lundi 3 décembre 2012

HIstoire des idées politiques 03 - 12 (cours 9)

Superbe tatouage où la Colombe porte la Rose : la paix amène le Socialisme ...
Euh non ...
Le cour dit le contraire en fait ...
Et encore, c'pas tout à fait ça ...




Les Socialistes développent plus de théories que les Libéraux. Toutes ces théories sont très diverses mais visent toujours à ce que le bien commun et ses bénéfices servent à tous et non pas à un petit groupe. Il faut donc écarter toutes les formes d’oppression qui peuvent renaître et s’instituer nouvellement. On voit alors le socialisme se développer dans deux traditions : la tradition étatiste et la tradition associative d’autogestion.
La première tendance c’est ce qui s’est produit en 1980, c’est la fin de l’utopie socialiste et de l’espoir que la société change en nature (sous-entendu que les Hommes cessent d’être égoïstes), ce qu’ils nommaient « changer la vie ». Les textes de François Mitterrand en parlent clairement. On trouve dans l’ouvrage de Mitterrand, ce souhait qu’il faut supprimer l’économie de marché, c'est-à-dire qu’on interdit à chacun de vendre selon son gré et que c’est par l’État que tout transit. On a eu une administration du plan, nous avons été dans la planification : la fabrication des richesses du pays correspond au plan et non pas au désir réel de la population. Ainsi, la planification ce sont les désirs de la population passés au travers de la perception de l’État. En général le plan qui donne les grandes orientations, abouti souvent à des pénuries et s’avère régulièrement un échec. La nationalisation fut donc mise en pratique dés 1980 dans les banques et dans certaines entreprises. Ces nationalisations sont des moyens et non des fins. Le but est de servir l’économie socialiste et de surveiller que cela se fasse bien, sinon ces nationalisations passent de moyens à fins. En URSS, la nationalisation fut si longue que les élites ont réussi par ces mesures à prendre la tête des administrations et à s’enrichir formant une nomenklatura.
Un certain nombre de socialistes soulignent que l’État ne doit pas tout détenir, mais davantage contrôler l’économie pour que les acteurs du marché ne fassent pas n’importe quoi. On peut alors créer des groupes de travailleurs qui peuvent acquérir la propriété sociale avec la responsabilité qui s’y attache. On partait du principe que si la communauté sociale détenait le capital de l’entreprise, d’une part il n’y aurait pas de profits et ce serait redistribué aux travailleurs ; d’autre part, cela ne ferait pas de gaspillage. En réalité cela provoque d’autres conséquences : la pagaille, l’incompétence, … Pour les Socialistes autogestionnaires, il faut lutter contre un État centralisateur. Mais pour autant, l’État doit avoir un rôle de contrôle et pour le reste, la société se débrouille d’elle-même.
A la fin du siècle, on constate une convergence entre les Socialistes et les Chrétiens ordo-libéraux. Ainsi, la théorie autogestionnaire accepte plus ou moins l’économie de marché. Il est très compliqué pour les autogestionnaires de faire un pont entre l’utopie et la réalité. Comment parvenir à mettre en place une autogestion qui, par elle-même impose l’égalité, tout en assurant une hausse économique, alors que les plus doués ne gagneront pas plus que les moins doués ? En souhaitant une société égalitaire et planifiée, on annonce immédiatement qu’on a un désir collectiviste et qu’on n’est pas du tout libéral. Pour les autogestionnaires, il faut une société très libérée et encadrée uniquement par des petits groupes, une idée corporative bien que les petits groupes soient plus des syndicats que des corporations. Ce socialisme autogestionnaire se rapproche des groupes chrétiens. C’est l’idée des ateliers autonomes d’entreprise, les kaizen japonais, qui s’opposent à une entreprise où chacun accompli des tâches hachées. C’est frustrant pour la personne en question et aliénant aussi. Ces ateliers autonomes d’entreprises proposent à un petit groupe de réaliser une tâche entière, par une discussion organisée entre eux ils se répartissent les tâches pour atteindre les objectifs de la société. Il y aura une petite hiérarchie organisée, on ne peut pas totalement abolir les hiérarchies car on déshumaniserait trop le travail.

Un des thèmes récurrent du socialisme est la paix. Le socialisme vise une société parfaite mais sans la Terreur. L’attitude du socialisme vis-à-vis de la paix et de la guerre est contradictoire. Si on peut se dire ami de tous, on peut se faire des ennemis puisque c’est l’ennemi qui vous choisi. L’adversité et le conflit se sont des notions qui s’organisent à deux.
Le socialisme se veut pacifiste, il prône la paix par tous les moyens et est près à y mettre n’importe quel prix. Le pacifiste cherche donc une post-histoire en se détachant d’un passé plein de guerres et de violences. Le pacifiste annonce une post-histoire sans guerre. Mais le problème, c’est que les Socialistes prennent le pouvoir par intermittence, de façon généralement démocratique. Mais lorsqu’ils prennent le pouvoir, c’est dans un monde réel. Les Socialistes ne peuvent ignorer ce monde réel pris de plein pied dans l’Histoire : ils doivent faire des concessions et mettre l’idéologie de coté pour quelques temps. Ainsi lors de la Guerre d’Espagne, Léon Blum se retrouve face à deux camps : les Communistes et les Fascistes. Les Rouges demandent donc de l’aide à Léon Blum qui ne veut pas entrer en guerre et se déclare pacifiste. Mais les Socialistes espagnols n’ont de cesse de souligner la dangerosité de Franco, poussant Léon Blum à envoyer des armes en cachette pour les Socialistes. Face à l’ennemi hitlérien, en revanche, Léon Blum minimise les faits. Toujours est-il qu’il augmentera un peu tardivement les crédits militaires. Bien évidemment, lorsqu’ils sont au pouvoir, les pacifistes doivent agir hors de leurs positions.
Au fil du siècle, les Socialistes de pacifistes deviennent pacifiques. Blum fut longtemps persuadé qu’en se privant d’armes, on ne se ferait plus la guerre. Or quand on fait la guerre si on n’a pas d’armes on va les chercher où elles se trouvent. En dépit de l’utopisme des Socialistes, on ne peut pas arguer que les espoirs de paix sont toujours présents. Emmanuel Kant dans Le Projet de Paix perpétuelle, présente l’argument suivant : dans nos pays, il a fallut des siècles et des siècles pour faire en sorte que lorsque le roi de France se déplace dans son pays, il y aille dans un contexte sécurisé ; pour une paix et une sécurité relative à l’échelle mondiale, il faudra encore de nombreux siècles. Kant ne croyait pas à ce projet de paix perpétuelle car si on impose la paix perpétuelle, c’est uniquement au-travers d’un totalitarisme où les gens sont tellement encadrés qu’ils en sont presque morts. Pour Kant, on ne peut qu’être pacifique puisqu’on ne peut que tendre à la paix perpétuelle, celle-ci ne se réalisera jamais totalement alors il faut y tendre.
Le séisme de la Seconde Guerre Mondiale et le péril nucléaire apparaissent comme deux soucis pour le Socialisme. Si aujourd’hui le péril nucléaire reste encore distant, dans les années 1970 – 1980, c’était un vrai problème pour pas mal de gens. Ces deux éléments de contexte ont poussé le Socialisme à passer de pacifiste à pacifique. Pierre Mendès-France n’est absolument pas pacifiste, il fait partie de ceux qui pensent qu’il faut préparer une guerre défensive tant sur le terrain que sur le plan nucléaire. Ainsi, pendant 35 ans, le pays s’est préparé à ce risque. Lorsque Michel Rocard en 1969 répond à la question « Est-ce que le désarmement général est contrôlé et est-ce votre priorité ? », il répond que c’est un objectif bien qu’il souhaite un désarmement qui ne soit pas unilatéral, auquel cas, il arrêterait de désarmer la France. Il n’abandonne pas l’espoir d’une paix perpétuelle mais comprend qu’il ne faut pas être naïf non plus.

Le Socialisme répond aussi à un appel de l’Histoire, à une idée de progrès, à un avenir radieux. Les Socialistes veulent agir dans le sens de ce progrès mais aussi dans le sens de l’Histoire. Le sens de l’Histoire signifie que le temps est un allié, plus le temps passe, plus les idées socialistes sont acceptées par la population. Les Socialistes sont convaincus que les réformes qu’ils instaurent sont celles que les citoyens attendaient de plus en plus.Le Socialisme se donne alors une vocation scientifique, ce serait une loi de l’Histoire : les libertés individuelles qui vont croissantes se font dans un sens de l’Histoire. Pour les Socialistes, il y a une avancée dans le sens d’un désir de plus d’émancipation individuelle et ce mouvement ne doit pas être entravé.
Le Socialisme va aussi estimer que ce mouvement va dans le sens d’une plus grande égalité avec la défense des droits de créance et de l’État providence. Cette idée est tellement forte que l’État providence va être repris dans les théories libérales et développé par les gouvernements libéraux. Le Socialisme se déploie au sein même du libéralisme. C’est la thèse de Schumpeter et de Polanyi, le libéralisme lui-même, pour faire face aux défauts du capitalisme, a décidé, par l’État, de réglementer et d’aller dans le sens d’une plus grande égalité. Ainsi, à chaque fois qu’une crise a lieu, les États ont tendance à davantage centraliser. On se rend compte qu’à chaque fois qu’il y a une guerre, l’État prend un peu plus de pouvoir et se centralise. Au fur et à mesure du temps, on a eu une plus grande planification et une plus grande étatisation. Ainsi la loi de l’offre et de la demande est limitée poussant l’État libéral à se socialiser.
Voyant cela, les Socialistes pensent qu’il s’agit là d’une stratégie de survie du capitalisme, d’agréer aux demandes sociales pour échapper à sa décadence. Pour certains Socialistes, c’est surtout l’occasion à saisir d’une transition vers un régime totalement socialiste. La Suède est un pays détenu à 95% par des privés, mais ces privés sont très encadrés par l’État. Schumpeter en déduisait que le Socialisme sur le long terme gagnerait partout. Selon Schumpeter, le capitalisme a tendance à se détruire lui-même. Quand on veut l’égalité, on veut le contrôle par l’Etat et l’on n’est pas obligé de tomber dans le contrôle soviétique. L’idée presque religieuse de Jaurès selon laquelle le Socialisme va achever la Révolution Française en instaurant l’égalité dans la liberté. On attend encore cette Révolution qui selon les Socialistes va dans le sens de l’Histoire, où l’apogée du Socialisme finira par advenir sans être tant une fatalité qu’un destin. Le capitalisme sera dépassé mais le Socialisme non, car le Socialisme serait la fin de l’Histoire. Il semble tout de même qu’aujourd’hui la théorie de la fin de l’Histoire semble dépassée chez les Socialistes.
Cet aboutissement ne peut pas se faire sans l’accord des masses. Ce qui est dangereux c’est que si le capitalisme s’effondre de lui-même, il menace la société toute entière. Il faut donc faire une Révolution pour affranchir la population de la pensée du capitalisme, et la préparer face au risque de l’effondrement de ce capitalisme pervers. Le Socialisme se présente comme la dernière chance face à une menace. Jusqu’à une période récente, le Socialisme reste marxiste dans ses finalités mais aussi dans l’idée qu’il y a une rupture dans la société actuelle et la société de demain. Cela passe par la suppression du capitalisme, c'est-à-dire la suppression d’une économie de marché où ce qui est produit ne dépende plus seulement des demandes des individus. Le Socialisme va vers une société où l’on travaille selon ses possibilités et où on abolit presque l’argent. Le projet économique va bouleverser l’ordre moral, socialistes comme marxistes souhaitent une société unie où les hommes ne sont plus divisés. Cela vise à une réhumanisation de la société. Pour les Socialistes, c’est nécessairement par la suppression des hiérarchies que cela passe. Souvent cette suppression fut une bonne chose mais où cela s’arrête-t-il finalement ? L’idéal pour les Socialistes c’est que l’inégalité des talents et des mérites n’engendrent pas des rapports de domination, que tout le monde travaille à sa manière pour la société et non pas pour des capitalistes. L’homme est certes médiocre par nature, néanmoins, en regardant l’évolution des entreprises en 10 ans, il y a eu une avancée vers le pire pour l’homme, avancée qui provoque des crises (suicides à France Telecom). Supprimer tous profits reviendrait à changer l’homme, ainsi si le Socialisme venait à se réaliser, il faudrait qu’il s’instaure dans le monde entier. Ce système ne peut exister que dans la non-concurrence ce qui dévoile une de ses failles principales, la concurrence le menaçant directement.

Le Socialisme prévoit aussi la libération de l’homme à la technique. Le Socialisme veut soustraire l’individu au joug et à l’oppression des capitalistes, mais aussi à la domination mentale et celle de la technique. Les individus sont sous la domination des médias, de la société de consommation. Il faut alors persuader l’homme qu’il vivrait mieux en consommant moins d’objets. Le capitalisme est décrit comme un immense gâchis d’homme et de nature derrière laquelle les campagnes sont en friche, les villes sont malades, les richesses des individus restent inexploitées, … Ce sont des attitudes partagées par le Socialisme avec d’autres courants comme les ordo-libéraux. Plus qu’une réforme économique ou politique, le Socialisme vise une réforme dans le mode de vie. Ainsi dans le travail, cela fait 15 ans qu’on réfléchit à la manière d’intervenir pour l’homme dans ce domaine. Le but est de prôner une société où les individus ne sont plus mangés par leur travail, quitte à gagner un peu moins et à dépenser un peu moins aussi. C’est l’idée que les valeurs éthiques se substituent aux valeurs intérieures. Depuis longtemps, les Socialistes ont compris que le désir dépasse toujours de beaucoup le besoin.

Le point de scission entre communisme et socialisme est donc la question de la Terreur. Les Socialistes ont vu la Terreur du Communisme et ne veulent pas utiliser la violence. Le socialisme rejetant cette violence souligne que la liberté est supérieure à la Révolution. Mais rapidement, les Socialistes ont compris qu’il faudrait bien un jour utiliser la violence pour parfaire la Révolution. Jaurès auparavant l’avait annoncé, si les Socialistes ne rencontrent pas la liberté, alors il ne sert à rien de forcer le gens à s’y rendre. Pour les Socialistes, la société d’aujourd’hui est importante, pas pour les Communistes qui se fichent de la société présente pour se concentrer sur la société à venir. Le Socialisme ne crache pas sur le drapeau ni sur l’homme présent pour Aragon. Le présent n’est pas sans importance dans le Socialisme.
Les Communismes ne veulent pas de réformes sociales puisque ces réformes sont des fabriques de petits bourgeois à partir d’ouvriers. Les Socialistes s’y importent peu, ils sont plus réalistes et préfèrent satisfaire le peuple que de lui promettre des jours meilleurs. L’humanisme est une finalité du Socialisme et la violence n’est qu’un  moyen qui sera utilisé en dernier recours. Les Socialistes n’ont d’ailleurs souvent pas clairement compris les Communistes, qu’ils ont toujours vus comme des sortes d’étrangers. L’idée de Révolution va donc disparaître progressivement du Socialisme, la dictature du prolétariat est une dictature, un manque de liberté, les Socialisme rejette très vite cette notion. Défendant les valeurs démocratiques et républicaines, se privant de l’usage de la violence, le Socialisme attend une réaction populaire. L’idée est que la République de 1789 n’est pas achevée, le Socialisme doit encore achever cela. Les Socialistes défendent la Révolution de 1789 ce qui correspond à l’idée qu’ils ne sont pas des terroristes, cette Révolution revient à un Etat non pas mythique, mais passé où le roi n’était pas là.

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