"La démocratie est un mauvais système,
mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes"
mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes"
On
assiste au développement mondial de l’État de droit. Tous les systèmes n’ont
pas l’air aussi démocratiques les uns que les autres, mais cette idée demeure. La démocratie semble se diffuser sur la
planète entière et séduit beaucoup de régimes. Seules deux constitutions ne
se sont pas dites démocratiques : celle de Salazar et celle de Pinochet. Cela ne veut pas dire que la démocratie
n’est pas pour autant corrompue. On trouve autant de corruption dans ce régime
que dans les autres. En revanche, en démocratie, les corruptions peuvent être
révélées et jugées ensuite. On peut alors espérer que la corruption se
fasse plus discrète. Lorsque la corruption est affichée dans un régime, elle
tend à se faire moins grande car les gens corrompus ont honte. La démocratie
est le moins pire des régimes comme disait Churchill. Face aux dictatures, la
tendance générale est plutôt de se diriger vers une démocratie.
Avant la Seconde
Guerre Mondiale, on craignait l’apparition de dictatures dures qui auraient
révélé la faiblesse de la démocratie au milieu. Entre le Nazisme au centre de l’Europe
et le Communisme à l’Est, la démocratie face à deux régimes aussi terribles et
durs n’avait que peu de chances. D’où la réflexion de certains avant la guerre
de savoir lequel des deux régimes était le pire, pour choisir l’autre.
Aujourd’hui on récuserait les deux.
La guerre froide
qui a suivi fut marquée par la bombe atomique qui menaçait le monde suite aux
évènements de Nagasaki et Hiroshima. Ce jeu d’équilibre de la Terreur n’était
pas forcément non plus la meilleure solution. De nombreux auteurs parlent d’une
forme de fin du monde liée à cette menace atomique (Jaspers par exemple). Ainsi Anders,
bref mari d’Hannah Arendt, se fit prophète de l’apocalypse. A ce moment là, on
n’est toujours pas dans des idées démocratiques mais Anders comme Jaspers, estiment que la démocratie ne survivra pas car l’État
de droit est faible. Cette faiblesse tient aux tergiversations
interminables, au suicide du régime qui ne prend jamais parti, sa mauvaise
conscience permanente vis-à-vis de ses actions, ses disputes puériles, … En
face se trouvent des totalitarismes qui représentent tout le contraire :
sur de lui, fort, décidé, … Dans cette
ambiance très lourde, les années 1950 – 1960
déploient des justifications de la démocratie et ce d’autant mieux qu’on
redoute de la perdre. Les idéologies, en dépit des moyens mis en place, ne se
réalisent pas dans leurs sociétés et n’aboutissent qu’à des tyrannies qui
ne réalisent pas leurs objectifs premiers, excepté le Socialisme qui ne veut
pas risquer la tyrannie. Pour l’État de
droit, la démocratie est le contraire, c’est un système politique qui ne dit
rien mais qui fait beaucoup. Ce système fait, mais ne dit pas. La démocratie
n’a pas de maître à penser, elle en a de multiples. La démocratie n’est donc pas une idéologie puisque c’est un type
d’organisation qui est hanté par ses imperfections, qui veut toujours
s’améliorer. La pensée démocratique est celle de la Terre, une pensée
lourde attachée à l’observation, l’expérience et l’imperfection.
Pourtant
cette pensée relègue la politique au second rang. En effet, dans les régimes
précédents, on imagine changer la politique, l’homme et la société. On pense qu’on va tout changer dans les
autres régimes mais la démocratie n’y croit pas, elle ne veut pas changer
l’homme. Elle part de la certitude que la vie échappe à la politique.
L’homme n’est pas tant un démiurge qu’un jardinier, il ne crée pas quelque
chose depuis rien mais au contraire, aide au développement de ce qui existe
déjà. L’homme politique en démocratie est ce jardinier face à un peuple qu’il
doit écouter pour mieux le développer. La démocratie reste donc un système
modeste.
Vaclav
Havel fait parti
de ces hommes qui sont passés en 1989 de la
prison à la présidence. Élu presque directement au pouvoir, Vaclav Havel était
un philosophe porté au pouvoir. Il fit un discours à l’Académie des Sciences
Morales et Politiques de l’Institut de France. Il estimait que la démocratie
fonctionnait tel un totalitarisme comme un autre, qu’il fallait se diriger vers
une société parfaite par ce régime. C’est exactement comme la pièce de théâtre En attendant Godot, sauf que
Havel a réalisé qu’en démocratie, on ne pouvait attendre cette société
parfaite. La démocratie n’est plus dans
l’attente de la perfection. La politique
devient une force inquiétante à domestiquer. Le gouvernement est une forme de
pouvoir qu’il faut maitriser car quiconque s’en empare souhaitera en abuser. Proudhon disait d’ailleurs que les peuples ne
devaient jamais rien faire que contrôler leur gouvernement. Il fallait lier la
force par le droit, ce qui est le fruit d’un état d’esprit long et fastidieux. Montesquieu disait que le principe essentiel de la
démocratie est l’engagement de chaque citoyen. Cet engagement est tacite et se
trouverait dans l’origine symbolique de la démocratie dans l’idée d’un contrat
social. Cette notion du XVIII° siècle
souligne que pour vivre en société les individus signent un contrat où ils lui
donneraient leur force et échange de quoi, le gouvernement promet de ne pas en
abuser. Ce contrat est avant tout symbolique mais fait en sorte que la force
dont nous sommes capables nous la déléguons à l’État. A nous donc d’obéir aux
règles fixées par ce contrat. Certes toutes les sociétés vivent avec des
règles, mais dans les sociétés autocratiques, lorsqu’on ne respecte pas les
règles, le pouvoir n’est pas en péril puisqu’il utilise immédiatement la force.
Dans l’État autocratique, le pouvoir a
toujours de quoi se défendre. En revanche, dans l’État démocratique tout repose
sur notre volonté de citoyen à jouer le jeu. Dans le cas où nous ne jouerons
plus le jeu, le pouvoir risque de s’effondrer de lui-même. Ce pouvoir ne tient
donc que sur une volonté commune. En Allemagne de Weimar, lorsque le
gouvernement fut remis en cause par un grand nombre de citoyens, la république
de Weimar a chuté. La démocratie ne peut rien contre les tricheurs car elle ne
repose pas sur la force. La démocratie
est fragile et demande une certaine forme de vertu citoyenne. Montesquieu
réclamait d’ailleurs cette vertu morale. Le citoyen est quelqu’un qui réprime
volontairement ses penchants à la violence et à l’arbitraire. Cela va à tel
point que Burdeau exagère en parlant du
citoyen comme un saint laïc. En effet, il sait qu’en agissant à l’état de
nature, il sera réprimé. Du coup, il se soumet volontairement aux règles.
Mais la démocratie
ne se contente pas de demander aux citoyens de ne pas tricher mais aussi d’être
un stimulateur positif en agissant lors des élections. En étant confiant dans le droit,
la démocratie ?? et à les inconvénients des ??? de civilisation. L’État
de droit demande une société cultivée, une raison développée par une éducation
populaire avec un fonctionnement très complexe qui échappe aux simples rapports
de domination. Montesquieu disait que
pour avoir une démocratie modérée, il fallait un peuple modéré et tempérant,
même si cela n’est jamais acquis et qu’il faut le protéger constamment.
La défense de la
démocratie est récente, elle date du XIX° siècle,
c’est un régime historique. Inventée par les Grecs, mais pas seulement. On
avait trois sources d’influence en Europe : la démocratie grecque, la
démocratie nordique
dix siècles plus tard et enfin au
sein d’un conglomérat occidental (monastère, villes italiennes et
charte de 1215 en Angleterre). La démocratie
nordique est gouvernée par une assemblée qui cumule les pouvoirs exécutifs,
législatifs et judiciaires, apparemment sans influence grecque ce régime s’est
développé de lui-même. Toujours est-il que la démocratie grecque a fini par
chuter dés les années 420 et s’effondre en 443 avec l’invasion d’un pays voisin. Le désordre
et la corruption dans Athènes fut assez terrible et Philippe
de Macédoine fut longtemps considéré comme l’homme qui avait révélé que
la démocratie ne fonctionnait pas. Pendant ce temps, les monarchies du
continent européen se constituent peu à peu en monarchies parlementaires, de
plus en plus limitée et surveillée par des Parlements (les États en France, les
Cortes en Espagne, les Vece en Russie, les Diétes en Pologne, …). Cet esprit démocratique montait mais n’était
pas usité. Le mot démocratie tombe après
la Révolution Française. Mais la démocratie qui s’instaure, révèle que les
mêmes maux qu’à l’époque grecque sont toujours présents.
Excès et
perversions démocratiques demeurent toujours. L’État providence par l’ampleur
de ses droits créances, finit par compter plus que n’importe quelle liberté. Du
coup, cela tend à dépolitiser le citoyen.
La démocratie se
fonde sur une croyance quant à l’homme. C’est une croyance sur la condition
humaine ou sur ce qu’il peut être. Lorsqu’on donne le droit de vote à tous,
cela signifie qu’on présuppose que tous les individus à partir d’un âge sont
capables de prendre une décision pour le bien commun. Dans la société, on a des
disparités de cultures, d’informations, de spécialisations, … Du coup, il y a
des gens qui sont plus capables que d’autres d’avoir un avis sur la question du
nucléaire. La question n’est pas tant d’avoir un avis sur le nucléaire que
d’avoir une direction personnelle dans la vie. Il s’agit de prendre son propre
destin en main. Ainsi, un individu qui prend son destin en main devra choisir
de se marier à quelqu’un, d’avoir un enfant, … Là on choisit son propre destin.
Un individu peut-il prendre son destin en main ? Cela dépend des cas, en
Occident, on est parti du principe que oui, les individus peuvent prendre leur
destin en main. On n’a jamais marié les petits enfants, même si on a des bémols
(promettre deux enfants, quelques exceptions de mariages arrangés, …). Ce qui compte au final, n’est pas tant
l’intelligence des sphères, les diplômes, … Ce qui compte en priorité c’est le
bon sens, la responsabilité du père ou de la mère de famille, la prudence,
la bienveillance, … Autant de qualités
morales que tout le monde possède à divers degrés. Comme tout le monde a ses
qualités, tout le monde peut voter. Les différences intellectuelles n’entravent
pas la démocratie, c’est ce qu’espèrent les démocrates.
Une autre question
est celle de savoir si on trouve sur le terrain une culture démocratique. Si l’on est près à user de
violences systématiquement, alors rien ne sert de penser à instaurer une
démocratie. Il existe alors d’autres
systèmes dans certaines régions qui sans être démocratiques permettent de
rendre les gens heureux, on parle de systèmes autocratiques.
De plus, notre
système est imparfait. Il est loin d’être l’unique bon système. Aujourd’hui, de
multiples critiques de la démocratie sont faites. Ces critiques sont virulentes
mais tout de même fondées.
Ainsi, la Chine ou les pays musulmans se démarquent dans certains cas. 4 pays
musulmans ont rédigés des droits de l’homme islamique. Les critiques portées
contre la démocratie sont très poussées, elles sont établies de manière
construite. L’orthodoxie russe démonte elle aussi la démocratie pour proposer
des régimes vivables.
La démocratie n’est
pas la fin de l’Histoire comme ont pu l’écrire des gens comme Fukuyama ou Hegel.
La démocratie est un régime qui a fait ses preuves, qui a satisfait une partie
des peuples mais qui a ses défauts et qui ne convient pas forcément à toutes
les cultures. Dante a longtemps pensé que la
monarchie était le seul régime possible, il n’en est rien aujourd’hui. Les actuels antidémocrates qui
forment des courants y compris en France, mettent en évidence les failles et
les premières traces d’effacement de la démocratie.
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