Pascal Lami, Christine Lagarde : pas de grand amour entre l'OMC et le FMI.
Le FMI devient donc
un pare-feu contre les crises. Suite à la crise de 2008,
il doit pouvoir disposer d’un grand nombre de liquidités en peu de temps. Les crises actuelles sont celles
de panique des marchés. Du coup, le FMI doit avoir beaucoup de ressources pour
pouvoir les utiliser réellement. Du coup, le FMI a deux solutions pour cela,
augmenter les quotes-parts et augmenter les emprunts auprès de quelques pays.
Seconde action qui
résulte de la crise de 2008, une
modification des réponses en cas de crises. La panoplie des instruments de
prêts a changé. La ligne de crédit modulable, au rôle préventif, s’adresse aux pays à l’économie
très solide, qui pourraient malgré tout faire l’objet d’attaques spéculatives.
Il n’y a pas de conditions de politique économique qui accompagne le recours à
la ligne de crédit modulable. Evidemment cela permet aux pays en question qui
souhaitent d’avoir un accès plus simple à des crédits extérieurs (???). La ligne de précaution et de liquidités
est aussi destinée aux pays à l’économie solide mais déjà un peu moins que les
pays précédents. Quelques vulnérabilités sont perçues par le FMI vis-à-vis de
ces économies et pour que la crise ne les fasse pas s’effondrer, le FMI met
donc cette autre ligne à disposition des pays.
A l’issue des
différentes révisions de quotes-parts, le FMI dispose aujourd’hui d’environ 737
milliards de dollars. Parallèlement, les lignes de crédits étaient à leur
maximum à 370 milliards de dollars. L’idée est de ramener les lignes de crédit
à 170 milliards de dollars pour que le FMI reste une institution d’aide aux
pays en difficulté. Le FMI essaye de se distinguer nettement de la Banque
Mondiale et doit avoir son fond propre.
Enfin avec la crise
de 2008, la réforme du fonctionnement
interne au FMI n’en a été que plus accrue, avec une forte remise en cause de la
place des USA.
Pendant longtemps,
il n’y a pas eu de coopération entre le GATT puis l’OMC et le FMI. Chacun son
domaine d’intervention et les deux champs étaient nettement différenciés. Pourtant si un pays en
développement rejoint l’OMC, il doit libéraliser son économie et abaisser ses
barrières douanières. Or ce genre de pays tire une partie très importante de
ses barrières douanières. Du coup, son entrée à l’OMC va l’affaiblir
économiquement et le FMI va intervenir.
En conséquence, il
y a des partenariats entre les deux institutions depuis la création de l’OMC,
d’autant plus que les deux ont pour objectif le bon fonctionnement des
économies.
L’accord de coopération permet des consultations régulières entre les deux
institutions. Les deux organisations coopèrent aussi sur les questions
d’assistance technique dans le cadre de difficultés. Les deux organismes
fonctionnent enfin lors des intégrations commerciales de nouveaux pays. C’est
l’exemple pris au-dessus. Le FMI met alors à disposition le « mécanisme
d’intégration commerciale ». Enfin, il y a des consultations régulières
entre le directeur général du FMI et celui de l’OMC.
Le logo de la Banque Mondiale : une balle de basket.
La
Banque Mondiale
I.
La Banque
Internationale de Reconstruction et de Développement (BIRD)
1.
La création de la BIRD
Créée en même temps
que le FMI, la Banque Mondiale naît de la conférence de Bretton-Woods en 1944.
On y a posé les problèmes financiers et
économiques d’après-guerre, en particulier la question de la reconstruction.
Du coup, on sait qu’il va falloir aider les pays européens dans un temps
limité, le temps de la reconstruction. Mais dans le débat, des voix soulignent
que d’autres problèmes vont arriver ensuite, des problèmes non pas de
reconstruction mais de développement. Ce
sont les pays latino-américains qui vont insister sur ce point. L’institution
qui va émerger doit proposer à la fois une aide à la reconstruction et une
autre aide au développement. On associe les deux puisque le point commun entre
la reconstruction d’un pays et le développement d’un autre, c’est la faiblesse
de l’épargne interne. Pour le financement, l’épargne devra être publique
puisque du coup, après la guerre on a qu’une faible confiance dans le
dégagement de flux de financements privés. L’idée qu’on se fait de
l’intervention de cette banque, c’est qu’elle n’interviendra que quand ???
ne peut pas intervenir.
On crée donc la
Banque Internationale de Reconstruction et de Développement (BIRD). La BIRD
découle essentiellement du Plan White de la conférence de Bretton-Woods. Un consensus se dégage rapidement
sur le rôle de cette banque. En effet, puisqu’il s’agit d’une banque, ce sera donc clairement un intermédiaire
financier. 5 objectifs la caractérisent :
·
Aider à la reconstruction des
économies détruites par la guerre.
·
Passer d’une économie de guerre à
une économie de paix.
·
Développer les économies de pays
en difficultés
(promouvoir les investissements privés et les financements directs).
·
Catalyser les financements
extérieurs, la
Banque peut venir en complément d’autres bailleurs de fonds.
·
Aider au développement des
échanges internationaux
censés être un facteur de développement et de prospérité.
Un accord tacite
est passé entre les deux institutions (FMI et Banque Mondiale), le directeur de
la Banque Mondiale sera Américain et celui du FMI sera Européen. La règle n’est pas gravée dans
le marbre mais demeure aujourd’hui encore appliquée.
Pour être membre de
la BIRD, il faut aussi être membre du FMI puisque pour la BIRD, il faut avoir
accepté le code de conduite du FMI.
En général, on s’inscrit simultanément aux deux. Les USA en position de force à
l’origine vont faire en sorte que la force économique du pays soit
proportionnellement représentative dans l’institution. Les membres de la BIRD sont essentiellement des États, accessoirement,
on trouve des acteurs privés mais
qui doivent avoir la garantie d’un État pour pouvoir emprunter.
2.
Le fonctionnement de la BIRD
La Banque Mondiale
possède donc un capital financier fournit par ses États membres comme au FMI. Chaque pays possède au départ un
montant qu’il investit dans la Banque Mondiale, ce qui constitue donc le
capital de cette Banque et représente le poids économique du pays. C’est le système des quotes-parts comme au
FMI. Cela donne une grande place aux USA évidemment.
La différence,
c’est que la Banque Mondiale ne prend concrètement que 20 % du montant de
chaque pays, les 80 % restant étant considéré comme un capital appelable, qui
peut être mobilisé à tout moment par la Banque Mondiale.
Cela n’est qu’une
faible partie du capital de la Banque Mondiale, c’est une ressource de sécurité
qui doit pouvoir aider la Banque Mondiale en cas de problèmes. Les ressources
essentielles de la BIRD sont récupérées sur les marchés (cela représente facilement 85 %
de ces emprunts). L’avantage, c’est
que la Banque Mondiale peut emprunter sur les marchés dans des conditions plus
que favorables, puisque sur les marchés, c’est la confiance qu’on a en vous qui
fixe les conditions d’emprunts. Jugée très rigoureuse, la Banque Mondiale peut
vendre et emprunter des actions. La
Banque Mondiale va emprunter sur les marchés et prêter à ceux qui en ont
besoin. Bien entendu la Banque Mondiale emprunte dans des proportions plus
ou moins importantes selon ses projets de prêts. Pour multiplier les
ressources, la Banque Mondiale se sert de ses ressources propres, du capital
appelable, pour assurer la garantie lors des emprunts qu’elle effectue.
Les ressources sont
prêtées essentiellement aux pays membres avec un taux d’intérêt légèrement supérieur (si la Banque Mondiale emprunte
à 4%, elle prêtera à 4,5% aux États).
Les pays qui empruntent à la BIRD passe par cette dernière pour avoir un taux
d’intérêt faible. En effet, les emprunts auprès de la BIRD signalent que le
pays est fragile, souvent qu’il est en développement. Sur les marchés, il
aurait peu de confiance et aurait des emprunts avec des intérêts énormes. La
BIRD lui permet donc de mieux s’en tirer.
La BIRD a donc deux
ressources, un capital de fond qu’elle peut mobiliser à tout moment mais qui
lui sert avant tout de garantie, et les emprunts sur le marché. Elle
redistribue ses emprunts aux pays en développement et très peu aux pays
développés.
II.
De la BIRD à la
Banque Mondiale
1.
L’évolution de la BIRD
Les débuts de la
Banque Mondiale sont difficiles. En effet, durant son démarrage, la Banque
Mondiale est concurrencée par d’autres organismes, en particulier le Plan
Marshall en Europe.
Le premier pays qui fera appel à la Banque Mondiale, ce sera la France en 1947. Mais l’ensemble des prêts qui seront fait à
l’Europe viendront du Plan Marshall. Les prêts fournis par la BIRD s’élèvent à
1 milliard de dollars, quand un seul prêt américain s’élève à plus de 2
milliards de dollars.
La logique est
simple, les USA n’étaient pas enthousiastes face à cette institution financière
multilatérale. De plus, les ressources de la BIRD sont assez faibles au départ.
La reconstruction est alors assurée par d’autres mécanismes et c’est le
développement qui deviendra le sujet principal de la BIRD. Le premier prêt sera fait en 1948 au Chili pour une centrale hydroélectrique.
Dès
les années 1950, on se rend compte qu’un grand
nombre de pays en développement très pauvres auraient besoin de prêts faits par
la BIRD, mais ils ne peuvent emprunter dans les conditions qu’exige la Banque
Mondiale. Comme
ils ne peuvent emprunter sur les marchés avec des taux d’intérêts trop élevés,
la BIRD décide de développer d’autres outils mieux adaptés pour ces cas précis, ce sera la création de l’Agence
Internationale de Développement (AID), fondée en 1960.
Autre problème qui
émerge, on se rend compte que les prêts sont accordés à des acteurs publics,
les États mais que cela doit être mis en œuvre par des acteurs privés. Certes certains acteurs privés
sont compris dans la BIRD, mais assez peu. Du coup, on envisage des outils pour
des prêts au secteur privé dans le but de développer le secteur public. En 1956
est donc fondé la Société Financière d’Investissement (SFI).
On ajoutera le
Centre International de Règlements des Différents en matière d’Investissement
(CIRDI) en 1966, puis l’Agence Multilatérale
de Garantie des Investissements (AMGI) en 1988.
Ce qu’on appelle
Banque Mondiale, c’est le regroupement de ces 5 institutions.
2.
L’Agence Internationale de Développement (AID)
La BIRD a donc le
rôle classique d’une banque. Cela n’est possible que si les pays que l’on
finance peuvent assurer des recettes pour rembourser leur dette.
Malheureusement, la création de l’AID révèle que tous les pays ne sont pas dans
cette situation.
Du coup, même si le taux d’intérêts est faible et évite les emprunts sur les
marchés, il faut créer pour ces pays des conditions très favorables. Le risque
évident est que des taux d’intérêts très bas menace la faillite de l’AID. Du
coup, le fond financier de l’AID ne peut
être constitué que de dons fournis par les pays les plus avancés. En cela, elle
est fondamentalement différente de la BIRD. Les pays fournisseurs sont les
pays les plus industrialisés et les pays en développement. Evidemment, il faut
renouveler souvent les ressources de l’AID puisque le remboursement est très
faible, quasi-inexistant. En l’occurrence, l’AID remplie son fond tous les 3
ans. La BIRD fournit aussi une partie de ces dons, en donnant une partie des
intérêts qu’elle engrange.
Les conditions de
l’AID sont réellement très souples. L’AID prête d’abord sans taux d’intérêt. Le
différé (temps
pendant lequel le pays ne doit rien rembourser) est très long, en général 10 ans. Au bout de 10 ans, le pays
rembourse sa somme sans intérêts.
Pour y avoir accès,
il faut respecter plusieurs conditions essentiellement sur des points de
revenus. Les pays sont classés par la Banque Mondiale selon les revenus par
tête. Ainsi, un
seuil est fixé sous lequel, on reçoit l’aide de l’AID, au-dessus duquel on ne
la reçoit plus. Des pays qui se développent bien peuvent alors passer de l’AID
à la BIRD, on parle de reclassement. Ceci dit ce genre de changement est
anticipé et ne se fait pas soudainement. Ainsi la Corée du Sud a connu cette
ascension.
3.
Les activités de la Banque Mondiale
La BIRD prête donc
de manière classique. Elle fonctionne donc beaucoup comme catalyseur de
financements. Elle n’intervient jamais systématiquement et jamais seule. Elle accorde des prêts pour
assurer d’autres financements extérieurs. Les raisons sont diverses. En premier lieu, la BIRD ne peut seule
financer tous les projets qu’elle envisage, donc elle s’associe avec d’autres
financements. De plus, elle ne veut pas être accusée d’ingérence. La BIRD agit
donc par la voix des cofinancements, avec des organismes publics, en
France, c’est souvent l’Agence Française de Développement (AFD). Les deux
organismes organisent dans des visées commerciales le développement de certains
pays. Parfois ce sont des organes
multilatéraux comme les banques régionales de développement. Parfois, la
Banque Mondiale travaille aussi avec des
agences de crédits à l’exportation comme la COFACE (COmpagnie Française d’Assurance
pour le Commerce Extérieur). Enfin, elle
peut s’associer aussi à des banques commerciales.
Le type d’activités
de ce groupe bancaire et l’orientation des prêts va grandement évoluer. En
revanche, le mécanisme et les objectifs resteront les mêmes. On peut alors
fixer une périodisation d’existence de la banque en décennie. De 1945 à 1965, la priorité est donnée à des
projets concrets, souvent d’infrastructures. Les clients
sont exclusivement des pays en développement dans lesquels on assure ces
projets d’infrastructures. En effet, on est convaincu que ces infrastructures
industrielles sont nécessaires à une industrialisation du pays et donc à son
développement. Les prêts sont octroyés pour des projets précis, facilement
identifiables. La transformation des économies rurales et minières en économies
industrielles est donc la règle.
L’activité
économique devant être gérée par l’État, la Banque Mondiale met l’accent sur un
fort interventionnisme.
La
décennie 1970 est celle du décollage de la
Banque Mondiale, marquée par Robert Mac Namara
de 1968 à 1981. A cette époque, les
interventions de la Banque Mondiale vont exploser d’un point de vue du volume.
Les financements glissent alors de projets concrets à des projets sur le long
terme (éducation, santé, assainissement, …). Mac Namara a mis l’accent sur les
pays les plus pauvres qu’il faut aider au développement. Sous l’impulsion de la Banque Mondiale,
les dépenses publiques vont donc s’accroître de manière conséquente. De plus,
on mise sur le volume global de l’aide pour multiplier les projets de petites
envergures plutôt que quelques grands projets de vastes envergures.
Sous le mandat de
Mac Namara, la barre du milliard de dollars est franchie. De plus, il développe
une branche de recherche sur les techniques de développement. Ainsi, le premier rapport sur le
développement dans le monde est publié sous son mandat. A ce moment là, les
projets d’infrastructures sont adaptés selon la santé économique du pays.
Trois facteurs
peuvent expliquer les changements de la Banque Mondiale durant la décennie 1970. Tout d’abord, les grandes
banques commerciales doivent recycler les pétrodollars et accroissent leurs
prêts envers les pays en développement. Du coup, les prêts privés aux pays en développement
s’accroissent aussi, démultipliant la dette des pays en développement. Autre facteur, les pays en développement
constate que la stratégie de l’industrialisation par substitution aux
importations augmente leur dette. L’industrialisation quand le coût du
baril est élevé risque d’aggraver les conditions de la dette. Enfin, dernier facteur, l’effondrement du
régime de change fixe doublé de la conséquence directe que le FMI perd son
objectif d’assurer le change fixe. Il
y a donc convergence entre les préoccupations de la Banque Mondiale et celles
du FMI.
La
décennie 1980 est marquée par la notion
d’ « ajustement structurel ». La Banque se déploie désormais
davantage sur de l’aide hors projet, il veut assurer une bonne politique
économique. Du coup, on met en place les outils pour que le pays puisse bien gérer
son économie. On facilite le fonctionnement structurel de l’économie. Les possibilités de perte en
ligne des fonds sont plus grande, il est facile de détourner les fonds à
destination d’idées, beaucoup moins lorsqu’il s’agit de projets concrets. Il
faut donc une relative stabilité dans ce genre de pays.
C’est l’activité
principale de la Banque Mondiale à cette époque. On voit donc nettement la
concordance entre le FMI et la Banque Mondiale à cette époque. La convergence est telle que
parfois, on assiste à un mélange des deux institutions, prêtant à des
confusions sur qui faisait quoi.
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