lundi 3 décembre 2012

Amérique du Sud 03 - 12 (cours 7)

Oui, il est rose.
Oui, il est colombien.
Oui, le prof nous en parlé.
Oui, j'ai retenu que ça du cours ...





La culture politique en Colombie


Cette constitution de 1991 est la première des Amériques qui soit aussi démocratique, c’est aussi le point de départ des fondements de l’État colombien. Les fondements s’y trouvent, mais la réalisation n’aura lieu que bien plus tard, dans la décennie 2000.
Cette Constitution ne prend pas en compte l’Église, celle-ci est un acteur important mais pas présent dans la Constitution. On va jusqu’à dire que le premier service de renseignement de Colombie tellement les curés sont présent dans ce pays.
Pour autant, cette Constitution est très lourde car les Sud Américains, veulent absolument tout mettre dans la Constitution. Par la production de cette Constitution, la Colombie montre alors l’importance donnée au droit qui est propre à ce pays. Ce pays accorde donc une forte importance au droit, mais c’est aussi le seul pays d’Amérique du Sud qui n’a connu aucune dictature fut-elle fasciste ou communiste. La culture du droit de la Colombie est très ancienne, on parle aussi de culture civiliste. Cette caractéristiques fut parfois mise entre parenthèse avec des évènements comme la Violencia (1946 – 1953, guerre civile qui fit plus de 100 000 morts entre un camp libéral et un camp conservateur). Du coup, certains commentateurs arguèrent qu’en Colombie, la violence était dans la culture colombienne. Les historiens marxistes en arrivèrent à un point où ils considérèrent la démocratie colombienne comme non viable. Distinguons le libéralisme et la démocratie. Le libéralisme vise une limitation du rôle de l’État, la démocratie pour sa part renvoie à une forme particulière de gouvernement fondée sur la volonté de la majorité. La philosophie libérale n’est pas à confondre avec le programme politique parti libéral.

Depuis le commencement de la République colombienne, une conception limitative du pouvoir s’est instaurée. C’est le produit de deux ensembles de facteurs : la philosophie libérale et une certaine influence de la place géographique de la Colombie (ce qui n’est pas un déterministe géographique). L’histoire du pouvoir en Colombie est celle d’une fragmentation ce qui explique entre autres, la permanence des groupes armés en Colombie. Les institutions limitatrices du pouvoir parsèment l’histoire de la Colombie tout en développant un rejet radical de la population vis-à-vis de la pratique dictatoriale.
Lire : Posada Carbó, La Nación soñada.                      

I.                   Le pouvoir fragmenté

La base matérielle de la géographie révèle une population colombienne assez dispersée du fait d’une certaine fragmentation géographique. Il semble que ce pays s’est formé comme un archipel de régions séparées de manière assez abrupte. La compensation c’est un système fluvial très riche. Du coup, il y a certes une fragmentation géographique mais l’isolement n’est pas total. D’où le fait que ce pays naît très tôt avec une indépendance en 1810, effective en 1820. Très tôt naît un sentiment national profond dans ce pays sans que cela ne réduise la multiplicité des foyers du pouvoir.
Sur la côte Nord du pays, on trouve à l’origine les Ayuu, des peuples mi-colombiens mi-vénézuéliens. Cette côte fut pacifiée par des groupes paramilitaires dans les années ????. A l’ouest, on trouve le Choco, la région frontalière du Panama qui sert de lieu de refuge aux illégaux. C’est une population à majorité de couleur noire. La Côte Pacifique est encore très sauvage. Les populations sont encore de couleur noire avec des indigènes. Dans cette région, les groupes illégaux sèment un certain climat de peur. La frontière Sud avec l’Equateur est assez poreuse. Cela explique qu’un certain nombre de groupes illégaux s’y sont constitués. Ensuite on a la frontière avec le Pérou beaucoup moins vivable du fait de la forêt amazonienne et du fleuve amazone qui rend les conditions de vie extrêmement difficile. La pointe Sud du pays se fait autour de la ville de Leticia qui est le lieu de multiples trafics avec le village de Constant au Brésil. La frontière Est, constituée de plaines, est en contact avec le Brésil puis avec le Venezuela. La frontière avec le Brésil connaît des groupes illégaux mais assez peu nombreux du fait de l’entraide entre l’armée colombienne et l’armée brésilienne ainsi que de la forêt dense amazonienne. La frontière avec le Venezuela est en revanche beaucoup plus dangereuse.
La division du pays vient aussi du fait que Bogota n’a jamais réussi à s’imposer au reste du pays. D’ailleurs la fragmentation géographique n’a pas permis une structure économique homogène et unifiée. L’économie fonctionne en gremios, en corporations. Même une corporation puissante comme celle des cafetiers, n’a pas de réel monopole.

Dés 1909, Carlos Antonio Torres, dans une tradition colombienne civiliste, défend la liberté de lois face à l’image du caudillo. Le civilisme c’est la civilité et le droit associés. Ce civilisme se retrouve dans le gouvernement présent et passé avec Santander, l’image de l’homme de loi en Colombie. Selon lui, la loi sert autant à contenir le pouvoir qu’à endiguer l’arrivée d’un dictateur. Ces conceptions se sont enracinées dans la culture colombienne en particulier avec Eduardo Santos, journaliste qui créa El Tiempo au début du XX° siècle, sera président libéral en 1938 et utilisera l’image démocratique de Santander. Le legs historique de cette région est prégnant, on ne trouve pas plus d’avocats dans le monde que dans la Colombie. Pour eux, être avocat c’est avoir finit ses études dans un type de droit spécialisé. Les Libéraux utilisent énormément l’image de Santander tellement que les Conservateurs critiqueront le personnage historique de Santander, sans critiquer l’État de droit : le cœur de la politique libérale. Le conservateur en Colombie n’est pas forcément un réactionnaire ou un contre-révolutionnaire. Au contraire, le premier point des conservateurs de Colombie est d’avoir un « ordre constitutionnel contre les dictateurs ». La centralisation propre aux conservateurs doit être articulée à la division des pouvoirs. En particulier, l’Église même si elle est constitutionalisée, doit empêcher le despotisme de l’État. Aucun des présidents conservateurs n’a jamais jouis d’un pouvoir personnel. De 1886 à 1930, les conservateurs sont au pouvoir et jamais un seul n’a tenté d’amplifier ses propres pouvoirs. La dictature qui s’installe en 1953 à 1957 va confirmer la politique antidictatoriale intrinsèque à la Colombie. Le dictateur Rojas Pinilla fut mis au pouvoir par la population et destitué 4 ans plus tard par celle-ci. Il a largement contribué à stopper la Violencia. Certes il y a eu quelques exceptions autoritaires dans ce portrait (fermeture d’El tiempo, …) mais les Colombiens ne parlent pas d’une dictadura mais d’une dictablanda. Il y a eu des accros au respect des lois mais la population en a si peu souffert qu’elle n’y perçoit pas une dictature surtout que cela n’a pas duré. Lorsque Pinilla va perdre les élections du 19 mai 1857, un mouvement de guérilla d’extrême gauche voit le jour (M19) arguant que les élections furent truquées, ce qui semble être faux.


II.                Les institutions qui limitent le pouvoir politique

Dans un régime présidentiel, l’exécutif est le pilier de ce régime. Pourtant il a peu été étudié par les historiens. Cet exécutif fut considéré comme important car il n’y a qu’un Président qui fut toujours au devant de la scène médiatique donnant lieu à une présidence impériale. Ce n’est que vers 1886 que le Président colombien grâce à la Constitution acquière de véritables pouvoirs. Mais dans la peur du caudillo, les Colombiens ont déjà l’impression de lui donner trop de pouvoir, alors même que le Président français en avait largement plus que le président colombien. C’est la véritable apparition du Señor Presidente alors que pourtant ses pouvoirs sont bien éloignés d’en faire un quelconque dictateur.

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