jeudi 21 mars 2013

Gouvernance 19 - 03 (cours 4)


 Un rameau d'olivier comme symbole du FMI ?


Le Fond Monétaire International (FMI)

Contrairement à la question du commerce, on a, pour le FMI, une unique institution depuis 1945 qui a défaut d’avoir changé de nom, a changé profondément son fonctionnement, ses règles ainsi que ces objectifs.


I.                   Les origines

Les États souhaitaient règlementer les questions commerciales pour répondre aux dysfonctionnements d’avant la Première Guerre Mondiale. Entre les deux guerres, sur le plan monétaire, on a eu de gros blocages avec notamment des dévaluations compétitives. Ces dévaluations compétitives consistent en une modification du change pour rendre la monnaie moins chère. Cette perte de valeur de la monnaie émanait des gouvernements de l’époque. Si un pays dévalue sa monnaie, il gagne en compétitivité sur un autre pays. Ceux là, vont donc aussi dévaluer leur monnaie. Dévaluations compétitives et mesures protectionnistes seront très largement à l’origine de la crise économique de 1929 et de la récession qui en a découlé.

Pour éviter ce genre de comportement, les acteurs décident donc de définir les règles auxquelles ils doivent se soumettre pour éviter tout dérapage. Conscients de cela, en juillet 1944, un petit nombre de pays se réunissent à Bretton-Woods. La conférence va bien porter sur le sujet prévu, les questions monétaires. Les pays arrivent tous bien préparés à cette conférence, deux pays en particulier arrivent avec des plans et des solutions : les USA et le Royaume-Uni. Les discussions porteront sur un plan intermédiaire entre ces deux solutions. La vision du monde qui en découlera, sera celle qui reflète les avantages des deux pays. Pourtant, les situations économiques des deux pays sont très différentes : les USA ont économiquement profité de la guerre et le Royaume-Uni, qui représente l’Europe, est débiteur des USA et désorganisé.
Le plan américain est intitulé le Plan White, son objectif est de restaurer la stabilité des changes. Il faudrait donc stabiliser les taux de change via une série de règles comme l’interdiction du jeu des dévaluations compétitives. A l’appui de cela, le Plan White envisage des mécanismes d’assistance financière accordée aux pays déficitaires dans leur balance des paiements. Cela éviterait la séduction de la dévaluation compétitive pour compléter cette balance des paiements. Les USA ne sont pas concernés par cela, du coup le Plan White donne un rôle essentiel à ce pays. Le dollar prend donc une place importante dans ce plan, les monnaies peuvent être convertibles à la condition d’un régime de change stable et ajustable au besoin. Pour atteindre ces différents objectifs, le Plan White envisage un fond de stabilisation utile pour octroyer une assistance financière aux pays déstabilisés. Ce fond de stabilisation s’élèverait à 5 milliards de dollar. Parallèlement, une banque devra financer la reconstruction des économies détruites par la guerre. Un fond de stabilisation et une banque sont souhaités par les USA dans le but d’éviter une banque centrale mondiale qui supplanterait les USA.
Le plan Keynes, plan britannique, envisageait d’insister sur l’aide aux pays économiques. Dans ce plan, le mécanisme d’assistance financière est crucial. D’abord, on évoque un multilatéralisme des paiements : le dispositif mis en place doit garantir que les moyens de paiements ne manquent pas pour assurer le bon fonctionnement du commerce. Il faut suffisamment des liquidités dans le commerce pour échapper à toutes entraves financières. Seconde idée, il faut une symétrie dans l’ajustement entre pays déficitaires et pays excédentaires. Lorsqu’on a un déficit commercial, c’est parce que le partenaire en face en a tiré un bénéfice, du coup, dans ces situations les pays excédentaires doivent fournir un effort pour compléter cela. La volonté du plan Keynes est que le pays excédentaire aide aussi à compléter le déficit en face de lui. Cette vision se base sur le constat que les pays excédentaires comme les USA, ont eu tendance à mettre de coté des réserves plutôt que d’aider l’expansion globale de l’économie mondiale. Troisième idée, la transposition de la logique des données bancaires à l’échelle internationale. En effet, au niveau national, on a un système de compensation entre les banques par le biais de la banque centrale qui détermine quelle banque doit combien à quelle autre. Au niveau international, il faudrait un jeu de compensation entre banques centrales nationales à l’échelle internationale. Il faudrait une banque supranationale qui supplante les banques nationales. Pour que cette instance supranationale pousse les pays excédentaires à garantir la symétrie il faut un outil précis : le bancor. Ce serait une nouvelle monnaie accrochée à la valeur de l’or mais celui-ci n’est pas convertible en or. Ainsi, si l’on est un pays déficitaire, on va voir cette banque supranationale qui prête en bancors. Ces bancors assureront les exportations et seront accumulées par les pays excédentaires. Lorsque ce pays a un paquet de bancors, il est incité à les remettre dans le circuit puisque cela n’est pas convertible en or. Donc l’incitation est assez forte pour limiter leur excédent.

Les deux visions sont assez différentes, mais les plans de chacun sont très bien pensés. Finalement, ce seront les USA qui remporteront le débat même si quelques compromis sont faits par les Américains. Dans la solution choisie, on n’a pas de banque supranationale mais un fond de stabilisation dont le capital sera de 10 milliards de dollars au lieu de 5 millairds. Ce fond de stabilisation va devenir le FMI et s’installera aux USA. Le dollar passe donc au centre du système et satisfait totalement les USA. Ainsi, chaque pays va accrocher sa monnaie sur le dollar. L’or est bien évidemment pris en compte puisque la valeur du dollar repose sur la valeur or.
Le 14 juillet 1944, la conférence a donc aboutie.


II.                Le fonctionnement

Les FMI est réglé par des statuts. Trois grandes fonctions le régissent au départ : faire respecter un code de conduite en matière de politique de change, fournir aux pays membres des ressources financières qui leur permettent de respecter ce code de conduite sur les politiques de change et offrir un forum de négociations dans lequel les pays membres pourraient discuter de tout cela. Le pilotage des politiques de change de chaque pays est piloté par le FMI.

Au terme des articles 4 et 20 des statuts, tous les pays qui sont membres du FMI, fixent la valeur de leur monnaie par rapport au dollar. Les pays peuvent également fixer leur monnaie sur l’or (ce qui revient au même puisque le dollar se cale sur la valeur de l’or 35 $ = 1 once d’or). Cela reste une véritable contrainte pour les USA, ce n’est pas juste un avantage. Ces parités sont ajustables le cas échéant, si un pays est, dans des circonstances exceptionnelles, contraint de devoir changer son étalon, cela peut se faire mais avec l’accord multilatéral. On cherche toujours à encadrer ce système pour éviter les dévaluations compétitives.

Deuxième mission, l’assistance financière. Celle-ci est nécessaire quand les pays ont des difficultés de balance des paiements. Cette assistance n’est possible que dans ce cas unique. Pas de crédit, pas de prêt, … Uniquement des aides aux pays en difficulté. En résumant, le FMI devient alors une coopérative internationale, une tontine à grand échelle. Les montants versés par chaque États membres sont appelés des quotes-parts. Chaque pays verse un montant lors de l’adhésion. Celui-ci est déterminé en fonction du poids économique du pays, lui-même définit par le PIB. Le pays ne verse cette somme qu’une seule fois. 25% de la somme est en or et le reste est versé dans la monnaie du pays en question. Cette quote-part va définir l’aide financière que le pays pourra recevoir du FMI. On dit donc que cette quote-part détermine les 120% d’aide recevable en cas de souci. De plus, la quote-part détermine le nombre de place que le pays possède à l’assemblée du FMI.
En cas de croissance d’un pays, deux solutions ont lieu : la révision globale qui demande au fond de soutien d’augmenter et chaque pays rajoute une certaine somme, elle ne pose guère de problème et la révision au cas par cas qui s’établit logiquement : si un pays voit sa quote-part augmenter ainsi que son nombre de places, alors un autre la voit diminuer. Du coup, quand 32% du capital du FMI était détenu par les USA, aujourd’hui c’est tombé à 18% après les réajustements.
La quote-part définit aussi le droit des pays à piocher dans la tontine. Mais ce fond ne sert que pour aider en cas de problème, surtout que les conditions d’accès se durcissent. Une première tranche de 25% de leur quote-part peut être retirée sans que le FMI ne bronche, c’est la part d’or. Si le pays veut retirer plus, des conditions fixées par le FMI vont contraindre le pays pour éviter qu’il ne gaspille cet argent. Mais le pays doit garantir une rotation des ressources pour qu’il puisse rééquilibrer ses comptes le plus rapidement possible. Le but est de relever le pays pour qu’il puisse remettre sa quote-part à disposition rapidement. Cette conditionnalité n’est pas contestée. En revanche, l’orientation des mesures économiques fixées par le FMI au pays, là on peut contester.
Les accords de confirmation ou les accords Stand-by, sont plus ou moins des accords de prêts. Le pays qui a utilisé les ressources va les réinstaurer ensuite dans le FMI. La restitution des ressources doit se faire dans un délai de 3 à 5 ans. L’utilité de cette conditionnalité c’est aussi que ce pays reste sur la bonne voie puisqu’il passe par les institutions officielles, du coup, d’autres ressources peuvent venir du fait du modèle du pays.

Au-delà de ça, le FMI s’avère être un organe de surveillance qui se concentre sur la politique de change. Du coup, l’institution envoie tous les ans des missions auprès de tous les États membres, pour discuter de ces politiques de change. Pour autant, le FMI n’a aucun pouvoir coercitif, l’État est libre d’agir comme il veut en laissant de coté les réserves ou les conseils du FMI.
Il existe un conseil des gouverneurs dans lequel chaque pays possède un gouverneur (souvent un ministre des finances). Evidemment ce conseil ne siège pas en permanence et il délègue l’essentiel de ses pouvoirs à un conseil d‘administration dans lequel siègent les représentants des grands pays. Là encore, ne siègent en permanence que les représentants des gros pays, ce qui est un des vecteurs des inégalités entre les pays membres au sein du FMI. Ainsi des pays sont nettement surreprésentés dans ce conseil tandis que d’autres ne sont que lointainement périphériques.

Le FMI a connu 6 grandes étapes :
·         1945 – 1971 : le FMI respecte les règles qu’il a édictées.
·         1972 – 1978 : le FMI est en stagnation.
·         1978 – 1993 : le FMI se démarque par l’amorce de la mondialisation financière et un élargissement de ses compétences.
·         1993 – 2003 : le FMI approfondit sa mondialisation financière et poursuit l’élargissement de son capital.
·         2003 – 2008 : le FMI perd pied et perd toute crédibilité.
·         2008 – 2013 : le FMI agit du fait de la crise et se maintient par cela.

1.      Le lent démarrage du FMI : 1945 – 1955

Les débuts du FMI sont difficiles. Les objectifs sont nets et précis mais cela est compliqué à instaurer. Les économies sont fortement désorganisées et ont énormément de difficultés à fixer la valeur de leur monnaie sur le dollar. Les pays européens vont choisir une voie très lente pour fixer la valeur de leur monnaie du fait des instabilités économiques liées à l’après-guerre.
Par ailleurs, le FMI ne va pas être tout de suite retenu par les pays européens pour les aider à stabiliser leur économie et leur politique de change. Ces pays européens vont plutôt passer l’union européenne des paiements que par le FMI. Avec la disparition de cette union européenne des paiements, le FMI revient au premier plan.

2.      La mise en route : 1955 – 1970

Le FMI fonctionne correctement durant cette période et applique bien ses principes. Les balances des paiements des Etats membres s’améliorent notablement et cela assure le développement des échanges et donc la libéralisation. Durant cette même période, les pays vont malgré tout aller piocher dans les ressources du FMI. Mais dés cette époque, des rapports soulignent que ces ressources sont assez limitées. On va alors décider que le FMI va pouvoir augmenter ses ressources via des emprunts. Cela est définit en 1962 par les Accords généraux d’emprunts. Un certain nombre de pays qui ont peu versés dans les ressources du FMI ne peuvent parfois régler leurs problèmes avec leur seul montant. Pour cela, en empruntant, le FMI met davantage de ressources à disposition de ces pays. Du coup, le FMI emprunte aux pays riches tout en sachant que cela ne doit pas être la pratique majoritaire.
Autre indication du bon fonctionnement du FMI, jusqu’en 1967, il n’y a plus de dévaluation dans les pays industrialisés. Les ajustements du FMI existent encore mais sont limités. Très peu d’ajustements se font sans l’accord du FMI.

3.      1970 – 1983

En revanche sur la fin de la décennie, un certain nombre de pays importants doivent dévaluer leur monnaie par rapport au dollar, sans en parler au FMI, sans en avoir véritablement besoin. Mais plus sérieusement encore, le problème porte sur la convertibilité du dollar en or. Ce problème avait déjà été identifié par certains économistes dont Robert Triffin. La domination du dollar ne posait pas de problème tant que les USA étaient soit en excédent, soit dans un équilibre de leur balance. Tout le FMI reposait là-dessus. Or les Usa entre en guerre au Vietnam et sur le long terme, cela coûte cher aux USA et leur provoque un déficit extérieur, soit une insuffisance d’épargne (que ce soit l’épargne publique ou privée ou encore les deux). Dans le cas américain, le déficit budgétaire va entraîner le déficit extérieur, c'est-à-dire ???. Les USA veulent régler leur déficit extérieur en resserrant leurs dépenses publiques et en se contraignant eux-mêmes, mais indirectement en contraignant le reste du monde. Les USA laissent filer les flux de dollars dans le monde mais cela provoque un décalage entre la quantité d’or aux USA et les liquidités en dollars.
En août 1971, Nixon décide de stopper la convertibilité du dollar en or. C’est là un gros morceau du FMI qui s’effondre et qui ouvre une période de forte instabilité au sein de l’institution. Celle-ci va tenter de modifier la valeur du dollar en or mais cela ne suffira pas. L’incertitude dure assez longtemps surtout qu’elle se double du choc pétrolier. En 1976, on abandonne une des fonctions du FMI, l’ajustement du régime de change fixe. Dorénavant il devra assurer la stabilité du régime de change. Donc au moment de l’abandon de ce régime, on passe du régime de change fixe mais ajustable à un régime libre. Un pays peut donc adopter un régime de change fixe ou flexible ou un peu des deux, … Chaque pays a le droit de faire ce qu’il veut tant que cela ne déstabilise pas les autres pays.

De plus s’en remettre à la monnaie d’un seul pays s’avérait problématique, le FMI a donc créé une monnaie synthétique : les droits de tirage spéciaux. Si un pays est ??? ses réserves de change importantes, le FMI lui fournit cette monnaie, une unité de compte, moyenne pondérée de toutes les monnaies en circulation dans le monde.

Le FMI n’a donc pas respecté ses règles très longtemps, dés que le contexte international s’est transformé, il a du modifier certains de ses objectifs. Enfin l’assistance financière financée par le FMI a des modalités d’aide limitées. Pour compenser, on crée en 1974, les facilités élargies, un horizon de remboursement du FMI non plus limité à 5 ans mais à 10 ans.

4.      1983 – 1993

Durant cette époque, on a une modification des priorités du FMI. On fait souvent grand cas de la rupture entre le dollar et l’or. Certes c’est important mais la teneur des missions du FMI est relativement la même. Le FMI a du s’adapter pour surveiller les politique de change, assurer l’assistance financière et organiser les forums de discussions. Donc finalement, on a toujours les trois missions de départ.
Sur cette décennie, le changement le plus important sera la montée d’une nouvelle priorité : l’assistance aux pays en développement. Cela est un constat fait lors de la crise latino-américaine de cette période. Un autre changement porte sur le changement du fonctionnement du fond monétaire et son glissement vers l’intermédiation financière plus que la coopérative financière.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire