mardi 2 avril 2013

Gouvernance 27 - 03 (cours 7, fin)

La Banque Mondiale non plus n'est pas exempte de critiques.




La Banque Mondiale sera vite attaquée sur l’inefficacité de son aide et du coup, celle-ci change son orientation pour mettre en avant ??? sur ce qui accru le rôle des marchés. L’expression « From plan to market » devient la règle. Mais plus que tout, les critiques attaqueront les Plans d’Ajustements Structurels (PAS). Les PAS seront tellement mal perçus qu’ils changeront de nom (Programme pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance). Du coup, la réduction de la pauvreté et la croissance sont pris en compte dans la Banque Mondiale.

Les années 1990 sont celles de l’aide à la lutte contre la pauvreté, et une forme de développement durable avant l’heure. Le développement devient de nouveau le centre d’action de la Banque Mondiale et se distingue du FMI. Elle revient à ce qui fait son avantage comparatif.
Dans les années 2000, la Banque Mondiale revient encore plus au sens le plus étroit du terme de développement. Si le FMI s’intéresse à l’aspect mécanique et économique de la réduction de la dette, la Banque Mondiale regarde les conséquences politiques et sociales d’une telle initiative. La période de confusion des années 1980 est alors définitivement passée.

La Banque Mondiale fut plus réactive que le FMI et a su s’adapter aux critiques rapidement, contrairement au FMI qui ne s’est changé que sous une pression plus que rude.

Aujourd’hui, la Banque Mondiale est une institution beaucoup plus grosse que le FMI. Elle possède plus de 10 000 fonctionnaires ce qui parfois fait que des têtes de l’institution ne sont pas au courant de ce qu’il se passe dans une autre branche de la Banque Mondiale. Ses rôles sont divers, des aides rurales (Révolution Verte en Inde), projets d’infrastructures (aéroports, gares ferroviaires, …) ainsi que des domaines nouveaux de développement (santé, …). La Banque Mondiale est derrière tous les aspects d’aide au développement. L’activité est bien loin des interventions du FMI. Plus le temps a passé, plus la Banque Mondiale a compris que le développement ne pouvait se restreindre à son aspect économique. Education, lutte contre le SIDA, réduction de la mortalité infantile, assainissement de l’eau, développement durable et viabilité écologique, … Autant de projets soutenus par la Banque Mondiale.

Les principaux clients de la Banque Mondiale sont donc les économies émergentes qui reçoivent plus de la moitié des prêts en dépit de leur richesse croissante. Sur l’ensemble de l’activité de la Banque Mondiale, c’est la Chine qui a le plus reçu, puis l’Inde, le Brésil, l’Argentine, …
Les modifications institutionnelles ont été très peu nombreuses (juste la BIRD puis l’AID) et les grands changements se firent sur les objectifs de cette Banque Mondiale. Des trois institutions qu’on a étudiées, la Banque Mondiale est celle qui a le moins évolué sur le fond.

 

III.                   La Société Financière Internationale (SFI)

La SFI est un organe très particulier avec un objectif tout autant particulier : la promotion du secteur privé. Si on garde dans l’esprit que l’État a un rôle primordial à la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, on souhaite financer avec des capitaux (privés ?) intérieurs ou extérieurs. Dans les années 1950, c’est clairement une idée originale. Avoir eu l’idée que ce secteur privé avait pu être un acteur important dans l’économie c’était assez innovant dans les années 1950. A Bretton-Woods, on avait envisagé un société internationale de développement mais elle ne fut pas retenue. Cette institution aurait été entre les mains des États mais aiderait à collaborer entre secteur public et secteur privé. Abandonnée, l’idée revient en 1956 avec la SFI.
La SFI est une filiale de la BIRD avec un capital qui lui est propre, de même pour les services de la SFI. Du coup, quand l’AID est indépendante de la BIRD, la SFI est sous sa coupe dans les textes, beaucoup moins dans la réalité. Evidemment les pays membres de la SFI doivent adhérer à la BIRD. Les objectifs de la SFI sont de contribuer au développement du secteur privé. Au départ, elle ne pouvait agir que sous forme de prêts à long terme dans des projets productifs et privés sans bénéficier de garantie des gouvernements. La filiale Siemens au Brésil fut une des premières à en bénéficier. Ces prêts ont toujours un lien avec le développement.
Rapidement la SFI est modifiée pour devenir une vraie banque d’affaires. En 1961, elle peut prendre des actions dans les entreprises pour mieux s’impliquer dans l’entreprise en question. La SFI possède donc des fonds publics qui servent à financer des fonds privés, le tout dans un cadre multilatéral. En revanche, la SFI ne peut pas être un actionnaire comme les autres puisqu’elle n’a pas de droit de vote dans l’entreprise. Sa participation est plafonnée (35 % de l’entreprise) et limitée dans le temps. Elle ne contrôle jamais l’entreprise et n’y reste jamais longtemps. Le premier investissement de ce type fut réalisé en Espagne en 1962. Rapidement on réalise que le capital social de la SFI est limité et on l’augmentera. La SFI se finance par le biais d’emprunts sur les marchés et aussi auprès de la BIRD aux mêmes conditions qu’un État membre. Aujourd’hui l’essentiel des fonds de la SFI sont pris sur les marchés internationaux.

Ses activités sont donc surtout le financement de projets privés sous forme de prêts et de forme de participation. Les projets privés en question doivent avoir une dimension développementale pour le pays concerné. De plus, ces projets doivent depuis le départ des normes écologiques importantes. Les projets en question sont ceux du secteur privé, ce qui n’exclue pas les projets publics mais ceux-ci doivent répondre à une base commerciale. Ils peuvent être strictement nationaux mais aussi fait avec des partenaires étrangers.
Seconde activité, l’achat de prêts par la mobilisation de financements sur les marchés internationaux. Ainsi, la SFI achète beaucoup de prêts venus d’autres bailleurs de fonds (banques privées, …) et s’associent à eux pour démultiplier les capacités de la SFI.
Dernière activité de la SFI, l’assistance technique. Celle-ci est destinée tant aux entreprises qu’aux gouvernements. Typiquement, la SFI étudie la rentabilité des projets et aide ainsi les entreprises à effectuer une étude fouillée. Elle apporte alors son aide dans les montages des actions dans les pays en développement. Elle a aussi un rôle auprès des gouvernements pour assurer les bonnes conditions d’investissement dans ce pays. Elle peut aussi aider à développer les marchés financiers locaux, les entreprises publiques, … Elle intervient dans le domaine sidérurgique, chimique, ciment, activités manufacturières, tourisme, …


IV.                Le FMI et la Banque Mondiale

On peut organiser les différences autour de toute une série de termes. Les deux ont une origine commune mais tous le reste est différent : finalité, …
Le FMI ne s’occupe que de la question de la balance des paiements. Si il y a eu une extension de la balance des paiements vers d’autres secteurs, c’est parce que la balance des paiements ne se limite pas à des situations de court terme (problèmes structurels, crise systémique, attaques spéculatives, …). De ce point de vue, la dimension pilotage du régime de change est donc au service de la question de la balance des paiements. Le cœur de ce sujet étant bien l’assistance sur la balance des paiements. La Banque Mondiale se concentre sur l’aide au développement des pays. Certes la bonne conduite économique, passe par une pluralité de canaux, mais son objectif est bien distinct du FMI.
La taille des structures est aussi très différente : 10 000 travailleurs dans la Banque Mondiale, 2 500 dans le FMI. L’essentiel des effectifs du FMI sont à Washington, un peu à Paris et à Genève. La Banque Mondiale pour sa part se trouve éparpillée de par le monde avec l’essentiel des effectifs à Washington, il est vrai. De plus, la Banque Mondiale regroupe des profils très divers : économistes, spécialistes de tous les domaines, scientifiques de tous bords, …
Les sources de financement sont aussi différentes. Certes une petite partie du capital est versée par les États membres dans les deux cas, mais pour le FMI, l’essentiel des ressources sont les quotes-parts pour avoir une logique de coopération financière. La Banque Mondiale se finance essentiellement à travers l’emprunt sur les marchés financiers. Autre ressources de la Banque Mondiale, les ressources de pays riches.
Les clients de ses institutions sont aussi différents. La Banque Mondiale ne prête pas aux pays riches uniquement aux pays très pauvres ou en développement via la BIRD et l’AID. Parfois on aussi des acteurs privés dans le cadre de la SFI mais ils sont assez peu. En revanche, au FMI, tous les pays membres peuvent être aidés cela dépendant de s’ils peuvent l’être ou non. Les activités recoupent alors des projets différents.

Depuis la période de confusion entre le FMI et la Banque Mondiale, on a eu la décision de clairement définir les rôles de chacun en 1989, lors d’un concordat. Les missions sont différentes mais les organisations peuvent bien sur collaborer que ce soit à haut niveau ou sur le terrain dans des missions communes. Tous les ans, une assemblée conjointe a lieu à Washington ou dans un autre pays du monde. Au-delà de ça, le directeur du FMI et le président de la Banque Mondiale se concertent sur des sujets communs. L’approche du FMI est purement économique, celle de la Banque Mondiale est multicomplexe. Enfin les deux institutions coopèrent aussi sur la question actuelle de la stabilité financière.



G7 / G8 / G20 / G20 + membres observateurs / ... A suivre ...



Le reste


OMC, FMI et Banque Mondiale ont tous une mission planétaire où leur intérêt est qu’un maximum de pays doivent y participer. Parallèlement, on a d’autres instances qui doivent règlementer la bonne marche économique mais au-niveau régional, ce qui peut compléter l’approche multilatérale. Selon qu’on regarde la dimension commerciale, développementale ou financière, l’analyse est différente.
En matière commerciale, les regroupements régionaux ont plutôt tendance à rentrer en conflit avec le niveau multilatéral. Les accords commerciaux régionaux doivent en principe s’articuler autour de règles qui ne sont pas fondamentalement différentes, mais ils vont plus loin dans la recherche de règlementation que les approches multilatérales. Du coup, cela explique la multiplication de ces accords régionaux, ils complètent à plus petite échelle ces règlements. Cependant, ces zones régionales, ne le sont pas tant que ça, elles dépassent des simples cadres régionaux d’un point de vue strictement géographique. De plus, cela est assez mal structuré si on excepte le cas européen. Dans le domaine commercial, on est plus dans un contexte de conflit entre multilatéralisme et régionalisme.
En matière de développement, il est évident que les différences d’échelles sont complémentaires. On a donc les banques régionales de développement qui viennent en complément des grandes institutions. Ces banques aident les pays d’une région déterminée et avec la Banque Mondiale, il y a une bonne division des tâches et une bonne complémentarité. On a donc une banque asiatique, une banque africaine, une banque interaméricaine de développement, …
En matière financière, en dépit de nombreuses tentatives, le FMI reste l’acteur central et inévitable sur la question. On a eu plusieurs tentatives pour contrecarrer le FMI en créant un fond monétaire asiatique qui a avorté, essaye de se reconstruire actuellement tout en restant complémentaire au FMI. Les instruments qui ont émergé sont étroitement liés et ne remplacent pas le FMI.

Parallèlement, on a un nouvel organe qui a émergé dont il faut clarifier le rôle : le G20. Ce G20 est une nouveauté dans le cadre de la configuration actuelle. Ce n’est pas une organisation internationale, il ne peut être mis sur le même pied que le FMI, ni même lui être une alternative. Le G20 est un organe autoproclamé et contestable sur son organisation et le choix de ses membres. Le G20 se déclare comme la réunion des 20 pays les plus riches du monde. Pourtant en terme de PIB mondial l’Espagne est 9°, les Pays-Bas 16° et la Belgique 20° : aucun des trois n’est au G20. Dans le G20 on trouve l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud ou encore ??? qui eux ne sont pas parmi les 20 premiers pays dans le PIB mondial. Du coup, ce groupe ne peut être qu’un forum de discussion de par les aspects de manque de légitimité qui lui sont intrinsèques. Le problème de représentativité est aussi flagrant, G20 pour plus de 200 pays, quelques pays en développement et beaucoup de pays riches, … La seule tentative de représentativité c’est d’un point de vue géographique. Le G20 n’a jamais eu de mandat flagrant excepté la tentative d’éviter la contagion de la crise de 2008. Mais depuis que l’urgence de cette crise s’est réduite, le G20 semble peu utile. Surtout que chaque pays tente, par la présidence tournante, d’imprimer sa marque pour définir la nature du G20. Le G20 ne peut donc prendre de décisions au-delà des membres concernés.
Son seul rôle est d’être dans une certaine mesure complémentaire aux autres organisations. En revanche, depuis son efficacité limitée entre 2008 et 2009, le G20 est clairement affaibli. Enfin, le G20 a-t-il effacé le G8 ? Disons que les deux sommets n’ont pas les mêmes sujets de discussions. Le G8 parlera de la crise en Syrie, quand le G20 taira le sujet. Ces instances très spécifiques ne pourront jamais vraiment remplacer les instances internationales plus légitimes et véritablement organisées.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire