mardi 29 janvier 2013

Enjeux politiques 29 - 01 (cours 1)


 Rien ne vaut une bonne dispute argumentée.


Introduction


Il s’agit d’aborder les questions contemporaines et d’actualités pour reconstruire les termes des controverses et des débats sur un sujet d’actualité. Il ne s’agit pas de formuler uniquement ses opinions mais plutôt les différentes opinions en présence et chercher à reconstruire les différentes argumentations. Ces argumentations obéissent à un certain nombre des règles, en particulier, elles justifient des raisons. Ce n’est donc pas exprimer son avis affectif. En passant à l’argumentation, on doit donc se justifier, donner les raisons de notre choix. Une telle attitude argumentative est assez élitiste, tout le monde ne peut pas avoir un argumentaire sur les sujets. D’ailleurs, encore faut-il que cet argumentaire soit acceptable. On passe donc de la polémique à la controverse. La polémique caractérise un rapport conflictuel entre différentes positions. La controverse fait apparaître les différentes tentatives d’argumentations qui cherchent à créer l’adhésion de l’interlocuteur. C’est ainsi que Perelman définit l’argumentation, formuler des discours qui permettent de convaincre. La controverse se fait par une écoute et une tolérance entre les partis en présence, dans le but de les convaincre.

La première des questions est celle de la désobéissance civile, question très creusée par les politistes et qui a donné beaucoup d’ouvrages. La question du multiculturalisme sera aussi traitée. La justice sociale sera abordée. Enfin nous verrons aussi la question de la démocratie électronique.

Des argumentations politiques peuvent être contenues dans des textes littéraires. Ceux-ci accompagnés de textes théoriques peuvent d’ailleurs prendre davantage sens.



L'assassinat de Jules César, Karl Theodor Von Piloty
Assassiner César pour mieux sauvegarder la République.


L'argumentation


Jules César, William Shakespeare :
Après l’assassinat de Jules César, les conspirateurs doivent justifier leur violence politique face au reste de la population. Brutus doit alors argumenter devant les citoyens son crime de lèse majesté. Il a porté atteinte à celui qui est souverain par le peuple. Brutus en formulant toute une série d’arguments permet de créer l’adhésion alors même que les citoyens qui l’écoutent sont partisans de César. Il fait un exercice de rhétorique performant puisqu’il retourne le peuple à son avantage, il crée l’adhésion, mais par un discours argumentatif.
Lorsque l’on utilise la rhétorique, on risque de tomber dans la sophistique, où l’orateur utilise des moyens de persuasion à son avantage plus que ceux de l’argumentation. En effet, persuader, c’est passer par la manipulation et la propagande, tandis que convaincre, c’est passer par des arguments. Le discours du soutien de César, Marc-Antoine, est plus fallacieux. La persuasion utilise des procédés pour manipuler l’interlocuteur tandis que l’argumentaire va le chercher tout en le considérant comme un égal. Persuader c’est aussi davantage faire appel aux sentiments de l’interlocuteur qu’à sa raison.

L’attitude des citoyens romains suite à l’assassinat du leader politique est de vouloir écouter l’assassin et ses justifications. La foule, chez Shakespeare, est très calme et réfléchie.
Selon une première lecture, Brutus est sophiste : il manipule la parole et la rhétorique pour faire changer d’avis les citoyens. Mais il semble qu’une seconde interprétation est possible. Brutus organise son argumentation autour de techniques qui montrent à l’auditoire qu’on reconnaît le bien fondé de son opinion et de ses prémisses. Demandant la patience aux Romains, Brutus bénéficie de cette patience démocratique pour s’exprimer.
Brutus débute d’abord en se positionnant comme un membre de l’auditoire. Il se présente véritablement comme un membre identique à tous les Romains. Son argumentation débute dés le départ en fixant le bienfondé de la vision romaine de César : il déclare qu’il aimait César comme tout un Romain. C’est de cet attachement qu’il justifie son assassinat. César incarnait Rome et cela le rend aimable et apprécié. Dès lors qu’apparaît l’ambition, il ne représente plus Rome, risque de lui nuire et doit être tué. Comme César est perçu comme le garant de la République romaine, alors il est apprécié. La démonstration de Brutus fait mouche, il est plus tyrannicide qu’assassin. D’ailleurs sa position non sophiste est révélée lorsqu’il accepte de se suicider au nom des valeurs de Rome. Un sophiste ne peut exprimer un suicide pour des valeurs, il meurt pour la patrie au nom d’intérêts supérieurs. En tuant César, Brutus a choisi de commettre un acte grave précisément parce que les valeurs à défendre étaient d’une dignité supérieure. Brutus a sacrifié son amitié avec César au nom de l’intérêt collectif. C’est totalement désintéressé et en cela ne peut être sophiste.

Sur le discours de Marc Antoine : Persuasion ou argumentation ?
Le discours du Général De Gaulle à lire.

Asie 29 - 01 (cours 3)

 La Proton malaisienne



Si l’on a une structure de population équitablement répartie, on a une grosse masse de classe moyenne. En conséquence, selon les économistes, cela peut être un ressort pour des biens de consommation standardisés, permettant ainsi de stimuler l’offre. C’est la théorie du Big Push, de Roseinstein-Roday. Derrière cela, on voit que derrière une forte croissance, il faut qu’il y ait une activité économique dynamique et industrielle.
L’autre aspect dans les conditions initiales c’est le niveau de capital humain. Si celui-ci est élevé au départ, alors la capacité d’absorption des technologies étrangères est élevée. Les entreprises étrangères viennent sur le territoire, avec des technologies généralement supérieures à celles du pays. Cela sera bénéfique à l’économie si le pays est capable de tirer des enseignements de ces entreprises. Or plus le capital humain est élevé, plus on a de chances pour que cette technologie soit absorbée. On entrerait dans une spirale vertueuse en quelque sorte.
Enfin, si on a une situation de départ à peu près égalitaire, alors la société sera plus stable. Ainsi dans les dépenses publiques, il sera moins question d’investir dans la sécurité. Donc autant de ressources qui pourront être réinvesties dans l’économie.
Ces trois conditions n’expliquent pas le développement, mais peuvent expliquer la rapidité de celui-ci.






III.                   Les différents développements de la première génération

Dans la réflexion globale sur le miracle asiatique, on tend à dire que les économies ont suivi la même voix et se serait ainsi démarquées des autres. Les économistes savent qu’il n’y a pas qu’un modèle mais tendent à mettre en avant uniquement les similitudes des modèles, plus que les différences. Si l’on est convaincu du libéralisme des économies asiatiques, alors il n’y a pas de spécificités de ce modèle, ce serait une version un peu différente du modèle anglo-saxon. Si l’on estime qu’au contraire l’étatisme est prégnant, alors il y a une spécificité asiatique qui se résume surtout à la notion de « L’État développeur ». L’idée la plus probable est qu’il n’y a pas un seul modèle, il y a certes des points communs mais surtout des différences qui empêchent de constituer un modèle en particulier en regardant le contexte historique.

1.      Hong-Kong

Hong-Kong part d’un niveau de revenu très riche au départ. Il s’agit d’un port commercial très important et dont le rôle d’entrepôt était essentiel. L’autre aspect positif qui en découle, c’est qu’il y a de grandes sociétés productives sur place. Dans la même idée, on a des infrastructures commerciales et financières qui faciliteront les choses par la suite. Ultime point, Hong-Kong est proche de la Chine et donc on a un nombre important d’investisseurs chinois qui s’y concentre.

L’économie de la ville est caractérisée par le libéralisme. Et tout ce qui n’est pas interdit est permis dans l’esprit des habitants. Le laisser-faire, le libre-échange et la stratégie de porte ouverte sont la règle. Le développement de Hong-kong va s’appuyer sur la production légère et assez peu sophistiquée de l’industrie légère. Elle est donc tournée vers l’exportation plus que vers la consommation intérieure. En revanche, la place de l’État est minime puisque le laisser-faire reste la règle. L’État intervient de manière très limitée et toujours indirectement (encouragement au développement des ressources humaines, …). L’État se contente de créer les bonnes conditions pour les entreprises mais donc jamais directement. Evidemment, il s’agit de développer des technologies peu gourmandes en effort industriel. Ainsi Hong-Kong n’aura jamais de réel développement technologique qui augmenterait les coûts de production et de l’immobilier. Mais rapidement, les entreprises peuvent se redéployer vers les activités de service et pour les industries lourdes, elles peuvent s’implanter sur le territoire chinois.

Le cas de Hong-Kong est donc très libéral, mais reste de loin le plus particulier de tous. Elle n’a rejoint la Chine qu’en 1997, mais possède toujours son administration, ses lois et sa monnaie propre. Idem évidemment pour le système économique.

2.      Singapour

Comme Hong-Kong, c’est une ancienne colonie britannique avec un niveau de revenus plus élevé que le reste de la région. Il s’agit alors d’une plaque tournante avec un port très actif. En revanche, ce n’est plus une colonie britannique puisque Singapour devient indépendante après la Seconde Guerre Mondiale. Au démarrage, on décide de rapprocher Singapour du territoire logique de son appartenance : la Malaisie. Est donc créé au début des années 1960 est créée la Malaya, la Fédération de Malaisie qui réunit Singapour, la péninsule malaise et deux territoires au Nord de Bornéo : le Sabah et le Sarawak. Le but de ce découpage était de respecter des questions ethniques avec 80% de chinois à Singapour. Pour éviter que cela ne serve que des intérêts chinois, on a rajouté des régions avec des Malais de souche qui empêcheront que la population chinoise soit majoritaire dans cette zone. Mais cette entente n’a pas duré. Dés 1965, Singapour fait sécession et bénéficie des atouts hérités de sa période de colonie britannique.

Par opposition à Hong-Kong, à Singapour, tout ce qui n’est pas expressément permis est interdit. Cela tient encore aux conditions initiales de départ. L’État doit intervenir d’entrée de jeu pour stabiliser les relations sociales : conditions d’emplois, logements sociaux, … Il fallait répondre aux difficultés économiques de l’époque avec un fort taux de chômage. Tout de suite est mis en place un conseil de développement économique qui doit assurer la stabilité économique et politique. Le maître des lieux va rapidement émerger avec Lee Kwan Yew, aux commandes du parti dominant de Singapour et donc de l’économie du pays : People’s Action Party. (PAP). C’est le parti unique qui tient le pays depuis sa naissance et qui perdure aujourd’hui. L’ensemble de la stratégie économique sera définie et imposée par le haut.

Dans le cas de Singapour, l’interventionnisme est très lourd, la stratégie économique est claire : résister et permettre la survie de Singapour face à la Malaisie. Une banque de développement est créée pour assurer des promotions industrielles. En termes d’orientation des activités économiques, Singapour va utiliser le système de l’ISI de manière très limitée. Le pays va cependant aussi s’assurer des Investissements Directs Etrangers (IDE) qui permettent aussi l’implantation d’entreprises étrangères assurant l’arrivée de technologies étrangères. Pour assurer leur bonne volonté, les autorités de Singapour on interdit les syndicats. La raison est aussi économique puisque cela permet de développer l’économie tout en faisant face à une éventuelle concurrence de Malaisie.
L’État va aussi mettre en place des entreprises publiques affiliée à l’État mais qui en sont assez indépendantes. Cela est créé pour permettre le développement de certains systèmes d’activités jugés porteurs pour l’activité du pays. Les liens avec l’État sont forts mais pas directs. Ces entreprises n’ont donc pas non plus des privilèges exorbitants.

En termes d’organisation, Singapour va suivre un peu la logique de Hong-Kong en partant dans l’industrie légère puis dans les services. Là encore, l’emplacement de Singapour lui assurera une forte activité portuaire ce qui en fait un des plus grands ports du monde.

Avec le temps qui passe, Singapour perd un peu de l’influence de l’État. Mais cette diminution de l’État est assez lente tout en accueillant des investissements étrangers.

3.      La Corée du Sud

La Corée du Sud est un exemple classique de la notion d’État développeur. Dans le cas de la Corée les interventions publiques furent prégnantes : bien organisées, bien choisies et ayant eut lieu très tôt, des plans quinquennaux l’ont dirigé. Ce sont des plans indicatifs plus que des plans durs à la soviétique. En plus de fixer des orientations, il y a des moyens fournis aux entreprises. Pour mener à bien cette stratégie, très tôt en mis en place un conseil qui doit fixer le cap et les objectifs économiques tout en stoppant les secteurs inutiles.
Les interventions de l’État passeront en grande partie par le secteur financier. Il va commencer par nationaliser les banques commerciales ce qui lui permet de choisir qui sera financé et qui ne le sera pas. L’État choisit donc les priorités.

Le développement économique de la Corée va véritablement s’amorcer en 1961 à l’issu du coup d’État de Park Chung-Hee (dont la fille Park Gyenn-He fut élue présidente de Corée du Sud le 19 décembre 2012). Assassiné en 1979, il a tout de même lancé le développement économique de ce pays en dépit d’action assez dictatoriales de sa part. Le pays se servira de sa main d’œuvre compétitive et bon marché pour se lancer d’abord dans les activités d’habillement pour ensuite se spécialiser dans d’autres secteurs.
Un peu de stratégie d’ISI sera mise en place, mais rapidement elle sera abandonnée pour se diriger vers son opposé : une promotion des exportations. Le gouvernement fixe à chaque fois les secteurs de développement : industrie lourde et industrie chimique seront mit en avant. Ils sont spécialisés dans les chantiers navals et dans la sidérurgie coréenne.

Clairement le système de développement économique est inspiré du modèle japonais. Mais des techniques libérales seront visibles dedans. En effet, les aides financières fournies aux entreprises ne seront soutenues par le gouvernement que si les entreprises sont compétitives sur le marché, dans le cas contraire, elles sont lâchées.
De même, le résultat de cette politique est l’apparition de grands groupes effectivement compétitifs mais qui effacent les petites entreprises potentiellement compétitives. C’est l’exemple de Samsung ou de LG. C’est ce qu’on nomme les chaebols, de gros conglomérats. Mais cette politique tend à faire reposer l’économie de la Corée sur ses gros groupes au risque que le reste de l’économie soit très fragile.

Un autre détail non-négligeable pour la Corée, c’est l’aide américaine qui lui a permis d’amorcer la pompe. Du coup, l’expérience coréenne est difficile à reproduire ailleurs. Mais contrairement à Singapour, la Corée n’a jamais été friande d’IDE. Elle a donc été très sélective dans les investissements étrangers en choisissant ceux qui étaient porteurs de technologies et qui n’entraient pas en concurrence avec des entreprises nationales. La Corée a donc plutôt emprunté, laissant les IDE s’entasser dans des Zones Economiques Spéciales (ZES) et très surveillées.

4.      Taïwan

Dans ce pays, les autorités ont une idée principale en tête, la concurrence de la Chine. L’objectif de développement économique va s’imposer rapidement. Comme dans le cas de la Corée, les banques vont être nationalisées mais pas vraiment comme une courroie de transmission avec les entreprises. L’importance de l’État n’est donc pas négligeable puisqu’on a une règlementation sur le marché du travail, … La structure industrielle sera totalement différente de celle de l’Amérique du Sud. Du fait de l’histoire, on a une structure ethnique compliquée : il y a des Taïwanais d’origine et d’autres venus avec le Guomintang. Ce mélange de locaux et d’expatriés chinois fait que le système politique est aux mains du Guomintang mais le système économique privé est aux mains des locaux. Du coup, le développement économique sera plus facile pour les entreprises du Guomintang ou affiliée à celui-ci. En conséquence, les entreprises particulièrement privées seront alimentées par des fonds informels, des tontines locales.

En termes de stratégie commerciale, on est proche de Singapour et de la Corée du Sud, d’abord du protectionnisme et un système d’ISI, qui sera vite transformé en système d’exportation.

Concernant les IDE, Taïwan a utilisé la technique coréenne des ZES. En revanche, l’île a été beaucoup moins sélective que la Corée sur les IDE. Du coup, les IDE ont largement pris le pas sur les prêts. C’est aussi l’occasion de récupérer des technologies auprès des entreprises sur place.

La création de ??? a permis  de décider quelles seraient les secteurs développé.

Taïwan est donc à l’instar de la Corée l’exemple typique de l’État développeur.

Comme les trois autres pays, il y a des difficultés de départ qui vont inspirer la stratégie économique de départ. De plus, initialement, il n’y a pas d’atouts économiques pour ces pays. Les économies se sont développées par la nécessité. On peut aussi noter leur petite taille des pays ont poussé les économies à agir dans le sens des exportations puisque le marché intérieur restait par trop limité. Enfin, dans les 4 cas, une petite cellule fut instaurée et a eu en charge la stratégie industrielle et de développement. Ce sont là les points de convergence entre les quatre pays.


IV.                Les différents développements de la seconde génération

1.      La Malaisie

Au départ, la Malaisie possède une économie agricole avec plusieurs ressources qu’elle exploite, notamment la culture de l’hévéa pour le caoutchouc et l’exploitation de l’étain. C’est donc le premier de nos pays qui possède de réelles ressources naturelles.
De plus, il y a une situation ethnique particulière. Une majorité de la population est malaise de souche, les Buniputras (70% de la population), et dans la population restante, on trouve des chinois (25%) et le reste essentiellement des Indiens. Le pouvoir politique est aux mains des Buniputras et le pouvoir économique est aux mains des Chinois. Voulant reprendre leur critère économique en main, les Buniputras vont tenter de récupérer ce pouvoir économique. Les tensions vont s’exacerber et fin des années 1960, on a des émeutes ethniques. Les pouvoirs publics vont trouver une solution la Nouvelle Economie Politique (NEP). L’objectif est de donner plus d’importance économique aux Buniputras, et on vise en 1990 que 30% du capital industriel malais tombe dans les mains de cette ethnie majoritaire. Cette politique économique va imprégner toutes les mesures économiques de cette époque.
On va donc créer des entreprises publiques qui seront ensuite privatisées et vendues à des Buniputras. On créer donc de toutes pièces de grandes entreprises publiques durant cette période. Du coup, le gouvernement est donc très impliqué dans la conduite de la stratégie économique. Cette création est favorisée par l’exploitation des ressources naturelles. Ces ressources conduisent donc à une industrialisation. L’État va donc intervenir de manière insistante envers l’industrie lourde, notamment en développant une industrie automobile internationale dont le fleuron est la voiture Proton. On a donc dans l’idée d’avoir une voiture nationale qui demande d’être particulièrement protectionniste pour éviter la concurrence des voitures étrangères. Cette stratégie industrielle semble assez mal comprise : développer une voiture nationale dans un petit pays quand des concurrents énormes sont partout dans le monde. On voit donc le volontarisme et l’interventionnisme du pays, même si n’est pas toujours très bien pensé. Le représentant de cette économie c’est le Docteur M, Mr. Mahathir.

Un autre aspect de la Malaisie fut celui d’avoir une économie reposant sur les IDE par la création de ZES dont la première se fit sur la péninsule de Paylang (???) avec pour axe principal l’installation d’entreprises spécialisées dans l’électronique (Texas instrument) qu’ils jugeaient comme axe porteur. On a donc un accueil favorable aux IDE tout en ayant une vision claire et d’avenir dans certains secteurs. Ce qui a compliqué l’ouverture aux IDE fut la NEP. Les investisseurs étrangers devaient à chaque fois faire des joint ventures avec des Buniputras.

Après l’automobile qui fut un certain échec, la Malaisie a encouragé d’autres activités : l’électronique puis dans les années 1990 avec le « super couloir multimédia ». De nouveau imposé par les pouvoirs publics, ce projet doit relier Kuala Lumpur à l’aéroport international et y sont accueillies toutes les entreprises de multimédia. Le résultat de cette volonté reste encore à démontrer, mais on voit bien de nouveau le volontarisme net.

Enfin, la Malaisie a cherché à développer assez régulièrement ses ressources, passant de l’hévéa aux palmiers à huile, moins exigeant en main d’œuvre. De plus, elle transforme la Malaisie transforme elle-même son huile de palme. Elle a donc toujours cet aspect volontariste avec des politiques qui ont une vision pour le pays que les réalisations soient ou non un succès.

2.      L’Indonésie

Tout comme la Malaisie, l’Indonésie a des ressources dans son sol essentiellement pétrolières. Cette rente pétrolière fut réinvestie pour développer le reste de l’activité industrielle notamment l’industrie manufacturière. C’est surtout l’industrie légère qui en a bénéficié avec le textile et l’habillement.
Mais d’autres aspects furent bien plus contestables. L’Indonésie a aussi voulu mettre en place une industrie lourde dans l’aéronautique qui répondait à des besoins territoriaux puisque l’Indonésie est composée de plus de 17 000 îles. Ce développement fut mis en place mais est tout aussi contestable que le cas malaisien pour l’automobile. Cette politique fut très couteuse et les bénéfices restent limités. Par la suite, l’Indonésie a tenté de développer aussi une industrie automobile. Lancé dans le milieu des années 1990, cela prenait place dans un mauvais contexte : de nombreuses industries automobiles internationales existaient déjà, avec aussi des concurrents asiatiques (Corée, …). La voiture devait s’appeler Timor en plein conflit entre Indonésie et Timor-Leste. La politique devait surtout satisfaire des intérêts personnels (le fils de président semble-t-il). Le gouvernement semble donc décider de la politique économique et le gouvernement se résumait depuis 1968 au Général Suharto.
Pour le reste, la politique économique et industrielle reste un peu limitée.

Brésil 29 - 01 (cours 1)


 Le Brésil et son drapeau ... Pour préciser ... Juste au cas où ...


Le Brésil contemporain


Cette aire géographique est peu étudiée dans les cours français car le Brésil reste encore trop périphériques chez les chercheurs européens et occidentaux. C’est d’autant plus problématique que les Brésiliens se sentent eux-mêmes occidentaux de par leur passé et de par leurs modèles. Alain Rouquié parle de L’Histoire de l’Extrême-Occident, comme région très éloignée, au Sud.

On a longtemps pensé l’histoire du monde de manière très européo-centrée, on analysait le monde selon un point de vue typiquement européen : économie, culture, histoire, … La vision de l’Europe se serait étendue en Amérique du Nord puis dans le monde. Le reste des pays était nié, leurs logiques propres ne transparaissaient pas.
Ce furent les années 1970, qui prirent un point de vue moins européen avec les Subalterns Studies et les Etudes Postcoloniales. Dorénavant, l’histoire de l’Asie, de l’Afrique mais aussi des autres régions du monde furent repensées depuis leurs points de vue. Ce furent d’abord les Etatsuniens qui développèrent ses recherches en sciences humaines sur l’Amérique Latine, suite à la Révolution Cubaine. Naissent donc dans les années 1960 des études sur la conception politique en Amérique du Sud, leur rapport avec les militaires et le risque d’extension du communisme en Amérique Latine.
Il y a tout de même une bibliographie brésilienne sur l’histoire de leur pays dés les années 1960 qui virent par les universitaires brésiliens, une explosion des publications sur le sujet. Mais sous un régime autoritaire qui dura jusqu’en 1988, ce ne seront que dans les années 1990 que les écrits universitaires brésiliens sur leur pays seront plus libres et plus complets.



 Bien loin du carnaval de Venise ... Le  carnaval de Rio



I.                   La perception du Brésil

1.      Le Brésil continent

Le brésil serait un pays continent dans l’imaginaire collectif, avec ses 8,5 millions de km² (soit presque 13 fois la France) plus même que les USA, sans l’Alaska. Le pays compte 194 millions d’habitants et semble donc assez peu dense avec moins de 25 habitants au km². C’est pourtant une grande puissance démographique en 5° position derrière la Chine, l’Inde, les USA et l’Indonésie. Avec 17 millions d’habitants en 1900, la croissance démographique a tendu vers 3% par an jusqu’au milieu des années 1970. Mais l’étude de la répartition plus détaillée du pays révèle une densité particulièrement inégale. La population se concentre essentiellement sur les littoraux. L’intérieur est peu peuplé sauf Brasilia, et la côte est très fortement peuplée, en particulier le Sud de la côte avec Rio et Sao Paulo. Les concentrations très élevées dans les terres sont au nombre de trois : Brasilia qui attire par son statut de capitale, le Minas Gerais au Sud de Brasilia et Manaus ville sur l’Amazone qui bénéficié de la culture de caoutchouc avant de devenir une zone franche attirante en plus de l’essor économique amazonien. Les grandes agglomérations sont Porto Alegre, Sao Paulo, Rio de Janeiro, Brasilia, Salvador, les villes du Nordeste, Belem, Manaus, …

La culture du pays est très autocentrée. Du fait de son immensité, ce pays va construire son identité de l’intérieur et assez peu vers l’extérieur et ses voisins. C’est le seul pays lusophone quand l’espagnol est dominant avec les langues amérindiennes sur ce continent. C’est aussi un pays autocentré dans son histoire et sa construction nationale avec notamment un très fort nationalisme brésilien. L’attachement au sentiment national est très fort et semble à la vue des Européens se rapprocher d’un nationalisme.



Pourquoi le Brésil est si grand ? Pourquoi ne s’est-il pas disloqué quand l’Empire espagnol a donné naissance à 20 nations ? Le Pays est très étendu avec des vastes états dont chacun à une vie politique propre. Les états sont très inégaux sur certains plans : économique, nationaliste, … On a des entités distinctes avec leurs cultures propres.
On peut distinguer cinq vastes zones : le Bassin Amazonien, les Hauts Plateaux, les Trois anciens états (aussi les plus riches) et le reste : le Nord-Est historiquement zone de colonialisme ainsi que l’extrême-Sud qui est en contact avec plusieurs pays alentours (Uruguay, Paraguay, Argentine).

Les questions qui en découlent sont nombreuses.
D’où vient la dichotomie entre les côtes et l’intérieur des terres ? Dans le langage même, en brésilien on dit « être de la capitale » pour les côtes et « être de l’intérieur », pour l’intérieur du pays. Le but sera donc longtemps d’intégrer cet intérieur dans le cadre d’une forme d’union nationale, cela est visible par le déplacement de la capitale Brasilia construite depuis rien, en seulement 5 ans.
L’autre question majeure est celle de l’imaginaire développé par chaque région du pays. Il y a dans chaque région, des conceptions culturelles et politiques propres. Le Nordeste est considéré comme la région représentant la décadence du pays, un ancien âge d’or qui a disparu pour devenir une région en perpétuelle décadence (on la surnomme l’Afrique brésilienne) qui peine à développer un statut économique solide et qui connaissait encore des disettes dans les années 1970. A l’opposé on a l’essor perpétuel et toujours en développement du Sud-Est du pays avec notamment Saint Paul et Rio de Janeiro. Une autre région est l’Amazonie. Elle représente 38% du territoire brésilien et a développé son propre imaginaire. La région se caractérise par le fait que c’est la seule région qui n’est pas encore intégrée dans l’espace national, qui manque de moyens de communication, qui manque de ressources énergétique, certaines zones sont laissées à des communautés indiennes, …

2.      Le Brésil touristique

Le Brésil comme destination touristique est aussi une conception classique du pays. Depuis longtemps un pays attrayant, le Brésil a connu une forte immigration européenne surtout dans la seconde moitié du XIX° siècle. C’était le lieu où les Européens pensaient faire fortune avec l’imaginaire répandu de l’El Dorado.
A partir de la fin du XIX° siècle, le tourisme apparaît, on se déplace pour le plaisir. Dans les années 1920, ce tourisme est associé à un certain nombre de pratiques culturelles typiquement brésiliennes : le Carnaval dont le premier est à Rio en 1932, la musique ou encore le soleil. Dans l’entre deux guerres, des éléments touristiques se développent qui donneront l’image touristique du pays. L’avion va largement contribuer à ce succès touristique.

C’est un pays au climat insulaire et aux mœurs indolentes. Cette image touristique fut reprise dans l’imaginaire national via la cordialité brésilienne. « L’homme cordial », inventé par Sergio Buarque de Holanda, un historien célèbre, serait un homme caractérisé par une absence de conflits dans les relations sociales, où les relations entretenues sont placées sur un plan personnel de manière systématique. Ainsi, les Brésiliens introduisent de l’affectif dans toutes leurs relations sociales.

3.      Le Brésil violent

C’est essentiellement une violence urbaine associée aux grandes métropoles (Rio et Sao Paulo). Le pays à un taux d’homicide les plus élevé du monde : 25 morts pour 100 000 personnes par an. La guerre en ex-Yougoslavie a connu moins de morts que le Brésil, sur la même période.
Cette explosion de la violence urbaine a explosé dans les années 1970 dans la périphérie des grandes villes et dans les favelas (bidonvilles au centre des villes). Trois grands facteurs peuvent l’expliquer : le Brésil est touché par une crise économique assez forte, l’explosion du narcotrafic dans la région de l’Amérique Caraïbes va atteindre le Brésil (en production et en consommation) et l’accès généralisé aux armes à feu.


La violence n’est pas qu’urbaine et physique, elle est aussi sociale. Le pays est un des plus inégalitaires du monde en particulier depuis les années 1970 depuis la crise économique. A cette époque on nomme le Brésil, Belindia : conjonction entre la Belgique et l’Inde. Le système de croissance économique fut effectivement particulièrement inégalitaire mais partait d’une structure sociale déjà au départ inégalitaire : la structure classique latifundiaire. Ce sera aussi le pays qui abolira le plus tardivement l’esclavage en Amérique du Sud. Le pays s’organisa en laissant longtemps le pouvoir politique aux mains d’élites restreintes, formant un régime oligarchique. Enfin le modèle de développement a favorisé une inégalité entre les régions. Longtemps ces inégalités sociales ont entaché le Brésil, mais depuis peu de temps, la redistribution des richesses tend à réduire les écarts depuis une dizaine d’années.

4.      Du pays en développement à la puissance économique

Jusqu’à il y a 10 ans, on considérait que le Brésil était un pays du Tiers-monde, puis un pays du Sud, puis un pays en voie de développement, puis un pays émergent et enfin une puissance locale. Passé de sous-développé à pays émergent très rapidement, le Brésil a connu un essor croissant avec un ralentissement économique bref et tardif. Cette croissance économique est aussi associée à une affirmation du Brésil comme puissance internationale avec une grande diplomatie efficace surtout sous le gouvernement de Lula, Luis Iñacio da Silva. Moins centré sur l’Occident, le Brésil s’est surtout rapproché de ses voisins.



 La canne à sucre, le fardeau des Indiens brésiliens.



II.                Le Brésil colonial : 1500 – 1822

1.      La découverte du Brésil

L’Histoire du Brésil débute dans les écrits vers 1500. Effectivement, jusqu’alors, il n’y avait pas de sources écrites. D’où ce début de l’histoire du Brésil en 1500, auparavant, c’est le domaine des anthropologues.

Pedro Alvares Cabral est le premier explorateur a posé le pied sur la terre du Brésil lors de la période des Grandes Découvertes. Durant cette trentaine d’années, les navigateurs européens posent le pied sur ce continent. C’est sur cette période qu’on pose la fondation du Brésil ce qui pose problème, de même que l’expression « Grandes Découvertes ». L’Amérique est déjà habitée lors de cette découverte, donc sa véritable découverte est bien antérieure. On trouvait déjà sur place des systèmes sociaux qui se côtoyaient et connaissaient. C’est donc un concept purement européen qui transparait dans ce terme de « Grandes Découvertes ». Idem pour le nom d’Amérique, venu du conquistador Amerigo Vespucci, pareil pour le Brésil venu du bois de Braise qui fournissait une teinture rouge, arbre exploité par les Européens. Voulant penser différemment, des historiens contestataires parlent des « Grandes Invasions » pour évoquer cette période du point de vue des Amérindiens. L’expression « invasion » en Europe qualifie surtout les « invasions barbares ». Ce serait donc l’arrivée d’une civilisation sur un continent qui en possédait déjà une.
On a donc pour la première fois une connaissance totale du monde émergé grâce à des personnages ibériques ou travaillant pour eux. Si ce sont les Ibériques, c’est parce qu’ils habitent au Finistère de l’Europe et sont de grands navigateurs avec de nombreux outils techniques marins. Le contexte de la Reconquista n’est pas négligeable. L’Espagne a repris son territoire aux Maures et dans un contexte d’extension de son territoire, souhaite s’étendre hors de l’Europe. De plus, ce sont de petits Etats qui pour se développer s’appuient sur le commerce. En conséquence, cherchant les Indes en traversant le Grand Océan, pour favoriser le commerce, on découvre l’Amérique. Les Portugais favorisaient jusque là le trajet par le Cap de Bonne Espérance (par l’Afrique), Christophe Colomb dans ses erreurs de calculs va découvrir l’Amérique. Cabral aussi par des erreurs de calculs, pensait contourner l’Afrique, et atterrit au Brésil. Les Portugais vont en fait très peu s’intéresser au Brésil, leur priorité est d’atteindre l’Inde, une destination de choix. Le Brésil n’est qu’une vague étape sur le trajet. En revanche, pour l’Espagne, il s’agit de traverser le continent pour atteindre les Indes. C’est deux tactiques vont aboutir à un partage du monde entre Espagne et Portugal : le traité de Tordesillas en 1494. Progressivement décalée, la limite de ce traité tend à reculer au profit du Portugal, ce qui est du à une évolution de la vision portugaise vis-à-vis du Brésil. Le commerce est encore essentiellement celui d’épices, pour masquer le goût des aliments passés.

Ce n’est qu’avec l’apparition d’une ressource sur les terres du Brésil et de l’Amérique que cette région commence à intéresser les métropoles. D’abord, le Brésil est la source de l’arbre de Braise, un bois qui permet à la fois de faire des pigments pour la peinture (vendus ensuite en Hollande et assurant une confortable source de revenus) et pour construire des bateaux. Cette période est celle d’un travail libre des Indiens, qui aident les Conquistadores volontairement dans un procédé commercial classique. Les relations sont alors pacifiques entre colons et Indiens, les premiers amènent les ressources, les seconds s’en servent. Jusqu’en 1550, ce sera une période d’entente aimable entre les deux populations.

2.      Les Indiens Tupiniquim

Ce peuple indien tupiniquim est resté dans le langage brésilien et qualifie le « brésilien du coin »
 Les populations amérindiennes sont présentes depuis 1 200 avant JC au Brésil. C’est le continent le plus tardivement colonisé par l’homme. Jusqu’en 1500, il y a entre 1,5 et 3,5 millions d’Indiens dans cette région. On a considéré qu’il y avait deux grandes familles d’Indiens au Brésil : les populations du littoral (Tupis et Guaranis qui se connaissent très bien) et les populations de l’intérieur, peu connectés entre elles et pas toujours au courant de leurs existences, les Tapuias pour les Européens. Les Européens eurent tendance à faire des Tupis et des Guaranis, les gentils qui commerçaient avec les Portugais, les Tapuias devenant les méchants opposés aux colons. Cabral en résumant son voyage fait un récit élogieux de peuples du littoral, il est séduit par ce peuple simple et curieux tout en étant très accueillant. Rapidement, des explorateurs nuanceront le mythe du Bon Sauvage avec la ritualisation du cannibalisme de ces ethnies. Ces populations deviennent alors sauvages et leur intégration à l’humanité est sujette à caution : ils sont des hommes innocents qu’on peut rendre chrétiens si on les sort de l’enfance, et ainsi leur épargner l’esclavage.

Alors que les Indiens des Andes vont renvoyer aux Européens, l’image d’une civilisation proche de celle des Romains, que les Européens bruleront par ailleurs, les Indiens du Brésil vont questionner sur la notion d’humanité et de civilité. Cela est d’autant plus important que la papauté joue un rôle dans cette histoire. Si les Indiens sont des bons chrétiens, on ne peut les réduire en esclavage, sinon, ils sont une main d’œuvre utile. Les Indiens brésiliens seront plus expropriés de leurs terres et tués (par les bactéries et les guerres principalement) que réduis en esclavage. Plus des trois quarts des Indiens du Brésil vont disparaître au XVI° siècle.
Les années 1560 vont voir une nouvelle stratégie politique se mettre en place, plutôt que du bois, ne peut-on pas faire pousser des cannes à sucre sur les terres fertiles du Nordeste ? Cela sera fait et va changer le rapport au territoire brésilien et aux Indiens. Pour planter de la canne à sucre il faut beaucoup de main d’œuvre à cette époque. Les planteurs vont chercher cette main d’œuvre chez les Indiens, ce qui va provoquer une grande polémique. On peut réduire en esclavage les êtres qui ne sont pas humains. La question est de savoir s les Indiens sont christianisables et donc humains auquel cas, on ne peut en faire des esclaves. Bartolomé de Las Casas sera un tenant de la christianisation des Indiens notamment au Brésil, pour les faire échapper à l’esclavage. Las casas et les Jésuites interviendront donc beaucoup. Mais on aura tout de même des missions pour aller capturer des Indiens, via des groupes prénommés les Bandeiras. S’il s’avérait qu’ils étaient christianisables, il fallait les libérer. Les Jésuites de leur coté vont reconstruire des villages où ils accueilleront les Indiens, les soigneront, les christianiserons, … On parle des missions jésuites qui dureront jusqu’au milieu du XVIII° siècle. Ces missions sont un espace de contact avec les populations indiennes où les Jésuites occidentalisent les Indiens. Des dizaines de milliers d’Indiens y passeront jusqu’au milieu du XVIII° siècle.
L’esclavage des Indiens au Brésil ne sera donc jamais massif. Protégés par les Jésuites, touchés par un choc microbien qui les décimera, peu efficaces comme main d’œuvre et sujet à l’esquive pour repartir dans leurs forêts, … autant de facteurs qui poussent les exploitants de canne à sucre à chercher une nouvelle main d’œuvre, les Portugais vont aller chercher cette ressource ailleurs, en Afrique, c’est le commerce triangulaire. Typiquement, les Indiens seront toujours coincés entre un éloignement de la société brésiliennes et un rapprochement comme avec les missions jésuites et par la suite la « mission des Indiens » qui doit civiliser la population amérindienne pour en faire une main d’œuvre sur le marché du travail. Dorénavant, les missions continuent mais avec des fonctionnaires à leur tête. Leurs objectifs sont multiples : les sédentariser, les faire travailler comme tout européen, … Cette période connaît des phases d’accentuation (capture des Indiens pour les enrôler de force dans la marine).

Dans les années 1680, l’Etat brésilien reconnaît que les Indiens sont les propriétaires légitimes de certains espaces. Ils n’y ont aucun droit, mais bénéficient de cette reconnaissance.
En 1900, après une des rares guerres brésiliennes extérieures, la guerre du Paraguay en 1865 – 1870, qui touchait à un différend frontalier, le Brésil qui avait mobilisé des Indiens dans ses troupes décide de mieux protéger ses frontières en mettant en place une mission d’intégration territoriale et de civilisation des Indiens : la mission Rondon.