mardi 4 décembre 2012

Sociologie politique 04 - 11 (cours 10)


Le Louvre à Lens s'inscrit lui aussi dans une politique publique.



Les outils et les théories de la sociologie de l’action publique


Plus que jamais, dans nos contextes de régimes démocratiques stables, les politiques publiques (Policies en anglais) sont devenues très présentes dans notre quotidien et dans les médias.

I.                    Comment analyser les politiques publiques ?

1.      Définir une politique publique

L’étude des politiques publiques est truffée d’auteurs français. Mény et Thoenïg ont donné leur définition des politiques publiques au travers de différents critères. Il faut qu’il il y ait, dans une politique publique, une substance, des mesures qui sont prises. En 1969, le baccalauréat permet l’accès direct à l’université, en 1995, on créé le bac S, en 2004, on crée les masters, … Il y a de réelles mesures concrètes dans ces politiques publiques qui allongent la durée d’études.
Les décisions des politiques publiques doivent être autoritaires, il faut que ces décisions produisent une forme de coercition. La création d’un TGV une fois tranchée, il faut contraindre les opposants à ce projet (rachat de terres, bénéfices au paysan pour le passage du TGV sur ses terres, …).
Il faut un cadre général d’action, c'est-à-dire qu’il ne faut pas que les mesures prises sur le sujet soient isolées. Au lieu de mesures ponctuelles, il faut généraliser les mesures. Ainsi, au lieu d’aider financièrement et séparément des lycées de zones difficiles, on crée la politique des Zones d’Education Prioritaires (ZEP) où l’on définit non pas séparément, mais dans une politique l’ensemble des lycées qui auront ces aides.
La politique publique doit aussi concerner des individus, un public plus ou moins vaste. Ainsi la création de parcs régionaux et nationaux finit par toucher des publics particuliers (randonneurs, riverains devant respecter des règles, …).
La distinction de buts et des objectifs est aussi un point important dans les politiques publiques.

2.      Les outils de la sociologie des actions publiques

Pierre Muller parle d’un référentiel de politique publique, idée générale qui guide ces politiques. Le référentiel peut être de marché, il peut être social, … Dans le cas des tramways parisiens, il s’agit en particulier d’un référentiel social qui relie Paris et les villes de banlieue. Nice lors de la construction de son tramway avait un référentiel modernisateur plus que social, au vu des lieux de passage du tramway. Certains font des tramways dans le cadre d’un référentiel écologique. Parfois on a aussi un référentiel de pure communication, comme la décentralisation du Louvre à Lens. On peut avoir des luttes sur les référentiels entre les acteurs pour définir ou redéfinir la tendance générale d’une politique publique.

Le concept de path dependance, dépendance au sentier, explique que les politiques publiques instaurées créent un chemin dont on serait dépendant. On serait alors dépendant des politiques publiques précédentes. Ainsi le maire de Paris ne peut pas renier les politiques du début du XX° siècle qui ont poussé à la construction des métros parisiens. Idem pour la politique énergétique française qui est très dépendante du nucléaire (75% de notre énergie vient de là). Cette dépendance au sentier est d’autant plus forte que les pays sont stables et depuis longtemps. En conséquence, on mène des politiques publiques sur le long terme qui provoquent des années plus tard une dépendance au sentier forte. Ainsi, l’entrée dans les universités par le bac qui date de 1869, qui est peu chère, organise le fonctionnement des universités. Si du jour au lendemain on fixe des frais de scolarité classiques, on obtient un tollé général. Du coup, cela donne l’impression que le pays est difficilement réformable.


Il existe des fenêtres d’opportunités, selon John Keeler, quelques moments de changements, des espaces-temps qui permettant des changements de politique publique et assurent des opportunités nouvelles. Le Grand Paris, pensé par les dirigeants français après l’élection de Nicolas Sarkozy, fut une de ces fenêtres d’opportunités. Une fenêtre d’opportunité peut aussi rapidement se fermer d’où le fait que de plus en plus on a tendance à théoriser que certaines fenêtres s’ouvrent pour vite se refermer ensuite.

Il existe aussi des décisions en transformation constante. Parmi les décisions proposées, celle qui abouti est souvent une décision prise à la fois dans le contexte, à la fois par défaut et souvent on a un mélange progressif des décisions proposées.

Enfin on rencontre parfois la situation d’hyperchoix, un excédent de choix qui complique les situations et les décisions comme par exemple les études après le bac. On a des écoles, des grandes écoles, des prépas, des BTS, des DUT, des universités, … On a des systèmes privés et d’autres publics, … La logique du système français c’est avant tout la proximité.


II.                Les évolutions des politiques publiques

1.      Les transformations principales

On peut noter 10 transformations principales :
L’augmentation de l’intervention économique de l’État qui devient alors un acteur central des politiques publiques. L’État est donc appelé en permanence pour intervenir sur de nombreux sujets. Cela va à l’encontre des théories libérales et mondiales qui jugent les États en déliquescence. Que ce soit la tempête Xinthia ou la fermeture des hauts fourneaux de Florange, l’État est appelé partout, bien que « L’État ne peut pas tout », comme le signalait Lionel Jospin.
Dans un partage de souveraineté, l’État est contrebalancé par l’Union Européenne. Ainsi les taxes sur les cigarettes augmentent surtout via l’UE.
Les politiques multilatérales changent aussi la donne.
L’État régalien qui fut longtemps contesté est aujourd’hui entré dans une phase de renouvellement notamment sur la question sécuritaire plus que social comme autrefois.
Le développement des politiques régulatrices, ce sont des politiques qui ne visent pas tant à modifier le territoire qu’à le réguler. C’est le cas des politiques de la route : les routes qui furent bitumées, puis codifiées de manière très stricte. Certaines politiques publiques ont cet objectif régulateur, notamment à Singapour pays le plus régulé semble-t-il.
La politique morale de l‘État récemment intervenue en politique en France, fait que certains sujets prennent une dimension morale (siffler la marseillaise, bruler le drapeau français, …).
La question religieuse prend place aussi dans le sens d’une cohabitation culturelle que l’État a en charge avec la loi sur le voile intégral, …
Le contrôle de corps, selon Michel Foucault, est un nouveau rôle d’intervention de l’État. Cigarette ou obésité sont le domaine de nouvelles politiques publiques.
L’environnement naturel est un autre sujet récent d’intervention de l’État avec des thèmes comme la réintroduction des ours dans les Pyrénées.
En dernier lieu, on peut ajouter les politiques mémorielles qui sont aussi l’occasion d’une politique publique : commémoration et reconnaissance des génocides, évènements pour les guerres coloniales, reconnaissance des fautes étatiques passées, ….

2.      La diversité des politiques publiques

L’État n’est pas du tout affaibli puisque c’est à lui qu’on fait systématiquement appel. L’État doit mener des politiques publiques spécifiques par moments. Plusieurs secteurs d’intervention existent.
A l’intérieur des politiques sociales on trouve des politiques d’aides à la jeunesse, des politiques du logement, des politiques de vieillesse, des politiques familiales, des politiques de retraite, … Après cela diverge selon que les politiques sont traitées localement ou nationalement.
Les politiques environnementales peuvent former un second grand groupe de politique. On y trouve les politiques de défense des espèces protégées, les politiques de la nature, les politiques du cadre environnemental, …
Les politiques de transports sont aussi un des domaines principaux. On y recense les politiques de transport urbain (avec le Grand Paris), les politiques de transport interurbain (TGV), les politiques de transport internationales, la politique aéroportuaire, …
Les politiques d’aménagement.
Les politiques de santé qui comprend les politiques des hôpitaux, les politiques de formation médicale, les politiques du médicament, la politique de sécurité sociale, …
D’autres grands secteurs existent encore et la liste peut s’allonger énormément si elle devait être exhaustive.

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