Mitterrand où la fin de la pure doctrine socialiste en 1984
Lénine
parlait d’une masse inorganique, une foule désorganisée qui ne sait pas ce qu’elle
veut et qu’il fallait diriger. Ce n’est pas la conception des Socialistes. Pour
ces derniers, il faut convaincre par un discours mais aussi par l’exemple. C’est là la difficulté principale que de
montrer l’exemple. De plus, le Socialisme ne va pas convaincre la population.
En effet, c’est un moment où, lors des Trente Glorieuses, la consommation
donne l’impression qu’on s’enrichit et où on souhaite s’enrichir personnellement.
Les Socialistes parlent à cette époque d’une austérité en pleine période de
croissance économique où les gens s’affranchissent de certaines contraintes par
la consommation (frigidaire, lave-linge, …). Jusqu’aux années 1980, le discours
socialiste ne prend pas, d’autant que plus le prolétariat devient petit
bourgeois, moins il souhaite faire la Révolution. Les Socialistes vont donc
attendre patiemment.
En
1981, les Socialistes savent qu’une partie
de la population les hait. Lors des nationalisations, ils se modèrent pour ne
pas aller trop loin. Cela s’arrête face
au mouvement de 1984, souhaitant sauvegarder
« L’école Libre ». Les Socialistes se refusent nettement à forcer un
peuple réticent. La Révolution pacifique est la seule possible, mais celle-ci n’a
jamais lieu. A partir de là, les
Socialistes n’auront plus la volonté de leur idéologie, seulement quelques
aspects.
La plupart des
idéologies du siècle subissent un paradoxe fort, elles font le contraire de ce
qu’elles prônent. Ainsi les Socialistes ont une doctrine à l’état pur et ne l’ont
jamais réellement appliquée. On ne peut alors imputer au Socialisme son absence
de théorie. Si l’on regarde toute les périodes depuis, on constate qu’il y a
toujours un pays dont on espère qu’il réalisera le socialisme. Ce fut un temps la Yougoslavie
de Tito qui détachée de l’Union Soviétique
semblait faire cette image du Socialisme Libéral. Mais on réalisa vite que les
prisons de Tito étaient plus pleines que ses écoles. Est ensuite arrivée la
Tchéquoslovaquie qui devait réaliser le Socialisme libéral après la petite
Révolution de 1968. L’entrée des chars
russes dans Prague fit détourner les regards du monde entier vers de nouveaux
pays cristallisant les espoirs (Cuba, pays d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie,
…). En même temps, les partis
socialistes arrivaient au pouvoir durant cette époque. Ils avaient en charge de
« changer la vie », un réel espoir touchait une grande partie de la
population. Un des derniers espoirs après le Vietnam et le Cambodge fut la
chute du mur de Berlin. Les Socialistes pensaient que les pays qui avaient
quitté l’emprise de l’URSS deviendraient socialistes. Ce fut une des dernières
lueurs d’espoir des socialistes surtout que ces pays s’empressèrent de
supprimer les traces du Socialisme assez rapidement. D’ailleurs cela a
profondément touché ces pays avec entre autres une corruption généralisée. Le Socialisme
ne semble donc qu’enviable mais pas réalisable. Le Socialisme en passant a accéléré le processus de providence de l’État
et l’égalité en général. Les régimes socialistes sont systématiquement des
régimes instables. Le Socialisme au pouvoir tombe souvent soit du coté du
bolchévisme, soit de celui du libéralisme. La rupture de 1984 avec Mitterrand a d’ailleurs révéler cela
puisqu’on ne voulait pas tomber dans le communisme et donc on revint au
libéralisme. Sur son histoire longue, concilier économie totalitaire et ???
est impossible car il y a beaucoup de gens qui sont anti-égalitaristes et qu’on
ne peut les contraindre à changer. L’économiste allemand Hayek disait d’ailleurs que ???. Il fut remis
en cause par la situation chinoise. En nationalisant la pensée, on
nationalisait l’industrie, telle était l’idée. Or la Chine a une
nationalisation de la pensée forte mais une économie assez libérale. D’une manière générale, les peuples n’ont
pas envie d’un système collectif. Collectiviser les profits c’est souvent
devoir user de la contrainte … Et cela gêne.
Les Socialistes ont
donc multiplié les bémols sur leurs théories. On a là une contradiction interne
au Socialisme. Schumpeter disait que seuls des demi-dieux
pourraient mener la politique socialiste, la nature humaine n’y est pas prête. Le Socialisme est donc devenu ce que Durkheim avait annoncé, un cri d’indignation, un
combat moral mais pas une véritable politique. Quand le Socialisme décide
de ne plus combattre le capitalisme, il devient une utopie, un rêve moral qui
délaisse sa société parfaite et s’intègre aux autres politiques pour pouvoir
moraliser ces tendances. L’économie libérale fonctionne avec des valeurs mais
pas uniquement avec celles-ci. Le libéralisme est plus pragmatique et le
socialisme plus idéaliste.
Le Socialisme
devient alors une sociale démocratie avec une consonance sur l’État providence
qui se rattache à l’égalité dans la société et avec une idée morale derrière.
A l'origine, le faisceau est cette arme, portée par les licteurs (sorte de garde du corps) des consuls (chefs d'Etat) romains.
On le retrouve en France, notamment sur le préambule de la Constitution ou les passeports.
Les
fascismes
Dans le cours, on
distingue nazisme et fascisme, comme on a différencié socialisme et communisme.
Souvent on a associé les deux : fascisme et nazisme étaient des
démocraties perverses, perverties et corrompues. De plus, les deux systèmes
apparaissent dans des régimes libéraux corrompus. Ce sont là deux points de
naissance similaires. En dehors de cela, les deux régimes sont tentaculaires,
nazisme hitlérien et fascisme mussolinien se sont alliés idéologiquement durant
la Seconde Guerre Mondiale. On peut nuancer cela à la manière dont Hitler
reniait personnellement Mussolini. Leur
proximité fait qu’on associe le nazisme comme une sous-catégorie de fascisme. Le
nazisme ne peut pas s’apparenter à autre chose de par la politique d’anéantissement
qui est sa raison d’être.
Parler de fascisme,
c’est souvent commencer par se référer à l’Italie. On pense au fascisme italien
mené par Mussolini qui souhaitait instaurer
un régime totalitaire selon ses propres mots. Or il n’a
jamais fait de réel totalitarisme, contrairement à Hitler ou Staline. Peut
être dans un dernier temps avec les lois fascistissimes. Chez Mussolini, on avait une logique de césarisme. Les régimes
italiens ne se sont jamais guéris de la nostalgie de l’image de César. Le
fascisme de Mussolini véhicule le racisme et l’antisémitisme comme dans l’Europe
toute entière sauf en Allemagne où cela est décuplé. Le seul pays qui ait un
jour été aussi antisémite qu’Hitler est la Roumanie.
Au départ, le
faisceau est un mot latin référant à un ensemble de hampes de drapeaux, symbole
de puissance politique. Mussolini avait créé son mouvement en 1919
et avait pris le pouvoir en Italie grâce à lui. Le mot fascisme a ensuite commencé a désigné tous les mouvements de
style dictatorial. D’où le fait que fascisme a englobé le nazisme par la suite.
Ce mot a décuplé les haines, son sens fut exagéré si bien qu’après guerre, le
mot devient une injure pour tout dictateur. Le fascisme nait en 1919 autour d’un groupe de mouvements et de
régimes très nombreux et proches de lui. C’est pour ça que lorsqu’on parle de fascisme, on évoque souvent des nébuleuses. Le
courant de pensée dominant provoque un malaise économique, un malaise démocratique
(puisque les démocraties sont souvent corrompues), un malaise religieux et
moral, … Face à tous les malaises nés du
libéralisme, on voit apparaître partout en Europe une volonté d’obtenir une « bonne
dictature ». A cette époque, on croyait encore en l’héroïsme, on
voulait un homme fort face aux excès du libéralisme politique (exode rurale,
destruction des liens familiaux, individualisme croissant, …). Ce courant est donc multiforme tant sur ses
fondements que sur ses thèmes essentiels. Les origines de ce fascisme se
retrouvent dans le bonapartisme, le boulangisme, l’anarchisme de Sorel, les
idées de Barrès, le corporatisme de la Tour du Pin, les conceptions de Charles
Maurras, le futurisme, la jacobinisme, le populisme, l’élitisme, des croyances
chrétiennes et d’autres païennes, … Le mélange est tout à fait détonnant.
Le fascisme
mussolinien a donné son nom au fascisme mais n’est pas forcément
caractéristique de celui-ci. Pour mieux s’en rendre compte, on va comparer le
fascisme de Mussolini et celui de Salazar. Ce sont les fascismes, plus que le
fascisme. Dans les deux exemples pris, ce sont surtout des fascismes
corporatifs.
Le fascisme italien
se caractérise par son étatisme et son paganisme. C’est aussi l’époque des
appels aux héros comme l’a souligné Thomas Carlyle
dans Le Héros. Les fascismes
sont des mouvements moraux.
Primo de Rivera en Espagne, Salazar au Portugal, les généraux Pangalos et Nataxas
en Grèce, le mouvement ordre et tradition en Suisse (qui ne prend pas le
pouvoir), le gouvernement de Dollfuss en Autriche, le gouvernement Hlinka puis Tiso
en Tchéquoslovaquie, en Roumanie, la légion de l’archange Saint Michel dirigé
par Codreanu, en Bulgarie le régime de Boris III, en Yougoslavie le mouvement autoritaire
du roi de Yougoslavie, en Pologne avec le général Pilsudski,
en Belgique avec le Parti Rexiste de Léon Degrelle,
en France le Parti Populaire de Jacques Doriot
puis du Maréchal Pétain, … Tous se revendiquent du fascisme dans cette
immense nébuleuse où l’on voit dominer une xénophobie ambiante avec un désir de
dictature notamment doctrinal ainsi qu’une critique du libéralisme économique
ou politique. La presque totalité du vieux continent a vu ces courants s’imposer
dans l’entre-deux-guerres. Etudier cette nébuleuse est peut être plus intéressant
que de prendre les fascismes au sens strict du terme.
Pour tous ces
courants plusieurs points reviennent : la modernité est une décadence, la
dictature est proclamée pour un salut public, un État moral est réclamé depuis
des valeurs chrétiennes parfois païennes et enfin un État autoritaire et doctrinal
est ardemment souhaité.
Tous ces mouvements
sont inspirés par le mouvement de pensées inspiré depuis La Tour du Pin à Charles
Maurras. Toutes les intelligentsias conservatrices de
l’Europe admirent le prestige de Maurras, seule pensée structurée autour du
nationalisme et de l’ordre moral. Le symbolisme de Maurras était païen,
antique et fasciné par la Grèce antique. C’est aussi tout un groupe de gens qui
se connaissent : intellectuels et politiques. Entourant Mussolini, ces
groupes le soutiennent tout du moins partiellement. Mais nazisme et fascisme se rejettent, d’où le fait qu’on les différencie.
Maurras vilipendait le nazisme mais faisant l’éloge de Mussolini. Le régime de
Vichy pour sa part est une forme de dictature mais c’est surtout un
corporatisme plus qu’un fascisme. La variété de cette nébuleuse est très
grande.
Le régime de
Salazar est un corporatisme. Le courant corporatiste commence au XIX° siècle avec René
de La Tour du Pin, qui était un précurseur du fascisme. Il est officier français de la fin du XIX° siècle et ne se préoccupe que de la
manière dont il faut sauver les ouvriers des villes françaises qui mènent une
vie d’extrême pauvreté. Conséquence de
la Révolution Industrielle rapide, ces classes ouvrières ont grandi rapidement
et donc se sont entassées dans des conditions de vie plus que difficile. Les
Chrétiens, les Socialistes ainsi que La Tour du Pin se préoccupent de ces
classes. Certains posent les problèmes dans les journaux, d’autres font les
premières enquêtes sociologiques sur ces classes (Le Play, …). Mais La Tour du Pin était un monarchiste pur
jus, il souhaitait un retour à la monarchie d’avant Louis XIV. Il nous décrit
alors une société moyenâgeuse dans ses idéaux. Or on peut regretter le
passé ou s’en inspirer, mais on ne peut absolument pas y revenir. La politique
fondée sur la nostalgie que rédige La Tour du Pin influence un groupe d’individus
et devient un courant de pensée qui rejette totalement le présent en décrivant
la situation qu’on a sous les yeux comme un désastre absolu (ouvriers des
fabriques, moralité disparue, philosophie déconstruite par le subjectivisme,
recul des religions, hausse de l’individualisme, …). C’est une forme de constat
de décadence qui est fait par ce courant.
C’est ce constat de
décadence qui sera le pivot des idées corporatistes et fascistes. La Tour du
Pin va faire un travail militant sur le terrain pour créer des mouvements à
vocation sociale. Toute sa théorie est que la Révolution française a fondé une
société qui ne fonctionne pas, sans rapport avec l’humain, plus des individus
sans idées, une forte critique des Lumières qui aboutie au rejet du Libéralisme
et du Socialisme, deux théories abstraites. Puisque l’Humain est nié dans ces deux régimes et
courants de pensée, alors il y a un malheur pour les individus. Ce constat s’enracine
dans un présupposé religieux pour ces hommes.
Pour les hommes
influencés par la pensée de La Tour du Pin, la société est comme un organisme,
les individus sont les organes d’un corps. Dans ce genre de société, on a que
des rôles, aucune fonction. Cette conception doit lutter contre l’individualisme
alors que la société s’est dirigée d’elle-même vers l’individualisme et ne
souhaite pas revenir dessus.
On part du principe que l’homme est un animal social et politique, comme chez Aristote puis Thomas d’Aquin,
puis les fédéralistes allemands. Les groupes sociaux s’organisent de façon
autonome d’abord en famille puis en corporations. La société corporative est organisée de manière organique, avec des
corporations qui certes vous protégeaient dans la corporation mais reposait
tout son système sur des inégalités dans la corporation. La Tour du Pin voulait
qu’on supprime la Loi Le Chapelier de 1791, qui avait interdit ces corporations.
On a aussi une
demande de retour d’un monarque comme chef. Ce type de pensée est tiré
directement de Platon, un Prince doit
connaître ses sujets mieux qu’eux–mêmes ne se connaissent. Les sujets sont comme des
enfants qui ont besoin de protection et d’affection. D’où l’importance de la
famille, d’un système reposant sur la hiérarchie, l’autorité, la solidarité et
le travail. C’est le schéma classique du corporatisme : travail, famille,
patrie (soit la devise du régime de Vichy).
Maurras
n’a pas de connivences avec le nazisme, il en a en
revanche avec le fascisme. Ce que Maurras rejette dans la modernité, c’est la
théorie du contrat.
Dans la société d’avant la Révolution, nous avions des devoirs qui nous
précédaient. On naissait avec des devoirs. La société moderne est celle du
contrat, on est responsable de ce que l’on choisit. Etre libre ce n’est pas temps
faire ce qu’on veut, mais bien choisir ce pourquoi on est responsable. Cela ouvre
la porte à l’individualisme. Or le courant dont descend Maurras récuse ce
contrat. Maurras souligne à quel point
nous sommes tous des débiteurs. Tout le courant du corporatisme de Salazar
fonde sa pensée sur l’observation sociale, l’individu ne peut pas vivre comme
un zombie. Il doit naître, se développer et prospérer dans un milieu où il n’aura
pas à choisir ses devoirs. Toutes ces évidences prouvent à Maurras qu’on ne
peut que rejeter les théories de Locke. L’homme
que l’on sort de son appartenance est un homme abstrait et l’homme abstrait est
vide, n’a pas de sens à sa vie, n’a pas de références, bref il n’existe
pas.
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