mardi 2 avril 2013

Gouvernance 26 - 03 (cours 6)


Pascal Lami, Christine Lagarde : pas de grand amour entre l'OMC et le FMI.



Le FMI devient donc un pare-feu contre les crises. Suite à la crise de 2008, il doit pouvoir disposer d’un grand nombre de liquidités en peu de temps. Les crises actuelles sont celles de panique des marchés. Du coup, le FMI doit avoir beaucoup de ressources pour pouvoir les utiliser réellement. Du coup, le FMI a deux solutions pour cela, augmenter les quotes-parts et augmenter les emprunts auprès de quelques pays.
Seconde action qui résulte de la crise de 2008, une modification des réponses en cas de crises. La panoplie des instruments de prêts a changé. La ligne de crédit modulable, au rôle préventif, s’adresse aux pays à l’économie très solide, qui pourraient malgré tout faire l’objet d’attaques spéculatives. Il n’y a pas de conditions de politique économique qui accompagne le recours à la ligne de crédit modulable. Evidemment cela permet aux pays en question qui souhaitent d’avoir un accès plus simple à des crédits extérieurs (???). La ligne de précaution et de liquidités est aussi destinée aux pays à l’économie solide mais déjà un peu moins que les pays précédents. Quelques vulnérabilités sont perçues par le FMI vis-à-vis de ces économies et pour que la crise ne les fasse pas s’effondrer, le FMI met donc cette autre ligne à disposition des pays.
A l’issue des différentes révisions de quotes-parts, le FMI dispose aujourd’hui d’environ 737 milliards de dollars. Parallèlement, les lignes de crédits étaient à leur maximum à 370 milliards de dollars. L’idée est de ramener les lignes de crédit à 170 milliards de dollars pour que le FMI reste une institution d’aide aux pays en difficulté. Le FMI essaye de se distinguer nettement de la Banque Mondiale et doit avoir son fond propre.
Enfin avec la crise de 2008, la réforme du fonctionnement interne au FMI n’en a été que plus accrue, avec une forte remise en cause de la place des USA.

Pendant longtemps, il n’y a pas eu de coopération entre le GATT puis l’OMC et le FMI. Chacun son domaine d’intervention et les deux champs étaient nettement différenciés. Pourtant si un pays en développement rejoint l’OMC, il doit libéraliser son économie et abaisser ses barrières douanières. Or ce genre de pays tire une partie très importante de ses barrières douanières. Du coup, son entrée à l’OMC va l’affaiblir économiquement et le FMI va intervenir.
En conséquence, il y a des partenariats entre les deux institutions depuis la création de l’OMC, d’autant plus que les deux ont pour objectif le bon fonctionnement des économies. L’accord de coopération permet des consultations régulières entre les deux institutions. Les deux organisations coopèrent aussi sur les questions d’assistance technique dans le cadre de difficultés. Les deux organismes fonctionnent enfin lors des intégrations commerciales de nouveaux pays. C’est l’exemple pris au-dessus. Le FMI met alors à disposition le « mécanisme d’intégration commerciale ». Enfin, il y a des consultations régulières entre le directeur général du FMI et celui de l’OMC.





Le logo de la Banque Mondiale : une balle de basket.



La Banque Mondiale


I.                   La Banque Internationale de Reconstruction et de Développement (BIRD)

1.      La création de la BIRD

Créée en même temps que le FMI, la Banque Mondiale naît de la conférence de Bretton-Woods en 1944. On y a posé les problèmes financiers et économiques d’après-guerre, en particulier la question de la reconstruction. Du coup, on sait qu’il va falloir aider les pays européens dans un temps limité, le temps de la reconstruction. Mais dans le débat, des voix soulignent que d’autres problèmes vont arriver ensuite, des problèmes non pas de reconstruction mais de développement. Ce sont les pays latino-américains qui vont insister sur ce point. L’institution qui va émerger doit proposer à la fois une aide à la reconstruction et une autre aide au développement. On associe les deux puisque le point commun entre la reconstruction d’un pays et le développement d’un autre, c’est la faiblesse de l’épargne interne. Pour le financement, l’épargne devra être publique puisque du coup, après la guerre on a qu’une faible confiance dans le dégagement de flux de financements privés. L’idée qu’on se fait de l’intervention de cette banque, c’est qu’elle n’interviendra que quand ??? ne peut pas intervenir.

On crée donc la Banque Internationale de Reconstruction et de Développement (BIRD). La BIRD découle essentiellement du Plan White de la conférence de Bretton-Woods. Un consensus se dégage rapidement sur le rôle de cette banque. En effet, puisqu’il s’agit d’une banque, ce sera donc clairement un intermédiaire financier. 5 objectifs la caractérisent :
·         Aider à la reconstruction des économies détruites par la guerre.
·         Passer d’une économie de guerre à une économie de paix.
·         Développer les économies de pays en difficultés (promouvoir les investissements privés et les financements directs).
·         Catalyser les financements extérieurs, la Banque peut venir en complément d’autres bailleurs de fonds.
·         Aider au développement des échanges internationaux censés être un facteur de développement et de prospérité.
Un accord tacite est passé entre les deux institutions (FMI et Banque Mondiale), le directeur de la Banque Mondiale sera Américain et celui du FMI sera Européen. La règle n’est pas gravée dans le marbre mais demeure aujourd’hui encore appliquée.

Pour être membre de la BIRD, il faut aussi être membre du FMI puisque pour la BIRD, il faut avoir accepté le code de conduite du FMI. En général, on s’inscrit simultanément aux deux. Les USA en position de force à l’origine vont faire en sorte que la force économique du pays soit proportionnellement représentative dans l’institution. Les membres de la BIRD sont essentiellement des États, accessoirement, on trouve des acteurs privés mais qui doivent avoir la garantie d’un État pour pouvoir emprunter.

2.      Le fonctionnement de la BIRD

La Banque Mondiale possède donc un capital financier fournit par ses États membres comme au FMI. Chaque pays possède au départ un montant qu’il investit dans la Banque Mondiale, ce qui constitue donc le capital de cette Banque et représente le poids économique du pays. C’est le système des quotes-parts comme au FMI. Cela donne une grande place aux USA évidemment.
La différence, c’est que la Banque Mondiale ne prend concrètement que 20 % du montant de chaque pays, les 80 % restant étant considéré comme un capital appelable, qui peut être mobilisé à tout moment par la Banque Mondiale.

Cela n’est qu’une faible partie du capital de la Banque Mondiale, c’est une ressource de sécurité qui doit pouvoir aider la Banque Mondiale en cas de problèmes. Les ressources essentielles de la BIRD sont récupérées sur les marchés (cela représente facilement 85 % de ces emprunts). L’avantage, c’est que la Banque Mondiale peut emprunter sur les marchés dans des conditions plus que favorables, puisque sur les marchés, c’est la confiance qu’on a en vous qui fixe les conditions d’emprunts. Jugée très rigoureuse, la Banque Mondiale peut vendre et emprunter des actions. La Banque Mondiale va emprunter sur les marchés et prêter à ceux qui en ont besoin. Bien entendu la Banque Mondiale emprunte dans des proportions plus ou moins importantes selon ses projets de prêts. Pour multiplier les ressources, la Banque Mondiale se sert de ses ressources propres, du capital appelable, pour assurer la garantie lors des emprunts qu’elle effectue.

Les ressources sont prêtées essentiellement aux pays membres avec un taux d’intérêt légèrement supérieur (si la Banque Mondiale emprunte à 4%, elle prêtera à 4,5% aux États). Les pays qui empruntent à la BIRD passe par cette dernière pour avoir un taux d’intérêt faible. En effet, les emprunts auprès de la BIRD signalent que le pays est fragile, souvent qu’il est en développement. Sur les marchés, il aurait peu de confiance et aurait des emprunts avec des intérêts énormes. La BIRD lui permet donc de mieux s’en tirer.

La BIRD a donc deux ressources, un capital de fond qu’elle peut mobiliser à tout moment mais qui lui sert avant tout de garantie, et les emprunts sur le marché. Elle redistribue ses emprunts aux pays en développement et très peu aux pays développés.



II.                   De la BIRD à la Banque Mondiale

1.      L’évolution de la BIRD

Les débuts de la Banque Mondiale sont difficiles. En effet, durant son démarrage, la Banque Mondiale est concurrencée par d’autres organismes, en particulier le Plan Marshall en Europe. Le premier pays qui fera appel à la Banque Mondiale, ce sera la France en 1947. Mais l’ensemble des prêts qui seront fait à l’Europe viendront du Plan Marshall. Les prêts fournis par la BIRD s’élèvent à 1 milliard de dollars, quand un seul prêt américain s’élève à plus de 2 milliards de dollars.
La logique est simple, les USA n’étaient pas enthousiastes face à cette institution financière multilatérale. De plus, les ressources de la BIRD sont assez faibles au départ. La reconstruction est alors assurée par d’autres mécanismes et c’est le développement qui deviendra le sujet principal de la BIRD. Le premier prêt sera fait en 1948 au Chili pour une centrale hydroélectrique.

Dès les années 1950, on se rend compte qu’un grand nombre de pays en développement très pauvres auraient besoin de prêts faits par la BIRD, mais ils ne peuvent emprunter dans les conditions qu’exige la Banque Mondiale. Comme ils ne peuvent emprunter sur les marchés avec des taux d’intérêts trop élevés, la BIRD décide de développer d’autres outils mieux adaptés pour ces cas précis, ce sera la création de l’Agence Internationale de Développement (AID), fondée en 1960.
Autre problème qui émerge, on se rend compte que les prêts sont accordés à des acteurs publics, les États mais que cela doit être mis en œuvre par des acteurs privés. Certes certains acteurs privés sont compris dans la BIRD, mais assez peu. Du coup, on envisage des outils pour des prêts au secteur privé dans le but de développer le secteur public. En 1956 est donc fondé la Société Financière d’Investissement (SFI).
On ajoutera le Centre International de Règlements des Différents en matière d’Investissement (CIRDI) en 1966, puis l’Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (AMGI) en 1988.
Ce qu’on appelle Banque Mondiale, c’est le regroupement de ces 5 institutions.


2.      L’Agence Internationale de Développement (AID)

La BIRD a donc le rôle classique d’une banque. Cela n’est possible que si les pays que l’on finance peuvent assurer des recettes pour rembourser leur dette. Malheureusement, la création de l’AID révèle que tous les pays ne sont pas dans cette situation. Du coup, même si le taux d’intérêts est faible et évite les emprunts sur les marchés, il faut créer pour ces pays des conditions très favorables. Le risque évident est que des taux d’intérêts très bas menace la faillite de l’AID. Du coup, le fond financier de l’AID ne peut être constitué que de dons fournis par les pays les plus avancés. En cela, elle est fondamentalement différente de la BIRD. Les pays fournisseurs sont les pays les plus industrialisés et les pays en développement. Evidemment, il faut renouveler souvent les ressources de l’AID puisque le remboursement est très faible, quasi-inexistant. En l’occurrence, l’AID remplie son fond tous les 3 ans. La BIRD fournit aussi une partie de ces dons, en donnant une partie des intérêts qu’elle engrange.

Les conditions de l’AID sont réellement très souples. L’AID prête d’abord sans taux d’intérêt. Le différé (temps pendant lequel le pays ne doit rien rembourser) est très long, en général 10 ans. Au bout de 10 ans, le pays rembourse sa somme sans intérêts.
Pour y avoir accès, il faut respecter plusieurs conditions essentiellement sur des points de revenus. Les pays sont classés par la Banque Mondiale selon les revenus par tête. Ainsi, un seuil est fixé sous lequel, on reçoit l’aide de l’AID, au-dessus duquel on ne la reçoit plus. Des pays qui se développent bien peuvent alors passer de l’AID à la BIRD, on parle de reclassement. Ceci dit ce genre de changement est anticipé et ne se fait pas soudainement. Ainsi la Corée du Sud a connu cette ascension.

3.      Les activités de la Banque Mondiale

La BIRD prête donc de manière classique. Elle fonctionne donc beaucoup comme catalyseur de financements. Elle n’intervient jamais systématiquement et jamais seule. Elle accorde des prêts pour assurer d’autres financements extérieurs. Les raisons sont diverses. En premier lieu, la BIRD ne peut seule financer tous les projets qu’elle envisage, donc elle s’associe avec d’autres financements. De plus, elle ne veut pas être accusée d’ingérence. La BIRD agit donc par la voix des cofinancements, avec des organismes publics, en France, c’est souvent l’Agence Française de Développement (AFD). Les deux organismes organisent dans des visées commerciales le développement de certains pays. Parfois ce sont des organes multilatéraux comme les banques régionales de développement. Parfois, la Banque Mondiale travaille aussi avec des agences de crédits à l’exportation comme la COFACE (COmpagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur). Enfin, elle peut s’associer aussi à des banques commerciales.

Le type d’activités de ce groupe bancaire et l’orientation des prêts va grandement évoluer. En revanche, le mécanisme et les objectifs resteront les mêmes. On peut alors fixer une périodisation d’existence de la banque en décennie. De 1945 à 1965, la priorité est donnée à des projets concrets, souvent d’infrastructures. Les clients sont exclusivement des pays en développement dans lesquels on assure ces projets d’infrastructures. En effet, on est convaincu que ces infrastructures industrielles sont nécessaires à une industrialisation du pays et donc à son développement. Les prêts sont octroyés pour des projets précis, facilement identifiables. La transformation des économies rurales et minières en économies industrielles est donc la règle.
L’activité économique devant être gérée par l’État, la Banque Mondiale met l’accent sur un fort interventionnisme.

La décennie 1970 est celle du décollage de la Banque Mondiale, marquée par Robert Mac Namara de 1968 à 1981. A cette époque, les interventions de la Banque Mondiale vont exploser d’un point de vue du volume. Les financements glissent alors de projets concrets à des projets sur le long terme (éducation, santé, assainissement, …). Mac Namara a mis l’accent sur les pays les plus pauvres qu’il faut aider au développement. Sous l’impulsion de la Banque Mondiale, les dépenses publiques vont donc s’accroître de manière conséquente. De plus, on mise sur le volume global de l’aide pour multiplier les projets de petites envergures plutôt que quelques grands projets de vastes envergures.
Sous le mandat de Mac Namara, la barre du milliard de dollars est franchie. De plus, il développe une branche de recherche sur les techniques de développement. Ainsi, le premier rapport sur le développement dans le monde est publié sous son mandat. A ce moment là, les projets d’infrastructures sont adaptés selon la santé économique du pays.

Trois facteurs peuvent expliquer les changements de la Banque Mondiale durant la décennie 1970. Tout d’abord, les grandes banques commerciales doivent recycler les pétrodollars et accroissent leurs prêts envers les pays en développement. Du coup, les prêts privés aux pays en développement s’accroissent aussi, démultipliant la dette des pays en développement. Autre facteur, les pays en développement constate que la stratégie de l’industrialisation par substitution aux importations augmente leur dette. L’industrialisation quand le coût du baril est élevé risque d’aggraver les conditions de la dette. Enfin, dernier facteur, l’effondrement du régime de change fixe doublé de la conséquence directe que le FMI perd son objectif d’assurer le change fixe. Il y a donc convergence entre les préoccupations de la Banque Mondiale et celles du FMI.

La décennie 1980 est marquée par la notion d’ « ajustement structurel ». La Banque se déploie désormais davantage sur de l’aide hors projet, il veut assurer une bonne politique économique. Du coup, on met en place les outils pour que le pays puisse bien gérer son économie. On facilite le fonctionnement structurel de l’économie. Les possibilités de perte en ligne des fonds sont plus grande, il est facile de détourner les fonds à destination d’idées, beaucoup moins lorsqu’il s’agit de projets concrets. Il faut donc une relative stabilité dans ce genre de pays.
C’est l’activité principale de la Banque Mondiale à cette époque. On voit donc nettement la concordance entre le FMI et la Banque Mondiale à cette époque. La convergence est telle que parfois, on assiste à un mélange des deux institutions, prêtant à des confusions sur qui faisait quoi.

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