Ingrid Bétancourt, symbole de la lutte fructueuse de l'Etat colombien contre les FARC.
Sur les FARC
plusieurs points de débat restent présents : Sont-ils ou non des
narcotrafiquants
puisqu’ils se servent du narcotrafic pour alimenter leur lutte mais que ce
n’est pas leur seule ressource ? Sont-ils
ou non des terroristes puisqu’ils utilisent des moyens d’action terroristes
(attentats, …) alors même qu’ils s’en défendent ?
Un
témoignage parlant fut retrouvé dans un carnet de note d’une jeune hollandaise
qui s’était engagée parmi les FARC pour défendre la veuve et l’orphelin. Selon
elle, les FARC ont toujours un projet politique, organiser le pouvoir selon
leurs dogmes et leurs doctrines. Mais elle révèle pourtant que les FARC sont
devenus plus des bandits qu’autre chose.
Manque.
On estime aujourd’hui
entre 400 et 500 le nombre d’otages détenus par les FARC. L’organisation est organisée et
sait pertinemment les ambassades qui sont prêtes à payer pour leurs otages, et
celle qui ne payeront jamais (comme Israël). Du coup, cela accentue la pratique
des prises d’otages chez les FARC. Mais les FARC n’ont guère d’autre solutions
puisqu’ils n’ont pas de soutien dans les pays alentours, à l’exception peut être
du Venezuela où ils possèdent des camps.
Venus des
oppositions libérales d’après la Violencia,
les FARC seraient la collision entre ces groupes libéraux et les groupes
révoltés paysans. Par la suite, soutenus par le PCC, les FARC deviennent le
bras armé du communisme en Colombie.
Mais parallèlement en 1985 est crée le l’Union Patriotique, émanation à
la fois des FARC et du PCC, qui est censée représenter l’action pacifique.
Un an plus tôt, les FARC ont proclamé qu’ils useraient de toutes les armes pour
prendre le pouvoir. Dans ce contexte, l’Union Patriotique est censée être la voix légale et non-violente. Pour
cela, ils vont prendre une certaine distance vis-à-vis des FARC devenant plus
un concurrent au PCC. Traîtres aux FARC, traîtres au PCC, l’Union Patriotique
veut devenir un groupe de gauche pacifique qui condamne les violences des FARC
contrairement au PCC. Pendant plus de 6 ans, 3 000 des membres de l’Union
Patriotique sont assassinés par des paramilitaires, des groupes de guérilleros,
des narcotrafiquants, des forces de l’ordre corrompues, des membres de partis
qui les voient d’un mauvais œil ou encore des membres des FARC. On a là, une
forme de violence hyperbolique, beaucoup de membres des FARC utilisent la
violence à défaut de savoir faire autre chose. Ces gens là seront difficiles à
démilitariser.
L’action du
gouvernement a donné lieu à une manifestation énorme de la population
colombienne à Bogota le 4 février 2008
contre l’attitude générale des FARC.
Idem au Venezuela et dans les communautés colombiennes de par le monde. Le 1 mars 2008,
l’armée colombienne bombarde un camp de l’Équateur où se trouvait un des
personnages important des FARC, Raúl Reyes,
le responsable des relations internationales chez les FARC. Cette violation de
la souveraineté de l’Équateur va provoquer un rejet presque unanime de tous les
chefs d’État d’Amérique Latine vis-à-vis non pas de la Colombie mais des FARC. Le
7 mars 2008, un groupe dans lequel se
retrouvent les chefs d’État sud-américains est réuni. Chavez est furieux,
Correa est pantois. La discussion avance et l’effet inverse se déroule Chavez
finit par serrer Uribe dans ses bras, Correa entre dans fulmine.
Tout
au long de l’année 2008, une succession d’évènements
révèle les dissensions internes et l’effondrement interne des FARC. Evan Rios tue son ancien chef et va voir, avec la
main droite de sa victime, comme preuve, les autorités. Idem lors de la
libération d’Ingrid Bétancourt, l’armée
colombienne va manipuler tous les systèmes de communication des FARC. L’opération
« Echec et mat » se fera sans mêler le Président Chavez ni le
Président Sarkozy, Uribe agira seul et sans échanger un coup de feu puisque l’armée
avait agit sous couvert d’être une action humanitaire.
Villalobos publie le 15 juin 2008 Tielo
perdido pour parler de Marulanda. Il considère que la guerre contre les FARC
n’a réellement débutée que dans les années 1990.
Celle menée dans les années 1960 ne fut qu’une
guerre partielle et ce d’autant plus, que le nombre de FARC à l’époque était
plus que réduit. Lorsque cette guerre entre guérillas débute vers 1960, elle se propage en Colombie. Elle se propage
mais ne croit pas tant que ça, alors même que le pouvoir central est très
affaibli à cette époque. Ainsi jusqu’à
la fin des années 1970, les FARC ne sont pas
un acteur principal dans ces guérillas. C’est
là qu’on entre dans une seconde guerre, celle où les groupes armés fusionnent
avec les narcotrafiquants. C’est avec le commerce de la drogue que les FARC
commencent à accorder un intérêt réel à l’argent. Cela fait des FARC, la
guérilla la « mieux habillée mais
aussi la plus puissante » de Colombie. Avec l’aide des USA négociée
par la Colombie, c’est une victoire d’Uribe sur les FARC. ??? hégémonie politique,
domination territoriale et capacité de harcèlement permanent du commandement
des FARC. Le résultat stratégique est que les FARC, à l’origine une guérilla
rurale qui a sans succès voulu intégrer les institutions de l’État, fut
repoussée hors des zones paysannes, en direction de la forêt équatorienne qui
est invivable.
Villalobos
termine en comparant avec le Guatemala et l’Argentine qui dans leurs guerres contre les
guérillas dépensèrent énormément, poussant le Guatemala à devenir un État
déliquescent et à mettre l’armée au pouvoir en Argentine. En Colombie en
revanche, l’État a gagné la guerre avec les guérilleros démobilisés. Il dit
aussi que le nombre de tués dans l’armée est très inférieur au nombre de
démobilisés dans cette guerre.
La guerre qui a
lieu en Colombie depuis les années 1990 n’est
pas une guerre civile. L’insécurité a incroyablement baissé en dépit de quelques
dommages graves mais occasionnels
(membres des forces de l’ordre qui tuent des jeunes gens en les prétextant FARC
pour compléter l’exigence de résultats de l’État). Plus de guerre civile, rejet
populaire des guérillas, adhésion forte du peuple en la personne d’Uribe, … La
littérature garde tout de même des ???. Marc Chernick, politiste et
sociologue orienté sur le Venezuela, propose à Uribe une solution politique
intégrale. Or ce terme est gênant car depuis 3 décennies, la Colombie tentait
de négocier avec les FARC. De plus, les
FARC n’ont plus d’idéologie politique en dépit de leurs revendications
historiques d’être un groupe politique. L’actuel cœur du message politique des
FARC reste la réforme agraire et depuis l’arrivée de Santos
cette question est traitée par le Gouvernement. La justice essaye
désespérément de récupérer les terres pour retrouver l’ancien propriétaire qui
fut spolié. Et cela est évidemment particulièrement difficile à définir. Ce qui
restait d’une doctrine légitime FARC, vient donc récemment d’être saisi par le
Président Santos et détruit le dernier lien légitime des FARC. Leur ultime
argument étant que la lenteur du gouvernement à cette réforme est avant tout
une question de mauvaise foi. Face au crime de lèse humanité dont ils sont
accusés, face au risque d’être extradés aux USA s’ils sont de gros
narcotrafiquants, … Les FARC tentent
donc actuellement de négocier comme ils peuvent avec le gouvernement.
Bien évidemment,
même si les FARC arrêtent le combat après les négociations, il y aura toujours
de la violence en Colombie avec d’autres groupes armés et d’autres guérillas,
plus petites mais elles aussi violentes. La guerre interne reste donc présente
comme avec les paramilitaires.
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