mercredi 12 décembre 2012

Sociologie politique 11 - 12 (cours 11)


 La politique publique sur l'aéroport de Notre-Dame des Landes s'éternise et la polémique enfle.



La mise en œuvre des politiques publiques


Les politiques publiques sont très nombreuses et souvent en retard dans leur mise en œuvre.


I.                   Les contextes de la mise en œuvre

1.      L’analyse séquentielle

Développée par Charles Jones, cette notion est assez ancienne et presque désuète. Ce serait l’idée qu’on peut pour chaque politique publique, l’analyser en 5 séquences. Cela est toujours utile quand on a du mal à analyser une politique publique. On commence par l’identification du problème, ensuite c’est le développement du programme, s’en suit la mise en œuvre, puis vient c’est l’évaluation et enfin la terminaison. Ce schéma simpliste permet parfois de dépanner ainsi pour la non-délocalisation de Rolland Garros, il y avait un problème d’excès de spectateurs (phase 1), on décide alors des solutions pour s’adapter à ces nouveaux arrivants tout en se confrontant aux différents points de vue (phase 2). Ces deux premières phases sont souvent très importantes et peuvent entrer en contradiction (comme le TGV Lyon-Turin qui s’éternise depuis 20 ans, suite à un changement de référentiel du commercial au touristique). L’aménagement en lui-même de Rolland Garros s’instaure (phase 3). Lors de la phase 4, on a un rétrocontrôle comme l’évaluation immédiate de la réforme du bac, où l’on a jugé immédiatement indispensable de rétablir l’histoire comme matière essentielle y compris en S.

2.      Les conditions de mise en œuvre des politiques publiques

Il faut en premier lieu qu’on établisse en agenda. Une politique publique doit pour se développer être mise sur l’agenda. Le chercheur Padioleau distingue trois étapes dans cette inscription sur agenda : la problématique, la procédure d’étiquetage et l’intervention politique. Il doit y avoir un réel problème pour que cette politique s’inscrive sur un agenda. Le problème est ensuite étiqueté comme un problème d’ordre public, du coup, sa résolution relève des solutions publiques. Dans le cas des USA, il n’y a pas d’intervention politique sur la question du port d’arme puisque les lobbys empêchent que ce sujet soit posé sur un agenda public.
Kingdon et Kieler parlent d’une fenêtre d’opportunité avec trois streams, trois courants qui dominent : le courant des problèmes, le courant des policies ou des solutions et le courant politique. Ces courants ne se réunissent pas toujours les trois ensembles. Parfois ils sont tous les trois réunis comme la question de l’avortement qui posait problème, instaura l’IVG suite à une intervention politique. En revanche, pour la question de la chute des ventes de voitures qui est un problème, il n’y a pas forcément d’inscription sur le calendrier public ni d’intervention politique. La question de la pollution est un problème public traité par l’Etat en France, mais dans le reste du monde, ce n’est pas toujours une question publique.

La combinaison de ces trois questions tend à complexifier les politiques publiques et cela rallonge le temps d’action des politiques publiques. Comme c’est le cas pour le TGV Lyon – Turin qui traîne depuis 20 ans sans être résolu, idem pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Cette perte de temps pose un problème entre le lancement d’une politique publique et leur inauguration.



II.                Les transformations de la décision

1.      La décision comme un « processus »

L’incrémentalisme reprend sens dans ce cours. En effet, dans un processus de décision, on n’a plus réellement de décision mais davantage un processus d’arrangement entre acteurs. De plus, la décision est souvent un processus long et du fait de cette longueur, se fait par incrément, petites touches de matières qui altèrent progressivement le sujet. C’est le cas du baccalauréat depuis des années où l’on mêle l’Education Nationale, les professeurs, les parents d’élèves, les syndicats, … Les modifications se sont faites sur des détails précis alors que le fond devrait être changé. Dans les transports aussi, ces décisions sont longues, le tramway parisien n’était pas parisien au départ, il l’est devenu par incrémentalisme. En plus, l’incrémentalisme peut empêcher la mise en place de la politique publique. Les décisions sont moins verticales qu’auparavant, dorénavant, rares sont les effets d’urgence et mieux les projets sont décidés.
Le modèle de la poubelle, développé par des chercheurs américains, permet de comprendre la décision comme un processus en trois étapes où les préférences sont rarement nettes. Les décisions sont ???, elles sont aussi aléatoires (on avait des tramways auparavant, on les a supprimé, on les a remis, on les critique de nouveau) et chaotiques. Cette théorie permet de mieux retranscrire ce qui fait le processus de décision. Il y a un caractère incertain dans les préférences des décisions prises.

2.      L’élargissement des configurations des politiques publiques

Plus on avance dans l’évolution des politiques publiques plus on voit se multiplier les acteurs de ces politiques publiques. Les configurations deviennent de plus en plus larges. Les acteurs sont conviés à consulter, à intervenir, à participer, … Ainsi dans la question des politiques sociales on consulte les familles, les assistants social, les migrants, … Ainsi les forums hybrides se multiplient, on y converse avec des citoyens classiques et des représentants de premier plan sur la politique publique mise en place.
En revanche, l’aspect positif de cette longueur des politiques publiques, c’est qu’avec toutes ces consultations, on prévoit presque tout. On peut répondre à la plupart des questions et la politique acquiert en fiabilité.

Une autre évolution c’est régulièrement l’élargissement des cadres des politiques publiques avec de nouveaux et plus vaste cadres d’actions (Grand Ouest, Arc Atlantique, …). Parfois certaines politiques sont décidées à l’échelle nationale. D’où l’échec de la politique environnementale qui ne peut prendre place qu’à une échelle mondiale. Mais elles restent tout de même souvent locales.

Il arrive aussi qu’on décide d’améliorer des situations en place, du coup, face à un projet qui traîne, on aboutit à une non-décision. L’importance de la non-décision est parfois très importante. Ainsi, en écologie et en environnement, on a une spécialité des non-décisions (éoliennes, hamsters alsaciens, …). Du coup, on n’agit pas et ainsi, on reste fasciné lorsqu’une décision environnementale radicale est prise (sortie du nucléaire de l’Allemagne).

Enfin les décisions ne sont pas toutes si rationnelles que ça. Nous sommes si nombreux à être acteur dans ce cadre qu’on ne peut avoir qu’une rationalité partielle et limitée du fait de notre nombre dans la mise en place des politiques publiques.

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