mardi 11 décembre 2012

Amériques du Sud 10 - 12 (cours 10)



 Ingrid Bétancourt, symbole de la lutte fructueuse de l'Etat colombien contre les FARC.



Sur les FARC plusieurs points de débat restent présents : Sont-ils ou non des narcotrafiquants puisqu’ils se servent du narcotrafic pour alimenter leur lutte mais que ce n’est pas leur seule ressource ? Sont-ils ou non des terroristes puisqu’ils utilisent des moyens d’action terroristes (attentats, …) alors même qu’ils s’en défendent ?
Un témoignage parlant fut retrouvé dans un carnet de note d’une jeune hollandaise qui s’était engagée parmi les FARC pour défendre la veuve et l’orphelin. Selon elle, les FARC ont toujours un projet politique, organiser le pouvoir selon leurs dogmes et leurs doctrines. Mais elle révèle pourtant que les FARC sont devenus plus des bandits qu’autre chose.
Manque.
On estime aujourd’hui entre 400 et 500 le nombre d’otages détenus par les FARC. L’organisation est organisée et sait pertinemment les ambassades qui sont prêtes à payer pour leurs otages, et celle qui ne payeront jamais (comme Israël). Du coup, cela accentue la pratique des prises d’otages chez les FARC. Mais les FARC n’ont guère d’autre solutions puisqu’ils n’ont pas de soutien dans les pays alentours, à l’exception peut être du Venezuela où ils possèdent des camps.
Venus des oppositions libérales d’après la Violencia, les FARC seraient la collision entre ces groupes libéraux et les groupes révoltés paysans. Par la suite, soutenus par le PCC, les FARC deviennent le bras armé du communisme en Colombie. Mais parallèlement en 1985 est crée le l’Union Patriotique, émanation à la fois des FARC et du PCC, qui est censée représenter l’action pacifique. Un an plus tôt, les FARC ont proclamé qu’ils useraient de toutes les armes pour prendre le pouvoir. Dans ce contexte, l’Union Patriotique est censée être la voix légale et non-violente. Pour cela, ils vont prendre une certaine distance vis-à-vis des FARC devenant plus un concurrent au PCC. Traîtres aux FARC, traîtres au PCC, l’Union Patriotique veut devenir un groupe de gauche pacifique qui condamne les violences des FARC contrairement au PCC. Pendant plus de 6 ans, 3 000 des membres de l’Union Patriotique sont assassinés par des paramilitaires, des groupes de guérilleros, des narcotrafiquants, des forces de l’ordre corrompues, des membres de partis qui les voient d’un mauvais œil ou encore des membres des FARC. On a là, une forme de violence hyperbolique, beaucoup de membres des FARC utilisent la violence à défaut de savoir faire autre chose. Ces gens là seront difficiles à démilitariser.

L’action du gouvernement a donné lieu à une manifestation énorme de la population colombienne à Bogota le 4 février 2008 contre l’attitude générale des FARC. Idem au Venezuela et dans les communautés colombiennes de par le monde. Le 1 mars 2008, l’armée colombienne bombarde un camp de l’Équateur où se trouvait un des personnages important des FARC, Raúl Reyes, le responsable des relations internationales chez les FARC. Cette violation de la souveraineté de l’Équateur va provoquer un rejet presque unanime de tous les chefs d’État d’Amérique Latine vis-à-vis non pas de la Colombie mais des FARC. Le 7 mars 2008, un groupe dans lequel se retrouvent les chefs d’État sud-américains est réuni. Chavez est furieux, Correa est pantois. La discussion avance et l’effet inverse se déroule Chavez finit par serrer Uribe dans ses bras, Correa entre dans fulmine.
Tout au long de l’année 2008, une succession d’évènements révèle les dissensions internes et l’effondrement interne des FARC. Evan Rios tue son ancien chef et va voir, avec la main droite de sa victime, comme preuve, les autorités. Idem lors de la libération d’Ingrid Bétancourt, l’armée colombienne va manipuler tous les systèmes de communication des FARC. L’opération « Echec et mat » se fera sans mêler le Président Chavez ni le Président Sarkozy, Uribe agira seul et sans échanger un coup de feu puisque l’armée avait agit sous couvert d’être une action humanitaire.
Villalobos publie le 15 juin 2008 Tielo perdido pour parler de Marulanda. Il considère que la guerre contre les FARC n’a réellement débutée que dans les années 1990. Celle menée dans les années 1960 ne fut qu’une guerre partielle et ce d’autant plus, que le nombre de FARC à l’époque était plus que réduit. Lorsque cette guerre entre guérillas débute vers 1960, elle se propage en Colombie. Elle se propage mais ne croit pas tant que ça, alors même que le pouvoir central est très affaibli à cette époque. Ainsi jusqu’à la fin des années 1970, les FARC ne sont pas un acteur principal dans ces guérillas.  C’est là qu’on entre dans une seconde guerre, celle où les groupes armés fusionnent avec les narcotrafiquants. C’est avec le commerce de la drogue que les FARC commencent à accorder un intérêt réel à l’argent. Cela fait des FARC, la guérilla la « mieux habillée mais aussi la plus puissante » de Colombie. Avec l’aide des USA négociée par la Colombie, c’est une victoire d’Uribe sur les FARC. ??? hégémonie politique, domination territoriale et capacité de harcèlement permanent du commandement des FARC. Le résultat stratégique est que les FARC, à l’origine une guérilla rurale qui a sans succès voulu intégrer les institutions de l’État, fut repoussée hors des zones paysannes, en direction de la forêt équatorienne qui est invivable.
Villalobos termine en comparant avec le Guatemala et l’Argentine qui dans leurs guerres contre les guérillas dépensèrent énormément, poussant le Guatemala à devenir un État déliquescent et à mettre l’armée au pouvoir en Argentine. En Colombie en revanche, l’État a gagné la guerre avec les guérilleros démobilisés. Il dit aussi que le nombre de tués dans l’armée est très inférieur au nombre de démobilisés dans cette guerre.
La guerre qui a lieu en Colombie depuis les années 1990 n’est pas une guerre civile. L’insécurité a incroyablement baissé en dépit de quelques dommages graves mais occasionnels (membres des forces de l’ordre qui tuent des jeunes gens en les prétextant FARC pour compléter l’exigence de résultats de l’État). Plus de guerre civile, rejet populaire des guérillas, adhésion forte du peuple en la personne d’Uribe, … La littérature garde tout de même des ???. Marc Chernick, politiste et sociologue orienté sur le Venezuela, propose à Uribe une solution politique intégrale. Or ce terme est gênant car depuis 3 décennies, la Colombie tentait de négocier avec les FARC. De plus, les FARC n’ont plus d’idéologie politique en dépit de leurs revendications historiques d’être un groupe politique. L’actuel cœur du message politique des FARC reste la réforme agraire et depuis l’arrivée de Santos cette question est traitée par le Gouvernement. La justice essaye désespérément de récupérer les terres pour retrouver l’ancien propriétaire qui fut spolié. Et cela est évidemment particulièrement difficile à définir. Ce qui restait d’une doctrine légitime FARC, vient donc récemment d’être saisi par le Président Santos et détruit le dernier lien légitime des FARC. Leur ultime argument étant que la lenteur du gouvernement à cette réforme est avant tout une question de mauvaise foi. Face au crime de lèse humanité dont ils sont accusés, face au risque d’être extradés aux USA s’ils sont de gros narcotrafiquants, … Les FARC tentent donc actuellement de négocier comme ils peuvent avec le gouvernement.

Bien évidemment, même si les FARC arrêtent le combat après les négociations, il y aura toujours de la violence en Colombie avec d’autres groupes armés et d’autres guérillas, plus petites mais elles aussi violentes. La guerre interne reste donc présente comme avec les paramilitaires.

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