vendredi 7 décembre 2012

Amérique du Sud 07 - 12 (cours 9)

Quelques membres armés des FARC qu'ils se soient engagés volontairement,
ou qu'ils y furent contraints.







/!\ Cours approximatif en certains endroits, je n'ai pas tout compris, notamment concernant de l'attaque contre l'Union Patriotique, ni comment les ouvriers des plantations de cafés sont devenus les FARC.


VI.                   Les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie)

En Amérique Latine, il y a eu des violences avec les guerres d’indépendance nationales même si la nation fut une conception développée par la suite. Entre les indépendantistes et les fidèles à la couronne, il y a eu des guerres civiles dans tout ce continent. Mais il y eu peu de victimes liées à ces guerres civiles car il n’y avait pas de véritables armées. La violence reste toujours localisée, il y avait certes des atrocités mais en dépit de cela, on a un développement des libertés majeures : presse foisonnante, partis politiques qui se multiplient, … Lors de la première moitié du XX° siècle, les gens prennent conscience que ces guerres les ont épuisé. Avec l’indépendance du Panama vis-à-vis de la Colombie, ce fut un coup très dur pour ce dernier pays. Les Colombiens réalisent que les guerres civiles sont une des causes majeures de cette fracture nationale.

Pour autant, la violence n’est pas une des caractéristiques premières de l’Amérique Latine, moins encore de la Colombie. C’est un point de vue très européo-centré que d’imaginer que l’Europe est pacifiée et la Colombie violente. Au XIX° siècle, certains historiens estiment que la France a souvent été au bord de la guerre civile. Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, on a eu de grandes violences entre nations mais ces violences étaient presque justifiées puisqu’elles avaient lieu entre les nations et non pas au sein de la nation même.
La différence entre la violence en Colombie et la violence en Europe, c’est que l’Europe a obtenu après la Seconde Guerre Mondiale une pacification remarquable entre les pays. En revanche, en Colombie, la violence s’est prolongée.

Il y a trois origines principales analyses concernant l’origine des FARC : une origine dans les conflits sociaux, une origine dans l’invention de l’État et une origine dans un projet politique. Aujourd’hui les FARC sont à Cuba pour négocier la fin de la guerre avec le gouvernement colombien. Né dans les années 1990, les FARC ont occupé un territoire très vaste en particulier dans le Sud de la Colombie dans la forêt amazonienne. Les FARC ont eu un lien plus qu’étroits avec les Communistes.
L’origine sociale des FARC est de loin, leur origine la plus couramment évoquée dans les médias. Les FARC représentent la lutte des peuples contre une oligarchie. Historiens et journalistes soulignent souvent qu’il faut penser les origines de nombreux mouvements dans ce contexte. Cette perspective a trouvé une justification dans les conflits des années 1920 – 1930. Durant cette époque, il y a eu des mouvements sociaux dans les lieux de production du café. Les paysans souhaitaient obtenir leurs propres terres. Ce ne sont pas de vastes mouvements, c’est une petite organisation nationale qui s’est constituée à l’aide des Libéraux. Mais cette interprétation tend à associer la pauvreté à la violence. Les pauvres paysans se seraient progressivement constitués en guérilla. Mais le lien pauvreté – violence est parfaitement contestable. Il faut une intervention politique qui reconnaisse le problème social pour que cela devienne l’objet d’un mouvement politique, qu’il soit violent ou non.
L’autre perspective estime que c’est une attaque de l’État colombien qui via son armée a réprimé les paysans. Cela s’est fait sous la montée du populiste Gaitán. La Violencia qui a suivi l’assassinat de Gaitán a provoqué la naissance de guérillas en Colombie, surtout des guérillas de Libéraux et de Communistes. Mais rapidement, les Libéraux abandonnent cette forme de lutte, pas les Communistes. En 1964, l’État a pris d’assaut les lieux d’emplacement des guérillas. Les Communistes n’ont pourtant pas voulu lâcher l’affaire. On explique parfois la naissance des FARC dans le moment là. Face à cela, beaucoup de monde a critiqué la position de l’État colombien : en reprenant Weber et sa conception de monopole de la violence légitime, de nombreux intellectuels et pays de gauche ont critiqué une forme d’abus de pouvoir. En revanche, l’invasion soviétique de la Hongrie ne fut pas contestée. En Colombie, s’en prendre à l’État est une attitude déplorable, en particulier chez les gauchistes.
On peut enfin voir les FARC comme une création politique, cette analyse est plus rare car plus fragile. En effet, les intellectuels colombiens sont souvent positionnés sur la gauche de l’échiquier politique. De plus, les Communistes ont finalement réussi à empêcher de considérer les FARC comme un projet politique en niant le lien qui était possible entre le mouvement communiste et les FARC.

La Gauche en Colombie s’étend sur une période d’un siècle. Longtemps, la Gauche républicaine s’est refusée à utiliser la violence comme forme politique. La violence des guerres civiles du XIX° siècle avait été trop lourde en coût humain. Surtout que ces violences touchaient en premier lieu les gens pauvres, soit l’électorat de ce courant. De plus, pour ces Socialistes républicains, il fallait organiser un projet de construction de la démocratie. Avec l’arrivée du Parti Communiste en 1930, la violence prend une place primordiale dans leur projet politique. Mais cette violence est particulière, elle doit amener à un changement de régime. On a des grèves, des manifestations, … Mais c’est au cœur de la pensée communiste qu’on trouve la violence avec un soulèvement généralisé pour amener à la dictature du prolétariat. Avec les années 1960, il y a un changement de perspective chez les Communistes, la violence ne doit pas être le point culminant, mais doit n’être qu’une étape pour amener une véritable société communiste. Cette transformation de la conception des Communistes vient de l’expérience de Mao Zedong. Dorénavant, les Communistes aident les paysans mais ne soutiennent plus véritablement les guérillas.
En 1964, on a une attaque de l’État sur les bastions communistes. En 1966, les Communistes s’organisent pour former une guérilla dans le Sud Est colombien. J. Arenas, cadre communiste, est envoyé pour faire le lien entre les groupes paysans et la pensée communiste. Depuis, les dirigeants des FARC participent aux délibérations du comité central. Mais les mouvements veulent alors organiser des actions en faveur de la politique du parti communiste. Cependant, depuis les années 1980, les Communistes se sont retournés. Dorénavant, ils tentent de se détacher tant que possible des FARC. En effet, c’est à ce moment qu’apparaissent les paramilitaires qui font la guerre non contre le gouvernement, mais contre les civils.
Lorsque les armées gouvernementales assassinent les militants de l’Union Patriotique, mouvement proche des FARC, on annonce officiellement que l’État reconnaît alors le mouvement des FARC. Or les FARC sont à ce moment là, loin de vouloir baisser les armes et l’action gouvernementale devient leur justification principale pour « continuer la guerre ». L’excuse gouvernementale était alors qu’on voulait pousser les FARC à s’engager politiquement et non pas violemment contre le reste de la société. Les FARC s’y refusent et se serve de cet évènement pour annoncer leur intention de continuer la lutte militaire au parti communiste.

Aujourd’hui, les FARC ont une très mauvaise image auprès de la population colombienne. Il semble à la population que les FARC sont un des obstacles fondamentaux à l’instauration de la démocratie en Amérique Latine. Si les négociations actuelles sont difficiles, pour autant, les FARC cherchent à garder une place politique en dépit de leur perte de prestige auprès du peuple. Leur mauvaise militarisation les a affaiblis et les négociations sont une de leur dernière chance.
Les revendications des FARC sont très limitées car c’est au parti communiste de penser cela pour eux, alors même que le divorce entre les deux est entamé. Longtemps ce fut la réforme agraire, mais cela reste très flou, il n’y a pas de réel projet construit derrière. 42% des terres volées en Colombie, furent volées par des guérillas. Pour faire la paix les FARC doivent aussi renoncer à la volonté de prendre le pouvoir.
Les FARC restent, en dépit de leur manque de projets et de leur récente banditisation, un groupe politique. La condition du narcotrafic à l’échelle du groupe n’est pas forcément un obstacle aux négociations. En revanche, à des échelles de petits groupes de membres des FARC, cela pourra être un blocage, certains ayant des intérêts dans le narcotrafic. Cependant à l’échelle des FARC, la tendance est plutôt à baisser les armes.
On estime aujourd’hui à 9 000 combattants FARC selon l’État colombien. C’est une nette diminution qu’elle soit ou non surestimée. Leur recrutement se fait souvent de force et là, il est difficile de savoir quels sont ceux qui ont véritablement une pensée FARC.

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