
brésiliens, une explosion des publications sur le sujet. Mais sous un régime
autoritaire qui dura jusqu’en 1988, ce ne seront que dans les années 1990 que les écrits universitaires brésiliens
sur leur pays seront plus libres et plus complets.
Bien loin du carnaval de Venise ... Le carnaval de Rio
I.
La perception du
Brésil
1.
Le Brésil continent
Le brésil serait un
pays continent dans l’imaginaire collectif, avec ses 8,5 millions de km² (soit presque 13 fois la France)
plus même que les USA, sans l’Alaska. Le
pays compte 194 millions d’habitants et semble donc assez peu dense
avec moins de 25 habitants au km². C’est
pourtant une grande puissance démographique en 5° position derrière la
Chine, l’Inde, les USA et l’Indonésie. Avec 17 millions d’habitants en 1900, la croissance démographique a tendu vers 3%
par an jusqu’au milieu des années 1970. Mais
l’étude de la répartition plus détaillée du pays révèle une densité
particulièrement inégale. La population
se concentre essentiellement sur les littoraux. L’intérieur est peu peuplé
sauf Brasilia, et la côte est très fortement peuplée, en particulier le Sud de
la côte avec Rio et Sao Paulo. Les
concentrations très élevées dans les terres sont au nombre de trois :
Brasilia qui attire par son statut de capitale, le Minas Gerais au Sud de Brasilia et Manaus ville sur l’Amazone qui bénéficié de la culture de
caoutchouc avant de devenir une zone franche attirante en plus de l’essor
économique amazonien. Les grandes
agglomérations sont Porto Alegre, Sao Paulo, Rio de Janeiro, Brasilia, Salvador,
les villes du Nordeste, Belem, Manaus, …
La culture du pays
est très autocentrée. Du fait de son immensité, ce pays va construire son
identité de l’intérieur et assez peu vers l’extérieur et ses voisins. C’est le
seul pays lusophone
quand l’espagnol est dominant avec les langues amérindiennes sur ce continent.
C’est aussi un pays autocentré dans son histoire et sa construction nationale
avec notamment un très fort nationalisme
brésilien. L’attachement au sentiment national est très fort et semble à la
vue des Européens se rapprocher d’un nationalisme.
Pourquoi
le Brésil est si grand ? Pourquoi ne s’est-il pas disloqué quand
l’Empire espagnol a donné naissance à 20 nations ? Le Pays est très étendu avec des vastes états dont chacun à une vie
politique propre. Les états sont très inégaux sur certains plans :
économique, nationaliste, … On a des entités distinctes avec leurs cultures
propres.
On peut distinguer cinq
vastes zones :
le Bassin Amazonien, les Hauts Plateaux, les Trois anciens états (aussi les
plus riches) et le reste : le Nord-Est historiquement zone de colonialisme
ainsi que l’extrême-Sud qui est en contact avec plusieurs pays alentours
(Uruguay, Paraguay, Argentine).
Les questions qui
en découlent sont nombreuses.
D’où vient la
dichotomie entre les côtes et l’intérieur des terres ? Dans le langage même, en
brésilien on dit « être de la capitale » pour les côtes et « être
de l’intérieur », pour l’intérieur du pays. Le but sera donc longtemps
d’intégrer cet intérieur dans le cadre d’une forme d’union nationale, cela est
visible par le déplacement de la capitale Brasilia construite depuis rien, en
seulement 5 ans.
L’autre question
majeure est celle de l’imaginaire développé par chaque région du pays. Il y a
dans chaque région, des conceptions culturelles et politiques propres. Le Nordeste est considéré comme la région représentant la décadence
du pays, un ancien âge d’or qui a disparu pour devenir une région en perpétuelle
décadence (on la surnomme l’Afrique brésilienne) qui peine à développer un
statut économique solide et qui connaissait encore des disettes dans les années 1970. A l’opposé on a l’essor perpétuel
et toujours en développement du Sud-Est
du pays avec notamment Saint Paul et Rio de Janeiro. Une autre région est l’Amazonie. Elle représente 38% du
territoire brésilien et a développé son propre imaginaire. La région se
caractérise par le fait que c’est la seule région qui n’est pas encore intégrée
dans l’espace national, qui manque de moyens de communication, qui manque de
ressources énergétique, certaines zones sont laissées à des communautés
indiennes, …
2.
Le Brésil touristique
Le Brésil comme
destination touristique est aussi une conception classique du pays. Depuis
longtemps un pays attrayant, le Brésil a connu une forte immigration européenne
surtout dans la seconde moitié du XIX° siècle. C’était le lieu où les Européens
pensaient faire fortune avec l’imaginaire répandu de l’El Dorado.
A partir de la fin du XIX° siècle, le tourisme apparaît, on se
déplace pour le plaisir. Dans les années 1920,
ce tourisme est associé à un certain nombre de pratiques culturelles typiquement brésiliennes : le Carnaval dont le premier est à
Rio en 1932, la musique ou encore le soleil.
Dans l’entre deux guerres, des éléments touristiques se développent qui
donneront l’image touristique du pays. L’avion va largement contribuer à ce
succès touristique.
C’est un pays au
climat insulaire et aux mœurs indolentes. Cette image touristique fut reprise
dans l’imaginaire national via la cordialité brésilienne. « L’homme
cordial », inventé par Sergio Buarque de Holanda, un historien célèbre, serait un
homme caractérisé par une absence de conflits dans les relations sociales, où
les relations entretenues sont placées sur un plan personnel de manière
systématique. Ainsi, les Brésiliens introduisent de l’affectif dans toutes leurs
relations sociales.
3.
Le Brésil violent
C’est
essentiellement une violence urbaine associée aux grandes métropoles (Rio et
Sao Paulo). Le pays à un taux d’homicide les plus élevé du monde : 25 morts pour
100 000 personnes par an. La guerre en ex-Yougoslavie a connu moins de
morts que le Brésil, sur la même période.
Cette explosion de
la violence urbaine a explosé dans les années 1970
dans la périphérie des grandes villes et dans les favelas (bidonvilles au centre des
villes). Trois grands facteurs peuvent l’expliquer : le Brésil est touché
par une crise économique assez forte, l’explosion du narcotrafic dans la région
de l’Amérique Caraïbes va atteindre le Brésil (en production et en
consommation) et l’accès généralisé aux
armes à feu.
La violence n’est
pas qu’urbaine et physique, elle est aussi sociale. Le pays est un des plus
inégalitaires du monde en particulier depuis les
années 1970 depuis la crise économique. A cette époque on nomme le
Brésil, Belindia : conjonction entre la Belgique et l’Inde. Le système de
croissance économique fut effectivement particulièrement inégalitaire mais
partait d’une structure sociale déjà au départ inégalitaire : la structure
classique latifundiaire. Ce sera aussi le pays qui abolira le plus tardivement
l’esclavage en Amérique du Sud. Le pays s’organisa en laissant longtemps le
pouvoir politique aux mains d’élites restreintes, formant un régime oligarchique.
Enfin le modèle de développement a
favorisé une inégalité entre les régions. Longtemps ces inégalités sociales ont
entaché le Brésil, mais depuis peu de temps, la redistribution des richesses
tend à réduire les écarts depuis une dizaine d’années.
4.
Du pays en développement à la puissance économique
Jusqu’à
il y a 10 ans, on considérait que le Brésil était un pays du Tiers-monde, puis
un pays du Sud, puis un pays en voie de développement, puis un pays émergent et
enfin une puissance locale. Passé de
sous-développé à pays émergent très rapidement, le Brésil a connu un essor
croissant avec un ralentissement économique bref et tardif. Cette croissance
économique est aussi associée à une affirmation du Brésil comme puissance
internationale avec une grande diplomatie efficace surtout sous le
gouvernement de Lula, Luis Iñacio da Silva.
Moins centré sur l’Occident, le Brésil s’est surtout rapproché de ses voisins.
La canne à sucre, le fardeau des Indiens brésiliens.
II.
Le Brésil
colonial : 1500 – 1822
1.
La découverte du Brésil
L’Histoire du
Brésil débute dans les écrits vers 1500. Effectivement, jusqu’alors, il
n’y avait pas de sources écrites. D’où ce début de l’histoire du Brésil en 1500, auparavant, c’est le domaine des
anthropologues.
Pedro
Alvares Cabral est le premier explorateur a
posé le pied sur la terre du Brésil lors de la période des Grandes Découvertes. Durant cette trentaine d’années,
les navigateurs européens posent le pied sur ce continent. C’est sur cette
période qu’on pose la fondation du Brésil ce qui pose problème, de même que
l’expression « Grandes Découvertes ». L’Amérique est déjà habitée
lors de cette découverte, donc sa véritable découverte est bien antérieure. On
trouvait déjà sur place des systèmes sociaux qui se côtoyaient et
connaissaient. C’est donc un concept purement européen qui transparait dans ce
terme de « Grandes Découvertes ». Idem pour le nom d’Amérique, venu
du conquistador Amerigo Vespucci, pareil
pour le Brésil venu du bois de Braise qui fournissait une teinture rouge, arbre
exploité par les Européens. Voulant
penser différemment, des historiens contestataires parlent des « Grandes
Invasions » pour évoquer cette période du point de vue des Amérindiens.
L’expression « invasion » en Europe qualifie surtout les
« invasions barbares ». Ce serait donc l’arrivée d’une civilisation
sur un continent qui en possédait déjà une.
On a donc pour la
première fois une connaissance totale du monde émergé grâce à des personnages
ibériques ou travaillant pour eux.
Si ce sont les Ibériques, c’est parce qu’ils habitent au Finistère de l’Europe
et sont de grands navigateurs avec de nombreux outils techniques marins. Le contexte de la Reconquista n’est pas
négligeable. L’Espagne a repris son territoire aux Maures et dans un
contexte d’extension de son territoire, souhaite s’étendre hors de l’Europe. De plus, ce sont de petits Etats qui pour
se développer s’appuient sur le commerce. En conséquence, cherchant les Indes en traversant le Grand Océan, pour
favoriser le commerce, on découvre l’Amérique. Les Portugais favorisaient
jusque là le trajet par le Cap de Bonne Espérance (par l’Afrique), Christophe Colomb dans ses erreurs de calculs va
découvrir l’Amérique. Cabral aussi par des erreurs de calculs, pensait
contourner l’Afrique, et atterrit au Brésil. Les Portugais vont en fait très peu s’intéresser au Brésil, leur
priorité est d’atteindre l’Inde, une destination de choix. Le Brésil n’est
qu’une vague étape sur le trajet. En revanche, pour l’Espagne, il s’agit de
traverser le continent pour atteindre les Indes. C’est deux tactiques vont
aboutir à un partage du monde entre Espagne et Portugal : le traité de
Tordesillas en 1494. Progressivement
décalée, la limite de ce traité tend à reculer au profit du Portugal, ce qui
est du à une évolution de la vision portugaise vis-à-vis du Brésil. Le commerce
est encore essentiellement celui d’épices, pour masquer le goût des aliments
passés.
Ce n’est qu’avec
l’apparition d’une ressource sur les terres du Brésil et de l’Amérique que
cette région commence à intéresser les métropoles. D’abord, le Brésil est la
source de l’arbre de Braise,
un bois qui permet à la fois de faire des pigments pour la peinture (vendus
ensuite en Hollande et assurant une confortable source de revenus) et pour
construire des bateaux. Cette période
est celle d’un travail libre des Indiens, qui aident les Conquistadores
volontairement dans un procédé commercial classique. Les relations sont alors
pacifiques entre colons et Indiens, les premiers amènent les ressources,
les seconds s’en servent. Jusqu’en 1550, ce
sera une période d’entente aimable entre les deux populations.
2.
Les Indiens Tupiniquim
Ce
peuple indien tupiniquim est resté dans le langage brésilien et qualifie le
« brésilien du coin »
Les
populations amérindiennes sont présentes depuis 1 200
avant JC au Brésil. C’est le continent le plus tardivement colonisé
par l’homme. Jusqu’en
1500, il y a entre 1,5 et 3,5 millions d’Indiens dans cette région. On a
considéré qu’il y avait deux grandes familles d’Indiens au Brésil : les
populations du littoral (Tupis et Guaranis qui se connaissent très bien) et les populations de l’intérieur, peu
connectés entre elles et pas toujours au courant de leurs existences, les
Tapuias pour les Européens. Les
Européens eurent tendance à faire des Tupis et des Guaranis, les gentils qui
commerçaient avec les Portugais, les Tapuias devenant les méchants opposés aux
colons. Cabral en résumant son voyage fait un récit élogieux de peuples du
littoral, il est séduit par ce peuple simple et curieux tout en étant très
accueillant. Rapidement, des explorateurs nuanceront le mythe du Bon Sauvage
avec la ritualisation du cannibalisme de ces ethnies. Ces populations
deviennent alors sauvages et leur intégration à l’humanité est sujette à caution :
ils sont des hommes innocents qu’on peut rendre chrétiens si on les sort de
l’enfance, et ainsi leur épargner l’esclavage.
Alors que les
Indiens des Andes vont renvoyer aux Européens, l’image d’une civilisation
proche de celle des Romains,
que les Européens bruleront par ailleurs, les
Indiens du Brésil vont questionner sur la notion d’humanité et de civilité.
Cela est d’autant plus important que la papauté joue un rôle dans cette
histoire. Si les Indiens sont des bons chrétiens, on ne peut les réduire en
esclavage, sinon, ils sont une main d’œuvre utile. Les Indiens brésiliens
seront plus expropriés de leurs terres et tués (par les bactéries et les
guerres principalement) que réduis en
esclavage. Plus des trois quarts des Indiens du Brésil vont disparaître au XVI° siècle.
Les
années 1560 vont voir une nouvelle stratégie
politique se mettre en place, plutôt que du bois, ne peut-on pas faire pousser
des cannes à sucre sur les terres fertiles du Nordeste ? Cela sera fait et
va changer le rapport au territoire brésilien et aux Indiens. Pour planter de la canne à sucre
il faut beaucoup de main d’œuvre à cette époque. Les planteurs vont chercher
cette main d’œuvre chez les Indiens, ce qui va provoquer une grande polémique.
On peut réduire en esclavage les êtres qui ne sont pas humains. La question est
de savoir s les Indiens sont christianisables et donc humains auquel cas, on ne
peut en faire des esclaves. Bartolomé de Las Casas sera un tenant de la
christianisation des Indiens notamment au Brésil, pour les faire échapper à
l’esclavage. Las casas et les Jésuites interviendront donc beaucoup. Mais on aura tout de même des missions pour
aller capturer des Indiens, via des groupes prénommés les Bandeiras. S’il
s’avérait qu’ils étaient christianisables, il fallait les libérer. Les Jésuites
de leur coté vont reconstruire des villages où ils accueilleront les Indiens,
les soigneront, les christianiserons, … On
parle des missions jésuites qui dureront jusqu’au
milieu du XVIII° siècle. Ces missions sont un espace de contact avec les
populations indiennes où les Jésuites occidentalisent les Indiens. Des dizaines
de milliers d’Indiens y passeront jusqu’au milieu
du XVIII° siècle.
L’esclavage des
Indiens au Brésil ne sera donc jamais massif. Protégés par les Jésuites, touchés par un choc
microbien qui les décimera, peu efficaces comme main d’œuvre et sujet à
l’esquive pour repartir dans leurs forêts, … autant de facteurs qui poussent
les exploitants de canne à sucre à chercher une nouvelle main d’œuvre, les
Portugais vont aller chercher cette ressource ailleurs, en Afrique, c’est le
commerce triangulaire. Typiquement, les
Indiens seront toujours coincés entre un éloignement de la société brésiliennes
et un rapprochement comme avec les missions jésuites et par la suite la
« mission des Indiens » qui doit civiliser la population
amérindienne pour en faire une main d’œuvre sur le marché du travail.
Dorénavant, les missions continuent mais avec des fonctionnaires à leur tête.
Leurs objectifs sont multiples : les sédentariser, les faire travailler
comme tout européen, … Cette période connaît des phases d’accentuation (capture
des Indiens pour les enrôler de force dans la marine).
Dans les années 1680, l’Etat brésilien reconnaît que
les Indiens sont les propriétaires légitimes de certains espaces. Ils n’y ont
aucun droit, mais bénéficient de cette reconnaissance.
En 1900, après une des rares guerres brésiliennes
extérieures, la guerre du Paraguay en 1865 –
1870, qui touchait à un différend
frontalier, le Brésil qui avait mobilisé des Indiens dans ses troupes décide de
mieux protéger ses frontières en mettant en place une mission d’intégration
territoriale et de civilisation des Indiens : la mission Rondon.
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