La Banque Mondiale non plus n'est pas exempte de critiques.
La Banque Mondiale
sera vite attaquée sur l’inefficacité de son aide et du coup, celle-ci change son
orientation pour mettre en avant ??? sur ce qui accru le rôle des marchés.
L’expression « From plan to
market » devient la règle. Mais plus que tout, les critiques attaqueront
les Plans d’Ajustements Structurels (PAS). Les PAS seront tellement mal
perçus qu’ils changeront de nom (Programme pour la réduction de la pauvreté et
pour la croissance). Du coup, la réduction de la pauvreté et la croissance sont
pris en compte dans la Banque Mondiale.
Les
années 1990 sont celles de l’aide à la lutte
contre la pauvreté, et une forme de développement durable avant l’heure. Le
développement devient de nouveau le centre d’action de la Banque Mondiale et se
distingue du FMI.
Elle revient à ce qui fait son avantage comparatif.
Dans
les années 2000, la Banque Mondiale revient
encore plus au sens le plus étroit du terme de développement. Si le FMI s’intéresse à l’aspect mécanique et économique de la
réduction de la dette, la Banque Mondiale regarde les conséquences politiques
et sociales d’une telle initiative. La période de confusion des années 1980 est alors définitivement passée.
La Banque Mondiale
fut plus réactive
que le FMI et a su s’adapter aux critiques rapidement, contrairement au FMI qui
ne s’est changé que sous une pression plus que rude.
Aujourd’hui, la
Banque Mondiale est une institution beaucoup plus grosse que le FMI. Elle possède plus de 10 000
fonctionnaires ce qui parfois fait que des têtes de l’institution ne sont pas
au courant de ce qu’il se passe dans une autre branche de la Banque Mondiale. Ses rôles sont divers, des aides
rurales (Révolution Verte en Inde), projets d’infrastructures (aéroports, gares
ferroviaires, …) ainsi que des domaines nouveaux de développement (santé, …). La Banque Mondiale est derrière tous les
aspects d’aide au développement. L’activité est bien loin des interventions du
FMI. Plus le temps a passé, plus la Banque Mondiale a compris que le
développement ne pouvait se restreindre à son aspect économique. Education,
lutte contre le SIDA, réduction de la mortalité infantile, assainissement de
l’eau, développement durable et viabilité écologique, … Autant de projets
soutenus par la Banque Mondiale.
Les principaux
clients de la Banque Mondiale sont donc les économies émergentes qui reçoivent
plus de la moitié des prêts en dépit de leur richesse croissante. Sur l’ensemble de l’activité de
la Banque Mondiale, c’est la Chine qui a le plus reçu, puis l’Inde, le Brésil,
l’Argentine, …
Les modifications
institutionnelles ont été très peu nombreuses (juste la BIRD puis l’AID) et les grands changements se firent sur les objectifs de cette Banque
Mondiale. Des trois institutions qu’on a étudiées, la Banque Mondiale est celle
qui a le moins évolué sur le fond.
III.
La Société
Financière Internationale (SFI)
La SFI est un
organe très particulier avec un objectif tout autant particulier : la
promotion du secteur privé.
Si on garde dans l’esprit que l’État a un rôle primordial à la sortie de la
Seconde Guerre Mondiale, on souhaite financer avec des capitaux (privés ?)
intérieurs ou extérieurs. Dans les années 1950,
c’est clairement une idée originale. Avoir
eu l’idée que ce secteur privé avait pu être un acteur important dans
l’économie c’était assez innovant dans les années
1950. A Bretton-Woods, on avait envisagé un société internationale de
développement mais elle ne fut pas retenue. Cette institution aurait été
entre les mains des États mais aiderait à collaborer entre secteur public et
secteur privé. Abandonnée, l’idée
revient en 1956 avec la SFI.
La SFI est une
filiale de la BIRD avec un capital qui lui est propre, de même pour les
services de la SFI. Du coup, quand l’AID est indépendante de la BIRD, la SFI
est sous sa coupe dans les textes, beaucoup moins dans la réalité. Evidemment les pays membres de la SFI doivent adhérer à la BIRD. Les
objectifs de la SFI sont de contribuer au développement du secteur privé.
Au départ, elle ne pouvait agir que sous forme de prêts à long terme dans
des projets productifs et privés sans bénéficier de garantie des
gouvernements. La filiale Siemens au Brésil fut une des premières à en
bénéficier. Ces prêts ont toujours un lien avec le développement.
Rapidement la SFI
est modifiée pour devenir une vraie banque d’affaires. En 1961, elle peut prendre des actions dans les
entreprises pour mieux s’impliquer dans l’entreprise en question. La SFI
possède donc des fonds publics qui servent à financer des fonds privés, le tout
dans un cadre multilatéral. En revanche, la SFI ne peut pas être un actionnaire comme les autres puisqu’elle n’a pas de droit de vote dans
l’entreprise. Sa participation est plafonnée (35 % de l’entreprise) et limitée
dans le temps. Elle ne contrôle jamais l’entreprise et n’y reste jamais
longtemps. Le premier investissement de ce type fut réalisé en Espagne en 1962. Rapidement
on réalise que le capital social de la SFI est limité et on l’augmentera. La
SFI se finance par le biais d’emprunts sur les marchés et aussi auprès de la
BIRD aux mêmes conditions qu’un État membre. Aujourd’hui l’essentiel des
fonds de la SFI sont pris sur les marchés internationaux.
Ses activités sont
donc surtout le financement de projets privés sous forme de prêts et de forme
de participation. Les projets privés en question doivent avoir une dimension
développementale pour le pays concerné. De plus, ces projets doivent depuis le
départ des normes écologiques importantes. Les projets en question sont ceux du secteur privé,
ce qui n’exclue pas les projets publics mais ceux-ci doivent répondre à une
base commerciale. Ils peuvent être strictement nationaux mais aussi fait avec
des partenaires étrangers.
Seconde
activité, l’achat de prêts par la mobilisation de financements sur les marchés
internationaux.
Ainsi, la SFI achète beaucoup de prêts venus d’autres bailleurs de fonds
(banques privées, …) et s’associent à eux pour démultiplier les capacités de la
SFI.
Dernière activité
de la SFI, l’assistance technique. Celle-ci est destinée tant aux entreprises
qu’aux gouvernements.
Typiquement, la SFI étudie la rentabilité des projets et aide ainsi les
entreprises à effectuer une étude fouillée. Elle apporte alors son aide dans
les montages des actions dans les pays en développement. Elle a aussi un rôle
auprès des gouvernements pour assurer les bonnes conditions d’investissement
dans ce pays. Elle peut aussi aider à développer les marchés financiers locaux,
les entreprises publiques, … Elle intervient dans le domaine sidérurgique,
chimique, ciment, activités manufacturières, tourisme, …
IV.
Le FMI et la Banque
Mondiale
On peut organiser
les différences autour de toute une série de termes. Les deux ont une origine
commune mais tous le reste est différent : finalité, …
Le FMI ne s’occupe
que de la question de la balance des paiements. Si il y a eu une extension de la
balance des paiements vers d’autres secteurs, c’est parce que la balance des
paiements ne se limite pas à des situations de court terme (problèmes
structurels, crise systémique, attaques spéculatives, …). De ce point de vue,
la dimension pilotage du régime de change est donc au service de la question de
la balance des paiements. Le cœur de ce sujet étant bien l’assistance sur la
balance des paiements. La Banque
Mondiale se concentre sur l’aide au développement des pays. Certes la bonne
conduite économique, passe par une pluralité de canaux, mais son objectif est
bien distinct du FMI.
La taille des
structures est aussi très différente :
10 000 travailleurs dans la Banque Mondiale, 2 500 dans le FMI.
L’essentiel des effectifs du FMI sont à Washington, un peu à Paris et à Genève.
La Banque Mondiale pour sa part se trouve éparpillée de par le monde avec
l’essentiel des effectifs à Washington, il est vrai. De plus, la Banque
Mondiale regroupe des profils très divers : économistes, spécialistes de
tous les domaines, scientifiques de tous bords, …
Les sources de
financement sont aussi différentes.
Certes une petite partie du capital est versée par les États membres dans les
deux cas, mais pour le FMI, l’essentiel des ressources sont les quotes-parts
pour avoir une logique de coopération financière. La Banque Mondiale se finance
essentiellement à travers l’emprunt sur les marchés financiers. Autre
ressources de la Banque Mondiale, les ressources de pays riches.
Les clients de ses
institutions sont aussi différents.
La Banque Mondiale ne prête pas aux pays riches uniquement aux pays très
pauvres ou en développement via la BIRD et l’AID. Parfois on aussi des acteurs
privés dans le cadre de la SFI mais ils sont assez peu. En revanche, au FMI,
tous les pays membres peuvent être aidés cela dépendant de s’ils peuvent l’être
ou non. Les activités recoupent alors des projets différents.
Depuis la période
de confusion entre le FMI et la Banque Mondiale, on a eu la décision de
clairement définir les rôles de chacun en 1989,
lors d’un concordat. Les missions sont différentes mais les organisations
peuvent bien sur collaborer que ce soit à haut niveau ou sur le terrain dans
des missions communes.
Tous les ans, une assemblée conjointe a lieu à Washington ou dans un autre pays
du monde. Au-delà de ça, le directeur du FMI et le président de la Banque
Mondiale se concertent sur des sujets communs. L’approche du FMI est purement économique, celle de la Banque Mondiale
est multicomplexe. Enfin les deux institutions coopèrent aussi sur la question
actuelle de la stabilité financière.
G7 / G8 / G20 / G20 + membres observateurs / ... A suivre ...
Le
reste
OMC, FMI et Banque
Mondiale ont tous une mission planétaire où leur intérêt est qu’un maximum de
pays doivent y participer. Parallèlement, on a d’autres instances qui doivent
règlementer la bonne marche économique mais au-niveau régional, ce qui peut
compléter l’approche multilatérale. Selon qu’on regarde la dimension
commerciale, développementale ou financière, l’analyse est différente.
En matière
commerciale, les regroupements régionaux ont plutôt tendance à rentrer en
conflit avec le niveau multilatéral.
Les accords commerciaux régionaux
doivent en principe s’articuler autour de règles qui ne sont pas fondamentalement
différentes, mais ils vont plus loin dans la recherche de règlementation que
les approches multilatérales. Du coup, cela explique la multiplication de ces
accords régionaux, ils complètent à plus petite échelle ces règlements.
Cependant, ces zones régionales, ne le sont pas tant que ça, elles dépassent
des simples cadres régionaux d’un point de vue strictement géographique. De
plus, cela est assez mal structuré si on excepte le cas européen. Dans le
domaine commercial, on est plus dans un contexte de conflit entre
multilatéralisme et régionalisme.
En matière de
développement, il est évident que les différences d’échelles sont
complémentaires. On a donc les banques régionales de développement qui viennent
en complément des grandes institutions. Ces banques aident les pays d’une région déterminée
et avec la Banque Mondiale, il y a une bonne division des tâches et une bonne
complémentarité. On a donc une banque asiatique, une banque africaine, une
banque interaméricaine de développement, …
En matière
financière, en dépit de nombreuses tentatives, le FMI reste l’acteur central et
inévitable sur la question. On
a eu plusieurs tentatives pour contrecarrer le FMI en créant un fond monétaire
asiatique qui a avorté, essaye de se reconstruire actuellement tout en restant
complémentaire au FMI. Les instruments qui ont émergé sont étroitement liés et
ne remplacent pas le FMI.
Parallèlement, on a
un nouvel organe qui a émergé dont il faut clarifier le rôle : le G20. Ce
G20 est une nouveauté dans le cadre de la configuration actuelle. Ce n’est pas
une organisation internationale, il ne peut être mis sur le même pied que le
FMI, ni même lui être une alternative.
Le G20 est un organe autoproclamé et
contestable sur son organisation et le choix de ses membres. Le G20 se
déclare comme la réunion des 20 pays les plus riches du monde. Pourtant en
terme de PIB mondial l’Espagne est 9°, les Pays-Bas 16° et la Belgique
20° : aucun des trois n’est au G20. Dans le G20 on trouve l’Arabie
Saoudite, l’Afrique du Sud ou encore ??? qui eux ne sont pas parmi les 20
premiers pays dans le PIB mondial. Du
coup, ce groupe ne peut être qu’un forum de discussion de par les aspects de
manque de légitimité qui lui sont intrinsèques. Le problème de représentativité
est aussi flagrant, G20 pour plus de 200 pays, quelques pays en
développement et beaucoup de pays riches, … La seule tentative de
représentativité c’est d’un point de vue géographique. Le G20 n’a jamais eu de mandat flagrant excepté la tentative d’éviter
la contagion de la crise de 2008. Mais
depuis que l’urgence de cette crise s’est réduite, le G20 semble peu utile.
Surtout que chaque pays tente, par la présidence tournante, d’imprimer sa
marque pour définir la nature du G20. Le
G20 ne peut donc prendre de décisions au-delà des membres concernés.
Son seul rôle est
d’être dans une certaine mesure complémentaire aux autres organisations. En
revanche, depuis son efficacité limitée entre 2008
et 2009, le G20 est clairement affaibli. Enfin, le G20 a-t-il effacé le
G8 ? Disons que les deux sommets n’ont pas les mêmes sujets de
discussions. Le
G8 parlera de la crise en Syrie, quand le G20 taira le sujet. Ces instances
très spécifiques ne pourront jamais vraiment remplacer les instances
internationales plus légitimes et véritablement organisées.
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