Le minaret reste un point commun aux différents courants de l'Islam.
Les
facteurs religieux
Sur
l’islamisme : François Burgat, sociologue spécialiste de la
question religieuse et de l’Islam.
Le premier problème
géopolitique des religions c’est l’essor des islamismes surtout à partir des années 1970. Ce poids est difficile à
mesurer, il n’existe pas réellement un seul islamisme mais il en existe quatre
familles (cf le
texte de George
Mutin). De plus, l’islamisme est une nébuleuse qu’il faut étudier au
travers des cellules qui s’en réclament, de leurs activités, … Les logiques
islamistes sont évolutives et rappelons-le, les islamismes sont minoritaires
chez les Musulmans, bien qu’ils aient souvent une forme de sympathie pour
certains aspects de l’islamisme.
L’islamisme est
relativement ancien avec le wahabbisme au XVIII°
siècle. Mais c’est au XIX° siècle que
les autres familles se sont développées. Ces familles
se sont diffusées de manières nouvelles depuis la
fin des années 1960 jusqu’au milieu des années 1970. Les raisons sont
nombreuses, même si non insiste plus volontiers sur l’influence financière et
idéologique de l’Arabie Saoudite avec son envoi de pétrodollars dans les
autres pays, notamment musulmans et africains. Cela lui permet du coup, de
promouvoir par la construction de mosquées, d’aides aux plus démunis, de
scolarisation, … Cette influence passe
par l’argent et les œuvres mais n’est pas systématiquement un succès.
Il y a aussi un
développement de l’islamisme par l’opposition à l’Occident et tout
particulièrement aux USA.
Pour de nombreux individus, on ne peut régler la question d’Israël que par le
conflit car l’ONU est bloquée par les USA et la Grande-Bretagne. Cette opposition à l’Occident va
cristalliser les pensées islamiques. Il y a alors une substitution progressive
d’un monde arabo-musulman à une volonté panarabique. Au panarabisme,
l’islamisme tend à vouloir prendre sa place.
Enfin, il y a la
question du chiisme révolutionnaire qui réussit à prendre le pouvoir en Iran en
1979. L’Arabie Saoudite n’est plus le seul État
islamique, l’Iran l’est aussi. En plus, l’Iran a une autre forme d’islamisme
avec une pensée religieuse et politique assez poussée. On a notamment une pensée
économique construite. De plus, l’Iran se construit aussi contre les USA (cf Argo de Ben
Affleck). D’un coup, l’Occident voit plusieurs faces à l’islamisme. De la fin des années
1970 aux années 1980, on voit la faillite des grands modèles d’État,
dont notamment, selon Bertrand Badie :
celui de la modernisation conservatrice (En Iran et au Maroc). Ces États
sont des anciennes dynasties qui veulent avancer dans la modernisation
(émancipation des femmes, armée modernisée, …) mais se retrouvent toujours avec
une misère persistante qui va se confronter aux courants religieux. Dans le cas
marocain, le roi incarne à la fois la nation mais est aussi rattaché à la
religion, ce qui fait qu’il a pu éviter la chute du régime. Le Shah d’Iran
n’ayant pas de dignité religieuse, cette religion s’est retrouvée contre le
pouvoir. Les régimes qui se voulaient
panarabiques (Égypte puis Irak) furent aussi des régimes modernisateurs qui ont
chuté.
Texte
de Burgat :
Burgat est
questionné sur le succès inattendu des Salafistes en Égypte. Il explique que si
nous sommes surpris par le score des frères musulmans, lorsqu’on connaît le
pays, ce succès est logique. Les deux courants se définissent, entre autres,
par leur évolution historique.
Les Frères Musulmans furent persécutés par Nasser
et durent faire des concessions à Nasser et au pouvoir pour conserver une modeste
place politique. Les Salafistes eux furent littéralement marginalisés par le
pouvoir et par leur auto-exclusion. Un
schéma d’évolution et de progression vers le pouvoir place en périphérie les
Frères Musulmans tandis que les Salafistes se sont auto-exclus du système
électoral.
La
convergence est assez forte entre les familles islamiques par leur entrée dans
le jeu politique. Pour eux, prendre les armes pour s’affirmer leur semble
logique et Burgat les compare aux Chrétiens en Palestine. La question de
prendre les armes n’est pas propre à L’islam ni même aux Islamistes, c’est une
attitude lorsqu’une communauté se sent menacée. Leur point de convergence étant tout de même un conservatisme moral,
donc plutôt une forme d’intégrisme et de fondamentalisme comme retour aux
sources originelles. Bien que l’islamisme demeure une doctrine politique.
Le
Hezbollah est un parti chiite envers lequel beaucoup de chiites refusent d’y
adhérer, même s’ils sont majoritaires au Liban. Dans ce pays, on a aussi le
Hamal, parti chiite différent du Hezbollah. D’ailleurs au Liban, le Hezbollah
s’est associé à un parti chrétien dirigé par le Général
Michel Aoun.
Gaz ou pétrole ?
Le
facteur énergétique
Le Moyen-Orient est
aussi caractérisé par les ressources énergétiques diverses qui peuvent façonner
la géopolitique de la région.
Si l’on met de coté la question de l’eau au Moyen-Orient (dont le spécialiste
sur cette question est Georges Mutin), il
reste le sujet des hydrocarbures.
Le Moyen-Orient
possède les 2/3 des réserves mondiales de pétrole ainsi que 40% des réserves mondiales
de gaz. Au total, la région possède 60% de la consommation énergétique de la
planète. L’avenir s’annonce encore radiaeux pour le Moyen-Orient puisque l’exploitation du
pétrole continue de grimper, au moment même où les réserves de Mer du Nord vont
s’épuiser. Du coup, le pétrole dans les zones moins accessibles du globe devient
un vrai enjeu (le partage du pétrole en Antarctique va-t-il devenir source de
conflits ? Les nappes pétrolières sous la banquise du Pôle Nord
seront-elles exploitables et si oui par qui ? …). A coté de ces enjeux, l’Arabie
Saoudite est le pays possédant le plus grand champ pétrolier du monde. Pour le
gaz, le principal pays qui en possède reste la Russie, mais le plus grand champ
de gaz au monde reste le Golfe Persique
qui possède 20% des réserves mondiales.
Existe-t-il des
alternatives aux hydrocarbures du Moyen-Orient ? Cette question s’est
posée en 2009 lors de la conférence de
Copenhague. Les
pays en présence ont pris en compte le changement climatique et la nécessité de
trouver d’autres sources d’énergie. Parallèlement la conférence s’est terminée
sur le constat qu’on ne pouvait pour le
moment passer à coté des réserves du Moyen-Orient. C’est le second constat, il
n’existe aucune région dans le monde qui permette de proposer une alternative à
l’exploitation des hydrocarbures du Moyen-Orient. En effet, cette région
possède non seulement les réserves les plus importantes au monde, mais ces
réserves sont aussi les plus accessibles et les moins nocives pour l’environnement
lors de leur exploitation. En effet, en 2010,
la côte Sud des USA fut confrontée à une marée noire importante, du fait de l’exploitation
complexe et non totalement maîtrisée des nappes pétrolières dans le Golfe du Mexique
par l’entreprise British Petroleum (BP).
Si l’on étudie plus
en détail la géopolitique du Moyen-Orient selon les critères de ressources en
hydrocarbures, on peut distinguer des pays producteurs (telle l’Arabie Saoudite et l’Irak)
et d’autres n’étant que semi-rentiers
(comme le Liban). Mais cela peut évoluer
à tout instant. En effet, si le Liban est encore un pays rentier, la
découverte de potentielles nappes de pétrole dans les fonds marins libanais,
relance la question. D’ailleurs plusieurs pays revendiquent ces nappes quand
bien même elles semblent dans l’espace libanais (Israël, Syrie, Turquie et
Liban).
Au total, 95% des
revenus du Moyen-Orient reposent sur cette manne d’hydrocarbures. Seul Dubaï a
décidé de se reconvertir pour anticiper l’avenir. Mais l’équilibre de la zone
est fragile.
Ainsi, si la Chine achète son pétrole au Moyen-Orient, elle regarde énormément
vers l’Afrique subsaharienne en dépit des instabilités que connaît cette région.
Au centre du
Moyen-Orient, on trouve donc l’Arabie Saoudite, qui s’appuie pleinement sur ses
ressources pétrolières. C’est ce qui fait de ce pays un acteur central dans la
région. Face à elle, on a longtemps eu un Irak et un Iran suffisamment forts
pour lui faire contrepoids.
En revanche, depuis l’invasion
américaine en Irak en 2003 et l’isolation de
l’Iran dans la communauté internationale, cela est devenu discutable. L’invasion
de 2003 par les USA visait d’ailleurs à
stabiliser la région, en particulier à stabiliser les cours du pétrole. Il
semble qu’aujourd’hui, cela est surtout retourner les rapports de force et pas
nécessairement en bien.
Concernant l’Iran, on peut souligner que le pays
exploite moins qu’avant 1979 ces ressources
pétrolières et gazières.
De plus, les sanctions de l’ONU font que la communauté internationale ne peut
lui acheter pleinement ses ressources. On verra alors peut être l’Iran relancer
son exploitation dans les années à venir, mais la question environnementale
influera-t-elle ou sera-t-elle mise de coté ?
Dernier point sur
la question du pétrole au Moyen-Orient, ce sont des compagnies nationales qui
exploitent les ressources sur place.
L’autre ressource
énergétique de la région, c’est le nucléaire. Cette énergie est présente dans
plusieurs pays. Au-delà de la question de l’énergie, c’est la question de l’armement
nucléaire qui pose des problèmes. Ainsi
le Pakistan possède l’arme nucléaire, de même qu’Israël. On trouve aussi une
flotte américaine dans le Golfe Persique, possédant elle aussi son armement
nucléaire. L’Iran en revanche, la question demeure. L’ONU, les USA et Israël
tendent à affirmer que l’Iran va posséder l’arme nucléaire sous peu tandis que
le pays concerné ne revendique que son droit au nucléaire civil. Plusieurs
observateurs extérieurs estiment que l’Iran est encore bien loin de posséder l’arme
nucléaire. Géopolitiquement, on aurait
donc un équilibre de la Terreur dans cette région. Si l’Iran venait un jour
(lointain) à posséder l’arme nucléaire, le risque d’une course à l’armement
dans la région n’est pas à négliger.