Un rameau d'olivier comme symbole du FMI ?
Le
Fond Monétaire International (FMI)
Contrairement
à la question du commerce, on a, pour le FMI, une unique institution depuis 1945 qui a défaut d’avoir changé de nom, a
changé profondément son fonctionnement, ses règles ainsi que ces objectifs.
I.
Les origines
Les États
souhaitaient règlementer les questions commerciales pour répondre aux
dysfonctionnements d’avant la Première Guerre Mondiale. Entre les deux guerres,
sur le plan monétaire, on a eu de gros blocages avec notamment des dévaluations
compétitives. Ces
dévaluations compétitives consistent en une modification du change pour rendre
la monnaie moins chère. Cette perte de valeur de la monnaie émanait des
gouvernements de l’époque. Si un pays dévalue sa monnaie, il gagne en
compétitivité sur un autre pays. Ceux là, vont donc aussi dévaluer leur
monnaie. Dévaluations compétitives et
mesures protectionnistes seront très largement à l’origine de la crise économique
de 1929 et de la récession qui en a découlé.
Pour éviter ce
genre de comportement, les acteurs décident donc de définir les règles
auxquelles ils doivent se soumettre pour éviter tout dérapage. Conscients de cela, en juillet 1944,
un petit nombre de pays se réunissent à Bretton-Woods. La conférence va
bien porter sur le sujet prévu, les questions monétaires. Les pays arrivent
tous bien préparés à cette conférence, deux pays en particulier arrivent avec des plans et des solutions : les
USA et le Royaume-Uni. Les discussions porteront sur un plan intermédiaire
entre ces deux solutions. La vision du monde qui en découlera, sera celle
qui reflète les avantages des deux pays. Pourtant, les situations économiques
des deux pays sont très différentes : les USA ont économiquement profité
de la guerre et le Royaume-Uni, qui représente l’Europe, est débiteur des USA
et désorganisé.
Le plan américain
est intitulé le Plan White, son objectif est de restaurer la stabilité des
changes. Il
faudrait donc stabiliser les taux de change via une série de règles comme
l’interdiction du jeu des dévaluations compétitives. A l’appui de cela, le Plan
White envisage des mécanismes d’assistance financière accordée aux pays
déficitaires dans leur balance des paiements. Cela éviterait la séduction de la
dévaluation compétitive pour compléter cette balance des paiements. Les USA ne
sont pas concernés par cela, du coup le Plan White donne un rôle essentiel à ce
pays. Le dollar prend donc une place
importante dans ce plan, les monnaies peuvent être convertibles à la condition
d’un régime de change stable et ajustable au besoin. Pour atteindre ces différents objectifs, le Plan White envisage un fond
de stabilisation utile pour octroyer une assistance financière aux pays déstabilisés.
Ce fond de stabilisation s’élèverait à 5 milliards de dollar. Parallèlement,
une banque devra financer la reconstruction des économies détruites par la
guerre. Un fond de stabilisation et une
banque sont souhaités par les USA dans le but d’éviter une banque centrale
mondiale qui supplanterait les USA.
Le plan Keynes,
plan britannique, envisageait d’insister sur l’aide aux pays économiques. Dans ce plan, le mécanisme d’assistance financière est crucial.
D’abord, on évoque un multilatéralisme des paiements : le dispositif
mis en place doit garantir que les moyens de paiements ne manquent pas pour
assurer le bon fonctionnement du commerce. Il faut suffisamment des liquidités
dans le commerce pour échapper à toutes entraves financières. Seconde idée, il faut une symétrie dans
l’ajustement entre pays déficitaires et pays excédentaires. Lorsqu’on a un
déficit commercial, c’est parce que le partenaire en face en a tiré un
bénéfice, du coup, dans ces situations les pays excédentaires doivent fournir
un effort pour compléter cela. La volonté du plan Keynes est que le pays
excédentaire aide aussi à compléter le déficit en face de lui. Cette vision se
base sur le constat que les pays excédentaires comme les USA, ont eu tendance à
mettre de coté des réserves plutôt que d’aider l’expansion globale de l’économie
mondiale. Troisième idée, la
transposition de la logique des données bancaires à l’échelle internationale.
En effet, au niveau national, on a un système de compensation entre les banques
par le biais de la banque centrale qui détermine quelle banque doit combien à quelle
autre. Au niveau international, il faudrait un jeu de compensation entre
banques centrales nationales à l’échelle internationale. Il faudrait une banque
supranationale qui supplante les banques nationales. Pour que cette instance
supranationale pousse les pays excédentaires à garantir la symétrie il faut un
outil précis : le bancor. Ce
serait une nouvelle monnaie accrochée à la valeur de l’or mais celui-ci n’est
pas convertible en or. Ainsi, si l’on est un pays déficitaire, on va voir cette
banque supranationale qui prête en bancors. Ces bancors assureront les
exportations et seront accumulées par les pays excédentaires. Lorsque ce pays a
un paquet de bancors, il est incité à les remettre dans le circuit puisque cela
n’est pas convertible en or. Donc l’incitation est assez forte pour limiter
leur excédent.
Les deux visions
sont assez différentes, mais les plans de chacun sont très bien pensés. Finalement,
ce seront les USA qui remporteront le débat même si quelques compromis sont
faits par les Américains. Dans la solution choisie, on n’a pas de banque
supranationale mais un fond de stabilisation dont le capital sera de 10 milliards de dollars au
lieu de 5 millairds. Ce fond de stabilisation va devenir le FMI et s’installera
aux USA. Le dollar passe donc au centre
du système et satisfait totalement les USA. Ainsi, chaque pays va accrocher sa
monnaie sur le dollar. L’or est bien évidemment pris en compte puisque la
valeur du dollar repose sur la valeur or.
Le
14 juillet 1944, la conférence a donc
aboutie.
II.
Le fonctionnement
Les
FMI est réglé par des statuts. Trois
grandes fonctions le régissent au départ : faire respecter un code de
conduite en matière de politique de change, fournir aux pays membres des
ressources financières qui leur permettent de respecter ce code de conduite sur
les politiques de change et offrir un forum de négociations dans lequel
les pays membres pourraient discuter de tout cela. Le pilotage des
politiques de change de chaque pays est piloté par le FMI.
Au terme des articles
4 et 20 des statuts, tous les pays qui sont membres du FMI, fixent la valeur de
leur monnaie par rapport au dollar.
Les pays peuvent également fixer leur monnaie sur l’or (ce qui revient au même
puisque le dollar se cale sur la valeur de l’or 35 $ = 1 once d’or). Cela reste
une véritable contrainte pour les USA, ce n’est pas juste un avantage. Ces
parités sont ajustables le cas échéant, si
un pays est, dans des circonstances exceptionnelles, contraint de devoir
changer son étalon, cela peut se faire mais avec l’accord multilatéral. On
cherche toujours à encadrer ce système pour éviter les dévaluations
compétitives.
Deuxième mission,
l’assistance financière. Celle-ci est nécessaire quand les pays ont des difficultés
de balance des paiements. Cette assistance n’est possible que dans ce cas
unique. Pas de crédit, pas de prêt, … Uniquement des aides aux pays en
difficulté. En résumant, le FMI devient alors une
coopérative internationale, une tontine à grand échelle. Les montants versés
par chaque États membres sont appelés des quotes-parts. Chaque pays verse
un montant lors de l’adhésion. Celui-ci est déterminé en fonction du poids
économique du pays, lui-même définit par le PIB. Le pays ne verse cette somme qu’une
seule fois. 25% de la somme est en or et le reste est versé dans la monnaie du
pays en question. Cette quote-part va
définir l’aide financière que le pays pourra recevoir du FMI. On dit donc
que cette quote-part détermine les 120% d’aide recevable en cas de souci. De plus, la quote-part détermine le nombre
de place que le pays possède à l’assemblée du FMI.
En cas de
croissance d’un pays, deux solutions ont lieu : la révision globale qui demande au fond de soutien
d’augmenter et chaque pays rajoute une certaine somme, elle ne pose guère de
problème et la révision au cas par cas
qui s’établit logiquement : si un pays voit sa quote-part augmenter ainsi
que son nombre de places, alors un autre la voit diminuer. Du coup, quand 32%
du capital du FMI était détenu par les USA, aujourd’hui c’est tombé à 18% après
les réajustements.
La quote-part
définit aussi le droit des pays à piocher dans la tontine. Mais ce fond ne sert
que pour aider en cas de problème, surtout que les conditions d’accès se
durcissent. Une
première tranche de 25% de leur quote-part peut être retirée sans que le FMI ne
bronche, c’est la part d’or. Si le pays veut retirer plus, des conditions
fixées par le FMI vont contraindre le pays pour éviter qu’il ne gaspille cet
argent. Mais le pays doit garantir une rotation des ressources pour qu’il
puisse rééquilibrer ses comptes le plus rapidement possible. Le but est de relever le pays pour qu’il
puisse remettre sa quote-part à disposition rapidement. Cette
conditionnalité n’est pas contestée. En revanche, l’orientation des mesures
économiques fixées par le FMI au pays, là on peut contester.
Les accords
de confirmation ou les accords Stand-by, sont plus ou moins des accords de
prêts. Le pays
qui a utilisé les ressources va les réinstaurer ensuite dans le FMI. La
restitution des ressources doit se faire dans un délai de 3 à 5 ans. L’utilité
de cette conditionnalité c’est aussi que ce pays reste sur la bonne voie
puisqu’il passe par les institutions officielles, du coup, d’autres ressources
peuvent venir du fait du modèle du pays.
Au-delà de ça, le
FMI s’avère être un organe de surveillance qui se concentre sur la politique de
change. Du coup, l’institution envoie tous les ans des missions auprès de tous
les États membres, pour discuter de ces politiques de change. Pour autant, le
FMI n’a aucun pouvoir coercitif,
l’État est libre d’agir comme il veut en laissant de coté les réserves ou les
conseils du FMI.
Il
existe un conseil des gouverneurs dans lequel chaque pays possède un gouverneur
(souvent un ministre des finances). Evidemment ce conseil ne siège pas en
permanence et il délègue l’essentiel de ses pouvoirs à un conseil
d‘administration dans lequel siègent les représentants des grands pays. Là
encore, ne siègent en permanence que les représentants des gros pays, ce qui
est un des vecteurs des inégalités entre les pays membres au sein du FMI. Ainsi
des pays sont nettement surreprésentés dans ce conseil tandis que d’autres ne
sont que lointainement périphériques.
Le
FMI a connu 6 grandes étapes :
·
1945 – 1971 :
le FMI respecte les règles qu’il a édictées.
·
1972 – 1978 :
le FMI est en stagnation.
·
1978 –
1993 : le FMI se démarque par l’amorce
de la mondialisation financière et un élargissement de ses compétences.
·
1993 – 2003 :
le FMI approfondit sa mondialisation financière et poursuit l’élargissement de
son capital.
·
2003 – 2008 :
le FMI perd pied et perd toute crédibilité.
·
2008 – 2013 :
le FMI agit du fait de la crise et se maintient par cela.
1.
Le lent démarrage du FMI : 1945 – 1955
Les débuts du FMI
sont difficiles. Les objectifs sont nets et précis mais cela est compliqué à
instaurer. Les économies sont fortement désorganisées
et ont énormément de difficultés à fixer la valeur de leur monnaie sur le
dollar. Les pays européens vont choisir une voie très lente pour fixer la
valeur de leur monnaie du fait des instabilités économiques liées à
l’après-guerre.
Par ailleurs, le
FMI ne va pas être tout de suite retenu par les pays européens pour les aider à
stabiliser leur économie et leur politique de change. Ces pays européens vont plutôt
passer l’union européenne des paiements que par le FMI. Avec la disparition de
cette union européenne des paiements, le FMI revient au premier plan.
2.
La mise en route : 1955 – 1970
Le FMI fonctionne
correctement durant cette période et applique bien ses principes. Les balances
des paiements des Etats membres s’améliorent notablement et cela assure le
développement des échanges et donc la libéralisation. Durant cette même période, les
pays vont malgré tout aller piocher dans les ressources du FMI. Mais dés cette
époque, des rapports soulignent que ces ressources sont assez limitées. On va
alors décider que le FMI va pouvoir
augmenter ses ressources via des emprunts. Cela est définit en 1962 par les Accords généraux d’emprunts. Un
certain nombre de pays qui ont peu versés dans les ressources du FMI ne peuvent
parfois régler leurs problèmes avec leur seul montant. Pour cela, en
empruntant, le FMI met davantage de ressources à disposition de ces pays. Du coup,
le FMI emprunte aux pays riches tout en
sachant que cela ne doit pas être la pratique majoritaire.
Autre indication du
bon fonctionnement du FMI, jusqu’en 1967, il
n’y a plus de dévaluation dans les pays industrialisés. Les ajustements du FMI existent
encore mais sont limités. Très peu d’ajustements se font sans l’accord du FMI.
3.
1970 – 1983
En revanche sur la
fin de la décennie, un certain nombre de pays importants doivent dévaluer leur
monnaie par rapport au dollar, sans en parler au FMI, sans en avoir
véritablement besoin. Mais plus sérieusement encore, le problème porte sur la
convertibilité du dollar en or.
Ce problème avait déjà été identifié par certains économistes dont Robert Triffin. La domination du dollar ne posait
pas de problème tant que les USA étaient soit en excédent, soit dans un
équilibre de leur balance. Tout le FMI
reposait là-dessus. Or les Usa entre en guerre au Vietnam et sur le long terme,
cela coûte cher aux USA et leur provoque un déficit extérieur, soit une
insuffisance d’épargne (que ce soit l’épargne publique ou privée ou encore les
deux). Dans le cas américain, le déficit budgétaire va entraîner le déficit
extérieur, c'est-à-dire ???. Les
USA veulent régler leur déficit extérieur en resserrant leurs dépenses
publiques et en se contraignant eux-mêmes, mais indirectement en contraignant
le reste du monde. Les USA laissent filer les flux de dollars dans le monde
mais cela provoque un décalage entre la quantité d’or aux USA et les liquidités
en dollars.
En août 1971, Nixon décide de stopper la
convertibilité du dollar en or. C’est là un gros morceau du FMI qui s’effondre
et qui ouvre une période de forte instabilité au sein de l’institution. Celle-ci va tenter de modifier
la valeur du dollar en or mais cela ne suffira pas. L’incertitude dure assez
longtemps surtout qu’elle se double du choc pétrolier. En 1976, on abandonne une des
fonctions du FMI, l’ajustement du régime de change fixe. Dorénavant il devra
assurer la stabilité du régime de change. Donc au moment de l’abandon de ce
régime, on passe du régime de change fixe mais ajustable à un régime libre.
Un pays peut donc adopter un régime de change fixe ou flexible ou un peu des
deux, … Chaque pays a le droit de faire ce qu’il veut tant que cela ne
déstabilise pas les autres pays.
De plus s’en
remettre à la monnaie d’un seul pays s’avérait problématique, le FMI a donc
créé une monnaie synthétique : les droits de tirage spéciaux. Si un pays est ??? ses
réserves de change importantes, le FMI lui fournit cette monnaie, une unité de
compte, moyenne pondérée de toutes les monnaies en circulation dans le monde.
Le FMI n’a donc pas
respecté ses règles très longtemps, dés que le contexte international s’est
transformé, il a du modifier certains de ses objectifs. Enfin l’assistance financière
financée par le FMI a des modalités d’aide limitées. Pour compenser, on crée en
1974, les
facilités élargies, un horizon de remboursement du FMI non plus limité à 5 ans
mais à 10 ans.
4.
1983 – 1993
Durant cette
époque, on a une modification des priorités du FMI. On fait souvent grand cas
de la rupture entre le dollar et l’or. Certes c’est important mais la teneur
des missions du FMI est relativement la même. Le FMI a du s’adapter pour surveiller les politique
de change, assurer l’assistance financière et organiser les forums de
discussions. Donc finalement, on a toujours les trois missions de départ.
Sur cette décennie,
le changement le plus important sera la montée d’une nouvelle priorité :
l’assistance aux pays en développement. Cela est un constat fait lors de la
crise latino-américaine
de cette période. Un autre changement
porte sur le changement du fonctionnement du fond monétaire et son glissement
vers l’intermédiation financière plus que la coopérative financière.
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