Vous reprendrez bien un peu de narcotrafic ?
La limitation est
donc réelle en Colombie et le pouvoir reste autant fragmenté que contesté. En 2002, pour la première fois depuis la constitution
de 1991, est élu un homme qui n’est pas de
la capitale Bogota. La réaction des élites en dit long sur la fragmentation
politico-géographique.
Les élites sont très surprises de ce provincial à la présidence. Uribe
prend alors comme vice-président un représentant de l’élite bogotienne pour
éviter toute contestation déstabilisante. De cette manière, on voit un relatif
renforcement du pouvoir du président. La
présidence a donc tout au long du XX° siècle
connue une évolution qui renforce sa position dans les institutions politiques.
Mais en même temps, tandis qu’Uribe va renforcer son propre pouvoir en termes
de pouvoirs absolus tandis que les pouvoirs institutionnels seront bloqués par
la Cour Institutionnelle. La présidence
s’affirme mais reste donc limitée y compris sous Uribe.
Les forces locales
viennent aussi contrebalancer le pouvoir présidentiel, de même que les cours
suprêmes et la société civile en particulier l’Eglise.
Le pouvoir local trouve
ses fondements dans le municipe, équivalent de nos municipalités en légèrement
plus vaste. Au dessus des municipes sont les départements puis enfin la nation.
Les pouvoirs locaux sont importants dans un cadre de fragmentation territoriale. Ils sont en effet, peu contrôlés, ont à plusieurs occasions renforcé
leur emprise notamment lors de la Constitution de 1991
qui accentue le pouvoir des maires. Au XIX° siècle,
le fédéralisme important a contribué à la faible emprise du pouvoir central sur
les municipes. Cette indépendance des municipes était contrebalancée par le
fait que l’État nommait lui-même les maires et les gouverneurs. Mais ces maires
et gouverneurs ne pouvaient être choisis parmi des individus qui n’étaient pas
connus du public local, car dans ce cas, la population les rejetait. Du coup,
le pouvoir central a cessé de se leurrer dans son rôle d’emprise et a autorisé
une élection au suffrage universel direct des maires et des gouverneurs. De
plus, on a des relations de type
personnel qui prennent place dés cette époque. Ces structures de dépendances
personnelles forment une sorte de pyramide très serrée qui relie l’ensemble des
acteurs. Le pouvoir central ne peut donc s’immiscer facilement dans cette
structure.
Le Congrès
bicaméral (Sénat et Chambre des Représentants) contribue à garantir le principe de la
division du pouvoir. A quelques
exceptions près, son existence est aussi longue que la République colombienne
(si on excepte la dictablanda de
Pinilla). En 1991, César Gaviria révoque le
Congrès mais pour mettre en place un processus constituant qui est bien encadré
constitutionnellement, mais en plaçant un nouveau Congrès sous le cadre de la nouvelle
Constitution de 1991. Donc les épisodes de réelle influence de l’exécutif
sur le législatif sont rares. Le Président a même souvent du démissionner face
à une trop forte opposition dans l’organe parlementaire. Ainsi Uribe, fin 2009, lorsque ses partisans tentent une
nouvelle réforme constitutionnelle pour réélire le Président une 3° fois, le
ministre de l’intérieur se rend au Congrès, ce qui est perçu comme une
intrusion de l’exécutif dans le législatif. Sa présence obligatoire met bien en
évidence la faiblesse de l’exécutif face au législatif. En revanche, la crise
du système bipartisan a permis de renforcer le statut présidentiel. Uribe a contribué
à cette crise dans la mesure où il a lui-même affirmé son autorité, fin des années 1980 en sortant du parti libéral et
créant une branche dissidente et en privilégiant la dispersion du système bipartisan
au point de déstructurer ce système dans les années
1980. Cela a contribué à l’affirmation du pouvoir du président. Or cette affirmation de l’autorité du
président repose aussi sur les dérives du Pôle Démocratique (parti de
gauche le plus important) et celui du Parti
Communiste : départ du guerillero Petro du Pôle Démocratique qui
voulait une position claire de refus de compromission avec les FARC, … Tout
cela favorise un multipartisme plus fort.
Cette fragmentation
est aussi favorisée par le système judiciaire qui effectue des contrôles sur l’activité
gouvernementale. A partir de 1991, la Cour
Constitutionnelle prend une place particulière. Ainsi, les Colombiens accèdent
au contrôle de constitutionnalité
seulement en 18?? Soit bien après les USA, premier pays à fixer ce contrôle de
constitutionnalité. En France cela est mis en place dans la Constitution de 1958 mais ne s’est appliquée qu’assez tard. Ce
système en Colombie permet ainsi de limiter les pouvoirs de l’exécutif.
La société civile
possède elle aussi un certain nombre de possibilités d’action si on la
considère comme « l’ensemble des
organisations volontaires de citoyens, autonomes, différents de l’État et dont
la conduite obéit à des critères de civilité ». Cette société civile
est apparue clairement il y a deux ou trois décennies lors de la mobilisation
pour les élections.
La société civile, en particulier les
associations, sont créées spontanément. Au XIX°
siècle, ces sociétés pullulent notamment les associations patriotiques
que Santander finira par juger utiles et avantageuses puisqu’elles stimulent la
liberté de la presse, la création de l’école, … Cela pousse a des avancées sociales. Et puis on a l’Eglise, un acteur
particulier qui dés la post guerre d’indépendance produit un message clair de
limitation du pouvoir temporel. L’Eglise ne cesse de répéter que la
souveraineté ne réside pas dans le pouvoir du Congrès ou dans l’exécutif, mais
dans la nation. Elle a contribuée à la mobilisation régulière des électeurs
en répétant à plusieurs reprises que les citoyens avaient une mission à
remplir, celle de juger en dernière instance la politique et la législation du
pays. Cet acteur sera constitutionnalisé
en 1886, ce qui va rendre les relations
entre l’exécutif et l’Eglise ambigües mais qui n’empêche pas l’Eglise de se
placer comme contrepouvoir notamment sous la dictablanda. Mais l’Eglise
est loin d’être un corps homogène ne serait-ce que par la multiplicité des
niveaux hiérarchiques. De plus les Jésuites ont développé la théologie de la
libération, théorie mélangeant des conceptions religieuses et du marxisme
poussant des curés à quitter l’Eglise, poussant l’institution a intégré des
marxistes et qui a fini par faire exploser l’Eglise révélant la diversité des
opinions qui la traversait. La forte
présence des représentants de l’Eglise sur tout le territoire,
représentants qui connaissent leur public, on la considère comme le premier service
de renseignement pour l’État.
III.
L’antipathie pour les
dictatures
Cette antipathie
pour la dictature est clairement visible par l’absence d’une dictature nette,
de mouvements populistes, de régimes militaires, … dans l’histoire de la Colombie.
Le seul véritable populiste potentiellement dictateur, Gaitán,
sera assassiné en 1948. La différence est de taille avec
des pays comme le Paraguay, pays soumis à plusieurs autocrates, à des pays comme
le Mexique ou le Chili, pays soumis à une dictature forte, … La Colombie se
démarque en cela des régimes latino-américains. Plusieurs intellectuels
considèrent cela comme une vertu. Dans son ouvrage Les idoles du forum, Francis Bacon critique fortement les
hommes providentiels avec la tendance de certains de leurs contemporains à
attribuer à ces caudillos, le mérite de l’ouvrage collectif. Il défend le
respect de la loi, le concept de dignité nationale et le culte sérieux de la
liberté. On a là, une position opposée à
Vallenilla Lanz qui parlait d’un gendarme
nécessaire pour appliquer la loi. Santos,
dix ans plus tard, soutiendra la position civiliste de Torres. Ce débat n’évoluera
que dans les années 1970 dans la mesure où les
Colombiens seront d’autant plus marqués par le marxisme que les Vénézuéliens
abandonnent ce système de pensée, critiquant la démocratie formelle.
Le civilisme des
Colombiens va empêcher l’instauration d’un populisme, non pas juste avec l’assassinat
de Gaitán mais parce que le populisme, notamment en Amérique Latine, s’achève
toujours sur une dictature. Ce sont ces dictateurs qui détruisent les intermédiations
entre le pouvoir et le peuple. Or cette destruction commence par le
démantèlement de l’État de droit qui est le centre de la vie politique des
Colombiens. D’où
l’assassinat de Gaitán, d’où le fait que les tentatives timides de populisme d’Uribe
étaient freinées par les institutions, … L’absence relative da la tradition
caudilliste joue donc dans ce pays.
Cette trajectoire
témoigne aussi de l’importance du vote populaire et du constitutionnalisme
libéral. Mais en
dépit de son civilisme et de son attention au droit, la Colombie a connu de
nombreux conflits internes et armés.
IV.
Le système
politique actuel de la Colombie
Le Président Gaviria propose une nouvelle Constitution en 1991, où les guérillas peuvent participer à la Constituante. Ainsi Quintin
Lame se démobilise de sa guérilla, dans laquelle on trouvait quelques
indigènes mais surtout des gens se revendiquant des indigènes. Mais on a eu d’autres
mouvements de guérillas : le M19, l’ELN, l’EPL et surtout les FARC. Dans
la Constitution de 1991, on a aussi des
droits accordés aux trois représentants des Indigènes. C’est d’autant plus surprenant
que c’est surtout une constitution libérale. Une entaille majeure est faite
avec ces trois groupes, particularité de la Constitution colombienne. Malgré la réussite partielle de Gaviria, le
contexte politique est particulièrement tendu puisque les années 1990 qui ont vu croitre en puissance des
groupes armés illégaux devenant plus puissants que l’État lui-même. Le
narcotrafic est une des raisons de cela. Apparu en 1980,
il prend son essor sous Pablo Escobar,
qui est aussi le second d’un sénateur alors même que tout le monde connaît ses
activités. Il y a un style narco qui en a résulté, avec un goût pour l’architecture
qui en jette, une recherche d’argent facile, … Cela s’est diffusé dans le
milieu politique puisqu’il est probable que 80% des hommes politiques ont été à
moment donné mêlés au narcotrafic. Les années 1990 voient pourtant une réduction des
narcotrafiquants avec la mort d’Escobar. Mais cette mort révèle la faiblesse de
la police qui s’est alliée aux adversaires d’Escobar les frères Rodriguez
(Medellin et Cali) pour l’éliminer. Au cours de ces années, on a plus de grand
chef, mais les bandes se fragmentent et se multiplient. De plus, profitant
de cette fragmentation, les groupes criminels se sont emparés de ces petits
narcotrafiquants disloqués. Aujourd’hui,
ce sont surtout de gros mouvements qui se forment. L’argent des
narcotrafiquants a donné une puissance de feu qui dépasse celle de l’État
colombien. On en est à tel point que la guérilla a disparu pour une forme de
guerre classique en face à face.
Cette déliquescence
des forces de l’État ont entrainé le Président Pastrana,
à tenter de négocier avec les FARC en 1998. L’État met en balance dans les
négociations, la question de l’amnistie qui profite à une réinsertion sociale
des groupes armés mais qui s’avère un obstacle à la construction de la mémoire nationale.
On est au fait de la puissance
criminelle des FARC sous Pastrana, il tente de négocier avec les FARC mais
échoue. C’est une défaite pour Pastrana, mais aussi pour Marulanda (surnommé tirofigo) le leader des FARC. Ce dernier a stoppé les
négociations mais a provoqué au sein de la guérilla une perte énorme, puisque pendant
plus de 3 ans la démilitarisation d’un territoire de plus de 40 000 km².était
laissée à la charge des FARC. Les populations ont donc connu un gouvernement
FARC qui s’est révélé contraire au discours tenu, notamment par la soumission
aux humeurs du chef.
Du coup, on a en mai 2002, l’arrivée d’un outsider en politique, Alvaro Uribe qui prend une prise de position
inverse à celle de Pastrana. Uribe a dans sa campagne un axe principal, l’extermination
des groupes armés illégaux en particulier des FARC (qui ont tué son père lorsqu’il
était jeune). A coté, il envisage aussi
de diminuer la corruption, même s’il usera personnellement de mesures
clientélistes pour faire baisser la corruption. L’État est donc au bord de l’effondrement
et Uribe met en place une politique de contre-insurrection avec l’aide des USA.
En dépit des bavures et des erreurs du gouvernement d’Uribe, celui-ci a
tiré la Colombie hors des groupes extrémistes et partiellement hors de la
corruption.
IV. Le plan Colombie
Ce plan est proposé
par les USA au Président Pastrana, il est accompagné par la suite de la
politique uribienne de défense et de sécurité démocratique. Cette politique est un succès et les Colombiens deviennent une
référence dans la lutte contre le grand banditisme. On a donc un aspect
sécuritaire et militaire de formation de la police et de l’armée colombienne et
l’aspect réforme politique qui allie en accord avec la politique d’Uribe un
renforcement de institutions de l’État en particulier celle de surveillance et
de défense des respects des droits fondamentaux.
Le plan apparait
donc sous Pastrana entre un pays superpuissant et un État en déliquescence. La
Colombie a tout de même réussit à faire valoir ses points de vue et ses
exigences dans les négociations avec les USA. Ces derniers empêtrés dans leur lutte contre la
drogue voulaient juste faire valoir leurs intérêts en luttant avec la Colombie
contre les narcotrafiquants, source du problème de la drogue. La Colombie fit
comprendre qu’on ne pouvait lutter que contre le narcotrafic, qu’il fallait
élargir le champ de lutte contre les groupes armés qui soutenait ces
narcotrafics. Les Colombiens ont réussi à faire valoir leur point de vue, les USA débloquèrent les fonds pour lutter
contre l’ensemble des groupes armés illégaux qui tous trempaient dans le
narcotrafic.
L’erreur de
Pastrana est de négocier avec un groupe aux marges de la légalité, de le
considérer comme un groupe comme un autre. Or les militaires vont souligner que les FARC sont
un groupe dont la particularité doit être prise en compte. C’est Uribe qui
adoptera cette idée de l’armée. Uribe va appuyer une réforme de l’armée avec
les fonds des USA. La formation des militaires colombiens évolue de manière
radicale, passant d’une formation douteuse à une formation beaucoup plus pointue.
Cette aide américaine va être définie
par trois domaines. Le cœur de l’aide concerne l’appui militaire en termes de
formation et d’appui logistique. Le second volet concerne le renforcement des
institutions publiques, la reconstruction de l’État. Enfin en dernier lieu,
cela concerne les pays voisins puisque le narcotrafic et les groupes armés de
Colombie entrent dans des sphères de migrations, les USA parlent de l’Initiative
Régionale Andine. 65% de l’enveloppe budgétaire de cette initiative est
allouée à la Colombie, 7 milliards de dollars y passeront. L’Europe devait
aider financièrement la Colombie mais n’a finalement presque rien donné et les
USA ont du compenser cette défection.
En conséquence,
aujourd’hui plus que jamais, les institutions étatiques colombiennes sont consolidées. Des collaborateurs du Président
sont aujourd’hui poursuivis par les institutions du pays, dont trois se démarquent.
Le Défenseur du Peuple a en charge
de poursuivre les infractions aux règles de ???, la Procurature étudie toutes les réclamations concernant la
corruption et la violation des droits fondamentaux et la Tutelle permet à tous les citoyens d’envoyer une réclamation
lors d’une violation de n’importe quelle loi dans des affaires.
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