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Starring B. Obama et H. Chavez
Starring B. Obama et H. Chavez
V.
L’idéologie
chaviste
L’idéologie chaviste
se réfère à Bolivar puisqu’il s’agit officiellement du bolivarianisme, doctrine
revendiquée par Chavez en lieu et place du bolivarisme. Un historien a même parlé du
bolivarisme comme un « Bolivar de pacotille ». L’idéologie va en fait phagocyter le régime politique dans ce cas
précis. Les règles de fonctionnement du pouvoir sont déterminées par la
personnalité du Président. La gana du
Président est donc importante dans ce contexte. La difficulté de trouver un
successeur à Chavez s’est vue lors de la campagne de 2011.
Juste avant le lancement de la campagne, le cancer de Chavez fut annoncé et un
successeur lui fut cherché par Caracas. L’influence de Cuba est alors très
importante puisque les potentiels successeurs sont le vice Président du pays et
le Président de l’Assemblée, deux castristes en plus d’être chavistes. A cela s’est
ajoutée l’intervention de proches de Chavez, dont son frère qui sans respecter
la constitution a décidé de prendre sa succession en attendant le retour de
Chavez lors de son opération à Cuba. Celui-ci fut violemment remis à sa place
par Chavez à son retour. Le slogan de Chavez est « La patrie, le
socialisme ou la mort ».
Ernesto
Laclau qui a écrit La
raison populiste, développe qu’il n’y a pas d’idéologie populiste au
Venezuela. Le populisme n’est qu’un discours qui remplit un signifiant vide :
le peuple. La raison populiste doit en fait meubler ce signifiant vide par un
discours qui permet au leader de s’identifier au peuple en lui donnant corps. De plus, cet ameublement du
signifiant vide est dans le discours populiste caractérisé par un système de
relation « ami ou ennemi ». Du coup, la raison populiste est la
raison politique par excellence d’autant plus qu’elle se fonde sur la
souveraineté populaire qu’elle réalise pleinement. Laclau est un des premiers à vouloir accoler un signe positif au terme
populiste et à ce qui s’y rapporte (notamment la mise en valeur du terme de
« peuple »). Cet ouvrage sans jamais le dire est une complète défense
de Chavez. La définition du peuple de
Laclau est biaisée puisque le peuple social a déjà un discours, un avis et une
opinion avant l’arrivée du leader. Un certain nombre de prémisses de Laclau
révèle que le populisme n’est jamais qu’un discours et qui empêche parfois de
voir les effets pratiques de la politique.
Le discours ne fait pas tout, il a des effets pratiques directs ou indirects.
Sur le plan théorique et pratique, ce
qui permet de limiter les abus du pouvoir se sont les institutions représentatives
qui sont des institutions aux actions indirectes. Laclau fit aussi des discours
en faveur de Chavez.
Il y a une idéologie
du chavisme dans le sens où il y a une pensée (même simpliste) d’un monde
binaire fondé sur les actions politiques. D’un coté on trouve l’Ami (peuple et alliés de Chavez dans
son organisation l’ALBA) et le reste,
qui sera ami en fonction des circonstances, en particulier ceux qui sont
adversaires des USA. Cette idéologie est définie par le bolivarianisme, selon
le sociologue Vallenilla
Lanz, parle en 1919 d’un césarisme
démocratique, sous le mandat de Vincente Gomez,
le plus grand tyran vénézuélien. Ce césarisme démocratique défend la théorie de
la tyrannie en même temps qu’il y a une description des indépendances des pays
hispaniques analysée comme des guerres civiles. Vallenilla développe l’idée du « gendarme nécessaire », un
caudillo fort qui a fait régner l’ordre dans les pays indépendant, par la loi
bolivienne. Cette loi insiste sur l’enracinement dans le nature même du
pays considéré, l’auteur s’oppose radicalement à l’idée d’un constitutionalisme
comme cela fut pensé en Europe au XVIII° siècle.
Il n’est pas question pour les
hispaniques du XVIII° siècle de reprendre
les idées européennes d’une séparation des pouvoirs, d’un État de droits, ... C’est
au tyran de donner la constitution effective à ces pays. Le rejet de la division des pouvoirs est
fait dans les pays d’Amérique du Sud, c’est un fardeau. Est aussi rejeté le
constitutionalisme classique pour un constitutionalisme populaire qui est
représenté par le Président (Président qui représente le peuple). Au moment
où Vallenilla publie son ouvrage en 1919, un
auteur libéral fondateur du journal colombien El tiempo, Eduardo Santos
a une polémique avec Vallenilla. Santos conteste la défense du tyran jusqu’à
pousser Vallenilla à avouer son soutien politique au tyran Gomez, qui assure
une bonne politique et permet de guider un peuple qui est d’une ignorance
crasse.
Chavez prépare son
élection dans les années 1990 en reprenant
des personnages politiques dans la lignée de Bolivar : Simon Rodriguez (maître de Bolivar) et Zamora (figure du peuple souverain et du caudillo
armé). Le chavisme développe alors un mépris réel pour la démocratie
représentative à la fois dans ses discours mais aussi dans ses positions. Ainsi dans l’idéologie chaviste il y a une grande part de réécriture et
d’effacement de l’Histoire : depuis la mort de Bolivar et l’accès au
pouvoir de Chavez, il a y un vide historique et une grande obscurité. En
particulier il va effacer la figure de Romulo Betancourt,
incarnation et symbole d’une démocratie réelle instaurée en 1958.
Les
textes de Chavez sont traversés par ses idéologies et doivent donner place à l’action
avec un présentisme et un immédiatisme propres à Chavez. En rejetant le constitutionalisme classique avec la séparation des
pouvoirs et l’État de droit, on rejette les institutions intermédiaires. Or
dans son discours, l’idéologie chaviste est une idéologie de la palabra, de la parole qui doit donner
lieu immédiatement à l’action. De plus, avec son constitutionalisme populaire
dont se réclame Chavez, il n’y a plus aucun contrôle des productions de l’exécutif (lois, décrets, …). On
efface le passé historique en renommant le parc Betancourt, …
Est aussi
révélateur de l’idéologie chaviste le fait qu’en signant la charte démocratique
américaine, le représentant vénézuélien va émettre des contestations en
soulignant que dans son pays ils vont plus loin que ça avec une démocratie
participative. La démocratie représentative serait plus fragile car elle fut
créée sous la Guerre Froide pour déstabiliser les régimes de démocratie
populaire. Le
premier propos est mensonger ou ignorant puisque la création de cette
démocratie représentative date du XIX° siècle
au plus tard. De plus, il fait un parallèle textuel en opposant démocratie
représentative à la démocratie populaire et à la démocratie participative. Du
coup, il tend à associer démocratie participative et démocratie populaire. La démocratie participative doit être distinguée
du principe de participation. La démocratie participative est comprise par
les chavistes comme un régime politique distinct du principe de participation. Cette démocratie participative consiste à
supprimer les intermédiations, à stimuler l’activisme citoyen, à appeler et à
contraindre les citoyens à la politisation. Sartori
dans son ouvrage Qu’est ce que la
démocratie ?, fait à moment donné une critique de la démocratie
participative ou participationniste. Née dans les années
1960, cette figure politique nous renvoie à la démocratie athénienne où
le citoyen consacrait toute sa vie à la politique et y était obligé. Sartori
met en évidence le caractère insupportable de cette participation permanente,
qui aujourd’hui idéologiserait complètement les citoyens sous un joug. C’est un élément qui tend au
totalitarisme puisqu’il y a une inclusion forcée de toute la population dans un
système où ils doivent défendre coute que coute l’idéologie.
Comme référence et
outil, Chavez utilise l’armée tant dans l’idéologie que dans la pratique. Cette
armée est censée porter les espérances du peuple. L’armée vénézuélienne ne fut
organisée qu’au début du XX° siècle sous la
tyrannie de Gomez. Cette se fait à tel point que le premier conseiller
de Chavez, Ceresole, un « rouge brun »
(communiste et aussi nazi) qui fut renvoyé par Chavez en 2001 lorsqu’il s’avéra trop nazi, fit développer
certains points vis-à-vis de la politique ???. Enrique
Krauze, un historien chaviste décrit Ceresole comme un individu membre
de plusieurs organisations extrémistes voire terroriste. En 2000, Ceresol rédige Caudillo, armée, peuple. Le Venezuela sous Hugo Chavez, avec
l’accord du pouvoir à cette époque.
L’armée est l’outil
du héros caudillo tout en étant censée être au service du peuple. Comme Chavez
incarne puis devient le peuple lui-même, l’armée en agissant pour Chavez, agit
pour le peuple. Cette trinité caudillo, armée et peuple fait que pour certains
historiens on peut considérer qu’il s’agit d’un populisme autoritaire ou un
bolivrianisme militariste, …
Un second conseiller de Chavez, un Allemand nommé Dieterich, parle
en 2005 du « socialisme du XXI° siècle »,
ce que Chavez reprendra tel quel. Pour Dieterich, le socialisme de Marx a connu
de gros problèmes au XX° siècle et il faut
aller plus loin que l’URSS en combattant le capital. L’objectif est d’aller vers une civilisation plus humaine. Dieterich fait une généalogie du socialisme du
XXI° siècle telle que Chavez l’incarne. Il remonte le socialisme depuis le
socialisme chrétien (inspiré de Platon et de Jésus qui a démocratisé l’économie)
pour arriver à Bolivar (qui libère les peuples du continent américain), évoque
ensuite Napoléon incarnation de l’esprit mondial (mais dont Chavez dépasse la
grandeur puisque ce dernier n’est pas d’origine bourgeoise comme Napoléon), … Il y a un changement d’acteur central puisque
Bolivar était auparavant l’inspirateur de Chavez, mais avec le temps, Chavez a
dépassé Bolivar qui n’était en fait qu’un précurseur. Bien évidemment
Chavez mélange un corps de doctrines qui a pour mot-clé la Révolution
permanente. Le changement de terminologie des chavistes est aussi significatif,
Bolivar a effectué la libération des
peuples, mais c’est à Chavez que revient l’acte final que Bolivar n’a pas
produit, celui d’émanciper les peuples. Chavez est l’émancipateur.
Un
intellectuel chaviste, Juan Barreto, maire
de Caracas récemment destitué de son poste après des élections, s’avère s’être
enrichi de manière astronomique. Il défend bien évidemment le chavisme en
soulignant ce qui fait le cœur de la révolution chaviste. Il évoque à moment
donné une subjectivité commune, sous-entendu, il n’y a qu’un peuple incarné
dans la subjectivité du caudillo Chavez, dans un constitutionalisme qui ne
dépend que de la volonté de Chavez.
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